3 septembre 2013 par Marche mondiale des femmes
Lundi 26 août 2013, la 9e rencontre internationale de la Marche Mondiale des Femmes « Féminisme en marche pour changer le monde ! » a débuté dans la ville de Sao Paulo.
C’est au Mémorial de l’Amérique Latine que se sont rassemblées 1400 féministes venues du Brésil tout entier, ainsi que 124 déléguées internationales venues de 49 pays des cinq continents.
L’arrivée des déléguées a été marquée par l’enthousiasme et l’énergie des militantes brésiliennes accompagnées de leurs tambours (« batucadas »), qui ont entonné plusieurs chants militants en portugais, sur des rythmes variés de samba, funk, forro et autres styles typiques du Brésil.
La conférence d’ouverture proposait d’aborder la trajectoire du féminisme en Amérique latine par les présentations de trois panélistes : Nalu Faria (Brésil), Sandra Moran (Guatemala) et Sonia Alvarez (Etats-Unis).
Sonia Alvarez, professeure de l’Université de Massachussets aux Etats Unis, a présenté l’évolution du néolibéralisme depuis les années 80 et a expliqué comment les mouvements féministes ont évolué au fil de cette trajectoire. Elle distingue trois phases du néolibéralisme : libéralisme de marché et contexte militariste, néo-libéralisme multiculturel et ensuite, post-néolibéralisme. Les mouvements syndicaux, associatifs, féministes, indigènes et noirs ont gagné en visibilité dans la deuxième phase car le néo-libéralisme multiculturel cherche à redorer son image en associant la société civile à son projet. Des projets sociaux visant les femmes pauvres et marginalisées voient le jour. Dans la troisième phase, des gouvernements de gauche accèdent au pouvoir mais ils adoptent une attitude tout aussi paternaliste et absorbent des demandes féministes uniquement si celles-ci vont dans le sens du projet néolibéral. Elle conclut en soulignant la diversité et la complexité du mouvement féministe actuel et en insistant sur la nécessité d’accepter nos tensions et nos différences comme un facteur d’évolution et non de division.
Sandra Moran, activiste très connue dans la lutte pour les droits des femmes au Guatemala, a expliqué le contexte particulier de ce petit pays d’Amérique centrale qui est à la fois néolibéral et militarisé. Le mouvement féministe guatémaltèque s’est construit au sein de la guérilla afin de faire valoir le point de vue des femmes et s’est inspiré d’exemples de pays voisins afin de faire avancer leurs revendications. Il a aussi fallu démystifier le féminisme auprès des femmes de tout bord y compris les femmes maya qui le voyaient comme un concept occidental, en leur demandant de définir leur propre féminisme au travers de leur quotidien. Elles ont aussi créé une union entre féministes de droite et de gauche, entre intellectuelles et femmes rurales, pour faire entendre les revendications des femmes et rendre le mouvement visible. D’où l’importance de créer des espaces de dialogue permanents. Sandra a donc confirmé l’argument avancé par Sonia de l’importance de l’inclusivité et de la complémentarité dans le mouvement féministe. « Le féminisme est divers, mais partage un même but : changer le monde ».
Nalu Faria, coordinatrice de la SOF (Sempreviva organizaçao feminista), organisation support de la Marche Mondiale des Femmes au Brésil, a expliqué l’historique du mouvement féministe brésilien et les leçons apprises. Dans les années 90, ce mouvement était divisé sur la relation à entretenir avec les institutions nationales et internationales. Lors de la 4e conférence des Nations Unies à Pékin, beaucoup de femmes dont celles du syndicat (CUT) se sentaient isolées. C’est en entendant parler de la Marche Mondiale des Femmes qu’elles ont trouvé un écho à leurs idées. La MMF
Money Market Funds
MMF
Les Money Market Funds (MMF) sont des sociétés financières des États-Unis et d’Europe, très peu ou pas du contrôlées ni réglementées car elles n’ont pas de licence bancaire. Ils font partie du shadow banking. En théorie, les MMF mènent une politique prudente mais la réalité est bien différente. L’administration Obama envisage de les réglementer car, en cas de faillite d’un MMF, le risque de devoir utiliser des deniers publics pour les sauver est très élevé. Les MMF suscitent beaucoup d’inquiétude vu les fonds considérables qu’ils gèrent et la chute depuis 2008 de leur marge de profit. En 2012, les MMF états-uniens maniaient 2 700 milliards de dollars de fonds, contre 3 800 milliards en 2008. En tant que fonds d’investissement, les MMF collectent les capitaux des investisseurs (banques, fonds de pension…). Cette épargne est ensuite prêtée à très court terme, souvent au jour le jour, à des banques, des entreprises et des États.
Dans les années 2000, le financement par les MMF est devenu une composante importante du financement à court terme des banques. Parmi les principaux fonds, on trouve Prime Money Market Fund, créé par la principale banque des États-Unis JP.Morgan, qui gérait, en 2012, 115 milliards de dollars. La même année, Wells Fargo, la 4e banque aux États-Unis, gérait un MMF de 24 milliards de dollars. Goldman Sachs, la 5e banque, contrôlait un MMF de 25 milliards de dollars.
Sur le marché des MMF en euros, on trouve de nouveau des sociétés états-uniennes : JP.Morgan (avec 18 milliards d’euros), Black Rock (11,5 milliards), Goldman Sachs (10 milliards) et des européennes avec principalement BNP Paribas (7,4 milliards) et Deutsche Bank (11,3 milliards) toujours pour l’année 2012. Certains MMF opèrent également avec des livres sterling. Bien que Michel Barnier ait annoncé vouloir réglementer le secteur, jusqu’à aujourd’hui rien n’a été mis en place. Encore des déclarations d’intention...
1. L’agence de notation Moody’s a calculé que pendant la période 2007-2009, 62 MMF ont dû être sauvés de la faillite par les banques ou les fonds de pensions qui les avaient créés. Il s’est agi de 36 MMF opérant aux États-Unis et 26 en Europe, pour un coût total de 12,1 milliards de dollars. Entre 1980 et 2007, 146 MMF ont été sauvés par leurs sponsors. En 2010-2011, toujours selon Moody’s, 20 MMF ont été renfloués.
2 Cela montre à quel point ils peuvent mettre en danger la stabilité du système financier privé.
s’est différenciée des autres mouvements de femmes au Brésil en relevant trois défis : développer un discours critique du néolibéralisme, reprendre la lutte pour le droit à l’avortement et recréer des espaces de délibération populaire autonomes.
Nalu a ensuite repris l’analyse de Sonia et Sandra pour définir ce qui caractérise le mouvement féministe sur le plan international. Elle a souligné la manière de se positionner et de se libérer des oppressions communes que vivent les femmes. Elle a aussi partagé plusieurs recommandations pour la poursuite de nos luttes : Créer des alternatives, ne pas se diviser mais utiliser nos complémentarités, créer des structures horizontales et des espaces larges d’échanges, intégrer le plus grand nombre des intéressées dans les processus de concertation et les campagnes.
Nous sommes toutes des féministes en construction car nous vivons dans une société d’oppression et nous avons toutes nos contradictions. C’est le système qui cherche à diviser le mouvement féministe en distinguant les tendances jugées légitimes et celles illégitimes. Il nous faut au contraire un mouvement féministe le plus varié possible en intégrant toute l’intersectionnalité des femmes : immigrantes, autochtones, hétéros, lesbiennes, noires, blanches, etc.
Enfin, une dernière recommandation de Nalu a porté sur l’alliance avec les mouvements sociaux mixtes et l’importance d’y intégrer le féminisme. Elle a pris pour exemple l’implication de la MMF au Brésil dans le Forum Social Mondial, la Campagne contre l’ALCA, Via Campesina, Marche des marguerites au Brésil. Construire des comités de la MMF dans les universités pour préparer la relève est aussi un message que nous retiendrons de cette belle présentation brésilienne.
Angèle Muhigirwa - MMF Belgique
Julie Martineau – MMF Québec
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