Contre l’interdiction des activités de l’ONG Dynamique Citoyenne au Cameroun

Communiqué de presse - Bamako, le 12 octobre 2015

12 octobre 2015 par CADTM Afrique


Agnès Adelaïde Metougou & Jean Marc Bikoko

Le Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde (CADTM) Réseau Afrique a appris avec indignation, l’interdiction des activités de l’ONG Dynamique Citoyenne, une organisation faisant partie de la Plateforme d’Information et d’Action sur la Dette (PFIAD) au Cameroun, également membre du Réseau CADTM Afrique. Jean Marc Bikoko assure la présidence de PFIAD . Leur seul tort a été de demander qu’une alternance politique soit possible à la prochaine élection présidentielle, prévue 2018.



Le 01 octobre 2015, le Sous - Préfet de l’Arrondissement de Yaoundé IV, Martin Locko Motassi, par la décision n° 45/D/J06 04/SP, a interdit la réalisation des activités de l’ONG Dynamique Citoyenne dans le cadre de la campagne internationale « Tournons la Page ». Elle se déroulait les 14 et 15 septembre au Palais des Congrès de Yaoundé sur le thème « Gouvernance électorale et alternance démocratique ». La décision d’interdiction est arrivée alors que Dynamique Citoyenne tenait une réunion en prélude à la tenue d’une conférence de presse au siège de la plate-forme d’organisations de la société civile située au quartier Anguissa, annulant du coup cet échange avec la presse.

D’après la décision de l’autorité administrative, le motif de cette annulation est que cette « réunion » que devait tenir la plate-forme d’organisations de la société civile (OSC) « n’a pas été déclarée » et est de nature « à porter gravement atteinte à l’ordre public ». Force est de constater que par cet acte les autorités camerounaises affirment qu’elles n’ont nullement l’intention de cesser de bâillonner et de réprimer des contre-pouvoirs citoyens et non-violents. Mais la défense des droits humains ne peut pas avoir deux poids deux mesures, sous prétexte de ne pas heurter un dictateur en place depuis presque 33 ans, une longévité au pouvoir qu’il doit justement à la France.

Pour mémoire, la police avait réprimé le 15 septembre dernier au palais des Sports de Yaoundé le lancement de la campagne internationale « tournons la page ». Une campagne portant sur la problématique de l’alternance au pouvoir en Afrique. Neuf personnes dont Jean Marc Bikoko ont été, arbitrairement arrêtées avec violence. Dans tous les sens, des coups furent donnés, les appareils de projection ont été endommagés, les caméras et les téléphones des participant-e-s et des journalistes arrachés. Les personnes arrêtées ont été soumises à une garde-à-vue administrative de 15 jours renouvelables avant d’être libérées une semaine plus tard, le 23 septembre 2015. Elles doivent comparaître libres lors de la prochaine audience fixée pour le 28 octobre 2015 au Tribunal de Première Instance de Yaoundé Centre Administratif.

Pour rompre avec les arrestations arbitraires, le Réseau CADTM Afrique :

  1. Condamne fermement l’interdiction antidémocratique et anticonstitutionnelle des activités de Dynamique Citoyenne ;
  2. Exige l’autorisation immédiate et sans condition de la réalisation des activités de Dynamique Citoyenne qui n’ont aucune incidence sur l’ordre public surtout dans un pays de démocratie ;
  3. Exprime son soutien total à Jean Marc Bikoko et son staff et à tous ceux et celles qui subissent les intimidations et les provocations policières ;
  4. Invite toutes les organisations de défense des Droits de l’homme, les mandataires politiques, la société civile au Cameroun, en Afrique et partout dans le monde, à se mobiliser contre cette interdiction qui viole les principes de la liberté d’expression, dles libertés individuelles et collectives des citoyen-ne-s dans un Etat de droit ;
  5. Tient le gouvernement camerounais responsable de tout ce qui pourrait arriver à Jean-Marc Bikoko, à un membre de sa famille, à un agent, militant-e ou sympathisant-e de Dynamique Citoyenne, à ses proches et collaborateurs/rices ;
  6. Demande à la diplomatie française de condamner publiquement ces arrestations politiques et de cesser de tolérer des violations des droits élémentaires afin de préserver ses intérêts particuliers au Cameroun ;
  7. Réclame un audit citoyen de la dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
    Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
    Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
    publique du Cameroun pour l’annulation totale et inconditionnelle des parties illégitimes, odieuses et insoutenables.

Bamako, le 12 octobre 2015

Pour le CADTM Afrique
Le Groupe de Coordination


CADTM Afrique

SECRETARIAT RESEAU CADTM AFRIQUE, CAD-Mali Djélibougou Rue : 326 Porte : 26 - BP. 2521 Bamako - Mali - Tél./Fax : 20 24 01 34 / E-mail : secretariatcadtmafrique chez gmail.com

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