Un Autre monde est-il possible avec les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) ?

3 septembre 2008 par Olivier Bonfond , Stéphanie Jacquemont




Au Nord et au Sud, la plupart des citoyens, mouvements sociaux, gouvernements et institutions internationales l’admettent : la situation actuelle est inhumaine, intolérable et doit cesser. Il est tout simplement intolérable que des milliards d’êtres humains se voient privés de leurs droits fondamentaux. Privés d’eau potable, de nourriture en quantité suffisante et de logements décents. Privés d’accès à la santé et à l’éducation. Aucun être humain, en particulier les privilégiés parmi les privilégiés (dont les auteurs font partie), n’a le droit d’accepter cette situation, ni comme une simple donnée statistique, ni comme une fatalité. Il est nécessaire et urgent de proposer des alternatives pour mettre fin à ce scandale humain et écologique et pour donner un contenu au slogan « Un autre monde est possible ». Une question s’impose : les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) s’inscrivent-ils dans cette optique ? Peuvent-ils jeter les bases de cet « autre monde » ? Malheureusement non. Pour la majorité des gouvernements, institutions internationales (ONU, Banque mondiale Banque mondiale
BM
La Banque mondiale regroupe deux organisations, la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) et l’AID (Association internationale de développement). La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a été créée en juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), à l’initiative de 45 pays réunis pour la première Conférence monétaire et financière des Nations unies.

En 2022, 189 pays en sont membres.

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, FMI FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.

À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).

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) ou organisations de la « société civile », les OMD constituent pourtant un dénominateur commun en terme d’objectifs à atteindre à moyen terme. Il s’agirait d’être pragmatique et de réaliser « un pas dans la bonne direction ». Pour le CADTM, comme pour d’autres mouvements sociaux, les OMD, outre le fait qu’ils ne seront pas atteints, ne méritent pas d’être qualifiés « d’alternative ». Ce sont des objectifs minimalistes qui ne s’attaquent pas aux véritables causes du problème. Il faut aller plus loin et mettre en place des alternatives radicales. Des alternatives qui ont pour objectifs prioritaires la satisfaction universelle des droits humains fondamentaux et l’émancipation sociale.

Déterminer quels autres mondes nous voulons

Commençons par une remarque. Le mouvement altermondialiste parle généralement d’ « un autre monde possible ». Nous sommes d’accord avec cette expression. Cependant nous lui préférons le pluriel afin d’insister sur le fait que dans le monde que nous voulons, il y aura en fait plusieurs mondes, puisque chaque peuple restera maître de son destin. Ce n’est pas d’un nouvel impérialisme ni d’un nouvel ethnocentrisme dont nous avons besoin.
Même si certaines propositions alternatives peuvent trouver des applications un peu partout dans le monde, il est peu probable que tous les peuples choisissent unanimement la même voie.

Pour certains, la définition de ces autres mondes que nous devons construire paraît tellement évidente qu’il n’est pas nécessaire d’y revenir. Et pourtant, quand on cherche à définir cet idéal, individuellement, en analysant le discours alter ou encore en scrutant les programmes de différents partis politiques, on se rend compte que c’est une question complexe. Les réponses peuvent être multiples, contradictoires, et souvent sujettes à des interprétations divergentes. Un monde sans pauvreté ? Un monde avec moins de pauvres ? Un monde propre ? Un monde moins injuste ? … Autant de questions qui en appellent d’autres : comment définir la pauvreté ? Et la justice ?...

Pour d’autres, même si ce n’est pas inutile, ce n’est pas le moment de se poser cette question car, vu « la situation désastreuse » du monde actuel, il faudrait avant tout agir et ne pas perdre de temps dans des débats théoriques. Selon cette position, on aura tout le temps de réfléchir à la définition de cet idéal lorsque l’urgence aura disparu, lorsque certains fléaux seront en voie de disparition, ou encore lorsque la logique dominante sera renversée et que les rênes du pouvoir seront en d’autres mains, moins avides.

Pourtant, adopter une vision claire de ce que nous voulons construire, ou encore de ce que nous croyons possible ou non, est fondamental, à plus d’un titre. D’une part, cette vision aura une influence directe sur la manière dont on propose de régler certains problèmes, de poser des revendications, ou encore d’envisager une mesure concrète comme une victoire ou une défaite. D’autre part, en n’étant pas capable de formuler clairement nos aspirations, on prête le flanc à des critiques faciles, voire justifiées.

Par exemple, si l’on pense qu’un monde sans pauvreté n’est pas possible, il est logique que l’on se fixe comme objectif de réduire la pauvreté et non de l’éradiquer. De la même manière, la pensée malthusienne [1], encore profondément ancrée dans le discours dominant actuel, en donnant à la famine un rôle régulateur et social, discrédite, voire considère comme non souhaitable, toute action Action
Actions
Valeur mobilière émise par une société par actions. Ce titre représente une fraction du capital social. Il donne au titulaire (l’actionnaire) le droit notamment de recevoir une part des bénéfices distribués (le dividende) et de participer aux assemblées générales.
qui viserait à supprimer ce fléau. Autre exemple : la pensée qui domine aujourd’hui avance comme postulat qu’il existe un chômage naturel. La revendication d’un travail pour tous, pourtant reconnu comme un droit universel par la Déclaration Universelle des droits humains (DUDH) de 1948, devient alors également absurde. Les positions malthusiennes ou néoclassiques sont des idées préconçues qu’il faut démonter car elles sont sans fondement (scientifique). Elles sont aussi immorales et illégitimes.

Se poser la question, individuellement et collectivement, de ce que sont ou pourraient être ces autres mondes possibles est donc non seulement important, mais urgent et indispensable. Mais avant de dire ce que représente pour nous l’Alternative, il est nécessaire de dire ce que l’Alternative n’est pas.

Ne pas prétendre au paradis terrestre

Il faut avant tout rejeter l’idée de construire un quelconque paradis terrestre, un monde où tous les malheurs auraient disparu. Un monde où plus personne ne serait égoïste, envieux, mesquin, jaloux, perpétuellement insatisfait, voleur, menteur, profiteur, cynique, de mauvaise foi, de mauvaise volonté, etc. Un monde où tous les individus seraient profondément heureux, fraternels, sains de corps et d’esprit, honnêtes, humbles, respectueux de la nature et des autres, altruistes, empathiques, etc. Un monde sans conflits, où toutes les décisions, locales, nationales et internationales se prendraient au consensus. Un monde unifié sans défaut aucun…

Ce monde n’existe pas et n’existera pas. Se fixer un tel objectif serait donc non seulement irréaliste, mais également très peu mobilisateur. Proposer un paradis terrestre en découragerait plus d’un, et à juste titre. Soulignons ici qu’aucune organisation altermondialiste n’a jusqu’à ce jour proposé un tel objectif. Fort heureusement.

Mais si un paradis terrestre n’est pas possible, cela ne justifie en rien de se fixer des objectifs minimalistes comme le font la majorité des responsables politiques de la planète.

Ne pas se contenter d’un objectif minimaliste tel que les OMD

En 2000, au terme d’une série impressionnante de Sommets mondiaux visant à concrétiser les droits humains et le progrès social [2.], les États membres de l’ONU se sont engagés à réaliser d’ici 2015 huit grands objectifs [3.] :
1. Réduire de moitié l’extrême pauvreté et la faim
2. Assurer l’éducation primaire pour tous
3. Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes
4. Réduire de 2/3 le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans
5. Réduire de ¾ le taux de mortalité maternelle
6. Stopper la propagation du sida, du paludisme et d’autres grandes maladies
7. Assurer un environnement durable
8. Mettre en place un partenariat mondial pour le développement

A l’heure actuelle, pour quasiment tous les gouvernements, les institutions internationales telles que l’ONU ou la Banque mondiale, tout comme pour la majorité des organisations altermondialistes, les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) constituent un dénominateur commun en terme d’objectifs à atteindre à moyen terme. Il s’agit de réaliser « un pas dans la bonne direction ».

A première vue, en s’attaquant à de grands enjeux du développement, ces objectifs peuvent sembler à la fois réalistes et ambitieux. Ils sont d’ailleurs adoptés comme référence par une majorité d’acteurs du développement et font l’objet d’un suivi continu pour mesurer les progrès réalisés. Cependant, lorsqu’on s’y attarde quelque peu, on se rend compte que les limites, les faiblesses et les contradictions de ces objectifs sont nombreuses. Voici quelques unes des critiques que nous pouvons formuler à l’égard des OMD

1. Réduire de moitié l’extrême pauvreté et la faim à l’horizon 2015 nous
paraît être un objectif non seulement minimaliste, mais tout simplement immoral : personne ne devrait pouvoir se satisfaire d’une situation où, une fois l’objectif atteint, des centaines de millions de personnes continueraient à vivre dans des conditions infrahumaines.

Comme Victor Nzuzi, paysan congolais [4], le répète souvent : « Que fait-on avec l’autre moitié ? On les met au frigo ? Certains êtres humains seraient-ils moins égaux que d’autres ? … » Comme le souligne le rapport mondial sur le Développement humain 2006 : « Les Objectifs du Millénaire pour le Développement devraient être considérés comme un seuil minimum à atteindre et non comme un plafond. Même si ces objectifs sont réalisés, le déficit mondial sera toujours immense. » Ne l’oublions pas, derrière les chiffres et les statistiques, aussi positifs soient-ils, des millions de vies humaines sont en jeu.

2. En intégrant la dimension temporelle dans l’analyse, la vision sur ces OMD change complètement : si on prend en compte les engagements politiques antérieurs, les OMD ne constituent plus une avancée mais bien un recul réel. En effet, éradiquer la pauvreté, et non la diminuer, a bien fait partie de l’agenda mondial par le passé. En 1974, les Etats membres de l’ONU s’étaient engagés à éradiquer la pauvreté dans le monde d’ici 2000. Le Survey de 1974 se terminant par : « Dans dix ans, sur cette terre, aucun homme, aucune femme, aucun enfant n’ira au lit le ventre vide ». Les grands de ce monde seraient-ils devenus plus réalistes sur les capacités du système capitaliste à combattre ces grands fléaux ? Quoi qu’il en soit, le fait est que les OMD représentent bien un petit pas, mais à reculons …

3. Il faut avoir conscience que la définition de la pauvreté est elle-même limitée : il s’agit de toutes les personnes disposant de moins d’un dollar par jour en parité de pouvoir d’achat [5.] (ppa). Ce qui donne par exemple pour l’Inde un seuil de pauvreté fixé à 25 cents par jour ! Il faut dénoncer le cynisme et l’irréalisme de tels seuils de pauvreté. Quel que soit l’endroit de la planète où l’on se trouve, 2$, ni même 3$ par jour ne permettent de satisfaire l’ensemble de ses besoins humains fondamentaux. Et pourtant, si la moitié des personnes vivant avec moins de 1$ par jour (en ppa) parviennent à « augmenter leur niveau de vie » à 1,1 dollar par jour, les têtes pensantes et les ventres bien remplis de la Banque mondiale et des autres organisations soutenant les OMD auront atteint leur objectif ! La situation de ces personnes ne se sera pas pour autant substantiellement améliorée. De plus, il est important de rappeler que la pauvreté est un phénomène multidimensionnel et ne peut se résumer à un critère purement financier. L’éducation, la santé, le logement sont d’autres éléments qu’il faut prendre en compte pour obtenir une mesure réaliste de la pauvreté. Or deux indices, l’indice de développement humain (IDH Indicateur de développement humain
IDH
Cet outil de mesure, utilisé par les Nations unies pour estimer le degré de développement d’un pays, prend en compte le revenu par habitant, le degré d’éducation et l’espérance de vie moyenne de sa population.
) et l’indice de pauvreté humaine (IPH Indicateur de pauvreté humaine
IPH
Depuis 1997, le Rapport du PNUD tente de mesurer la misère dans le Tiers-Monde, à travers un indicateur de la pauvreté humaine qui prend en considération d’autres critères que les revenus monétaires. Ces critères sont les suivants : - la probabilité à la naissance de ne pas atteindre l’âge de 40 ans ; - le pourcentage d’adultes analphabètes ; - les services procurés par l’économie dans son ensemble. Pour déterminer la qualité de ceux-ci, deux éléments sont pris en compte : le pourcentage d’individus n’ayant pas accès à des points d’eau aménagés et le pourcentage d’enfants de moins de cinq ans souffrant d’insuffisance pondérale. Malgré une pauvreté monétaire certaine, des pays arrivent à atténuer l’impact de la pauvreté par l’accès aux services qu’ils rendent à la population. En tête des pays considérés se trouvaient en 2002, l’Uruguay, le Costa Rica, le Chili et Cuba. Ces pays étaient parvenus à réduire la pauvreté humaine jusqu’à un IPH inférieur à 5 %.
), qui prennent en compte d’autres dimensions de la pauvreté, existent et sont même utilisés par les organisations de l’ONU. Pourquoi n’ont-ils pas été choisis pour suivre l’évolution de la pauvreté ?

4. Si les huit objectifs mentionnent plusieurs droits essentiels (santé, éducation, alimentation, eau potable), d’autres droits, issus de différents Pactes internationaux, ne sont pas inclus : droit au travail, droit à la sécurité sociale, droit à l’enseignement secondaire et supérieur, etc. Pour les défenseurs des OMD, les droits humains fondamentaux ne seraient-ils donc plus universels ?

5. En s’intéressant de plus près aux OMD, et notamment aux cibles (sous-objectifs) et indicateurs choisis pour évaluer les progrès, on prend davantage conscience de la faiblesse de ces OMD et de la vision politique qui les sous-tend [6.] D’abord il faut souligner que les indicateurs ont été choisis entre autres par des « experts » de la Banque mondiale, du FMI, et du Comité d’aide au développement de l’OCDE OCDE
Organisation de coopération et de développement économiques
Créée en 1960 et basée au Château de la Muette à Paris, l’OCDE regroupait en 2002 les quinze membres de l’Union européenne auxquels s’ajoutent la Suisse, la Norvège, l’Islande ; en Amérique du Nord, les USA et le Canada ; en Asie-Pacifique, le Japon, l’Australie, la Nouvelle-Zélande. La Turquie est le seul PED à en faire partie depuis le début pour des raisons géostratégiques. Entre 1994 et 1996, deux autres pays du Tiers Monde ont fait leur entrée dans l’OCDE : le Mexique qui forme l’ALENA avec ses deux voisins du Nord ; la Corée du Sud. Depuis 1995 et 2000, se sont ajoutés quatre pays de l’ancien bloc soviétique : la République tchèque, la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie. Puis d’autres adhésions se sont produites : en 2010, le Chili, l’Estonie, Israël et la Slovénie, en 2016 la Lettonie, en 2018 la Lituanie et, en 2020, la Colombie est devenue le trente-septième membre.

Site : www.oecd.org
 [7. ].L’implication d’institutions connues pour leurs positions résolument néolibérales est sans doute censée donner un gage de sérieux aux OMD. Pour nous, elle est plutôt un mauvais présage. Elle nous rappelle d’emblée dans quel cadre s’inscrivent ces OMD : celui de la mondialisation Mondialisation (voir aussi Globalisation)
(extrait de F. Chesnais, 1997a)
Jusqu’à une date récente, il paraissait possible d’aborder l’analyse de la mondialisation en considérant celle-ci comme une étape nouvelle du processus d’internationalisation du capital, dont le grand groupe industriel transnational a été à la fois l’expression et l’un des agents les plus actifs.
Aujourd’hui, il n’est manifestement plus possible de s’en tenir là. La « mondialisation de l’économie » (Adda, 1996) ou, plus précisément la « mondialisation du capital » (Chesnais, 1994), doit être comprise comme étant plus - ou même tout autre chose - qu’une phase supplémentaire dans le processus d’internationalisation du capital engagé depuis plus d’un siècle. C’est à un mode de fonctionnement spécifique - et à plusieurs égards important, nouveau - du capitalisme mondial que nous avons affaire, dont il faudrait chercher à comprendre les ressorts et l’orientation, de façon à en faire la caractérisation.

Les points d’inflexion par rapport aux évolutions des principales économies, internes ou externes à l’OCDE, exigent d’être abordés comme un tout, en partant de l’hypothèse que vraisemblablement, ils font « système ». Pour ma part, j’estime qu’ils traduisent le fait qu’il y a eu - en se référant à la théorie de l’impérialisme qui fut élaborée au sein de l’aile gauche de la Deuxième Internationale voici bientôt un siècle -, passage dans le cadre du stade impérialiste à une phase différant fortement de celle qui a prédominé entre la fin de Seconde Guerre mondiale et le début des années 80. Je désigne celui-ci pour l’instant (avec l’espoir qu’on m’aidera à en trouver un meilleur au travers de la discussion et au besoin de la polémique) du nom un peu compliqué de « régime d’accumulation mondial à dominante financière ».

La différenciation et la hiérarchisation de l’économie-monde contemporaine de dimension planétaire résultent tant des opérations du capital concentré que des rapports de domination et de dépendance politiques entre États, dont le rôle ne s’est nullement réduit, même si la configuration et les mécanismes de cette domination se sont modifiés. La genèse du régime d’accumulation mondialisé à dominante financière relève autant de la politique que de l’économie. Ce n’est que dans la vulgate néo-libérale que l’État est « extérieur » au « marché ». Le triomphe actuel du « marché » n’aurait pu se faire sans les interventions politiques répétées des instances politiques des États capitalistes les plus puissants (en premier lieu, les membres du G7). Cette liberté que le capital industriel et plus encore le capital financier se valorisant sous la forme argent, ont retrouvée pour se déployer mondialement comme ils n’avaient pu le faire depuis 1914, tient bien sûr aussi de la force qu’il a recouvrée grâce à la longue période d’accumulation ininterrompue des « trente glorieuses » (l’une sinon la plus longue de toute l’histoire du capitalisme). Mais le capital n’aurait pas pu parvenir à ses fins sans le succès de la « révolution conservatrice » de la fin de la décennie 1970.
néolibérale et de l’ordre établi. Ce sentiment se confirme à la lecture de l’ensemble du document. Bien que les auteurs aient pris la précaution d’assurer qu’il ne s’agit là que de propositions d’indicateurs, que les équipes
nationales chargées de rédiger les rapports de suivi doivent amender en fonction du contexte local, certaines propositions donnent le ton.

Premièrement, alors que les indicateurs ont été choisis pour leur soi-disant pertinence, certains sont totalement inappropriés ou incomplets. Un des exemples les plus frappants est celui des indicateurs relatifs au VIH/SIDA. Pour mesurer les progrès pour la cible 7 « avoir stoppé la propagation du VIH/SIDA et commencé à inverser la tendance actuelle », certaines données
ne sont recueillies que pour une frange restreinte de la population. Ainsi, le taux de prévalence de l’utilisation du préservatif sur le taux de prévalence des contraceptifs n’est calculé que chez les femmes de 15 à 49 ans vivant en union maritale. Cet indicateur est, nous dit-on, résolument insuffisant, puisqu’en considérant uniquement que les femmes vivant dans des unions maritales ou consensuelles, il ne permet pas de mesurer l’utilisation du préservatif chez des populations où le risque de transmission est plus élevé. Il est alors complété par deux indicateurs, mesurant l’utilisation du préservatif lors du dernier rapport sexuel à haut risque et le pourcentage des personnes ayant une bonne connaissance générale du VIH/sida. Ces deux indicateurs ne sont mesurés que chez les 15-24 ans, alors qu’il nous est dit que près de la
moitié des nouveaux cas d’infection ont lieu chez les personnes de 24 ans ou moins. Ce qui laisse de côté l’autre moitié ! Pour nous rendre encore davantage perplexes, les « experts » ont choisi de compléter les données par le taux de scolarisation des orphelins par rapport aux non orphelins âgés de 10 à 14 ans : cet indicateur n’est pas dénué d’intérêt dans l’absolu, mais il
n’indique rien de la transmission du VIH/sida. Au contraire, d’autres indicateurs nous auraient semblé davantage légitimes sur le VIH/sida. Il ne s’agit pas seulement de stopper la propagation, il s’agit aussi de savoir quel sort est réservé aux personnes malades. Le taux de mortalité lié au VIH/sida, l’espérance de vie des personnes infectées, les taux de prévalence nationaux et régionaux, le nombre d’infections annuelles, ou encore le pourcentage de
personnes infectées bénéficiant d’un traitement aux anti-rétroviraux auraient sans doute eu leur place dans la liste des indicateurs, mais les experts en ont décidé autrement. Une fois de plus, la vie de certaines personnes semble ne pas peser lourd dans la balance.

Deuxièmement sur cette question du sida comme sur d’autres, les indicateurs choisis tendent à montrer qu’avec les OMD, on ne s’attaque pas aux réelles causes des problèmes. Ainsi comme l’explique Alison Katz [8.], la propagation du sida est expliquée surtout en terme de comportement sexuel individuel, et l’affaiblissement des systèmes immunitaires dû à la pauvreté n’est pas pris en compte. Or le comportement individuel ne peut à lui seul expliquer les énormes différences de prévalence entre l’Afrique subsaharienne et l’Europe par exemple.

De même sur la question du paludisme, (objectif 6, cible 8) l’utilisation d’une moustiquaire imprégnée pour les enfants est le seul facteur préventif considéré (indicateur 22) alors que la persistance du paludisme est surtout liée à des systèmes d’assainissement déficients. Le paludisme a été éradiqué en Europe, non pas grâce à l’utilisation des moustiquaires mais bien grâce à l’amélioration des conditions sanitaires. Dans un autre domaine, celui de l’environnement (objectif 7 : assurer un environnement durable), un des indicateurs témoigne également des conceptions à courte vue des OMD : pour mesurer l’intégration des principes du développement durable dans les politiques nationales, on s’intéresse à la proportion des aires protégées pour préserver la biodiversité. D’abord, comme il est souligné dans le document, « le fait de déclarer qu’une aire est protégée ne garantit en rien que des mesures de protection soient effectivement appliquées ». D’autre part, cela suggère comment les experts de l’ONU voient la préservation de l’environnement : une nature « folklorique », des aires marginales protégées où l’activité humaine n’aurait pas droit de cité pendant qu’elle peut continuer à polluer ailleurs. Certes, ce n’est pas le seul indicateur pris en compte, mais il est assez révélateur de la vision du système onusien et des solutions qu’il propose.

Enfin, les objectifs et cibles dans leur formulation comme dans la manière dont ils doivent être évalués par les indicateurs, montrent à quel point l’idéologie néolibérale est prégnante dans la rhétorique des OMD. Le néolibéralisme qui s’est imposé un peu partout dans le monde depuis 25 ans est régulièrement dénoncé, à juste titre, pour avoir aggravé les inégalités, la pauvreté, la faim etc. On aurait pu espérer d’un tel aveu d’incompétence une inflexion politique et un rejet des politiques qui ont mené à cette situation. Il n’en est rien.

Ainsi, la dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
, dont pourtant plusieurs rapports ont montré qu’elle doit être annulée si l’on veut atteindre les OMD [9.], est seulement envisagée en termes de soutenabilité : le service de la dette Service de la dette Remboursements des intérêts et du capital emprunté. n’est comparé qu’aux exportations de biens et services d’un pays, qui doivent être élevées chez tout bon élève néolibéral. Peu importe que ce service soit plus élevé que les budgets alloués à l’éducation, à la santé, ou qu’il aspire une part considérable du budget de l’Etat. Peu importe pourvu que le montant des exportations soit élevé. Et l’on y veille, puisque d’autres indicateurs suggèrent que plus les produits s’exporteront librement, plus la situation des pays en développement s’améliorera. Ainsi, tant mieux, selon l’ONU, si l’APD APD On appelle aide publique au développement les dons ou les prêts consentis à des conditions financières privilégiées accordés par des organismes publics des pays industrialisés à des pays en développement. Il suffit donc qu’un prêt soit consenti à un taux inférieur à celui du marché pour qu’il soit considéré comme prêt concessionnel et donc comme une aide, même s’il est ensuite remboursé jusqu’au dernier centime par le pays bénéficiaire. Les prêts bilatéraux liés (qui obligent le pays bénéficiaire à acheter des produits ou des services au pays prêteur) et les annulations de dette font aussi partie de l’APD, ce qui est inadmissible. sert à soutenir les capacités d’exportation des pays en développement. Bien sûr, par n’importe quelles capacités : les pays en développement doivent essentiellement exporter des produits agricoles, du textile et des vêtements. En tout cas c’est ce que semble indiquer l’indicateur 39 « Taux moyens de droits de douane appliqués par les pays développés aux produits agricoles, textiles et vêtements en provenance des pays en développement ». On prend ainsi acte de la division internationale du travail, qui doit maintenir les pays en développement dans des productions à fort contenu de main d’œuvre et à faible contenu technologique. Il ne faudrait quand même pas que le partenariat pour le développement signifie l’érosion des avantages commerciaux des pays développés !

Bref, même en acceptant la logique propre des OMD, il y a beaucoup à redire. Les indicateurs sont généralement faibles, voire inappropriés, puisqu’ils ne tiennent pas compte de l’ensemble des causes d’un problème spécifique.

6. En dehors des critiques sur les objectifs en tant que tels, il faut se demander s’ils seront effectivement atteints. La réponse est claire :non. Malgré certains discours qui réaffirment chaque l’année l’importance des OMD et la possibilité de les atteindre si l’ensemble des parties prenantes s’y attelle réellement, les Objectifs du Millénaire pour le Développement ne seront pas atteints en 2015. Pour s’en convaincre, il suffit de se pencher sur différents rapports provenant des institutions internationales.

« Au rythme actuel, l’Afrique sub-saharienne (600 millions d’hab.) respectera la scolarisation universelle dans le primaire en 2129, la réduction de la mortalité infantile de 2/3 en 2106. Pour la faim, la pauvreté et l’accès aux sanitaires, on ne peut pas fixer de date parce que la situation ne s’améliore mais se dégrade. » (Extrait du rapport sur le Développement humain du PNUD PNUD
Programme des Nations unies pour le développement
Créé en 1965 et basé à New York, le PNUD est le principal organe d’assistance technique de l’ONU. Il aide - sans restriction politique - les pays en développement à se doter de services administratifs et techniques de base, forme des cadres, cherche à répondre à certains besoins essentiels des populations, prend l’initiative de programmes de coopération régionale, et coordonne, en principe, les activités sur place de l’ensemble des programmes opérationnels des Nations unies. Le PNUD s’appuie généralement sur un savoir-faire et des techniques occidentales, mais parmi son contingent d’experts, un tiers est originaire du Tiers-Monde. Le PNUD publie annuellement un Rapport sur le développement humain qui classe notamment les pays selon l’Indicateur de développement humain (IDH).
Site :
2004)

« La projection pour 2015 lance un avertissement sans équivoque. Pour parler franchement, le monde se dirige vers une catastrophe annoncée au niveau du développement humain, dont les coûts se compteront en décès évitables, en enfants non scolarisés et en occasions perdues de réduire la pauvreté. » (Extrait du rapport sur le Développement humain du PNUD 2005)

« La dégradation de l’environnement compromet la base de ressources naturelles indispensable au fonctionnement de l’économie de beaucoup de pays. Il existe peu d’indicateurs fiables permettant de mesurer la viabilité environnementale et les données restent très lacunaires. De ce fait, la dégradation de l’environnement n’apparaît pas souvent dans les statistiques officielles. Cependant, les données relatives au couvert forestier montrent que le déboisement est en progression rapide et menace la diversité biologique de l’Afrique subsaharienne, de l’Asie du Sud-est, de l’Océanie et de l’Amérique latine. D’autres ressources naturelles sont menacées, et les dégâts infligés aux écosystèmes marins et côtiers s’aggravent rapidement en Amérique latine et dans les Caraïbes, en Asie du Sud-est et en Océanie. La quantité d’eau disponible par habitant diminue pour atteindre des seuils critiques dans beaucoup de régions du monde. La désertification et la détérioration des sols sont désormais des problèmes graves, en particulier en Asie et en Afrique. » [10.](Extrait du rapport « Projet Objectifs du Millénaire des Nations Unies 2005. Investir dans le développement - plan pratique pour réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement »)

« Les Objectifs du Millénaire pour le Développement devraient être considérés comme un seuil minimum à atteindre et non comme un plafond. Même si ces objectifs sont réalisés, le déficit mondial sera toujours immense. Si l’on observe l’évolution générale actuelle, le plus préoccupant est de constater que le monde est en voie d’aboutir sous le seuil fixé par les engagements pris dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le Développement. » (Extrait du rapport sur le Développement humain du PNUD 2006)

« Certes la majeure partie du monde devrait réduire de moitié l’extrême pauvreté avant cette échéance, mais les perspectives sont des plus sombres pour les objectifs de réduction de la mortalité infantile et maternelle, et probablement encore plus dans le cas des objectifs liés à l’achèvement de l’enseignement primaire, à la nutrition et à l’assainissement. » (Extrait du
rapport Global Monitoring report 2008)

Voilà où nous en sommes : à moins d’un miracle, ou d’un changement de cap, les OMD ne seront pas atteints. Comme beaucoup d’engagements et de promesses antérieures, les OMD resteront lettre morte. Notons que ces résultats cassent un des arguments clés des « pro OMD », puisque ceux-ci, tout en reconnaissant leurs limites et faiblesses, brandissent l’argument du nécessaire réalisme et de la « théorie des petits pas ». On voit ce que cela donne… des petits pas, mais à reculons. En 2015, un constat d’échec s’imposera. Les organisations promotrices des OMD, comme la Banque mondiale, essaient d’ores et déjà de nous préparer à cet échec. M. Robert B. Zoellick, président de la Banque mondiale, a notamment déclaré le 11 avril 2008 : « … Chose plus préoccupante encore, nous estimons que la présente crise alimentaire aura pour effet d’occasionner une perte de l’ordre de sept ans dans les efforts visant à réduire la pauvreté à l’échelle mondiale. »

7. Pourquoi une telle situation, alors que les « spécialistes » estimaient à l’époque que le caractère réaliste de ces objectifs garantirait leur faisabilité ? Pour nous, la raison est claire. Ce ne sont pas seulement les objectifs qui sont critiquables, mais aussi et surtout les recommandations qui sont faites pour les atteindre. Les solutions proposées sont en fait celles-là même qui sont à la base de la dégradation des conditions de vie de millions de personnes et qui ont provoqué des désastres écologiques sans précédent. En effet, les concepts de « croissance économique », « ouverture du commerce », « accroissement de la compétitivité », « spécialisation », « privatisation » et autres concepts néolibéraux sont omniprésents dans la littérature « officielle » consacrée aux OMD et restent au cœur du projet.

Voici ce qu’on peut lire dans le rapport « Projet Objectifs du Millénaire des Nations Unies 2005. Investir dans le développement » coordonné par Jeffrey Sachs [11.] : « Dans le processus de croissance, les objectifs du Millénaire pour le développement jouent deux rôles : d’abord, ils sont une fin en soi : réduire la faim, assurer l’égalité des sexes, améliorer la santé publique et l’éducation et élargir l’accès à l’eau potable et aux moyens d’assainissement sont, pour la société, des objectifs en soi. Deuxièmement, les OMD apportent aussi “une contribution en capital” à la croissance économique et à la poursuite du développement. Un travailleur en bonne santé est un travailleur plus productif, tout comme un travailleur mieux éduqué. De bons équipements d’approvisionnement en eau et ’assainissement permettent d’augmenter la production par habitant, par diverses filières, notamment le recul de la maladie. Ainsi, de nombreux OMD font partie de l’accumulation du capital, définie au sens large, tout en étant souhaitables en soi. » [12.] Cela se passe de commentaires.

Sous des apparences progressistes, les OMD s’inscrivent donc dans une vision restrictive du changement. Il ne s’agit aucunement de remettre le néolibéralisme en question. Il ne s’agit pas non plus de réguler le capitalisme et de le forcer à plus d’humanité.

C’est pourtant bien le système néolibéral dans son ensemble qui doit être remis en cause. Il est et sera tout simplement impossible de réduire la pauvreté et les inégalités s’il n’y pas de changement de la logique en cours. La seule vertu des OMD sera peut-être de servir de révélateur quant à la nécessité d’un changement systémique.

Se fixer comme objectif l’émancipation sociale des peuples

Les OMD ne peuvent donc constituer l’Alternative que nous recherchons. Définitivement. Quels sont alors les objectifs que nous pouvons et/ou devons nous fixer ? Il faut en tout cas aller bien au-delà des OMD. Il faut viser, non pas la réduction mais bien l’éradication pure et simple de certains fléaux, comme la faim, la pauvreté, les inégalités. Ce sont là des objectifs concrets qui méritent d’être poursuivis, car comme le fait remarquer très justement Jean Ziegler : « Aucune victime de la faim n’est une victime inévitable. Il n’existe pas pour nous, hommes de conviction, vivants et agissants, de fatalité de la famine et de la mort. » [13.]

Sans oublier que les droits et libertés fondamentaux ne peuvent se concevoir que comme un ensemble indivisible et interdépendant, un point de départ pourraient être constitué par l’article 25 de la Déclaration Universelle des Droits humains [14.] de 1948 (DUDH) qui stipule que : « Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires »  [15.]

Bien sûr, ces droits devront être complétés par d’autres, tel que le droit à l’éducation, le droit au travail, le droit à la sécurité sociale ainsi que le droit de participer aux affaires publiques.

Ces droits doivent être lus et interprétés de la manière la plus large possible. Il faut refuser toute vision eurocentriste. Le lycéen d’une banlieue de Paris, comme un adolescent à Tombouctou ou au Cachemire, …, ont droit à recevoir une éducation de qualité. Celle-ci ne peut et ne doit évidemment pas s’envisager de la même manière et doit tenir compte de la réalité locale, que ce soit en terme de culture, d’infrastructure, de contenu, d’outils didactiques, de pédagogie. Rappelons que nous parlons bien d’autres mondes possibles.

Il est vrai aussi que les droits humains et cette déclaration en particulier sont souvent critiqués, dans le sens où ils ont permis et permettent encore de justifier des invasions, des guerres, des crimes et ingérences en tout genre, les guerres en Irak et en Afghanistan en étant de funestes exemples. Même s’il faut bien sûr dénoncer toute instrumentalisation des droits humains à des fins guerrières ou géopolitiques, l’usage malveillant qui est fait de cette Déclaration hautement progressiste ne peut et ne doit pas la discréditer.

Par ailleurs, il est également nécessaire d’intégrer la dimension écologique dans les objectifs à poursuivre. Lorsque cette Déclaration a été écrite, la question écologique, bien que représentant déjà un problème majeur, n’a sans doute pas eu toute la place qu’elle méritait.

Enfin, il s’agit d’aller plus loin : la Déclaration Universelle des droits humains, bien qu’elle fixe assez justement et précisément les droits à garantir, n’évoque sans doute pas assez les différentes formes d’oppression et oublie de parler des moyens pour garantir la réalisation de ces droits. Pour nous, il est fondamental de proposer une Alternative qui implique l’émancipation sociale, c’est-à-dire la possibilité pour l’humanité de se libérer de toutes les formes d’oppression, que ce soit pour les victimes, celles qui « subissent » l’oppression, ou pour le très grand nombre qui se trouve dans une situation ambivalente en étant à la fois victime et en exerçant par ailleurs certaines formes d’oppression sur d’autres. Les formes d’oppression en cours sont multiples, complexes et interdépendantes (oppression sociale, oppression patriarcale, l’oppression du Tiers Monde, oppression raciale, oppression politique, oppression culturelle, …). Les éliminer ne signifie ni plus ni moins d’envisager un bouleversement profond des rapports entre les êtres humains et entre eux et la nature.

L’Alternative devra donc viser à éradiquer les grands fléaux qui touchent l’humanité, mais aussi se définir dans cette perspective de lutte contre toute ces formes d’oppression.

Compte tenu de ces « critiques », et malgré les faiblesses de ce point de départ, nous restons convaincus qu’un consensus mondial est possible, pour l’ensemble des citoyens et organisations du monde, quelles que soient leurs priorités (paix, annulation de la dette, égalité des genres, souveraineté alimentaire, …) et/ou leurs stratégies et ligne politique :

Chaque être humain a droit à disposer d’un niveau de vie suffisant pour satisfaire ses besoins en terme d’eau, d’alimentation, de logement, d’habillement, de santé et d’éducation. Chaque être humain a droit, aujourd’hui et demain, à vivre dans un environnement sain et à avoir un contrôle sur sa vie et son avenir


Notes

[1Thomas Malthus a publié « Essai sur le principe de population » en 1798

[2.En 1993 à Vienne, Conférence sur les droits de l’Homme ; en 1994 au Caire, Conférence sur la population et le développement ; en 1995 à Copenhague, Sommet mondial pour le développement social ; en 1996 à Pékin, Conférence mondiale sur les femmes ; en 1996 à Istanbul, Sommet des villes ; en 1996 à Rome, Sommet mondial de l’alimentation. En 1995, l’OCDE définit des objectifs de développement, appelés « programme de développement pour le 21e siècle », qui allaient constituer, avec les conclusions des Sommets successifs, la base de la Déclaration du Millénaire.

[3.Pour plus d’infos : http://www.un.org/french/millenniumgoals/

[4Coordinateur du NAD (Nouvelles Alternatives pour le Développement), RDC. Organisation membre du réseau
CADTM International.

[5.La parité de pouvoir d’achat (PPA) (on parle de valeurs mesurées en parité de pouvoir d’achat) est une méthode utilisée en économie pour établir une comparaison entre pays du pouvoir d’achat des devises nationales

[6.Les 8 grands objectifs, les cibles qui y sont associées et les indicateurs pour mesurer l’état d’avancement vis-à vis de ces objectifs sont longuement exposés dans un document riche en enseignements : « Indicateurs pour le suivi des progrès dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement : Définition, raison d’être, concepts, sources »

[7. Organisation pour la coopération et le développement économique, qui regroupe les pays les plus industrialisés
du monde

[8.Voir le résumé de son article « l’approche néolibérale du sida : un échec colossal », dans ONU, droits pour tous ou loi du plus fort : Regards militants sur les Nations unies, Genève : CETIM, 2005, p. 139-140.

[9.Cette affirmation est par exemple présente dans le rapport de Jeffrey Sachs, qui est pourtant d’inspiration largement néolibérale.

[10.http://www.unmillenniumproject.org/documents/
french-complete-highres.pdf

[11.Jeffrey Sachs est un économiste américain. Il est connu pour ses travaux comme consultant économique auprès des gouvernements d’Amérique latine, d’Europe de l’Est, d’ex-Yougoslavie, d’ex-Union soviétique, d’Asie, et d’Afrique.

[12.http://www.unmillenniumproject.org/documents/
french-complete-highres.pdf

[13.La faim dans le monde expliquée à mon fils, Edition du Seuil, 1999

[14.Officiellement intitulée Déclaration Universelle des droits de l’homme, nous préférons lui donner le nom de Déclaration Universelle des droits humains, afin d’éliminer toute discrimination en terme de genre.

[15.L’ensemble de l’article est le suivant : « 1. Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté. 2. La maternité et l’enfance ont droit à une aide et à une assistance spéciales. Tous les enfants, qu’ils soient nés dans le mariage ou hors mariage, jouissent de la même protection sociale. »

Olivier Bonfond

est économiste et conseiller au CEPAG (Centre d’Éducation populaire André Genot). Militant altermondialiste, membre du CADTM, de la plateforme d’audit citoyen de la dette en Belgique (ACiDe) et de la Commission pour la Vérité sur la dette publique de la Grèce créée le 4 avril 2015.
Il est l’auteur du livre Et si on arrêtait de payer ? 10 questions / réponses sur la dette publique belge et les alternatives à l’austérité (Aden, 2012) et Il faut tuer TINA. 200 propositions pour rompre avec le fatalisme et changer le monde (Le Cerisier, fev 2017).

Il est également coordinateur du site Bonnes nouvelles

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