Communiqué
15 octobre 2021 par CADTM International
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Comme il est de coutume à la veille des assemblées annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, un sommet du G20 s’est tenu ce 13 octobre 2021 à Washington (États-Unis).
Les puissances industrielles du Nord et les institutions internationales s’inquiètent davantage de la stabilité financière, de la viabilité budgétaire et des chaînes d'approvisionnement que des conditions d’existence de la majorité de la population mondiale
Ce qui en ressort, sans surprise, c’est que les puissances industrielles du Nord et les institutions internationales s’inquiètent davantage de la stabilité financière, de la viabilité budgétaire et des chaînes d’approvisionnement que des conditions d’existence de la majorité de la population mondiale. Le G20
G20
Le G20 est une structure informelle créée par le G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni) à la fin des années 1990 et réactivée par lui en 2008 en pleine crise financière dans le Nord. Les membres du G20 sont : Afrique du Sud, Allemagne, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud, États-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Royaume-Uni, Russie, Turquie, Union européenne (représentée par le pays assurant la présidence de l’UE et la Banque Centrale européenne ; la Commission européenne assiste également aux réunions). L’Espagne est devenue invitée permanente. Des institutions internationales sont également invitées aux réunions : le Fonds monétaire international, la Banque mondiale. Le Conseil de stabilité financière, la BRI et l’OCDE assistent aussi aux réunions.
, l’OMC
OMC
Organisation mondiale du commerce
Créée le 1er janvier 1995 en remplacement du GATT. Son rôle est d’assurer qu’aucun de ses membres ne se livre à un quelconque protectionnisme, afin d’accélérer la libéralisation mondiale des échanges commerciaux et favoriser les stratégies des multinationales. Elle est dotée d’un tribunal international (l’Organe de règlement des différends) jugeant les éventuelles violations de son texte fondateur de Marrakech.
L’OMC fonctionne selon le mode « un pays – une voix » mais les délégués des pays du Sud ne font pas le poids face aux tonnes de documents à étudier, à l’armée de fonctionnaires, avocats, etc. des pays du Nord. Les décisions se prennent entre puissants dans les « green rooms ».
Site : www.wto.org
, la Banque mondiale
Banque mondiale
BM
La Banque mondiale regroupe deux organisations, la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) et l’AID (Association internationale de développement). La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a été créée en juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), à l’initiative de 45 pays réunis pour la première Conférence monétaire et financière des Nations unies.
En 2022, 189 pays en sont membres.
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et le FMI
FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.
À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).
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refusent de répondre positivement aux revendications pour la levée des brevets, pour une vaccination universelle gratuite associée à des investissements massifs dans les systèmes de santé publique. Et pourtant, à ce jour, la situation sociale et sanitaire des couches populaires les plus affectées par la crise provoquée par la pandémie se détériore terriblement. La crise de la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
des pays du Sud, notamment les pays à revenu moyen et faible, aggrave davantage leur dépendance économique, alimentaire, politique, etc. Les salarié·es et les petit.es producteurs et productrices, ainsi que les personnes qui effectuent des activités de soin aux autres, payent directement la facture de la dette.
La Banque mondiale, le FMI, les pays du G20 et du Club de Paris
Club de Paris
Créé en 1956, il s’agit du groupement de 22 États créanciers chargé de gérer les difficultés de remboursement de la dette bilatérale par les PED. Depuis sa création, la présidence est traditionnellement assurée par un·e Français·e. Les États membres du Club de Paris ont rééchelonné la dette de plus de 90 pays en développement. Après avoir détenu jusqu’à 30 % du stock de la dette du Tiers Monde, les membres du Club de Paris en sont aujourd’hui créanciers à hauteur de 10 %. La forte représentation des États membres du Club au sein d’institutions financières (FMI, Banque mondiale, etc.) et groupes informels internationaux (G7, G20, etc.) leur garantit néanmoins une influence considérable lors des négociations.
Les liens entre le Club de Paris et le FMI sont extrêmement étroits ; ils se matérialisent par le statut d’observateur dont jouit le FMI dans les réunions – confidentielles – du Club de Paris. Le FMI joue un rôle clé dans la stratégie de la dette mise en œuvre par le Club de Paris, qui s’en remet à son expertise et son jugement macroéconomiques pour mettre en pratique l’un des principes essentiels du Club de Paris : la conditionnalité. Réciproquement, l’action du Club de Paris préserve le statut de créancier privilégié du FMI et la conduite de ses stratégies d’ajustement dans les pays en voie de développement.
Site officiel : https://www.clubdeparis.fr/
ont tour à tour instauré des initiatives pour répondre à leur manière à cette crise de la dette. Réponses totalement insuffisantes : l’Initiative de suspension du service de la dette
Service de la dette
Remboursements des intérêts et du capital emprunté.
(ISSD) et le Common Framework (CF) ont seulement reporté le problème. Pour le premier, plus d’un tiers des 73 pays conviés à participer à l’Initiative de suspension du service de la dette (ISSD) ont décliné l’invitation, par peur d’être discrédités par les agences de notation
Agences de notation
Les agences de notation (Standard and Poor’s, Moody’s et Fitch en tête) sont des agences privées qui évaluent la solvabilité et la crédibilité d’un émetteur d’obligations (État, entreprise). Jusqu’aux années 1970 elle étaient payées par les acheteurs potentiels d’obligations, depuis la libéralisation financière la situation s’est inversée : ce sont les émetteurs d’obligations qui rémunèrent les agences pour qu’elles les évaluent... Reconnaissons leur qualité de travail : c’est ainsi que Lehman Brothers se voyait attribuer la meilleure note juste avant de faire faillite.
et les marchés financiers
Marchés financiers
Marché financier
Marché des capitaux à long terme. Il comprend un marché primaire, celui des émissions et un marché secondaire, celui de la revente. À côté des marchés réglementés, on trouve les marchés de gré à gré qui ne sont pas tenus de satisfaire à des conditions minimales.
internationaux, et d’être soumis à une nouvelle cure d’austérité du FMI. Pour le second, le Common Framework censé étendre l’ISSD aux acteurs privés, principaux créanciers de ces pays (à hauteur de 60 %), l’échec est encore plus probant. Seul 0,2 % du service de la dette due aux créanciers privés a été suspendu et seuls l’Ethiopie, le Tchad et la Zambie ont recouru au CF pour renégocier leur dette, sans aucun succès à ce jour. En bref, pour les 46 pays impliqués dans l’ISSD et le CF, moins d’un quart du service de la dette (10,9 milliards $US) a été suspendu [1]. Plus d’un tiers des pays du Sud sont en suspension de paiement ou risquent de l’être. Le 15 septembre, la CNUCED
Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement
CNUCED
Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement. Elle a été créée en 1964, sous la pression des pays en voie de développement pour faire contrepoids au GATT. Depuis les années 1980, elle est progressivement rentrée dans le rang en se conformant de plus en plus à l’orientation dominante dans des institutions comme la Banque mondiale et le FMI.
Site web : http://www.unctad.org
indiquait que « la viabilité de la dette extérieure des PED s’est encore détériorée » et appelait à « un allégement concerté de la dette et, dans certains cas, à son annulation pure et simple, afin de réduire le surendettement des PED et d’éviter une nouvelle décennie perdue pour le développement » [2]. Ce 11 octobre, la Banque mondiale alertait sur le nouveau « niveau record » de la dette des pays à faible revenu et d’une augmentation de plus de 5 % de la dette des PED [3].
Le CADTM appelle une nouvelle fois au remplacement de ces institutions et à la formation d’un front uni des pays du Sud pour décréter une suspension immédiate du service de la dette en invoquant l’état de nécessité et le changement fondamental de circonstance
Suite au sommet du G20 qui réunit les pays qui dominent le monde pour l’intérêt du Capital, il est clair qu’aucune initiative favorable aux pays débiteurs du Sud ne sera prise pour leur permette de répondre à l’urgence et d’atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) d’ici 2030 qui sont pourtant très modestes. Au contraire, les seules mesures adoptées le sont pour garantir le remboursement de la dette aux banques du Nord et aux créanciers privés.
Dans ces conditions, le CADTM appelle une nouvelle fois au remplacement de ces institutions et à la formation d’un front uni des pays du Sud pour décréter une suspension immédiate du service de la dette en invoquant l’état de nécessité et le changement fondamental de circonstance. Il s’agit également, grâce à un audit à participation citoyenne, d’identifier les dettes illégitimes, illégales, odieuses et insoutenables pour procéder à leur répudiation pure et simple.
[1] Voir Jubilee Debt Campaign, « G20 initiative leads to less than a quarter of debt payments being suspended », 12 octobre 2021 : https://jubileedebt.org.uk/press-release/g20-initiative-leads-to-less-than-a-quarter-of-debt-payments-being-suspended
[2] Communiqué de presse, « Rapport sur le commerce et le développement 2021 de la CNUCED : de la reprise à la résilience : faire face tous ensemble ou tomber séparément les uns après les autres ? », UNCTAD/PRESS/PR/2021/027, 15 septembre 2021 : https://unctad.org/fr/press-material/rapport-sur-le-commerce-et-le-developpement-2021-de-la-cnuced-de-la-reprise-la
[3] Banque mondiale, « La dette des pays à faible revenu a atteint un niveau record de 860 milliards de dollars en 2020 », 11 octobre 2021 : https://www.banquemondiale.org/fr/news/press-release/2021/10/11/low-income-country-debt-rises-to-record-860-billion-in-2020
8 mars,
La dette nous opprime ! Nous ne paierons pas !8 mars, par CADTM International
1er mars, par CADTM International
17 février, par CADTM International
23 janvier, par CADTM International
20 janvier, par CADTM International
19 janvier, par CADTM International
25 novembre - Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes
Les violences contre les femmes* : un problème systémique25 novembre 2022, par CADTM International
10 octobre 2022, par CADTM International , Collectif
9 septembre 2022, par CADTM International , École d’Éducation Populaire d’Afrique du Nord , Réseau nord-africain pour la souveraineté alimentaire
Communiqué de presse
2022 : Mettons fin à la crise alimentaire5 septembre 2022, par CADTM International