27 mai 2015 par Stathis Kouvelakis
Nous publions une brève note de Stathis Kouvelakis, rédigée à l’issue de la session du Comité central de Syriza, les 23 et 24 mai.
44% des voix en faveur du texte de la Plate-Forme de Gauche, qui appelle à la rupture des négociations et à un plan alternatif.
Lors du Comité Central de Syriza, qui s’est terminé le 24 mai, la Plate-Forme de Gauche a présenté une motion qui a obtenu 75 voix contre 95 et un bulletin blanc. Le texte appelle à une rupture avec les prêteurs, en commençant par un défaut sur le paiement de la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
.
Dans le texte adopté par la majorité du Comité Central, quatre conditions pour un compromis acceptable sont indiquées :
Faible niveau d’excédents budgétaires primaires,
Pas de nouvelles baisses des salaires et retraites
Restructuration de la dette
Montant significatif d’investissements publics, en particuliers dans les infrastructures et les nouvelles technologies.
A ces conditions, le texte ajoute « la remise en vigueur indispensable des conventions collectives et le relèvement progressif du salaire minimum à 751€ (son niveau de 2009) » et stipule que « toute modification de la politique fiscale devra promouvoir la justice sociale en allègent les charges des plus défavorisés économiquement et en forçant enfin les plus aisés et les évadés fiscaux à payer ».
Dans son rapport introductif, Alexis Tsipras a adopté un ton ferme, mais a évité toute référence précise à l’état actuel des négociations et à ce qui pourrait être la base d’un possible accord, en se référant seulement aux quatre conditions mentionnées plus haut, ce qui n’éclaircit pas la plupart des points de désaccord.
La réunion a également été marquée par l’intervention de Zoe Kostantopolou, qui a ouvertement soutenu une suspension d’un an du paiement de la dette, sur la base des premières conclusions de la Commission d’Audit de la Dette, attendues dans les tous prochains jours. Elle a également rejeté la nomination, très controversée, de Lambis Tagmatarchis, au poste de nouveau directeur de l’ERT, société publique de télévision reconstituée. Tagmatarchis est, en effet, très lié à l’establishment des medias et a déjà été directeur de l’ERT sous le gouvernement PASOK de George Papandreou.
Texte intégral de la résolution de la Plate forme de gauche
Il est maintenant clair que les « institutions » ne se dirigent pas vers ce que certains appellent un « honorable compromis ». Un « honorable compromis » ne saurait exister au moyen de privatisations et de nouveaux sacrifices pour les classes populaires, et ne peut certainement pas exister sans que soit mis fin à l’austérité, sans la restructuration de (la plus grande part de) la dette et sans un montant suffisant de liquidités
Liquidité
Liquidités
Capitaux dont une économie ou une entreprise peut disposer à un instant T. Un manque de liquidités peut conduire une entreprise à la liquidation et une économie à la récession.
pour revitaliser l’économie.
Les cercles dirigeants de l’Union Européenne, de la BCE
BCE
Banque centrale européenne
La Banque centrale européenne est une institution européenne basée à Francfort, créée en 1998. Les pays de la zone euro lui ont transféré leurs compétences en matières monétaires et son rôle officiel est d’assurer la stabilité des prix (lutter contre l’inflation) dans la dite zone.
Ses trois organes de décision (le conseil des gouverneurs, le directoire et le conseil général) sont tous composés de gouverneurs de banques centrales des pays membres et/ou de spécialistes « reconnus ». Ses statuts la veulent « indépendante » politiquement mais elle est directement influencée par le monde financier.
et du FMI
FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.
À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).
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ont, ces derniers mois, avec constance et brutalité, cherché à étrangler l’économie, à récupérer jusqu’au dernier euro les réserves du pays, et à pousser un gouvernement « isolé » à la soumission totale et à une humiliation exemplaire. Cette tactique des partenaires européens était également à l’œuvre lors du sommet de Riga. Le gouvernement n’a pas d’autre choix que de procéder à une contre-attaque, avec un plan alternatif, sur la base des engagements pré-électoraux de Syriza et de ses annonces programmatiques.
Les mesures suivantes doivent immédiatement être mises en œuvre :
- La nationalisation des banques, accompagnée de toutes les mesures nécessaires pour assurer leurs fonctions selon des critères sociaux, transparents, productifs et environnementaux.
L’établissement d’une légalité démocratique et de la transparence envers les principaux medias, avec un contrôle substantiel de leurs obligations
Obligations
Obligation
Part d’un emprunt émis par une société ou une collectivité publique. Le détenteur de l’obligation, l’obligataire, a droit à un intérêt et au remboursement du montant souscrit. L’obligation est souvent l’objet de négociations sur le marché secondaire.
financières.
La fin de tout système protégeant l’oligarchie impliquée dans des scandales.
La suspension des privilèges, passes-droits et immunité pour les grands intérêts économiques.
La taxation substantielle de la fortune et des grandes propriétés, ainsi que la taxation des propriétaires et hauts dirigeants des grandes sociétés.
La remise en œuvre immédiate et la sauvegarde de la législation du travail et des droits syndicaux.
Le gouvernement doit s’opposer de manière décisive à la propagande des cercles dirigeants qui terrorisent le peuple avec le scénario du désastre qu’entraîneraient la suspension du service de la dette Service de la dette Remboursements des intérêts et du capital emprunté. et une éventuelle sortie de l’Eurozone.
Le plus grand désastre que risque d’affronter le pays est l’imposition d’un nouveau Memorandum, sous une forme ou sous une autre, et la mise en œuvre et l’extension des anciens memorandums. Ce développement doit être évité par tous les moyens et tous les sacrifices nécessaires.
Toute solution alternative, pour une politique progressiste contre les memorandums, doit inclure d’abord, et avant tout, la suspension du service de la dette. Malgré les difficultés que cela entraînerait, elle est préférable à toute autre option, car elle propose au pays de l’espoir et des perspectives. Si les « institutions » continuent avec leur politique de chantage dans les prochains jours, le gouvernement a le devoir d’affirmer clairement dès maintenant qu’il ne « dépouillera » pas le peuple grec en lui volant ses économies, qu’il ne procèdera pas au prochain remboursement au FMI et qu’il entend avancer des solutions alternatives pour le pays, aux plans économique, social, politique et stratégique, qui sauvegarderont la mise en œuvre de son programme.
Athènes, 24 mai 2015
Traduit de l’anglais par Mathieu Dargel.
Source : Source : https://www.ensemble-fdg.org/content/au-comite-central-de-syriza-la-plate-forme-de-gauche
enseigne la philosophie politique au King’s College de l’université de Londres.
Membre de la rédaction de la revue Contretemps, il a dirigé l’ouvrage Y a t il une vie après le capitalisme ? (Le Temps des Cerises, 2008) et il est l’auteur de La France en révolte : Luttes sociales et cycles politiques (Textuel, 2007) et de Philosophie et révolution, De Kant à Marx (PUF, 2003). Il a été membre du comité central de SYRIZA jusqu’à l’été 2015 qu’il a quitté suite à la capitulation du gouvernement de Tsipras. Il a contribué à créer Unité Populaire.
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