25 avril 2010 par Daniel Munevar , William Gaviria Ocampo , Maria Elena Saludas
Dans le prolongement de l’éruption inattendue du volcan Eyjafjallajokull en Islande s’est tenu à Cochabamba en Bolivie, du 19 au 22 avril 2010, la première Conférence Mondiale des Peuples sur le Changement Climatique et les Droits de la Terre Mère. En même temps que l’éruption entraînait la réduction d’émissions des gaz à effet de serre dans l’atmosphère de près de chaque jour 207 000 tonnes de CO2 associées à l’industrie aéronautique européenne, [1] elle causait l’annulation de tous les vols sur le vieux continent qui a empêché la participation de près de 1000 personnes qui ont dû rester en Europe.
Samir Abi du CADTM Togo a été l’un d’entre eux qui n’a pas pu se joindre au reste de la délégation du Réseau CADTM, composé par Enith Flores (CADTM Équateur), William Gaviria (CADTM Colombie) et María Elena Saludas (ATTAC Argentine).
En dépit des difficultés de voyage, ce sont près de 20.000 personnes représentant 136 pays qui ont participé. Le début des activités a eu lieu le 19 avril avec les discussions de l’Assemblée des Mouvements Sociaux destinées à préparer un document d’accord à la fin de la conférence. Y ont pris part des représentants de la majorité des mouvements qui la composent (l’Alliance Sociale Continentale, les Amis de la Terre Amérique Latine, Climate Justice Now !, la Confédération paysanne latino-américaine, COMPA, la Marche Mondiale des Femmes, Réseau CADTM AYNA, Vía Campesina). La réunion a commencé avec une mystique partagée pour mener à bien le processus de transformation. Il y a eu des interventions de différentes organisations, toutes engagées dans la transformation du modifier système capitaliste « à l’origine de tant de sacrifices et prédateur ».
Par la suite a commencé le panel "La Culture face au Changement climatique : vulnérabilité et résistance devant la Crise Globale” où est intervenu François Houtart (Centre Tricontinental). Celui-ci a mis en relation tous les sujets abordés dans les groupes de travail avec la culture, de manière simple et avec une clarté essentielle appréciée des participants. Pour sa part, Joel Suárez (COMPA - Espace Martin Luther King de Cuba) a fait remarquer la nécessité d’atteindre une nouvelle hégémonie culturelle, en démontant la théorie de l’anthropocentrisme, et en pariant avec la certitude et la conviction que nous avons dans les choses qui ne sont pas encore, mais qui pourront advenir du fait de la foi que l’on place en elles et en affirmant que les gens positifs luttent pour cet horizon dans les petits actes quotidiens. La sénatrice bolivienne du MAS, Rina Aguirre a, suite aux deux interventions précédentes souligné d’un ton lent et tranquille la nécessité d’une révolution culturelle vitale pour créer une conscience de défense de la Terre ; Elle a invité à analyser ce que nous avons fait et faisons pour éviter le changement climatique, nos habitudes de consommation, les politiques, les réseaux sociaux ou les actions
Action
Actions
Valeur mobilière émise par une société par actions. Ce titre représente une fraction du capital social. Il donne au titulaire (l’actionnaire) le droit notamment de recevoir une part des bénéfices distribués (le dividende) et de participer aux assemblées générales.
sociales face aux urgences. La représentante de la Fondation Solón, Elizabeth Peredo a coordonné le débat en liant toutes les interventions avec les objectifs de la Conférence.
Le deuxième jour a débuté au Stade de Cochabamba, avec un discours du Président de la Bolivie, Evo Morales. Dans son intervention, [2] Evo a signalé la responsabilité des pays industrialisés dans le phénomène du changement climatique pour ne pas avoir respecté les objectifs de l’accord de Kyoto, en même temps qui a souligné les conséquences désastreuses pour les pays en développement de l’actuel modèle de développement. Silvina Barcelo de la CEPAL, représentant les Nations unies et envoyée par le Secrétaire Général Ban Ki Moon a également participé à la séance d’ouverture. Son affirmation concernant la volonté et la capacité réelle de l’actuel système international de fournir une solution de fond au changement climatique a suscité les huées du public. Des interventions de représentants de différents continents ont également eu lieu ainsi que la lecture de la lettre [3] d’Eduardo Galeano à la Conférence.
Le 20 avril, l’atelier organisé par le Réseau CADTM AYNA, “Les responsabilités de la Banque mondiale
Banque mondiale
BM
La Banque mondiale regroupe deux organisations, la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) et l’AID (Association internationale de développement). La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a été créée en juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), à l’initiative de 45 pays réunis pour la première Conférence monétaire et financière des Nations unies.
En 2022, 189 pays en sont membres.
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et de la Banque interaméricaine de développement dans le changement climatique”a eu lieu à l’Université El Valle. Malgré les difficultés logistiques associées à l’organisation d’activités multiples qui avaient lieu en paralèlle, le panel a réuni Roberto Espinoza (Paradigmas Alternativos), Romulo Torres (Latindad), Marie Elena Saludas (ATTAC Argentine), Francois Houtart ( Centre Tricontinental). La modération était assurée par William Gaviria (CADTM Colombie) [4].
Les conférenciers ont mis l’accent sur la responsabilité des IFI dans l’imposition à l’égard des pays du Sud d’un modèle économique qui accélère l’exploitation des ressources naturelles dans des conditions insoutenables pour la planète. L’exemple a été donné d’un des projets mené à l’initiative de la Banque interaméricaine de développement ( BID) et de l’IIRSA, dans le domaine du Paraguay - Parana. Celui-ci qui consiste en des voies hydrauliques destinées à faciliter l’exportation du soja a provoqué de sérieux dommages environnementaux, économiques et sociaux par le renforcement de la spécialisation économique d’un produit comme le soja. Cette production ne résout pas les problèmes de l’emploi et de la distribution inégale de revenus qui frappe la région et au contraire affecte négativement la qualité de l’eau dans la zone.
François Houtart a pour sa part fait une suggestion provocante en liant les plans d’ajustement structurel à l’accélération du réchauffement global pendant les dernières décennies. Bien que des études scientifiques du sujet n’aient pas été encore réalisées, il semble logique de faire le lien entre la plus grande dépendance des pays endettés vis-à-vis de leurs exportations avec l’augmentation d’émissions de CO2. La logique du marché a remplacé la production nationale par des produits importés. L’augmentation du trafic maritime et aérien pour le transport sans cesse croissant de marchandises dans le cadre du commerce international doit sans aucun doute être associé au réchauffement global.
Pour finir on a mis l’accent sur la nécessité de rester mobilisé face aux Institutions financières internationales et leur discours sur le Capitalisme écologique. En effet ces organisations ont commencé à adopter des positions au sujet du changement climatique qui toutes partent de la logique du marché. De ce fait, ces initiatives sont condamnées à l’échec. Dans le système capitaliste, l’appétit des profits sera toujours au-dessus des besoins de conservation de la nature.
Après d’intenses discussions, l’Accord des Peuples est adopté, [5]. De ce texte ressort la proposition de rédiger la Déclaration Universelle de Droits de la Mère Terre et la nécessité des pays développés de ne pas seulement assumer leur responsabilité morale mais aussi économique face au réchauffement global. A cette fin, le texte appelle à l’établissement d’un Fonds d’Adaptation qui permette aux pays du Sud de faire face de manière adéquate aux conséquences du changement climatique. La conclusion appelle la convocation de la 2e Conférence Mondiale des Peuples sur le Changement Climatique et les Droits de la Terre Mère en 2011 comme partie prenante du processus de construction du Mouvement Mondial des Peuples pour la Terre Mère et pour réagir face aux résultats de la Conférence sur le changement climatique qui aura lieu en fin d’année à Cancun, au Mexique.
Daniel Munevar (CADTM Belgique) sur base du rapport depuis Cochabamba de William Gaviria (CADTM Colombie) et Marie Elena Saludas (ATTAC Argentine)
Rapport établi par Daniel Munevar à partir des informations communiquées par William Gaviria (CADTM Colombie) et Maria Elena Saludas (Attac Argentine, membre du réseau CADTM)
Traduction Virginie de Romanet
[2] Texte complet disponible en espagnol sur :http://www.kaosenlared.net/noticia/...
[3] Texte complet disponible en espagnol : http://www.aininoticias.org/?p=639
[4] Texte complet de compte rendu de l’activité disponible sur : http://www.cadtm.org/Responsabilite...
[5] Texte complet disponible en espagnol sur : http://cmpcc.org/category/acuerdo-d...
est un économiste post-keynésien originaire de Bogotá, en Colombie. De mars à juillet 2015, il a travaillé comme assistant de l’ancien ministre des finances grec, Yanis Varoufakis ; il le conseillait en matière de politique budgétaire et de soutenabilité de la dette.
Auparavant, il était conseiller au Ministère des Finances de Colombie. Il a également travaillé à la CNUCED.
C’est une des figures marquantes dans l’étude de la dette publique au niveau international. Il est chercheur à Eurodad.
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Analyste économique et professeur d’université, membre du Secrétariat des affaires économiques de la Fédération nationale des syndicats bancaires colombiens « Fenasibancol », membre, en Colombie, de l’équipe de coordination de la Plate-forme pour l’audit citoyen de la dette publique et membre du CADTM.
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