21 mars par Martine Orange
Matthias Wicke, Credit Suisse Private Banking, Flickr, CC, https://www.flickr.com/photos/matthiaswicke/4603722552/
Sous la pression de toutes les autorités de régulation, UBS accepte de racheter sa rivale pour 3 milliards de francs suisses. Le gouvernement helvétique apporte 9 milliards de garantie, avec l’espoir de restaurer la confiance.
Crédit suisse est mort. Après plus de cent soixante ans d’existence, la deuxième banque helvétique n’a pas résisté aux cinq derniers jours de panique bancaire. Son décès a été prononcé le 19 mars au soir, dans l’urgence, après un week-end de tractations. Comme le souhaitaient les autorités helvétiques, UBS a proposé de reprendre son concurrent pour 3 milliard de francs suisses (3,02 milliards d’euros). Le 17 mars, la capitalisation boursière de Crédit suisse s’élevait encore à 7 milliards de francs suisses.
Mais les négociateurs estimaient qu’ils n’avaient guère de choix ni de marge de manœuvre pour négocier : il fallait plier devant les exigences d’UBS. Afin de faciliter l’opération, la Banque centrale Banque centrale La banque centrale d’un pays gère la politique monétaire et détient le monopole de l’émission de la monnaie nationale. C’est auprès d’elle que les banques commerciales sont contraintes de s’approvisionner en monnaie, selon un prix d’approvisionnement déterminé par les taux directeurs de la banque centrale. de Suisse s’est engagée à mettre une ligne de crédit de 100 milliards de francs suisses à la disposition des deux établissements bancaires.
Cette issue était réclamée par nombre de régulateurs et d’intervenants politiques et financiers. C’était, selon eux, le seul moyen d’endiguer la montée des tensions qui a saisi le système financier occidental depuis la faillite de la banque californienne SVB. « Une faillite de Crédit suisse aurait aurait eu de graves conséquences pour le système financier international, a expliqué la ministre des finances suisse Karin Keller-Sutter dans la soirée. C’était de la responsabilité de la Suisse d’éviter qu’un tel scénario se matérialise. »
Estimant qu’il n’y avait pas une minute à perdre, les autorités helvétiques ont décidé de lever toutes les contraintes réglementaires et légales pour réaliser au plus vite cet adossement bancaire : toutes les procédures d’examen de cette concentration bancaire sont levées et remises à plus tard. Il est aussi prévu de suspendre les règles de gouvernance : les actionnaires, qui normalement doivent se prononcer sur ce rapprochement, n’auront pas leur mot à dire.
Alors que la crise enflait chez Crédit suisse, la direction d’UBS excluait encore le 16 mars de venir à sa rescousse : pourquoi s’embarrasser d’un concurrent mal en point, qui risquerait de lui apporter des ennuis et retarderait sa progression en le contraignant à mener des restructurations longues et coûteuses ?
Mais la banque n’a pas pu résister longtemps aux différentes pressions. Car la confiance n’était pas revenue. Alors que la Banque centrale de Suisse avait mis à disposition de Crédit suisse une ligne de 50 milliards de francs suisses pour l’aider et rétablir la confiance, dès le lendemain, Crédit suisse enregistrait à nouveau plus de 10 milliards de retraits de ses clients.
Signaux tout aussi inquiétants : les CDS
CDS
Credit Default Swap
Le CDS est un produit financier dérivé qui n’est soumis à aucun contrôle public. Il a été créé par la banque JPMorgan dans la première moitié des années 1990 en pleine période de déréglementation. Le Credit Default Swap signifie littéralement “permutation de l’impayé”. Normalement, il devrait permettre au détenteur d’une créance de se faire indemniser par le vendeur du CDS au cas où l’émetteur d’une obligation (l’emprunteur) fait défaut, que ce soit un pouvoir public ou une entreprise privée. Le conditionnel est de rigueur pour deux raisons principales. Premièrement, l’acheteur peut utiliser un CDS pour se protéger d’un risque de non remboursement d’une obligation qu’il n’a pas. Cela revient à prendre une assurance contre le risque d’incendie de la maison d’un voisin en espérant que celle-ci parte en flammes afin de pouvoir toucher la prime. Deuxièmement, les vendeurs de CDS n’ont pas réuni préalablement des moyens financiers suffisants pour indemniser les sociétés affectées par le non remboursement de dettes. En cas de faillite en chaîne d’entreprises privées ayant émis des obligations ou du non remboursement de la part d’un Etat débiteur important, il est très probable que les vendeurs de CDS seront dans l’incapacité de procéder aux indemnisations qu’ils ont promises. Le désastre de la compagnie nord-américaine d’assurance AIG en août 2008, la plus grosse société d’assurance internationale (nationalisée par le président George W. Bush afin d’éviter qu’elle ne s’effondre) et la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008 sont directement liés au marché des CDS. AIG et Lehman s’étaient fortement développées dans ce secteur.
Le CDS donne l’illusion à la banque qui en achète qu’elle est protégée contre des risques ce qui l’encourage à réaliser des actions de plus en plus aventureuses. De plus, le CDS est un outil de spéculation. Par exemple en 2010-2011, des banques et d’autres sociétés financières ont acheté des CDS pour se protéger du risque d’une suspension de paiement de la dette qui aurait pu être décrétée par la Grèce. Elles souhaitaient que la Grèce fasse effectivement défaut afin d’être indemnisées. Qu’elles soient ou non en possession de titres grecs, les banques et les sociétés financières détentrices de CDS sur la dette grecque avaient intérêt à ce que la crise s’aggrave. Des banques allemandes et françaises (les banques de ces pays étaient les principales détentrices de titres grecs en 2010-2011) revendaient des titres grecs (ce qui alimentait un climat de méfiance à l’égard de la Grèce) tout en achetant des CDS en espérant pouvoir être indemnisées au cas de défaut grec.1
Le 1er novembre 2012, les autorités de l’Union européenne ont fini par interdire la vente ou l’achat de CDS concernant des dettes des États de l’UE qui ne sont pas en possession du candidat acheteur du CDS.2 Mais cette interdiction ne concerne qu’une fraction minime du marché des CDS (le segment des CDS sur les dettes souveraines*) : environ 5 à 7 %. Il faut également noter que cette mesure limitée mais importante (c’est d’ailleurs à peu près la seule mesure sérieuse qui soit entrée en vigueur depuis l’éclatement de la crise) a entraîné une réduction très importante du volume des ventes des CDS concernés, preuve que ce marché est tout à fait spéculatif.
Enfin, rappelons que le marché des CDS est dominé par une quinzaine de grandes banques internationales. Les hedge funds et les autres acteurs des marchés financiers n’y jouent qu’un rôle marginal. D’ailleurs la Commission européenne a menacé en juillet 2013 de poursuivre 13 grandes banques internationales pour collusion afin de maintenir leur domination sur le marché de gré à gré* (OTC) des CDS.3
(credit default swaps
Swap
Swaps
Vient d’un mot anglais qui signifie « échange ». Un swap est donc un échange entre deux parties. Dans le domaine financier, il s’agit d’un échange de flux financiers : par exemple, j’échange un taux d’intérêt à court terme contre un taux à long terme moyennant une rémunération. Les swaps permettent de transférer certains risques afin de les sortir du bilan de la banque ou des autres sociétés financières qui les utilisent. Ces produits dérivés sont très utilisés dans le montage de produits dits structurés.
), instruments financiers
Instruments financiers
Les instruments financiers sont les titres financiers et les contrats financiers.
Les titres financiers sont :
• les titres de capital émis par les sociétés par actions (actions, parts, certificats d’investissement, etc.),
• les titres de créance, à l’exclusion des effets de commerce et des bons de caisse (obligations et titres assimilés),
• les parts ou actions d’organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM).
Les contrats financiers, également dénommés « instruments financiers à terme », sont les contrats à terme sur taux d’intérêt, les contrats d’échange (swaps), les contrats à terme sur toutes marchandises et denrées, les contrats d’options d’achat ou de vente d’instruments financiers et tous les autres instruments de marché à terme.
censés couvrir les pertes en cas de faillite, continuaient à progresser, malgré le soutien explicite de la Banque centrale suisse, pour friser les 1 000 points, un seuil de non-retour. De leur côté, les obligations
Obligations
Obligation
Part d’un emprunt émis par une société ou une collectivité publique. Le détenteur de l’obligation, l’obligataire, a droit à un intérêt et au remboursement du montant souscrit. L’obligation est souvent l’objet de négociations sur le marché secondaire.
convertibles en actions
Action
Actions
Valeur mobilière émise par une société par actions. Ce titre représente une fraction du capital social. Il donne au titulaire (l’actionnaire) le droit notamment de recevoir une part des bénéfices distribués (le dividende) et de participer aux assemblées générales.
– les fameux CoCo (contingence convertible bonds) inventés après la crise de 2008 pour servir de matelas supplémentaire aux banques en cas de défaillance – plongeaient à Wall Street. Les craintes des détenteurs de ces titres étaient justifiées : les 16 milliards d’obligations vont être totalement convertis et ils vont tout perdre.
Pour la Banque centrale et le gouvernement suisses, une réaction rapide s’imposait. « La Banque centrale et le gouvernement suisses sont totalement conscients qu’une défaillance de Crédit suisse ou même quelques pertes des déposants détruiraient la réputation de la Suisse comme place financière », expliquait en milieu de semaine Octavio Marenzi, analyste chez Opimas.
Et c’est bien un plan conçu par Switzerland AG qui a été élaboré pour sauver, si ce n’est Crédit suisse, au moins l’image financière du pays. Samedi soir, une réunion d’urgence s’est tenue à Berne, avec les membres du gouvernement, les responsables gouvernementaux, ceux de la Banque centrale et les autorités de régulation, ainsi que les représentants du monde bancaire et financier.
Ce plan marque en quelque sorte, comme le rappelle l’historien en économie Adam Tooze, dans un de ses derniers articles, « la dernière phase de l’effort – désormais en crise – de l’élite protestante de Zurich (Freisinn) de construire des champions mondiaux sur la base de relations politiques incestueuses en Suisse ».
Mise sous pression pour sauver le Crédit Suisse au nom de l’intérêt général, la direction d’UBS a imposé, outre un prix très bas, certaines conditions.
La banque a demandé ainsi que le gouvernement suisse prenne à sa charge tous les coûts légaux et les pertes potentielles futures. Le gouvernement helvétique a accepté d’apporter 9 milliards de francs suisses de garantie afin d’aider la banque à faire face aux risques éventuels. Au cœur de nombreux scandales qui font l’objet de procédures administratives et judiciaires, Crédit suisse a déjà provisionné 1,2 milliard de francs suisses pour faire face à ces poursuites, et envisageait de provisionner à peu près le même montant dans les semaines à venir pour faire face aux multiples scandales de manipulation et de blanchiment notamment.
La direction d’UBS n’a pas caché qu’elle n’avait aucune intention de conserver l’ensemble des activités – banque de dépôt
Banques de dépôt
Banque de dépôt
Banque de dépôt ou banque commerciale : Établissement de crédit effectuant des opérations de banque avec les particuliers, les entreprises et les collectivités publiques consistant à collecter des fonds pour les redistribuer sous forme de crédit ou pour effectuer à titre accessoire des opérations de placements. Les dépôts du public bénéficient d’une garantie de l’État. Une banque de dépôt (ou banque commerciale) se distingue d’une banque d’affaires qui fait essentiellement des opérations de marché. Pendant plusieurs décennies, suite au Glass Steagall Act adopté pendant l’administration Roosevelt et aux mesures équivalentes prises en Europe, il était interdit aux banques commerciales d’émettre des titres, des actions et tout autre instrument financier.
, gestion de fortune, banque d’investissement
Banques d’investissement
Banque d’investissement
Société financière dont l’activité consiste à effectuer trois types d’opérations : du conseil (notamment en fusion-acquisition), de la gestion de haut de bilan pour le compte d’entreprises (augmentations de capital, introductions en bourse, émissions d’emprunts obligataires) et des placements sur les marchés avec des prises de risque souvent excessives et mal contrôlées. Une banque d’affaires ne collecte pas de fonds auprès du public, mais se finance en empruntant aux banques ou sur les marchés financiers.
– du Crédit suisse qui font souvent doublon avec les siennes, les deux banques qui se font face sur la Paradeplatz à Zurich ayant suivi les mêmes modèles d’expansion. Tout se met en place pour qu’UBS exerce en fait le rôle de liquidateur de Crédit suisse en gérant la situation dans le temps, ne conservant que les parties qui l’intéressent.
Ces derniers mois, Crédit suisse envisageait lui-même de se séparer de certaines activités. Il travaillait notamment à la cotation séparée de sa banque d’investissement First Boston, une activité à la fois de conseil mais qui mène aussi des opérations avec d’énormes effets de levier. Dans les multiples rumeurs de ce week-end , le nom de BlackRock, le plus important gestionnaire d’actifs
Actif
Actifs
En général, le terme « actif » fait référence à un bien qui possède une valeur réalisable, ou qui peut générer des revenus. Dans le cas contraire, on parle de « passif », c’est-à-dire la partie du bilan composé des ressources dont dispose une entreprise (les capitaux propres apportés par les associés, les provisions pour risques et charges ainsi que les dettes).
dans le monde, a été cité comme un éventuel repreneur. Celui-ci a démenti avoir le moindre intérêt « pour tout ou partie » de Crédit suisse.
En revanche, il y a d’autres branches qui suscitent bien des appétits, notamment celle de la gestion de fortune (Wealth Management) ou sa banque de dépôt. Sans attendre, les requins de la finance commencent à sortir dans l’espoir de participer au banquet des dépouilles de Crédit suisse. La Deutsche Bank est notamment sur les rangs.
La reprise du Crédit suisse s’annonce en tout cas déjà comme un carnage social. Le chiffre de 10 000 suppressions d’emplois a été annoncé pendant les négociations.
Depuis l’effondrement de Crédit suisse en milieu de semaine, les différentes autorités de régulation multiplient les messages pour rassurer le monde financier et les déposants : la chute d’une des plus grandes banques du monde, selon elles, n’aurait aucune répercussion sur le reste du système financier. Le cas mérite d’être médité : Crédit suisse, à les entendre, est un exemple unique d’une banque systémique mais isolée, n’ayant aucune relation, aucun rapport de contrepartie avec les autres.
L’agitation qui a saisi le monde financier et les responsables politiques depuis l’écroulement de la deuxième banque suisse, les multiples tractations qui se sont déroulées entre les banques centrales, les différents régulateurs européens, américains, britanniques, notamment ces derniers jours, dénotent une situation beaucoup plus compliquée. Si les banques ont fortement réduit, voire coupé leurs relations sur le marché interbancaire Marché interbancaire Marché réservé aux banques pour échanger entre elles des actifs financiers et emprunter/prêter à court terme. C’est également sur le marché interbancaire que la Banque centrale européenne (BCE) intervient pour apporter ou reprendre des liquidités (gestion de la masse monétaire pour contrôler l’inflation). avec Crédit suisse, au fur et à mesure que la banque s’enfonçait dans la crise, il y a à côté tous les liens, toutes les contreparties dans les autres activités financières, beaucoup plus opaques et moins contrôlées.
Selon certaines estimations qui circulent, le montant notionnel des implications de Crédit suisse sur le marché des dérivés
Dérivés
Dérivé
Dérivé de crédit : Produit financier dont le sous-jacent est une créance* ou un titre représentatif d’une créance (obligation). Le but du dérivé de crédit est de transférer les risques relatifs au crédit, sans transférer l’actif lui-même, dans un but de couverture. Une des formes les plus courantes de dérivé de crédit est le Credit Default Swap.
s’élevait à 14 641 milliards de francs suisses fin 2022. Le montant est colossal : il représente plus de 27 fois le bilan de la banque. Il convient cependant de le relativiser, il ne s’agit que de notionnel. Lorsque Lehman Brothers a fait faillite, son exposition sur les dérivés était deux fois supérieure à celle de Crédit suisse. Lorsque toutes les opérations ont été débouclées au bout de cinq ans, on a compris que les pertes de Lehman étaient finalement assez minimes : à peine 5 milliards de dollars. Mais cela avait suffi à plonger le monde dans la crise financière.
La même mésaventure pourrait advenir si Crédit suisse s’effondrait. Toutes les banques européennes, et particulièrement celles, très actives sur le marché, des dérivés comme la Deutsche Bank ou BNP Paribas, qui ont des contreparties avec Crédit suisse, se retrouveraient dans de graves difficultés. D’où l’inquiétude et la nervosité des autorités de régulation et de responsables politiques se montrant de plus en plus pressants auprès du gouvernement suisse afin de trouver rapidement une solution.
L’urgence de la situation peut sans doute justifier les choix pris. Le constat s’impose cependant : en quelques jours, pour répondre d’abord à l’effondrement de la SVB puis à la chute de Crédit suisse, les autorités de régulation et les gouvernements ont pris la décision de passer par-dessus bord toutes les bonnes résolutions adoptées pendant la crise de 2008.
Ainsi, après la crise de 2008, les gouvernements avaient juré que les finances publiques, l’argent des contribuables, ne seraient plus sollicitées à l’avenir pour venir au secours des banques. Cette résolution n’a pas tenu dès les premières secousses dans le système bancaire.
Dans la précipitation, le gouvernement américain a décidé de passer outre son cadre légal qui garantit les dépôts dans la limite de 250 000 dollars. Au nom de la défense de la high-tech, il a annoncé que l’intégralité des montants des dépôts chez SVB seraient garantie, y compris ceux des hedge funds
Hedge funds
Les hedge funds, contrairement à leur nom qui signifie couverture, sont des fonds d’investissement non cotés à vocation spéculative, qui recherchent des rentabilités élevées et utilisent abondamment les produits dérivés, en particulier les options, et recourent fréquemment à l’effet de levier (voir supra). Les principaux hedge funds sont indépendants des banques, quoique fréquemment les banques se dotent elles-mêmes de hedge funds. Ceux-ci font partie du shadow banking à côté des SPV et des Money market funds.
Un Hedge funds (ou fonds spéculatif) est une institution d’investissement empruntant afin de spéculer sur les marchés financiers mondiaux. Plus un fonds aura la confiance du monde financier, plus il sera capable de prendre provisoirement le contrôle d’actifs dépassant de beaucoup la richesse de ses propriétaires. Les revenus d’un investisseur d’un Hedge funds dépendent de ses résultats, ce qui l’incite à prendre davantage de risques. Les Hedge funds ont joué un rôle d’éclaireur dans les dernières crises financières : spéculant à la baisse, ils persuadent le gros du bataillon (les zinzins des fonds de pension et autres compagnies d’assurance) de leur clairvoyance et crée ainsi une prophétie spéculative auto-réalisatrice.
, des fonds de capital-risque, etc. Le sauvetage sera à la charge des finances publiques.
De son côté, le gouvernement suisse a accepté de prendre sur les comptes des finances publiques les risques pris par Crédit suisse, comme l’a exigé UBS. Une nouvelle fois, les États se retrouvent à assumer et à payer les turpitudes de la finance.
De la même manière, il avait été promis après la crise de 2008 de mieux contrôler et encadrer les très grandes banques, et d’empêcher même la constitution de ces géants bancaires, « trop grands pour faire faillite » – « too big to fail » – qui font courir des risques accrus au système financier et se trouvent en position d’exercer un chantage permanent sur les banques centrales, les autorités de régulation et les gouvernements.
Le rapprochement d’UBS et de Crédit suisse, décidé dans l’urgence et par nécessité, s’inscrit à rebours de cette ligne. L’union de ces deux banques systémiques va constituer un ensemble bancaire encore plus gros, plus incontrôlable. Outre-Atlantique, les autorités semblent suivre la même pente. Alors que la faillite de SVB a mis sous tension les banques régionales comme First Republic, elles penchent pour des rapprochements ou des adossements sur des géants américains comme JPMorgan ou Bank of America, au risque de rendre ces monstres encore plus grands et de placer tout le système bancaire entre quelques mains.
Avec de telles mesures, l’aléa moral et la capture du pouvoir par le monde financier ne sont pas près de disparaître.
Source :Mediapart
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