30 octobre 2011 par Eric Toussaint
Quels sont, dans ce contexte de crise globale, les enjeux du G20 G20 Le G20 est une structure informelle créée par le G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni) à la fin des années 1990 et réactivée par lui en 2008 en pleine crise financière dans le Nord. Les membres du G20 sont : Afrique du Sud, Allemagne, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud, États-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Royaume-Uni, Russie, Turquie, Union européenne (représentée par le pays assurant la présidence de l’UE et la Banque Centrale européenne ; la Commission européenne assiste également aux réunions). L’Espagne est devenue invitée permanente. Des institutions internationales sont également invitées aux réunions : le Fonds monétaire international, la Banque mondiale. Le Conseil de stabilité financière, la BRI et l’OCDE assistent aussi aux réunions. de Cannes sous la présidence française ?
Il y a un approfondissement de la crise, en particulier pour les pays les plus industrialisés. Les gouvernements des pays dits « émergents » comme le Brésil, l’Inde, la Chine, la Russie voudraient en profiter pour obtenir plus de place dans les institutions internationales, comme le FMI
FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.
À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).
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et la Banque mondiale
Banque mondiale
BM
La Banque mondiale regroupe deux organisations, la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) et l’AID (Association internationale de développement). La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a été créée en juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), à l’initiative de 45 pays réunis pour la première Conférence monétaire et financière des Nations unies.
En 2022, 189 pays en sont membres.
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. Le G20 est une institution illégitime. En 2008, elle a été mise en place par les pays du G7
G7
Groupe informel réunissant : Allemagne, Canada, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon. Leurs chefs d’État se réunissent chaque année généralement fin juin, début juillet. Le G7 s’est réuni la première fois en 1975 à l’initiative du président français, Valéry Giscard d’Estaing.
(club tout aussi illégitime composé des États-Unis, de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de la France, de l’Italie, du Japon et du Canada) qui voulaient convaincre les pays émergents
Pays émergents
Les pays émergents désignent la vingtaine de pays en développement ayant accès aux marchés financiers et parmi lesquels se trouvent les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Ils se caractérisent par un « accroissement significatif de leur revenu par habitant et, de ce fait, leur part dans le revenu mondial est en forte progression ».
de les aider à trouver une solution à la crise, sans y parvenir. Cette réunion du G20 est la première réunion internationale après l’énorme succès de la mobilisation des IndignéEs du 15 octobre 2011. Bien qu’il ait eu relativement peu d’échos en France, ce mouvement a mobilisé 1 million de manifestantEs sur toute la planète, principalement en Espagne, en Italie et au Portugal, sans oublier Wall Street.
C’est donc un rendez-vous important pour les activistes qui militent contre la globalisation
Globalisation
(voir aussi Mondialisation) (extrait de Chesnais, 1997a)
Origine et sens de ce terme anglo-saxon. En anglais, le mot « global » se réfère aussi bien à des phénomènes intéressant la (ou les) société(s) humaine(s) au niveau du globe comme tel (c’est le cas de l’expression global warming désignant l’effet de serre) qu’à des processus dont le propre est d’être « global » uniquement dans la perspective stratégique d’un « agent économique » ou d’un « acteur social » précis. En l’occurrence, le terme « globalisation » est né dans les Business Schools américaines et a revêtu le second sens. Il se réfère aux paramètres pertinents de l’action stratégique du très grand groupe industriel. Il en va de même dans la sphère financière. A la capacité stratégique du grand groupe d’adopter une approche et conduite « globales » portant sur les marchés à demande solvable, ses sources d’approvisionnement, les stratégies des principaux rivaux oligopolistiques, font pièce ici les opérations effectuées par les investisseurs financiers, ainsi que la composition de leurs portefeuilles. C’est en raison du sens que le terme global a pour le grand groupe industriel ou le grand investisseur financier que le terme « mondialisation du capital » plutôt que « mondialisation de l’économie » m’a toujours paru - indépendamment de la filiation théorique française de l’internationalisation dont je reconnais toujours l’héritage - la traduction la plus fidèle du terme anglo-saxon. C’est l’équivalence la plus proche de l’expression « globalisation » dans la seule acceptation tant soit peu scientifique que ce terme peut avoir.
Dans un débat public, le patron d’un des plus grands groupes européens a expliqué en substance que la « globalisation » représentait « la liberté pour son groupe de s’implanter où il le veut, le temps qu’il veut, pour produire ce qu’il veut, en s’approvisionnant et en vendant où il veut, et en ayant à supporter le moins de contraintes possible en matière de droit du travail et de conventions sociales »
libérale. Il est important de se mobiliser à la fois dans la rue et lors du Forum des peuples au Mali [1], pour exprimer notre opposition aux orientations prises par ceux qui prétendent diriger la planète.
En quoi la crise européenne est-elle devenue une question globale ? Quels rôles vont jouer les États-Unis et les pays émergents sur cette question ?
Le très important ralentissement économique qui affecte l’Europe, la faillite d’institutions bancaires comme Dexia peuvent avoir un effet boomerang sur le reste de l’économie mondiale : un effet domino pour les institutions bancaires ou financières aux États-Unis, d’une part, et une contraction des exportations de la Chine et d’autres pays exportateurs vers l’Europe, d’autre part.
Les pays de l’Union européenne et en particulier de la zone euro, effectivement, sont au centre de la crise mondiale actuelle, les développements qui auront lieu dans les mois qui viennent auront un impact sur l’ensemble de l’économie mondiale.
Les États-Unis sont très préoccupés par l’effet boomerang des faillites bancaires européennes sur les institutions financières américaines, tellement ces institutions sont interconnectées des deux côtés de l’Atlantique. Leurs préoccupations ne sont pas strictement politiques, elles sont d’abord économiques.
Quelles campagnes de convergence s’organisent en Europe à propos des dettes publiques ? Quel rôle joue la campagne menée en Grèce ?
Partout en Europe, le remboursement de la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
est le prétexte pour renforcer des politiques d’austérité. Les coups contre les travailleurs et la majorité de la population pleuvent. Progresser dans la constitution d’une campagne européenne pour la suspension du paiement de la dette, pour la réalisation d’un audit citoyen, c’est le pas à accomplir dans les semaines et les mois qui viennent. La Grèce a entamé le processus au mois de mai 2011, avec la constitution d’une commission citoyenne d’audit de la dette grecque. Elle a essaimé en Irlande, en Espagne, en France (où un comité citoyen pour l’audit de la dette vient de naître). Prochainement, la même initiative se développera au Portugal, en Belgique et en Italie.
On a donc une réelle possibilité concrète de rassembler les forces sociales qui remettent en cause l’ordre néolibéral et, au-delà, le système capitaliste. Les rassembler sur un thème unificateur. Si on arrive, par la mobilisation de la rue, à obtenir la suspension du paiement de la dette pour plusieurs pays, on changera radicalement les rapports de forces en faveur de la majorité sociale. Cela vaut la peine de s’engager dans cette lutte.
Propos recueillis par Flavia Verri et Gilles Pagaille
Publié par l’hebdo Tout est à nous ! n° 121 du 27 octobre 2011 http://www.npa2009.org/content/%C3%A0-nice-face-au-g20%E2%80%89
Voir le programme d’activités du CADTM à Nice
Voir programme d’ensemble http://www.mobilisationsg8g20.org/
[1] Dixième édition du Forum des peuples « De Siby à Niono, les peuples exigent l’autodétermination ! » qui sera un contre-sommet africain au G20, à Niono au Mali, du 31 octobre au 3 novembre 2011.
Docteur en sciences politiques des universités de Liège et de Paris VIII, porte-parole du CADTM international et membre du Conseil scientifique d’ATTAC France.
Il est l’auteur des livres, Banque mondiale - Une histoire critique, Syllepse, 2022, Capitulation entre adultes : Grèce 2015, une alternative était possible, Syllepse, 2020, Le Système Dette. Histoire des dettes souveraines et de leur répudiation, Les liens qui libèrent, 2017 ; Bancocratie, ADEN, Bruxelles, 2014 ; Procès d’un homme exemplaire, Éditions Al Dante, Marseille, 2013 ; Un coup d’œil dans le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des origines jusqu’à aujourd’hui, Le Cerisier, Mons, 2010. Il est coauteur avec Damien Millet des livres AAA, Audit, Annulation, Autre politique, Le Seuil, Paris, 2012 ; La dette ou la vie, Aden/CADTM, Bruxelles, 2011. Ce dernier livre a reçu le Prix du livre politique octroyé par la Foire du livre politique de Liège.
Il a coordonné les travaux de la Commission pour la Vérité sur la dette publique de la Grèce créée le 4 avril 2015 par la présidente du Parlement grec. Cette commission a fonctionné sous les auspices du parlement entre avril et octobre 2015.
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