Communiqué
21 octobre 2016 par CADTM Belgique
Alors que la France, comme de nombreux pays européens, contraint de nombreux et nombreuses habitant-e-s des pays du Sud à l’exil en bombardant leurs pays et en les endettant pour justifier ensuite le pillage de leurs ressources, la destruction de leurs économies, leur environnement et tissu social. Alors que le gouvernement français et ses homologues européens condamnent à mort des milliers de personnes en fermant leurs frontières, les amenant donc à prendre des routes migratoires toujours plus dangereuses. Alors qu’ils enferment, expulsent, maltraitent et ghettoïsent celles et ceux qui parviennent tant bien que mal à atteindre le territoire européen... Ils gazent, frappent et condamnent ceux et celles qui dénoncent le caractère injuste, odieux et meurtrier de ces politiques.
La manifestation « Calais : bienvenue aux migrant-e-s ! » du samedi 1er octobre n’en est qu’une énième illustration. Appelée par diverses associations, collectifs, organisations syndicales et politiques [1], cette manifestation de solidarité avec les migrant-e-s -qui sont plus de 10 000 à vivre dans des conditions inhumaines dans la « jungle » de Calais entendait réaffirmer les droits fondamentaux que sont le droit à l’asile, à la liberté de circulation et d’installation pour tous et toutes les migrant-e-s.
Mikaël, un membre du CADTM Belgique et par ailleurs journaliste dans un média associatif, s’est fait arrêter par la police alors qu’il jouait de la musique avec les migrant-e-s aux abords du camp. Après avoir passé 40 heures en garde-à-vue dans des conditions déplorables (insalubrité, manque d’eau, humiliations...), Mikaël est passé en comparution immédiate [2], qui s’est soldée par un report de son procès au lundi 7 novembre à 14h au Tribunal de Grande Instance (TGI) de Boulogne-sur-Mer. Rappelons que la France est régulièrement condamnée par la Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH) et d’autres instances de juridiction internationale pour mauvais traitements à l’égard des prisonniers et des personnes en garde-à-vue.
De quoi exactement Mikaël est-il accusé ? De « participation à une manifestation illégale, avec dissimulation du visage ». Or, Mikaël était là dans un cadre socio-culturel et animait un atelier de percussions. En tant que journaliste, il prévoyait par ailleurs de couvrir la manifestation et ignorait son interdiction.
Cette manifestation de solidarité envers les migrant-e-s avait, en effet, été interdite deux jours avant par la préfecture du Pas-de-Calais alors même que la manifestation organisée un mois plus tôt contre la présence de ces mêmes migrant-e-s ne semblait pas poser autant de problème aux autorités. Elle avait même été soutenue par la maire de Calais ! [3]
Les organisateurs ont toutefois décidé de maintenir l’événement et nous ne pouvons que saluer ce choix. La liberté de manifester constitue une liberté fondamentale consacrée notamment par la Convention européenne des droits de l’Homme. De plus, il n’est pas cohérent de devoir demander aux autorités l’autorisation de les contester. Au CADTM, on ne sait que trop bien qu’une action légitime peut s’avérer parfois illégale. Les plus grands changements progressistes de l’Histoire ne se sont pas faits en demandant la permission !
Enfin, concernant le cas de Mikaël, l’absurdité de l’accusation de « dissimulation du visage » s’avère flagrante quand on sait l’énorme dispositif policier qui avait été sorti pour l’occasion et qui semble d’ailleurs devenir la norme ces derniers temps en France... Ce ne sont pas moins de 700 grenades lacrymogènes qui ont été tirées ce samedi, selon le syndicat SGP Unité Police FO. Ils nous gazent et il faudrait en plus qu’on garde les yeux grand ouverts !?
Cette affaire démontre encore un peu plus le déploiement grandissant en France d’un État policier et raciste, où violences policières, assignations à résidence et répression judiciaire se généralisent...
Pour soutenir Mikaël, vous pouvez :
[1] Voir l’appel de la manifestation sur le site de la Coalition Internationale des Sans Papiers et Migrant-e-s
[2] La comparution immédiate est une procédure qui permet le jugement d’une personne immédiatement après sa garde-à-vue.
[3] Pour en savoir plus sur la mobilisation contre la « jungle » de Calais
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