RDC
18 octobre 2013 par Luc Mukendi , Serge Kayembe
La semaine d’action contre la dette du 8 au 15 octobre 2013 a connu beaucoup de temps forts et a été marquée à Lubumbashi par quatre grandes activités sous les empreintes du CADTM / Lubumbashi.
Il sied de noter qu’il y a eu deux productions dans deux radios locales émettant à Lubumbashi dont la Radio-télévision Nyota et Radio-télévision Jua, en date du jeudi 10 et vendredi 11 octobre 2013, toutes deux à 20 h 30, les émissions sont de 50 minutes chacune. Luc Mukendi et Serge Kayembe ont été les principaux invités. Le thème principal abordé au cours de ces deux émissions a tourné autour de la pauvreté comme effets induits de la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
dont souffre le monde, principalement la République démocratique du Congo.
Toutes les deux émissions étaient à téléphone ouvert, beaucoup d’auditeurs et auditrices y ont participé massivement, et se sont appesantis sur le cas de la République démocratique du Congo qui est, du reste, considérée comme un scandale géologique mais dont la population croupit dans la misère la plus noire ; pour éclairer la lanterne de tout le monde, nous avions profité pour faire le point de l’origine de la dette odieuse
Dette odieuse
Selon la doctrine, pour qu’une dette soit odieuse, et donc nulle, elle doit remplir deux conditions :
1) Elle doit avoir été contractée contre les intérêts de la Nation, ou contre les intérêts du Peuple, ou contre les intérêts de l’État.
2) Les créanciers ne peuvent pas démontrer qu’ils ne pouvaient pas savoir que la dette avait été contractée contre les intérêts de la Nation.
Il faut souligner que selon la doctrine de la dette odieuse, la nature du régime ou du gouvernement qui la contracte n’est pas particulièrement importante, puisque ce qui compte, c’est l’utilisation qui est faite de cette dette. Si un gouvernement démocratique s’endette contre l’intérêt de la population, cette dette peut être qualifiée d’odieuse, si elle remplit également la deuxième condition. Par conséquent, contrairement à une version erronée de cette doctrine, la dette odieuse ne concerne pas seulement les régimes dictatoriaux.
(voir : Eric Toussaint, « La Dette odieuse selon Alexander Sack et selon le CADTM » ).
Le père de la doctrine de la dette odieuse, Alexander Nahum Sack, dit clairement que les dettes odieuses peuvent être attribuées à un gouvernement régulier. Sack considère qu’une dette régulièrement contractée par un gouvernement régulier peut être considérée comme incontestablement odieuse... si les deux critères ci-dessus sont remplis.
Il ajoute : « Ces deux points établis, c’est aux créanciers que reviendrait la charge de prouver que les fonds produits par lesdits emprunts avaient été en fait utilisés non pour des besoins odieux, nuisibles à la population de tout ou partie de l’État, mais pour des besoins généraux ou spéciaux de cet État, qui n’offrent pas un caractère odieux ».
Sack a défini un gouvernement régulier comme suit :
« On doit considérer comme gouvernement régulier le pouvoir suprême qui existe effectivement dans les limites d’un territoire déterminé. Que ce pouvoir soit monarchique (absolu ou limité) ou républicain ; qu’il procède de la « grâce de Dieu » ou de la « volonté du peuple » ; qu’il exprime la « volonté du peuple » ou non, du peuple entier ou seulement d’une partie de celui-ci ; qu’il ait été établi légalement ou non, etc., tout cela n’a pas d’importance pour le problème qui nous occupe. »
Donc, il n’y a pas de doute à avoir sur la position de Sack, tous les gouvernements réguliers, qu’ils soient despotiques ou démocratiques, sous différentes variantes, sont susceptibles de contracter des dettes odieuses.
, les responsabilités et les rôles de nos dirigeants et fustiger la politique mortifère des institutions financières internationales et ses impacts néfastes sur le quotidien du paisible citoyen, son éducation, son avenir hypothéqué qui s’obscurcit davantage au fil du temps, aussi nous avions esquissé le rôle pédagogique que les organisations membres du CADTM ne cessent de mener à travers le monde (Afrique, Europe, Amérique latine... ) en faveur de l’annulation de la dette odieuse dans le monde.
L’occasion faisant le larron, nous avions suscité dans les auditeurs la soif d’en savoir davantage sur les questions liées à la dette dont sont victimes beaucoup de pays, à l’instar de la RDC.
Beaucoup d’actions
Action
Actions
Valeur mobilière émise par une société par actions. Ce titre représente une fraction du capital social. Il donne au titulaire (l’actionnaire) le droit notamment de recevoir une part des bénéfices distribués (le dividende) et de participer aux assemblées générales.
citoyennes et militantes sont impérieuses pour éveiller la conscience du peuple congolais sur cette gangrène qu’est la dette odieuse qui pèse sur l’éducation, la vie sociale et le bien-être de tout un peuple pris en otage par la Banque mondiale
Banque mondiale
BM
La Banque mondiale regroupe deux organisations, la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) et l’AID (Association internationale de développement). La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a été créée en juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), à l’initiative de 45 pays réunis pour la première Conférence monétaire et financière des Nations unies.
En 2022, 189 pays en sont membres.
Cliquez pour plus de détails.
et le Fonds monétaire international
FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.
À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).
Cliquez pour plus de détails.
en complicité avec les agris qui sont nos dirigeants. Le militant suisse, Jean Ziegler, n’a-t-il pas dit qu’une conscience bien informée et avertie est plus forte qu’une bombe atomique.
Nous avions reçu beaucoup d’encouragements pour multiplier la sensibilisation à travers les médias, conférence-débats, atelier-formation sur la dette. Il est à noter que les heures de la production de ces émissions (20 h 30) ont été idéales parce que l’audimat y est très élevé.
En sus des émissions, la semaine d’action a enregistré une grande mobilisation, en date du samedi 12 octobre, initialement prévue à 14 h 30, la conférence a commencé à 14 h 54. Avec comme thème phare : La journée mondiale de la dette contre la pauvreté dénommée OctoDette 2013.
Trois grandes conférences étaient au menu du jour et une exposition des différents ouvrages du CADTM a été organisée à l’attention de tous les participants à cette grande journée.
1re conférence : Richesses naturelles et pauvreté : la fin d’un couple maudit
Par Luc Mukendi
L’orateur a démontré au cours de sa présentation le paradoxe criant entre les potentialités des ressources ou richesses naturelles d’une part et la pauvreté qui se porte très bien et mieux en République démocratique du Congo.
Beaucoup d’exemples concrets ont été décortiqués pour étayer son argumentation, en passant par le fardeau de la dette odieuse qui retarde encore le développement intégré et intégral de la nation congolaise.
Il a conclu que cet écart injustifié entre ces deux pôles devra interpeler tout le monde, la lutte n’est pas seulement l’affaire des organisations militantes comme le CADTM mais concerne tout le monde.
La transformation de la malédiction en bénédiction dépend de la manière dont nous nous y prenons pour faire face à tous les fléaux qui rongent notre pays.
Un échange des questions et contributions fructueuses des uns et des autres s’en est suivi.
2e conférence : Justice pour Thomas Sankara : Justice pour l’Afrique
Par Serge Kayembe
La justice distributive est le maître-mot de l’avènement d’un autre monde dont nous avons besoin.
L’orateur a commencé par présenter brièvement le personnage énigmatique et charismatique de Thomas Sankara, son parcours militaire, son ascension dans le paysage politique et surtout son idéologie anti-impérialiste telle qu’énoncée dans son célèbre « Discours d’Orientation Politique (DOP) », en octobre 1983.
« Cette hargne contre l’inégalité de ce monde, l’injustice notoire et institutionnalisée, l’annulation de la dette odieuse contractée par des régimes oppresseurs et dictatoriaux ; la lutte contre la chosification de la femme en Afrique devra nous animer tous, et nous devons nous mobiliser pour la promotion des valeurs humaines, la sauvegarde de notre environnement qui est caractérisé à Lubumbashi par le massacre systématisé de notre forêt, comme développement durable, quelle forêt allons-nous léguer à la génération à venir ? »
Les participants ont été conviés à faire leurs toutes les convictions profondes de Thomas Sankara pour l’avènement d’un autre monde, en commençant par l’annulation simple et sans condition de la dette dont sont victimes beaucoup de pays africains.
Ne dit-on pas en Afrique que les morts ne sont jamais morts, ils sont parmi nous, nous ne devons pas laisser mourir Thomas Sankara en nous, faisons-le vivre par nos actions et convictions quant à l’égalité et la justice dans notre Afrique.
Un échange de questions et contributions combien riches ont couronné cette partie.
3e conférence : Pillage des ressources naturelles de la RDC grâce à l’arme de la dette
Par Ninon Nkulu
Le pillage des ressources naturelles de la RDC a atteint son paroxysme et est devenu un modèle institutionnalisé et, pour le maquiller, plusieurs noms lui sont attribués question d’adoucir ou d’en atténuer son contenu négatif.
L’oratrice a défini les termes : pillage, vol, détournement, déplacement à la lumière de la législation congolaise. Elle a démontré, en juriste avertie, le lien indéfectible entre les ressources naturelles et l’arme de la dette, les répercussions de cette alliance contre-nature sont incalculables dans le vécu quotidien du peuple congolais.
Les participants ont été conviés à se mobiliser comme un seul homme pour le renversement de cette tendance. Le payement de la dette est meurtrier et asphyxie l’économie, les finances et tue à petit feu le pays, ajoute à cela le rôle condamnable du sapeur-pompier de la Banque mondiale et du FMI.
Un échange houleux et des contributions des participants ont permis de susciter l’éveil et sortir de l’état de léthargie dans lequel se trouvent beaucoup de Congolais par rapport à la question de la dette.
La modération de toute la série de conférences a été faite par Emmanuella Kyungu.
Le public a été convié à jeter un coup d’œil sur les ouvrages du CADTM. Nous avons conclu cette journée en prenant comme résolution que le système décrié par tous doit prendre fin, et que tout le monde devra mettre la main à la pâte pour pouvoir atteindre une vraie démocratie, une plus grande égalité et la réalisation des droits humains fondamentaux, la lutte contre les maux qui rongent le pays et le continent, se mobiliser contre la dette odieuse et pour qu’un audit de la dette soit mené.
Plus de 70 personnes, partenaires et deux maisons de presse ont rehaussé la manifestation de leur présence.
La cérémonie a pris fin à 18 h 17.
Luc et Serge
13 février, par Eric Toussaint , Renaud Vivien , Victor Nzuzi , Luc Mukendi , Yvonne Ngoyi , Najla Mulhondi , Anaïs Carton , Cynthia Mukosa , Nordine Saïdi , Mouhad Reghif , Georgine Dibua , Graziella Vella , Monique Mbeka , Guillermo Kozlowski , CMCLD , ACM , Pauline Fonsny , Céline Beigbeder , Nicolas Luçon , Julie Nathan
29 septembre 2022, par Luc Mukendi
30 août 2019, par Victor Nzuzi , Luc Mukendi , Adrien Péroches
2 octobre 2010, par Renaud Vivien , Victor Nzuzi , Luc Mukendi , Yvonne Ngoyi
7 octobre 2009, par Renaud Vivien , José Mukadi , Victor Nzuzi , Luc Mukendi , Dani Ndombele , Yvonne Ngoyi
4 août 2009, par Luc Mukendi
16 juillet 2009, par Eric Toussaint , Damien Millet , Ibrahim Yacouba , Victor Nzuzi , Luc Mukendi , Aminata Barry Toure , Sophie Perchellet , Emilie Tamadaho Atchaca , Solange Koné , Jean Victor Lemvo
16 septembre 2008, par Renaud Vivien , José Mukadi , Victor Nzuzi , Pauline Imbach , Luc Mukendi
19 octobre 2007, par Eric Toussaint , Claude Quémar , Victor Nzuzi , Luc Mukendi , Hugo Arias Palacios , Ricardo Patiño , Olga Zrihen , Temo Tamboura , Maria Isabel Altamirano , Rebecca Malay
15 octobre 2007, par Arnaud Zacharie , Eric Toussaint , Eric Berr , Olivier Bonfond , Renaud Vivien , Victor Nzuzi , Stéphanie Jacquemont , Luc Mukendi , Hugo Arias Palacios , Sébastien Dibling , Alex Wilks