Nous réclamons le droit d’asile pour Mamadou Bah !

6 février 2014 par Collectif


© Krasnyi/Pierre Vanneste

Mamadou Bah est un Guinéen qui a dû fuir son pays en 2006 et a abouti en Grèce où il a obtenu le statut de réfugié politique en 2012. Pendant ces six années, il a travaillé sans discontinuer dans le secteur de la restauration tout en militant activement en faveur des réfugiés et des sans papiers, devenant notamment le secrétaire de l’Union des Ressortissants Guinéens de Grèce. En mai et juin 2013, des miliciens du parti néonazi grec Aube Dorée ont agressé Mamadou Bah à deux reprises, la première fois en le laissant pour mort, le front éclaté et en sang. Mamadou Bah est donc une des innombrables victimes de ces modernes « sections d’assaut », faisant régner leur loi dans les quartiers populaires et la terreur dans les villes grecques.



S’il a été accueilli chez nous par le milieu antifasciste, antiraciste et syndicaliste, c’est à un double titre.

Tout d’abord, suite au danger qu’il encourt s’il devait rester en Grèce, déjà en tant qu’Africain, sa seule origine l’exposant à tout moment, comme tous ses frères et soeurs « de couleur », à de nouvelles « ratonnades » mortelles.

Mais aussi et surtout, désormais en tant qu’opposant politique. Car si la première fois qu’il a rencontré le peloton motorisé qui a failli le massacrer, c’est tout simplement en quittant son travail, dans un des quartiers populaires où ceux-ci mènent de véritables pogroms, la seconde, ce n’est plus dû au « hasard » d’une mauvaise rencontre. Le même gang était clairement revenu « achever la besogne » et c’est un miracle qu’il a pu leur échapper, ne devant son salut qu’à sa fuite éperdue.

Un cri d’alarme

Une tentative de récidive qui tient au fait que, sitôt après leur première agression, Mamadou Bah a osé dénoncer publiquement les exactions systématiques des commandos racistes d’Aube Dorée, et appelé à la mobilisation populaire contre cette terrible menace. A son initiative, son récit et son cri d’alarme ont en effet été médiatisés d’abord par le principal quotidien grec, et depuis lors dans la presse internationale, de Libération à la RTBF, en passant par La Libre et Le Soir.

C’est pourquoi, sur les conseils pressants de ses camarades grecs, eux-mêmes ne pouvant lui garantir de manière suffisante sa sécurité, il a dû se résoudre à l’exil et à chercher refuge dans notre pays. Ignorant son départ, les membres d’Aude Dorée continuent d’ailleurs à le rechercher activement, ratissant le quartier où il travaillait avec sa photo et interrogeant la population locale pour retrouver sa trace, comme en a été alerté le président de l’Union des Ressortissants Guinéens de Grèce.

Face à cette double menace, Il est légitimement en droit de craindre pour sa sécurité et même sa vie. L’Etat grec n’a en rien garanti sa sécurité et a apparemment fermé les yeux sur des attentats racistes et devant les exactions de la police. Cette dernière est d’ailleurs régulièrement mise en question pour ses liens présumés avec l’extrême droite. Son chef aurait ainsi déclaré récemment : « Nous souhaitions prolonger les périodes de détention (des demandeurs d’asile)… nous les avons allongées jusqu’à 18 mois… mais dans quel but ? Nous devons rendre leurs vies insupportables. » (Journal Hot Doc du 19/12/2013).

En conséquence, les soussignés soutiennent la demande d’asile de Mamadou Bah et demandent donc à l’Etat belge de lui accorder sa protection, en tant que membre d’un groupe « cible » de discriminations et de la violence d’extrême droite, mais aussi policière, et comme réfugié politique au sens strict, personnellement pourchassé pour ses opinions et ses activités.

Carte blanche publiée dans Le Soir du mercredi 5 février 2014

Pour soutenir Mamadou Bah, un appel aux dons a été lancé par le CADTM.


Signataires :
Manuel Abramowicz, coordinateur de RésistanceS ; Mateo Alaluf, sociologue ; Rudi Barnet, ex-directeur du Festival de Cinéma de San Sebastian ; Georges Henri Beauthier, avocat ; Jean-Jacob Bicep, député européen Groupe des Verts ; Eva Brems, prof. Universiteit Gent, Amnesty ; Céline Caudron, LCR ; Nikos Chountis, député européen Syriza ; Ralph Coeckelberghs, ex-secrétaire Général Solidarité Socialiste ; Michel Colson, député bruxellois, secrétaire général FDF ; Philippe Corcuff, maître de conférences à l’IEP de Lyon ; Jean Cornil, ex-directeur adjoint du Centre pour l’Egalité des Chances et la Lutte Contre le Racisme ; Olivier Coyette, directeur du Théâtre de Poche ; Luc Dardenne, cinéaste ; Lieven De Cauter, prof. KU Leuven ; Vincent Decroly, Vega ; Céline Delforge, députée bruxelloise Ecolo ; Bea Diallo, député bruxellois PS ; Françoise Dupuis, présidente du Parlement Bruxellois (PS) ; Pierre Eyben, Vega ; Pierre Galand, Forum Nord-Sud ; Michèle Gilkinet, Vega ; Corinne Gobin, maître de recherches FRS-FNRS ; Jose Gotovitch, prof. hon. ULB ; Victor Guinsburg, économiste ; Yves Hellendorf, secrétaire national de la CNE Non-Marchand ; Philippe Hensmans, directeur Amnesty Belgique ; Alain Hutchinson, député bruxellois PS ; Raoul Hedebouw, PTB ; Nelly Kaouni, coordinatrice « Colour Youth » – Jeunes LGBT d’Athenes ; Georges Katrougalos, universitaire droit constitutionnel et écrivain ; Tom Lanoye, écrivain ; Pierre Mertens, écrivain ; Prof. em. Albert Martens, KUL ; Anne Morelli, historienne ; Benjamin Pestieau, PTB ; Daniel Piron, secrétaire régional FGTB Charleroi ; Mirko Popovitch, asbl Ti-Suka ; Gérard Preszow, UPJB ; Daniel Richard, secrétaire Régional FGTB Verviers ; Dimitris Psarras, auteur du Livre Noir d’Aube Dorée ; François Schreuer, Vega ; Prof. Marc Swyngedouw, KUL ; Samuel Sonck, Vega ; Jean-François Tamellini, secrétaire fédéral ; Bruno Tersago, journaliste, correspondant en Grèce ; Nassos Theodoridis, directeur d’« Antigone » – Centre d’Information et de Documentation sur le Racisme ; Yannis Thanessekos, ex-directeur de la Fondation Auschwitz ; Eric Toussaint, président du CADTM ; Dimitris Tsoukalas, parlementaire grec ; Sofia Tzitzikou, vice-présidente UNICEF Grèce ; Jean-Paul Van Bendegem, VUB ; Riki Van Boeschoten, prof. univ. de Thessalie ; Martine Vandemeulebroucke, journaliste ; Felipe Van Kersbilck, secrétaire national CNE ; Philippe Van Muylder, secrétaire général FGTB Bruxelles ; Tine Van Rompuy, PVDA ; Michaël Verbauwhed, ex-président de la FEF ; Jean Vogel, directeur Institut Liebman ; Hendrik Vos, Universiteit Gent ; Zakia Khattabi, chef du groupe Ecolo au Sénat.

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