Chronique - Les objectifs du millénaire ? Sept sur huit ne seront sans doute pas atteints. Mais plus que la crise, c’est notre système capitaliste qui est en cause. Il est temps de revoir la copie et d’annuler une fois pour toute la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
des pays du Sud.
Du 20 au 22 septembre 2010 s’est déroulé à New-York, au siège des Nations-unies, le Sommet mondial sur les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) dont le but annoncé était de « permettre une accélération des progrès en vue de la réalisation des OMD ». Car à seulement 5 ans de l’échéance, le tableau dressé par le dernier rapport de l’ONU de juin 2010 est pour le moins sombre. A ce stade, seul un objectif sur huit pourrait être atteint.
Les OMD étaient dès le départ voués à l’échec car ils ne sont pas contraignants pour les États, contrairement aux politiques désastreuses dictées par le FMI
FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.
À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).
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et la Banque mondiale
Banque mondiale
BM
La Banque mondiale regroupe deux organisations, la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) et l’AID (Association internationale de développement). La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a été créée en juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), à l’initiative de 45 pays réunis pour la première Conférence monétaire et financière des Nations unies.
En 2022, 189 pays en sont membres.
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. Plus fondamentalement, l’échec des OMD est intrinsèquement lié à la nature du système actuel : le capitalisme, incapable de satisfaire les besoins des peuples. Comment expliquer autrement qu’en dépit de l’augmentation exponentielle des richesses mondiales, l’extrême pauvreté a doublé en Afrique subsaharienne entre 1981 et 2005 et les inégalités n’ont cessé de s’accroître partout où les recommandations du FMI étaient appliquées ?
Un changement radical est donc nécessaire pour, d’une part, permettre aux États de respecter leurs engagements de protection des droits humains tels que le Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels de 1966 et, d’autre part, garantir le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes consacré par plusieurs textes internationaux dont la Déclaration de l’ONU sur le droit au développement de 1986.
Le président français Nicolas Sarkozy a proposé une taxe internationale sur les transactions financières, dont le contour est encore très flou. Il est très probable que les pays du G20 G20 Le G20 est une structure informelle créée par le G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni) à la fin des années 1990 et réactivée par lui en 2008 en pleine crise financière dans le Nord. Les membres du G20 sont : Afrique du Sud, Allemagne, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud, États-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Royaume-Uni, Russie, Turquie, Union européenne (représentée par le pays assurant la présidence de l’UE et la Banque Centrale européenne ; la Commission européenne assiste également aux réunions). L’Espagne est devenue invitée permanente. Des institutions internationales sont également invitées aux réunions : le Fonds monétaire international, la Banque mondiale. Le Conseil de stabilité financière, la BRI et l’OCDE assistent aussi aux réunions. ne parviendront pas à se mettre d’accord sur ce point. On sent bien là qu’il cherche à sauver un système complètement délégitimé, au lieu de chercher à construire un modèle radicalement différent.
Un tel changement passe inévitablement par l’annulation totale et sans conditions de la dette extérieure publique des pays en développement. La situation est d’autant plus urgente qu’une nouvelle crise de la dette du Sud est en préparation, conséquence de la crise économique mondiale.
Il est donc cohérent d’exiger des pays du Nord trois mesures immédiates :
La suspension immédiate du remboursement de la dette des pays du Sud (avec gel des intérêts)
Un audit de cette dette pour annuler la part illégitime (celle qui n’a pas profité aux populations) sans inscrire, comme l’a fait le Norvège en 2006, les montants annulés dans l’aide publique au développement (APD
APD
On appelle aide publique au développement les dons ou les prêts consentis à des conditions financières privilégiées accordés par des organismes publics des pays industrialisés à des pays en développement. Il suffit donc qu’un prêt soit consenti à un taux inférieur à celui du marché pour qu’il soit considéré comme prêt concessionnel et donc comme une aide, même s’il est ensuite remboursé jusqu’au dernier centime par le pays bénéficiaire. Les prêts bilatéraux liés (qui obligent le pays bénéficiaire à acheter des produits ou des services au pays prêteur) et les annulations de dette font aussi partie de l’APD, ce qui est inadmissible.
) pour la gonfler artificiellement.
Le versement de réparations pour la dette historique, écologique et culturelle qu’ils ont à l’égard du Sud.
Ces mesures, indispensables mais non suffisantes, sont fondées sur la justice et non sur une quelconque charité des créanciers. La dette est le verrou qu’il faut faire sauter au plus vite. Sans cela, aucune solution juste et durable ne pourra voir le jour.
professeur de mathématiques en classes préparatoires scientifiques à Orléans, porte-parole du CADTM France (Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde), auteur de L’Afrique sans dette (CADTM-Syllepse, 2005), co-auteur avec Frédéric Chauvreau des bandes dessinées Dette odieuse (CADTM-Syllepse, 2006) et Le système Dette (CADTM-Syllepse, 2009), co-auteur avec Eric Toussaint du livre Les tsunamis de la dette (CADTM-Syllepse, 2005), co-auteur avec François Mauger de La Jamaïque dans l’étau du FMI (L’esprit frappeur, 2004).
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