1er trimestre 2015 - n°65
31 janvier 2015
Sommaire
L’Union européenne : conquêtes démocratiques et sociales radicalement remises en cause
par Eric Toussaint
La poudrière sociale de l’Europe de l’Est
par Pierre Gottiniaux
Stop au TTIP, Stop à l’austérité et annulation de la dette !
par Anouk Renaud
Déclaration de soutien du CADTM Belgique à la grève générale du 15 décembre
Dettes illégitimes en Belgique : Qui doit payer ?
par le CADTM Belgique
Réflexions initiales quant à la décision de l’ONU d’établir un cadre juridique multilatéral applicable aux opérations de restructuration de la dette publique
par Jubileo Sur Américas, le CADTM AYNA, la Fédération luthérienne mondiale
Le CADTM encourage l’Argentine à suivre l’exemple de l’audit de la dette équatorienne et à se réapproprier la doctrine Calvo
Lettre du CADTM Ayna à Rafael Correa, Président de l’Equateur
par le CADTM AYNA
Le mythe du rattrapage
par Renaud Duterme
Extractivisme, dette et désastres environnementaux
Interview à Nicolas Sersiron par Paul Ariès
Pourquoi le débat sur le réchauffement climatique fait fausse route
par Renaud Duterme
Ebola : le FMI et la Banque mondiale, pompiers pyromanes
par Renaud Vivien
Afrique : la chute du prix des matières premières peut déboucher sur une nouvelle crise de la dette
par Eric Toussaint
Burkina Faso : une dette illégitime qui doit être répudiée
par Pauline Imbach
Mimoun Rahmani : « Le Forum social mondial appartient au mouvement altermondialiste dans son ensemble et il doit se l’approprier »
par Sergio Ferrari
Édito
« Merry Crisis and happy austerity ». C’est ce message que les militant.e.s du CADTM ont choisi de brandir sur les bâtiments de la Commission européenne et du futur Conseil à l’occasion de l’encerclement du Sommet européen qui a réuni plusieurs milliers de personnes le 19 décembre dernier dans les rues de Bruxelles. Alors le CADTM, cynique ? Pas autant que les chefs d’État européens, qui ont d’ailleurs préféré écourter leur réunion que d’être dérangés par le bruit des tracteurs et des mégaphones.
Depuis la crise de 2008, ces derniers disent, en effet, prendre toute la gravité de la situation et imposent, à contre-cœur paraît-il, des mesures qui sauront nous placer sous de meilleurs auspices. Pourtant, la crise a été une occasion rêvée pour la Troïka (Commission européenne, Banque centrale
Banque centrale
La banque centrale d’un pays gère la politique monétaire et détient le monopole de l’émission de la monnaie nationale. C’est auprès d’elle que les banques commerciales sont contraintes de s’approvisionner en monnaie, selon un prix d’approvisionnement déterminé par les taux directeurs de la banque centrale.
européenne, FMI
FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.
À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).
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) d’appliquer une stratégie du choc sans précédent, qui justifie aujourd’hui cures d’austérité et accords de libre-échange (voir article p.10), comme hier dans les pays du Sud, sous couvert de « développement ».
Partout en Europe, cette politique au service des créanciers et des multinationales provoque récession Récession Croissance négative de l’activité économique dans un pays ou une branche pendant au moins deux trimestres consécutifs. et reculs sociaux (voir article p.4). Mais ne nous y trompons pas, la Troïka dispose de serviteurs zélés : entre autres, le gouvernement belge. Le 15 décembre dernier, au moment où la Belgique vit une grève générale historique contre l’austérité du gouvernement Michel (voir p.12), le FMI tient sa visite annuelle, contrôle le budget fédéral et salue les mesures annoncées.
Dans les rangs de l’UE, le « There is no alternative » (TINA) fait règle. La contestation sociale et la montée électorale de forces qui entendent revenir sur les mesures antisociales imposées par la Troïka et sur le paiement de dettes illégitimes, odieuses et/ou illégales, doivent être étouffées. En témoigne la campagne contre Syriza visant à intimider le peuple grec afin qu’il renonce à son droit de décider librement.
« L’histoire ne se répète pas, elle bégaie » nous dit Marx. La chute des prix des matières premières nous amène-t-elle vers une nouvelle crise de la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
des pays du Sud (voir article p.34) ?L’obstination des dirigeants européens à ne pas réguler banques et marchés financiers
Marchés financiers
Marché financier
Marché des capitaux à long terme. Il comprend un marché primaire, celui des émissions et un marché secondaire, celui de la revente. À côté des marchés réglementés, on trouve les marchés de gré à gré qui ne sont pas tenus de satisfaire à des conditions minimales.
nous conduisent également, doucement mais sûrement, vers une autre crise systémique, où austérité et casse sociale seront sans aucun doute de nouveau brandies comme des remèdes inévitables.
Il est urgent de prendre le temps, de profiter de ces instants de rupture pour repenser nos stratégies, refonder nos alliances, rompre avec TINA. Que ce soit le peuple grec qui résiste, celui d’Europe de l’Est, premier cobaye européen du FMI (voir article p.8), ou encore le peuple burkinabé qui a chassé Blaise Compaoré du pouvoir (voir article p.37), la brèche est ouverte. Pour 2015, nous vous souhaitons : « Merry struggles and happy new year » !