20 décembre 2022 par ATTAC/CADTM Maroc
ATTAC CADTM Maroc a organisé son septième congrès national à Rabat les 16, 17 et 18 décembre 2022 sous le slogan : « Continuons notre contribution pour construire les résistances pour la liberté et la justice sociale et environnementale ».
Au Maroc, le régime a utilisé la pandémie pour consolider le despotisme politique et les politiques néolibérales
Les autorités de la Wilaya de Rabat nous ont interdit l’utilisation de la salle publique Allal El Fassi pour accueillir la séance d’ouverture. Cela confirme, une fois de plus, l’obstination des autorités à poursuivre les restrictions imposées à notre association depuis près de vingt ans d’existence. ATTAC CADTM Maroc n’a pas cédé à cette interdiction. Elle a tenu sa séance d’ouverture au local de l’Association marocaine des droits humains AMDH à Rabat le vendredi 16 décembre à 18h avec la participation d’un grand nombre de représentant·e·s d’organisations de lutte au Maroc et des organes de presse. Elle a poursuivi les travaux du congrès le samedi et dimanche au siège de la Fédération nationale de l’enseignement-Démocratique (FNE) à Rabat.
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Les congressistes ont discuté et approuvé les deux rapports moral et financier qui exposent le bilan du travail d’ATTAC CADTM Maroc sur six ans, depuis le sixième congrès national tenu en mai 2017, ainsi que les projets de résolutions préparés par le comité préparatoire, notamment : la plateforme d’ATTAC CADTM Maroc, les thématiques stratégiques d’ATTAC CADTM Maroc, les résolutions sur les femmes, la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
, les accords de libre-échange, la souveraineté alimentaire, la justice écologique, et les amendements des statuts de l’association.
Les discussions ont porté sur la situation politique, économique et sociale aux niveaux mondial, régional et national, et peuvent être résumées dans les éléments suivants :
La pandémie de Covid a aggravé la crise déjà profonde du mode de production capitaliste. C’est une crise multidimensionnelle : économique, financière, alimentaire, environnementale, politique et migratoire avec des guerres et du terrorisme. A cet égard, la crise environnementale qui dévaste le climat, la nature et la biodiversité constitue une menace pour l’existence de l’humanité et de la planète entière.
La stratégie d’intervention des impérialismes dans les régions d’Asie, d’Afrique et d’Europe de l’Est conduit à l’expansion des guerres et de l’armement, ce qui laisse présager le danger d’une guerre mondiale qui sera désastreuse pour l’humanité et la planète. Cela se manifeste, d’une part, dans l’invasion de l’Ukraine par l’impérialisme russe, et d’autre part, dans l’élargissement de l’OTAN
OTAN
Organisation du traité de l’Atlantique Nord
Elle assure aux Européens la protection militaire des États-Unis en cas d’agression, mais elle offre surtout aux États-Unis la suprématie sur le bloc occidental. Les pays d’Europe occidentale ont accepté d’intégrer leurs forces armées à un système de défense placé sous commandement américain, reconnaissant de ce fait la prépondérance des États-Unis. Fondée en 1949 à Washington et passée au second plan depuis la fin de la guerre froide, l’OTAN comprenait 19 membres en 2002 : la Belgique, le Canada, le Danemark, les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l’Islande, l’Italie, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, auxquels se sont ajoutés la Grèce et la Turquie en 1952, la République fédérale d’Allemagne en 1955 (remplacée par l’Allemagne unifiée en 1990), l’Espagne en 1982, la Hongrie, la Pologne et la République tchèque en 1999.
sous l’hégémonie des USA pour atteindre les objectifs géopolitiques de l’impérialisme occidental avec une augmentation massive des budgets militaires.
Dans ce contexte, les guerres commerciales renforcent le pouvoir des multinationales qui imposent la suppression de toutes les barrières à la circulation de marchandises et de capitaux afin de piller les richesses des peuples, notamment dans les pays pauvres du Sud Global. La dette constitue l’un des principaux mécanismes de ce pillage qui accompagne l’expansion de la domination du capital financier.
Dans une telle situation, la classe ouvrière, les petit·es producteur·ices et les couches populaires des pays du Sud comme du Nord supportent le fardeau de ces différentes crises capitalistes, qui touchent en premier lieu les femmes et les jeunes, par la généralisation de la logique du marché et du profit dans tous les aspects des activités humaines, et par la destruction des droits économiques, sociaux, civils et politiques.
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En Afrique du Nord et Moyen-Orient / région arabe, la crise sanitaire et la guerre contre l’Ukraine ont exacerbé les conditions économiques et sociales contre lesquelles les peuples de la région se sont révoltés depuis 2011, en plus de leur opposition à l’entité sioniste occupant les terres du peuple palestinien.
Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale constituent les principales composantes de la contre-révolution dans la région
Le Fonds monétaire international
FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.
À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).
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(FMI) et la Banque mondiale
Banque mondiale
BM
La Banque mondiale regroupe deux organisations, la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) et l’AID (Association internationale de développement). La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a été créée en juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), à l’initiative de 45 pays réunis pour la première Conférence monétaire et financière des Nations unies.
En 2022, 189 pays en sont membres.
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constituent les principales composantes de la contre-révolution dans la région, à travers des accords d’emprunt drastiques, comme ceux imposés au peuple libanais plongé dans une crise alimentaire aiguë, à l’Égypte, à la Tunisie, Jordanie et autres pays de la région. Les termes de ces prêts consistent à garantir les conditions pour stimuler les investissements privés, accorder des avantages fiscaux aux grandes entreprises, supprimer le système de subvention aux produits alimentaires et énergétiques, réduire les salaires et augmenter l’âge de la retraite. Cela conduira à une accentuation de la baisse des revenus des couches populaires et à la détérioration du pouvoir d’achat. Cela provoquera une hausse de la pauvreté, du chômage et une généralisation de la précarisation et de l’instabilité des conditions de vie.
Au Maroc, le régime a utilisé la pandémie pour consolider le despotisme politique et les politiques néolibérales. Le pays est entré dans une nouvelle spirale d’endettement en supprimant le plafond fixe pour les emprunts à l’étranger. L’encours de la dette publique totale a doublé de 2011 à 2020 et atteint 96% du PIB
PIB
Produit intérieur brut
Le PIB traduit la richesse totale produite sur un territoire donné, estimée par la somme des valeurs ajoutées.
Le Produit intérieur brut est un agrégat économique qui mesure la production totale sur un territoire donné, estimée par la somme des valeurs ajoutées. Cette mesure est notoirement incomplète ; elle ne tient pas compte, par exemple, de toutes les activités qui ne font pas l’objet d’un échange marchand. On appelle croissance économique la variation du PIB d’une période à l’autre.
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Le « nouveau modèle de développement » est basée sur l’élargissement des possibilités de concentration de la richesse entre les mains d’une minorité capitaliste locale qui partage avec des multinationales des parts dans l’accaparement de terres, des eaux, des ressources maritimes et minières, de services publics et d’autres domaines. Le caractère despotique du régime constitue un pilier majeur de cette grande accumulation capitaliste, qui n’est plus absorbée par le marché local, et a commencé à pénétrer les pays du continent africain.
La guerre contre l’Ukraine a exacerbé la crise structurelle alimentaire et énergétique de notre pays et la hausse exponentielle des prix qui en a résulté. Le « Plan Maroc Vert » a drainé, pendant dix ans, un budget colossal pour soutenir les grands exportateurs du secteur agricole, alors que les importations de céréales, de légumineuses, d’oléagineux et de sucre augmentaient. Il y a actuellement une pénurie de lait et de ses dérivés, qui sera également couverte par les importations.
Le secteur de la pêche, à son tour, subit un épuisement majeur, une minorité accapare la richesse halieutique pour l’exporter.
L’État a totalement supprimé les subventions sur les matières énergétiques (essence, diesel et fioul) fin 2015. Cela a conduit à doubler le prix du litre de gasoil, qui oscille actuellement entre 15 et 16 dirhams (environ 1,45 euros et 1,55 euros). Les sociétés de distribution des hydrocarbures ont accumulé des bénéfices de plus de 45 milliards de dirhams (environ 4,4 milliards d’euros) depuis la libéralisation des prix des produits énergiques jusqu’à fin 2021. La facture de ces bénéfices est payée par les consommateurs/trices, soit directement à la pompe, soit indirectement à travers les augmentations générales de prix.
La détérioration du pouvoir d’achat s’est aggravée parallèlement à la baisse des revenus et à la faiblesse des salaires. Les ménages populaires s’endettent fortement et sont asphyxiées notamment par les institutions de microcrédit qui accumulent, elles aussi, d’importants profits sur le dos des pauvres. L’État veut supprimer ce qui reste de la caisse de compensation, notamment les subventions au gaz butane. Il s’apprête également à relever l’âge de la retraite à 65 ans et à réduire la pension de retraite des ouvrier·e·s du secteur privé, en réformant la Caisse nationale de sécurité sociale et en généralisant le système contractuel dans la fonction publique.
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L’État tient d’abord à remplir ses obligations envers les institutions financières internationales pour assurer le paiement de la dette et obtenir d’autres emprunts. Il attend actuellement l’approbation du FMI pour la ligne de précaution de liquidité
Liquidité
Liquidités
Capitaux dont une économie ou une entreprise peut disposer à un instant T. Un manque de liquidités peut conduire une entreprise à la liquidation et une économie à la récession.
ou la ligne de crédit modulable, ce qui pourrait lui permettre d’obtenir des prêts sur le marché financier
Marchés financiers
Marché financier
Marché des capitaux à long terme. Il comprend un marché primaire, celui des émissions et un marché secondaire, celui de la revente. À côté des marchés réglementés, on trouve les marchés de gré à gré qui ne sont pas tenus de satisfaire à des conditions minimales.
international.
Pour rappel, la part des créanciers privés dans la dette publique extérieure est passée de 9% en 2011 à 28% en 2021. Les paiements de la dette publique totale (service de la dette Service de la dette Remboursements des intérêts et du capital emprunté. ) se sont élevés à 172 milliards de dirhams à fin 2021, soit l’équivalent de 9 fois le budget de la santé.
Toutes ces mesures alimentent les conditions d’une explosion sociale probable dans notre pays. Le régime mène une répression préventive contre les formes de protestation et de manifestation, restreint le droit de grève, criminalise toutes les formes d’expression et harcèle toute voix critique.
Les congressistes d’ATTAC CADTM Maroc, plein-nes d’espoir dans la lutte collective auto-organisée de ceux et celles d’en bas, pour un Maroc de démocratie, de liberté et de justice sociale, réitèrent leurs revendications pour :
Le septième congrès national d’ATTAC CADTM Maroc, qui a clôturé ses travaux à Rabat, saluant toutes les organisations politiques, syndicales et de droits humains, les associations et les mouvements de lutte populaire qui ont participé à notre congrès et nous ont soutenus, renouvelle l’engagement de contribuer à construire les prochaines luttes et proposer des alternatives contre le modèle de développement capitaliste en crise et faire le plus grand effort pour un autre Maroc possible et nécessaire pour vivre dignement.
En conclusion, il convient de rappeler que le Maroc s’apprête à accueillir le sommet des assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international en octobre 2023 à Marrakech. A cet égard, l’association ATTAC CADTM Maroc annonce son refus de tenir ce sommet au Maroc. Ces deux institutions ont commis des crimes contre notre peuple et contre les peuples de notre région et du monde. Elles ne sont pas les bienvenus dans notre pays, et nous continuerons à lutter contre elles. Nous nous mobiliserons pour un contre-sommet.
Congrès national
18 décembre 2022
membre du réseau CADTM, l’Association pour la Taxation des Transactions en Aide aux Citoyens au Maroc (ATTAC Maroc) a été créée en 2000. ATTAC Maroc est membre du réseau international du Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde (CADTM) depuis 2006 (devenu Comité pour l’abolition des dettes illégitimes depuis juin 2016). Nous comptons 11 groupes locaux au Maroc. ATTAC veut être un réseau aidant à l’appropriation par les acteurs engagés dans l’activité sociale, associative, syndicale et plus largement militante des enjeux de la mondialisation sur les problématiques de résistance sociale et citoyenne.
www.attacmaroc.org
http://arabic.cadtm.org/
Adresse : n°140, rue Cadi Bribri Akkari 10000. Rabat. Maroc
Email : attac.cadtm.maroc chez gmail.com
Site Web attacmaroc.org Tel 00 212 6 61 17 30 39
18 septembre, par Collectif , ATTAC/CADTM Maroc
28 juin, par CADTM International , Collectif , ATTAC/CADTM Maroc
25 juin, par ATTAC/CADTM Maroc
21 juin, par Collectif , ATTAC/CADTM Maroc , CADTM Afrique
4 mai, par ATTAC/CADTM Maroc
Intervention de ATTAC/CADTM Maroc dans une conférence de la CNT
Libération pour les détenu·es politique au Maroc28 mars, par ATTAC/CADTM Maroc , Jawad Moustakbal
20 février, par ATTAC/CADTM Maroc
17 janvier, par Eric Toussaint , ATTAC/CADTM Maroc , Sushovan Dhar , Pauline Imbach , Daniel Tanuro , Christine Poupin , David Calleb Otieno , Cristina Quintavalla , Arturo Martinez , Hussein Muqbel
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16 décembre 2022, par ATTAC/CADTM Maroc