29 mars 2013 - 40 présents
Camille Chalmers pour la PAPDA (Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif) et Fabien Cohen pour FAL (France Amérique latine)
Camille a commencé par rendre un hommage appuyé au député uruguayen Chifflet qui a démissionné de sa charge pour protester contre la présence de la Minustah à Haïti, soutenue par son pays. Il a expliqué en introduction que l’île était dépossédée des moyens de la démocratie par la Minustah, les ONG et le libre-échange.
Il a ensuite donné quelques repaires historiques sur la révolution haïtienne de 1804 en expliquant que c’était non seulement celle des esclaves recouvrant leur liberté, les armes à la main, mais qu’il ne fallait pas oublier que cela avait été aussi une révolution sociale. Il a ensuite parlé de la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
exigée par le roi de France Charles X à partir de 1825. Elle a non seulement totalement asséchée toutes les recettes du pays pendant plus d’un siècle mais il ne faut pas oublier qu’en plus, la France avait imposé des règles de commerce entre les deux pays qui lui étaient très favorables. Ainsi, le café produit par les Haïtiens était vendu aux acheteurs français 1/3 du prix de l’époque.
Il a ensuite parlé de l’interdiction qui avait été faite entre 1914 et 1947 par les USA de parler créole, de pratiquer le vaudou et aux paysans de cultiver les terres riches pour se nourrir, car elles étaient réservées aux produits d’exportation. Pendant toute cette période les EU d’Amérique décidait de tout. Haïti a un chômage de près de 70% et est devenu un fournisseur de main d’œuvre à bas coûts pour l’étranger. C’est le début des maquiladores. Par ailleurs, les mines à ciel ouvert d’or, d’argent et d’iridium occupent un espace de 1600 km2 sur une superficie totale de 27000 km2.
Il est ensuite revenu sur l’actualité et le rôle de la Minustah. Composée de 35 pays, cette force armée permet de faire d’Haïti un laboratoire de la présence capitaliste et elle s’inscrit dans un processus de remilitarisation de la Caraïbe. Cette île a une position géostratégique très importante pour les États-Unis, car elle est située entre Cuba et le Venezuela. Nous ne devons pas oublier qu’après le grand tremblement de terre de 2010, les États-Unis ont envoyé 164 bateaux militaires et un seul bateau hôpital. La Minustah permet de contrôler l’implantation des mines, des sociétés de téléphone, du tourisme. L’espace électoral est contrôlé de l’extérieur. Lors des dernières élections, la répartition des votes n’a jamais été promulguée et, selon Camille, le taux de participation n’a pas dépassé 13%. Ceci expliquant cela.
La Minustah est une force 10 à 12000 hommes qui coûte 180 millions de dollars par an. De nombreux viols ont été commis par ses militaires et le choléra qui n’existait pas à Haïti a été importé par les soldats népalais, preuve en a été faite par l’analyse de la souche. Or, cela représente plus de 8000 morts et 640000personnes affectées, et ce n’est pas fini.
Sur un autre plan, Camille explique que le gouvernement haïtien n’a reçu que 1% des donations totales qui ont été faites après le tremblement de terre, mais que par contre les entreprises privées ont reçu de très importants contrats.
L’espoir vient des mouvements sociaux très actifs
Actif
Actifs
En général, le terme « actif » fait référence à un bien qui possède une valeur réalisable, ou qui peut générer des revenus. Dans le cas contraire, on parle de « passif », c’est-à-dire la partie du bilan composé des ressources dont dispose une entreprise (les capitaux propres apportés par les associés, les provisions pour risques et charges ainsi que les dettes).
et des agriculteurs qui s’opposent aux OGM
OGM
Organisme génétiquement modifié
Organisme vivant (végétal ou animal) sur lequel on a procédé à une manipulation génétique afin de modifier ses qualités, en général afin de le rendre résistant à un herbicide ou un pesticide. En 2000, les OGM couvraient plus de 40 millions d’hectares, concernant pour les trois-quarts le soja et le maïs. Les principaux pays producteurs étaient les USA, l’Argentine et le Canada. Les plantes génétiquement modifiées sont en général produites intensivement pour l’alimentation du bétail des pays riches. Leur existence pose trois problèmes.
Problème sanitaire. Outre la présence de nouveaux gènes dont les effets ne sont pas toujours connus, la résistance à un herbicide implique que le producteur va multiplier son utilisation. Les produits OGM (notamment le soja américain) se retrouvent gorgés d’herbicide dont dont on ignore les effets sur la santé humaine. De plus, pour incorporer le gène nouveau, on l’associe à un gène de résistance à un antibiotique, on bombarde des cellules saines et on cultive le tout dans une solution en présence de cet antibiotique pour ne conserver que les cellules effectivement modifiées.
Problème juridique. Les OGM sont développés à l’initiative des seules transnationales de l’agrochimie comme Monsanto, pour toucher les royalties sur les brevets associés. Elles procèdent par coups de boutoir pour enfoncer une législation lacunaire devant ces objets nouveaux. Les agriculteurs deviennent alors dépendants de ces firmes. Les États se défendent comme ils peuvent, bien souvent complices, et ils sont fort démunis quand on découvre une présence malencontreuse d’OGM dans des semences que l’on croyait saines : destruction de colza transgénique dans le nord de la France en mai 2000 (Advanta Seeds), non destruction de maïs transgénique sur 2600 ha en Lot et Garonne en juin 2000 (Golden Harvest), retrait de la distribution de galettes de maïs Taco Bell aux USA en octobre 2000 (Aventis). En outre, lors du vote par le parlement européen de la recommandation du 12/4/2000, l’amendement définissant la responsabilité des producteurs a été rejeté.
Problème alimentaire. Les OGM sont inutiles au Nord où il y a surproduction et où il faudrait bien mieux promouvoir une agriculture paysanne et saine, inutiles au Sud qui ne pourra pas se payer ces semences chères et les pesticides qui vont avec, ou alors cela déséquilibrera toute la production traditionnelle. Il est clair selon la FAO que la faim dans le monde ne résulte pas d’une production insuffisante.
« donnés » par Monsanto et la fondation Gates. Il existe une dynamique de convergence face aux forces de remilitarisation. Par contre, la présence des 10000 ONG sur place est une façon d’exclure les Haïtiens. Haïti ne doit pas devenir la république des ONG. Deux événements importants à venir, le 14 juillet 2014 sera la fête de Haïti, le bicentenaire de la révolution et de l’indépendance, et le tribunal de la dette qui est en cours de constitution.
Un jeune intervenant italien, ayant travaillé pour une ONG à Haïti a expliqué longuement qu’il n’imaginait pas possible de voir la Minustah quitter l’île car ce serait le chaos immédiatement. Fabien Cohen lui a répondu longuement que justement il disait ce que les médias main stream véhiculaient mais que cela était totalement faux. Par exemple, il a dit que cette île était celle où il y avait le moins de crimes par habitant, beaucoup moins que dans la république dominicaine voisine.
Président du CADTM France, auteur du livre « Dette et extractivisme »
Après des études de droit et de sciences politiques, il a été agriculteur-éleveur de montagne pendant dix ans. Dans les années 1990, il s’est investi dans l’association Survie aux côtés de François-Xavier Verschave (Françafrique) puis a créé Échanges non marchands avec Madagascar au début des années 2000. Il a écrit pour ’Le Sarkophage, Les Z’indignés, les Amis de la Terre, CQFD.
Il donne régulièrement des conférences sur la dette.
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