6 avril 2022 par Collectif
Le Sri Lanka est confronté à la pire crise économique de son histoire depuis son indépendance. Des pénuries généralisées de nourriture et de carburant paralysent la vie des gens. Cette situation, qui dure déjà depuis plusieurs semaines, donne lieu à d’importantes manifestations qui sont violemment réprimées. Nous craignons une escalade de violence face à la multiplication de protestations pacifiques de citoyens ordinaires contre cette situation injuste. C’est bien d’une crise humanitaire qu’il s’agit, à l’échelle du pays. Ces circonstances dramatiques vont précipiter davantage de personnes dans la pauvreté et à accroître les inégalités, faisant reculer le pays de plusieurs années. Les femmes sont en première ligne face à cette crise – dans les files d’attente pour l’essence, les files d’attente pour les produits alimentaires essentiels et dans les manifestations.
Il y a maintenant une crise politique monumentale, même si la crise économique reste immédiate et primaire pour les gens ordinaires. Pour faire face à pareille situation, il est urgent de mettre en place un système de gouvernance civil et démocratique capable de restaurer la confiance du peuple. En dépit de l’effondrement imminent du gouvernement actuel, les mécanismes de l’État doivent s’acquitter de leurs devoirs fondamentaux en garantissant les droits et le bien-être de la population. Toutes les mesures demandées ci-dessous sont basées sur le principe que le gouvernement doit donner la priorité aux besoins fondamentaux de la population. Nous reconnaissons que les gens ressentent une profonde frustration à l’égard de la classe politique et soulignons l’urgence pour les citoyens du Sri Lanka de disposer de systèmes de gouvernance capables de restaurer leur confiance. Dans ce contexte, il est impératif de lancer d’urgence une opération humanitaire, en se concentrant sur la prévention de la famine et du chaos au niveau national. Le gouvernement, dans toutes ses négociations à l’intérieur et à l’extérieur du pays, pour sortir de cette crise, DOIT répondre à ces besoins en allouant les ressources en conséquence.
Si l’impact de la crise économique se fait sentir aux quatre coins de l’île, ce sont les salariés qui gagnent leur vie au quotidien, ceux qui dépendent des micro, petites et moyennes entreprises, les travailleurs urbains pauvres et les autres communautés vivant dans la pauvreté, ainsi que les communautés déjà marginalisées en raison de leur identité ethnique, religieuse, de caste, de genre et sexuelle, qui sont les plus touchés par cette crise qui ne cesse de s’aggraver. Certaines personnes sont confrontées au sans-abrisme et à la misère. Pour ceux qui vivaient d’un salaire de subsistance, même avant cette crise, la hausse des prix des produits essentiels a épuisé l’argent disponible. Les communautés touchées par des tragédies répétées - la guerre de longue durée, le tsunami, les attentats de Pâques et la pandémie de Covid-19 - voient une fois de plus leurs efforts pour reconstruire leur vie réduits à néant. Et ce, alors que des quêtes épuisantes pour la vérité et la justice se poursuivent chaque jour.
Le fardeau d’une économie chancelante retombe invariablement sur les femmes, les risques économiques étant repoussés dans la sphère domestique. Les femmes doivent faire face à la double charge de gagner un revenu et d’effectuer des tâches non rémunérées à la maison. Les femmes luttent pour assurer le bien-être de leurs enfants en raison des obstacles à l’éducation, de la violence domestique et des systèmes inefficaces et injustes de paiement des pensions alimentaires aux mères célibataires. Les frustrations et les craintes liées à l’incertitude, à la faim et au manque de confort de base se traduisent souvent par des violences domestiques dirigées contre les femmes et les enfants. Les services limités existants pour faire face à cette violence sont encore affaiblis par la pandémie et maintenant par la crise économique.
Des choix délibérés faits par les gouvernements successifs du Sri Lanka nous ont placés dans cette calamité. Ce pays dépend très largement du travail des femmes, y compris pour les devises étrangères du pays, à travers les secteurs des plantations, de l’habillement et de la main-d’œuvre migrante. Simultanément, la politique économique du Sri Lanka a eu un impact sur le travail des femmes et sur chaque sphère de la vie des femmes - leurs conditions matérielles, leur mobilité, leurs aspirations et leur statut social. C’est la richesse accumulée par l’exploitation du travail des femmes qui a été dilapidée. Personne n’est tenu responsable de cette perte. Au lieu de cela, une fois de plus, les femmes sont contraintes de faire les frais de la crise économique.
Jusqu’à présent, les réponses du gouvernement se limitent à obtenir des prêts pour faire face à la situation de la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
et à demander l’aide du Fonds monétaire international
FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.
À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).
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(FMI). Nous sommes très inquiets à l’idée que des acteurs tels que le FMI et d’autres pourraient imposer une consolidation budgétaire par le biais de politiques d’austérité. Ils s’imaginent que c’est là une stratégie viable pour rendre la dette supportable. Cependant, les politiques 0.fiscales régressives telles que l’augmentation des impôts directs via la TVA, et les réductions des dépenses publiques ne feront que saper les améliorations de la productivité et décourager la croissance économique inclusive ainsi qu’une infrastructure sociale robuste. L’investissement dans les services de santé, d’éducation et de soins est impératif pour améliorer la productivité et le bien-être des personnes. Les analyses de cette crise économique sont dominées par les économistes néolibéraux et les récits macroéconomiques dominants. Ceux-ci ont largement déshumanisé la crise, apportant ainsi des réponses qui ne répondent pas aux préoccupations urgentes des femmes, des travailleurs et des communautés marginalisées. Nous sommes sérieusement préoccupés par les causes anciennes de la crise, telles que la corruption dans les entreprises publiques et l’échec de l’introduction de politiques fiscales progressives. Tant que ces problèmes ne seront pas résolus, nous prévoyons des tentatives de privatisation des services publics, ce qui aura pour effet de transférer une nouvelle fois la charge économique sur la population.
Dans ce contexte, il est impératif de lancer d’urgence une opération humanitaire, en partenariat avec le gouvernement et la société civile, afin de prévenir la famine et le chaos au niveau national. Toutes les mesures demandées ci-dessous partent du principe que le gouvernement doit donner la priorité aux besoins fondamentaux des citoyens. Le gouvernement, dans toutes ses négociations à l’intérieur et à l’extérieur du pays, pour sortir de cette crise, DOIT répondre à ces besoins en allouant les ressources en conséquence.
Nous demandons instamment au gouvernement de prendre immédiatement les mesures suivantes pour faire face à la crise humanitaire en cours :
Traduit par Christine Pagnoulle
Pour plus d’informations :
Feminist Collective for Economic Justice
Email - feministcollectiveforjustice chez gmail.com
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