Drame migratoire et menaces terroristes
Communiqué
3 juillet 2016 par CADTM Afrique
Alex Smith - Flickr cc
Le 15 juin dernier, un drame migratoire se déroule loin des projecteurs des grands médias internationaux. 34 migrants, dans le désert du Niger, périssent sur la route vers l’Algérie, parmi eux 20 enfants. Cet horrible drame met les responsables des politiques publiques nationaux et internationaux face à leurs responsabilités.
Quelques jours plus tôt, le 6 juin, des attaques terroristes menées par la secte de Bokko Haram dans le pays cause la mort de 26 Nigériens et 2 Nigérians, ainsi que 112 blessés, dont 111 militaires. En cette douloureuse circonstance, le CADTM exprime son soutien au peuple du Niger et condamne fermement ces actes criminels ignobles.
Malgré l’effroi causé par ces deux drames, on ne peut faire l’économie d’analyser les causes profondes des drames migratoires et de la montée des menaces terroristes.
Le drame migratoire du 15 juin dernier illustre, une nouvelle fois, l’échec du tout sécuritaire dans la gestion de ce dossier. L’externalisation de la gestion des frontières promue par l’Union européenne et ses partenaires au Niger et dans les autres pays de la région, poussent les candidats à la migration à prendre des risques démesurés, au péril de leur vie.
Pour le CADTM Afrique, ce sont les interventions des forces armées étrangères visant à imposer des changements politiques dans certains pays sur la base d’orientations politiques contraires aux valeurs démocratiques, à la stabilité et à la paix, qui sont à l’origine des conflits, des instabilités de toutes sortes avec des conséquences tragiques à l’exemple de la Libye, la Syrie ou de l’Irak.
Pour les mouvements sociaux sur le continent, la lutte contre le terrorisme comporte trois risques. En premier, elle s’accompagne d’un recul des libertés publiques et le vote de lois liberticides. En deuxième lieu, le budget de l’armement se trouve automatiquement gonflé au détriment des budgets consacrés aux secteurs sociaux, déjà réduits. En troisième lieu, cette lutte contre le terrorisme est un argument servant le retour en force de l’ancien colonisateur, la France, qui dans la pratique n’a jamais quitté ses bases en Afrique de l’Ouest. Le cas le plus emblématique est le Mali. Quatre ans après l’intervention française au Mali, le pays est toujours aux prises avec ces groupuscules intégristes. La seule progression enregistrée est celle sur le front de la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque Africaine de Développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds Européen de Développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
. Cette nouvelle guerre contre le terrorisme est un danger pour tous les peuples au Nord comme au Sud.
Une nouvelle dynamique s’impose donc pour la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière avec pour principaux acteurs tous les pays qui se réclament de la communauté et du droit international, un droit au service des peuples du continent.
Face à ces différents constats, le CADTM Afrique :
Réaffirme sa solidarité agissante avec le peuple nigérien en général et aux familles des victimes en particuliers ;
En appelle à une action décisive, efficace et coordonnée contre le terrorisme, sur la base du respect de la souveraineté des États, du principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures et du libre choix de leur système politique ;
Garantir le droit de circulation et d’établissement des personnes et mettre fin aux politiques d’externalisation de gestion des frontières à l’œuvre au Niger et ailleurs sur le continent par l’UE ;
Promouvoir des politiques publiques donnant la priorité à l’élimination de la faim, la pauvreté et les inégalités ;
Garantir l’égalité entre les femmes et les hommes dans toutes les sphères de la vie.
Fait à Bamako, le 2 juillet 2016
Le Groupe de coordination.
SECRETARIAT RESEAU CADTM AFRIQUE, CAD-Mali Djélibougou Rue : 326 Porte : 26 - BP. 2521 Bamako - Mali - Tél./Fax : 20 24 01 34 / E-mail : secretariatcadtmafrique chez gmail.com
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