Répondre aux « Questions qui piquent sur la dette et l’austérité »

Comment remettre en cause les engagements de gouvernements démocratiquement élus ?

Question 4

22 avril 2016 par CADTM Belgique , Najla Mulhondi


CC - Flickr - Derek Tam

Au CADTM, on sait trop bien ce que c’est d’être flippéE, voire découragéE, par toutes ces questions sur lesquelles on sèche. Du coup, inspiréEs par nos meilleurEs piqueurs et piqueuses (notre famille, nos potes, le pizzaiolo d’en face, les gens que l’on rencontre en animation), le CADTM Liège a organisé plusieurs sessions d’élaborations collectives d’éléments de réponse à ces piques (qu’elles soient d’ordre technique ou plus « politique »).

Ce travail a engendré une brochure que vous pouvez retrouver en entier ici.




Ce sont des gouvernements élus démocratiquement qui se sont endettés en notre nom.
Comment remettre leurs engagements en cause ?

Il nous suffirait d’abord de prendre exemple sur nos gouvernements. Eux-mêmes remettent régulièrement en cause des engagements pris par des gouvernements antérieurs, voire leurs propres engagements (ex : la sortie du nucléaire, les primes sur le photovoltaïque, etc.).

Ensuite, c’est un signe de bonne santé démocratique que d’avoir une population qui questionne les politiques menées par les autorités. Comment ne pas contester des décisions gouvernementales qui enfreignent clairement des principes fondamentaux de la Constitution, du droit national, des droits de l’Homme, du droit européen et du droit international en général ? Et au-delà de la loi, il est également de notre devoir de contester des décisions gouvernementales, certes légales, mais que nous identifions comme illégitimes. Par exemple, si les suffragettes s’étaient limitées à la loi, elles n’auraient jamais obtenu le droit de vote pour les femmes.

Il en va de même pour la dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
publique. Ce n’est pas parce qu’elle est légale que nous devons admettre qu’elle est légitime. Didier Reynders estimera certainement que les sauvetages bancaires inconditionnels de 2008 sont légitimes, ce n’est pas notre cas et nous devons forcer le débat.

Une idée pourrait être de se rassembler en un lobby Lobby
Lobbies
Un lobby est une structure organisée pour représenter et défendre les intérêts d’un groupe donné en exerçant des pressions ou influences sur des personnes ou institutions détentrices de pouvoir. Le lobbying consiste ainsi en des interventions destinées à influencer directement ou indirectement l’élaboration, l’application ou l’interprétation de mesures législatives, normes, règlements et plus généralement, toute intervention ou décision des pouvoirs publics. Ainsi, le rôle d’un lobby est d’infléchir une norme, d’en créer une nouvelle ou de supprimer des dispositions existantes.
citoyen qui aurait la tâche de « vérifier » la légitimité démocratique des décisions prises par le gouvernement en place par rapport à ses engagements ET au respect des droits fondamentaux ET à l’intérêt général.

On peut bien sûr aller plus loin et se demander si un gouvernement qui ne « représente » qu’une partie minoritaire de la population (si on prend en compte la population qui n’a pas le droit de vote + l’abstention + tous les votes nuls ou blancs) est bien légitime. En tout cas, on doit se poser la question du contrôle du pouvoir. Il faut aller contre cette idée communément admise selon laquelle une fois le gouvernement élu, c’est « tant pis ... il faudra faire avec pendant 4 ans ». On sait que ce sont les mouvements sociaux qui font l’histoire, et non les élections. Pour casser le monopole médiatique qui impose l’idée selon laquelle nous n’avons aucun pouvoir, il est également nécessaire d’envisager l’élaboration d’un espace médiatique d’éducation populaire.

Car on ne peut nier que les soulèvements populaires sont possibles (Révoltes arabes, Bosnie-Herzégovine, Rojava, Burkina Faso, etc.). Il nous paraît dès lors important d’utiliser sans relâche les moyens à notre disposition, de la pétition à la grève (la vraie) en passant par les manifestations ou les recours en justice. Citons également comme exemples :

En conclusion, nous pensons que la démocratie doit passer par un contrôle populaire des décisions prises par les acteurs censés nous représenter, de l’entreprise au parlement.

Nous pensons également qu’un changement de système économique est nécessaire, et qu’il remettra en cause les modes de fonctionnement et politiques antérieurs.


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