5e Forum Social Européen de Malmö
19 septembre 2008 par CADTM
Mercredi 17 septembre 2008, le 5e Forum Social Européen vient de démarrer. La cérémonie d’ouverture a rassemblé environ 3000 personnes au Folkets Park ( Parc du Peuple). Dans un contexte de crise capitaliste majeure, plusieurs leaders de mouvements sociaux suédois et internationaux, dont Vandana Shiva (militante indienne en faveur de la biodiversité et de la protection des paysans), ont posé les grands enjeux de ce forum et réaffirmé avec force que les alternatives au néolibéralisme existent.
Le CADTM International est une fois de plus présent à ce rendez-vous européen majeur, avec une dizaine de personnes provenant de 5 pays ( France, Belgique, Inde, Maroc, Russie).
Dès le premier jour, certaines « difficultés » sont apparues : faible visibilité dans la ville, problèmes de logement, problèmes de traduction, « éclatement des activités », … Mais rappelons-le, ces problèmes ne sont pas nouveaux pour le mouvement altermondialiste. De plus, il faut reconnaître que les forces sociales suédoises sont faibles et que cela ne facilite pas les choses. Les trois principales forces qui ont porté la préparation de cet évènement, à savoir les mouvements environnementalistes, les syndicats et différents groupes et organisations de gauche, ont investi beaucoup d’énergie pour faire réussir ce forum. Il s’agit de les féliciter.
Par ailleurs, ce FSE a un cachet tout particulier pour deux raisons. Premièrement, il se réalise dans un contexte où les grandes institutions financières tombent les unes après les autres, et où les bases mêmes du système capitaliste vacillent… La dynamique « FSM » en général, l’Assemblée des mouvements sociaux en particulier (AMS) ont donc l’opportunité et la grande responsabilité de montrer au monde entier (citoyens, journalistes, politiciens) que les alternatives au néolibéralisme existent, et qu’il est plus que temps d’écouter ces revendications légitimes.
Ensuite, ce forum se déroule dans une région où le « welfare state Welfare State La terminologie Welfare State remonte à 1942. Il s’agit d’un jeu de mot qui opposait le Welfare State au Warfare State (état de guerre). Sir William Beveridge écrira deux rapports pour le gouvernement conservateur, dont le dernier, publié en 1944, est intitulé : Le plein emploi dans une société de liberté. Il y reprend des idées de l’économiste John Maynard Keynes pour lutter contre la pauvreté, le chômage, etc. Dans l’immédiat après-guerre, avec la montée des Travaillistes, l’expression Welfare State s’applique à un ensemble de mesures économiques (nationalisations, planification indicative) et à un ensemble de réformes sociales. Au cours des années 1950, l’acceptation de ce terme se réduira aux aspects plus strictement sociaux. Le terme anglais Welfare State est actuellement traduit en français par Etat-providence, ce qui laisse entendre que les droits sociaux « tombent du ciel » sur des citoyens « passifs » et « déresponsabilisés ». Il ne faut pas confondre l’acceptation britannique et européenne du Welfare State avec celle, américaine, qui fait référence à l’assistance sociale. » marche encore relativement bien. Une série de droits sociaux sont en effet encore garantis dans les pays nordiques. Par exemple, la santé est intégralement gratuite au Danemark et un étudiant universitaire reçoit plus ou moins 5000 couronnes danoises (600 €) pour aller à l’université. Mais, notamment avec l’arrivée généralisée de la droite au pouvoir ces dernières années, cette situation risque de ne pas durer. Les politiques néolibérales s’imposent petit à petit. Ces dernières ont réussi en quelques années à exclure 500.000 personnes du droit aux allocations de chômage. Les logements sociaux sont en train d’être privatisés et les dépenses sociales sont systématiquement revues à la baisse. Les débats autour de ce thème sont donc importants. En quoi les pays nordiques peuvent-ils être un exemple pour plus de justice sociale ? Comment faire pour assurer le maintien de ces droits ? Mais aussi comment coordonner des réformes social-démocrates tout en renforçant des propositions plus radicales ? …
C’est dans ce contexte général que le CADTM coordonne son travail sur ses thématiques propres mais aussi sur des thématiques plus transversales : activités sur la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
, sur la crise financière, sur la souveraineté alimentaire, sur les initiatives progressistes en Amérique latine (ALBA), etc. A noter que toutes ces activités ont été réalisées dans le cadre d’une collaboration très large ( Réseau Attac Europe, Via Campesina, Forum Syd, SLUG, MMF
Money Market Funds
MMF
Les Money Market Funds (MMF) sont des sociétés financières des États-Unis et d’Europe, très peu ou pas du contrôlées ni réglementées car elles n’ont pas de licence bancaire. Ils font partie du shadow banking. En théorie, les MMF mènent une politique prudente mais la réalité est bien différente. L’administration Obama envisage de les réglementer car, en cas de faillite d’un MMF, le risque de devoir utiliser des deniers publics pour les sauver est très élevé. Les MMF suscitent beaucoup d’inquiétude vu les fonds considérables qu’ils gèrent et la chute depuis 2008 de leur marge de profit. En 2012, les MMF états-uniens maniaient 2 700 milliards de dollars de fonds, contre 3 800 milliards en 2008. En tant que fonds d’investissement, les MMF collectent les capitaux des investisseurs (banques, fonds de pension…). Cette épargne est ensuite prêtée à très court terme, souvent au jour le jour, à des banques, des entreprises et des États.
Dans les années 2000, le financement par les MMF est devenu une composante importante du financement à court terme des banques. Parmi les principaux fonds, on trouve Prime Money Market Fund, créé par la principale banque des États-Unis JP.Morgan, qui gérait, en 2012, 115 milliards de dollars. La même année, Wells Fargo, la 4e banque aux États-Unis, gérait un MMF de 24 milliards de dollars. Goldman Sachs, la 5e banque, contrôlait un MMF de 25 milliards de dollars.
Sur le marché des MMF en euros, on trouve de nouveau des sociétés états-uniennes : JP.Morgan (avec 18 milliards d’euros), Black Rock (11,5 milliards), Goldman Sachs (10 milliards) et des européennes avec principalement BNP Paribas (7,4 milliards) et Deutsche Bank (11,3 milliards) toujours pour l’année 2012. Certains MMF opèrent également avec des livres sterling. Bien que Michel Barnier ait annoncé vouloir réglementer le secteur, jusqu’à aujourd’hui rien n’a été mis en place. Encore des déclarations d’intention...
1. L’agence de notation Moody’s a calculé que pendant la période 2007-2009, 62 MMF ont dû être sauvés de la faillite par les banques ou les fonds de pensions qui les avaient créés. Il s’est agi de 36 MMF opérant aux États-Unis et 26 en Europe, pour un coût total de 12,1 milliards de dollars. Entre 1980 et 2007, 146 MMF ont été sauvés par leurs sponsors. En 2010-2011, toujours selon Moody’s, 20 MMF ont été renfloués.
2 Cela montre à quel point ils peuvent mettre en danger la stabilité du système financier privé.
, Tax justice network, … ) Signalons également le vrai succès du film « La fin de la pauvreté ? », qui a accueilli une centaine de personne avec la présence du réalisateur Philippe Diaz, Susan George, John Christensen et Eric Deruest. Les débats ont été très riches et devraient avoir des suites à l’échelle scandinave.
Pour le CADTM, notamment dans le cadre de l’Assemblée des mouvements sociaux, il s’agit de renforcer la dynamique de ces mouvements au niveau européen, tout en restant dans une perspective radicale où la satisfaction universelle des droits humains fondamentaux est la priorité des priorités. Rien n’est gagné, mais nous pouvons espérer que les forces sociales présentes seront capables de dépasser leurs divergences et de parler d’une seule voix pour avancer avec force les propositions alternatives portées depuis le début par le mouvement, tel que : la suppression des paradis fiscaux
Paradis fiscaux
Paradis fiscal
Territoire caractérisé par les cinq critères (non cumulatifs) suivants :
(a) l’opacité (via le secret bancaire ou un autre mécanisme comme les trusts) ;
(b) une fiscalité très basse, voire une imposition nulle pour les non-résidents ;
(c) des facilités législatives permettant de créer des sociétés écrans, sans aucune obligation pour les non-résidents d’avoir une activité réelle sur le territoire ;
(d) l’absence de coopération avec les administrations fiscales, douanières et/ou judiciaires des autres pays ;
(e) la faiblesse ou l’absence de régulation financière.
La Suisse, la City de Londres et le Luxembourg accueillent la majorité des capitaux placés dans les paradis fiscaux. Il y a bien sûr également les Iles Caïmans, les Iles anglo-normandes, Hong-Kong, et d’autres lieux exotiques. Les détenteurs de fortunes qui veulent échapper au fisc ou ceux qui veulent blanchir des capitaux qui proviennent d’activités criminelles sont directement aidés par les banques qui font « passer » les capitaux par une succession de paradis fiscaux. Les capitaux généralement sont d’abord placés en Suisse, à la City de Londres ou au Luxembourg, transitent ensuite par d’autres paradis fiscaux encore plus opaques afin de compliquer la tâche des autorités qui voudraient suivre leurs traces et finissent par réapparaître la plupart du temps à Genève, Zurich, Berne, Londres ou Luxembourg, d’où ils peuvent se rendre si nécessaires vers d’autres destinations.
, la levée du secret bancaire , l’interdiction de la spéculation
Spéculation
Opération consistant à prendre position sur un marché, souvent à contre-courant, dans l’espoir de dégager un profit.
Activité consistant à rechercher des gains sous forme de plus-value en pariant sur la valeur future des biens et des actifs financiers ou monétaires. La spéculation génère un divorce entre la sphère financière et la sphère productive. Les marchés des changes constituent le principal lieu de spéculation.
sur les matières premières et produits agricoles , la taxation de la spéculation financière, l’annulation totale de la dette du Tiers Monde, impôt sur les grosses fortunes, assemblée constituante,…
Une preuve que cela est possible : le très bon slogan officiel de la manifestation qui est prévu pour samedi après midi : « Power to the people, against capitalism and environmental destruction – Another world is possible » (« Le pouvoir au peuple. Contre le capitalisme et la destruction de l’environnement – Un autre monde est possible ! »)
Pour le CADTM international,
Olivier Bonfond (CADTM Belgique)
Sushovan Dhar (VAK/CADTM India)
Mimoun Rahmani (ATTAC/CADTM Maroc)
Claude Quemar (CADTM France)
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