Interview d’Eric Toussaint par Véronique Kiesel
2 octobre 2010 par Véronique Kiesel (quotidien Le Soir)
Le calme était revenu vendredi en Equateur après la tentative de coup d’Etat de jeudi. Alors que le président Rafael Correa a été séquestré pendant une douzaine d’heures par des policiers rebelles, il a été libéré par l’armée, restée loyale. Les affrontements ont cependant fait 2 morts.
Selon plusieurs sources, le mécontentement des policiers, qui allaient perdre certains avantages financiers, a été exploité par des milieux politiques hostiles au président, et notamment par l’ex-président Lucio Gutierrez.
Mais Rafael Correa, élu en 2006 et largement réélu en 2009, a perdu depuis une partie de sa base. « Depuis un an et demi, explique le Belge Eric Toussaint, du Comité pour l’annulation de la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
du tiers-monde, qui a notamment travaillé avec Correa sur la question de la dette, le président a modifié son approche de plusieurs mouvements sociaux, la rendant presque conflictuelle. Il estime par exemple que la Conaie, qui représente 85 % des organisations indiennes d’Equateur, n’est pas représentative. Il s’est donc affronté aux communautés indiennes notamment à propos de la gestion de l’eau. Il est aussi entré en conflit avec les syndicats d’enseignants, et a limité l’autonomie des universités, un principe très important en Amérique latine. Autant de conflits qui ont heurté sa base naturelle ».
Correa est pourtant un démocrate convaincu. Comment expliquer ce manque de dialogue ? « Je ne suis pas d’accord avec sa grille d’analyse, poursuit Eric Toussaint, mais je crois qu’il estime que ces divers groupes sont corporatistes, alors que lui veut défendre l’intérêt général. Mais il a aussi réussi de grands projets positifs : la nouvelle Constitution, de vraies améliorations dans la santé et l’éducation, la remise de la dette. Reste à voir comment il réagira à ce qui s’est passé jeudi : avec plus de dialogue ou au contraire en renforçant son autorité ? Il a en tout cas marginalisé les membres de son entourage qui étaient partisans de plus de dialogue social ».
http://archives.lesoir.be/le-putsch-a-rate-mais-correa-est-plus-isole_t-20101002-012XKP.html
Rencontre avec Eric Toussaint
La Banque du Sud sur les rails13 mai 2007, par Véronique Kiesel (quotidien Le Soir)
13 juin 2005, par Eric Toussaint , Véronique Kiesel (quotidien Le Soir)