Communiqué de presse

Le CADTM pointe les responsabilités des mesures imposées par le FMI et la Banque mondiale dans la catastrophe alimentaire mondiale

14 avril 2008




Lors de leur Assemblée de printemps à Washington, le FMI FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.

À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).

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et la Banque mondiale Banque mondiale
BM
La Banque mondiale regroupe deux organisations, la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) et l’AID (Association internationale de développement). La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a été créée en juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), à l’initiative de 45 pays réunis pour la première Conférence monétaire et financière des Nations unies.

En 2022, 189 pays en sont membres.

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ont souhaité tirer la sonnette d’alarme contre la forte hausse des prix des denrées alimentaires de base dans le monde et les émeutes de la faim qui en ont résulté dans plusieurs dizaines de pays.

En effet, en un an, les prix du riz et du blé ont doublé, celui du maïs a progressé de plus d’un tiers. Les stocks céréaliers sont au plus bas depuis 25 ans. Le coût d’un repas a fortement augmenté et les risques de famine sont très inquiétants.

Le CADTM souligne que la Banque mondiale semble surtout inquiète pour les troubles sociaux que cette situation engendre. Ces troubles pourraient sérieusement malmener le système économique néolibéral promu avec force depuis 25 ans par le FMI et la Banque mondiale : un système structurellement générateur de pauvreté, d’inégalités, de corruption, interdisant toute forme de développement et de souveraineté.

Le CADTM a identifié cinq grandes causes pour expliquer cette envolée des prix : dérèglements climatiques réduisant la production, hausse du prix des transports répercuté sur celui des marchandises, demande croissante de la Chine et de l’Inde en matières premières, développement catastrophique des agrocarburants qui excluent plus de 100 millions de tonnes de céréales par an du secteur alimentaire, spéculation Spéculation Opération consistant à prendre position sur un marché, souvent à contre-courant, dans l’espoir de dégager un profit.
Activité consistant à rechercher des gains sous forme de plus-value en pariant sur la valeur future des biens et des actifs financiers ou monétaires. La spéculation génère un divorce entre la sphère financière et la sphère productive. Les marchés des changes constituent le principal lieu de spéculation.
intense suite à l’éclatement de la bulle de l’immobilier aux Etats-Unis. Mais ce n’est pas tout.

Le CADTM tient aussi à pointer la responsabilité du FMI et de la Banque mondiale. Après la crise de la dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
du début des années 1980, dont l’effondrement du cours des matières premières était un élément déclencheur, le FMI et la Banque mondiale ont contraint les pays du Sud à adopter des politiques d’ajustement structurel qui se sont révélées dramatiques sur de nombreux plans. Au programme notamment : réduction des surfaces destinées aux cultures vivrières Vivrières Vivrières (cultures)

Cultures destinées à l’alimentation des populations locales (mil, manioc, sorgho, etc.), à l’opposé des cultures destinées à l’exportation (café, cacao, thé, arachide, sucre, bananes, etc.).
et spécialisation dans un ou deux produits d’exportation, fin des systèmes de stabilisation des prix, abandon de l’autosuffisance en céréales, fragilisation des économies par une extrême dépendance aux évolutions des marchés mondiaux, forte réduction des budgets sociaux, suppression des subventions aux produits de base, ouverture des marchés et mise en concurrence déloyale des petits producteurs locaux avec des sociétés transnationales…

Aujourd’hui, les populations du Sud paient le prix fort. Pour le CADTM, la question de la responsabilité du G8 G8 Ce groupe correspond au G7 plus la Fédération de Russie qui, présente officieusement depuis 1995, y siège à part entière depuis juin 2002. , du FMI et de la Banque mondiale doit être posée de manière claire et ces institutions doivent rendre des comptes sur leurs agissements depuis 20 ans. Un timide mea culpa de leur part dans un rapport semi-confidentiel ne peut suffire car elles continuent de défendre un modèle économique qui a fait la preuve de son échec en termes d’amélioration des conditions de vie et de développement humain.

Pour le CADTM, l’annulation totale et immédiate de la dette extérieure publique des pays du Sud et l’abandon des politiques néolibérales sont des étapes indispensables pour enclencher une logique économique radicalement différente, soucieuse de l’intérêt des populations du Sud et du principe non négociable de souveraineté alimentaire.


Dépêche AFP (Agence France Presse) 15.04.08

Crises alimentaires : FMI et Banque mondiale sont aussi responsables (ONG)

Le Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde a accusé mardi le
Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM) d’avoir
contribué aux crises alimentaires qui secouent certains pays pauvres par la
politique qu’ils ont imposée aux pays pauvres depuis 20 ans.

Le Comité, une association altermondialiste basée en Belgique, a estimé que
le FMI comme la Banque mondiale avaient "contraint les pays du Sud à adopter
des politiques d’ajustement structurel qui se sont révélées dramatiques sur
de nombreux plans
", dans un communiqué.

Parmi les mesures aux conséquences particulièrement néfastes citées par le
comité : "réduction des surfaces destinées aux cultures vivrières et
spécialisation dans un ou deux produits d’exportation, fin des systèmes de
stabilisation des prix, abandon de l’autosuffisance en céréales, forte
réduction des budgets sociaux, suppression des subventions aux produits de
base...
".

Pour le comité, qui ne cache pas son rejet des politiques néo-libérales,
« les populations du Sud paient aujourd’hui le prix fort » de mesures dont le
FMI et la Banque mondiale doivent faire leur « mea culpa ».

Cette mise en cause du FMI et de la Banque mondiale intervient alors que les
deux institutions ont tiré la sonnette d’alarme ces derniers jours : la
Banque mondiale a lancé un appel à une intervention urgente et le FMI a mis
en garde contre des « conséquences terribles » si l’inflation Inflation Hausse cumulative de l’ensemble des prix (par exemple, une hausse du prix du pétrole, entraînant à terme un réajustement des salaires à la hausse, puis la hausse d’autres prix, etc.). L’inflation implique une perte de valeur de l’argent puisqu’au fil du temps, il faut un montant supérieur pour se procurer une marchandise donnée. Les politiques néolibérales cherchent en priorité à combattre l’inflation pour cette raison. se poursuit,
avec « des centaines de milliers de personnes (qui) vont mourir de faim ».