Un modèle allemand en matière de banques ? Les Sparkassen

30 octobre 2019 par Aline Fares


(CC - Wikimedia)

Alors que les pays du Nord ont très largement laissé la place à des géants bancaires privés, l’Allemagne – qui est aussi le pays de la Deutsche Bank - compte des centaines de banques coopératives et de banques publiques locales qui représentent près des deux tiers du système bancaire allemand.



Pour l’essentiel, les banques qui opèrent en Allemagne sont donc allemandes et sous contrôle de leurs usagers ou des institutions publiques (État, régions, communes). Le tiers public de ce système est composé des Sparkassen – une myriade de caisses d’épargne locales - et des Landesbanken. Les Landesbanken sont des banques régionales qui à l’origine font office de ‘banque centrale Banque centrale La banque centrale d’un pays gère la politique monétaire et détient le monopole de l’émission de la monnaie nationale. C’est auprès d’elle que les banques commerciales sont contraintes de s’approvisionner en monnaie, selon un prix d’approvisionnement déterminé par les taux directeurs de la banque centrale. ’ des Sparkassen, mais nombreuses sont celles qui ont dévié de leur mission de service public pour s’adonner dans des proportions inconsidérées aux activités spéculatives sur les marchés financiers Marchés financiers
Marché financier
Marché des capitaux à long terme. Il comprend un marché primaire, celui des émissions et un marché secondaire, celui de la revente. À côté des marchés réglementés, on trouve les marchés de gré à gré qui ne sont pas tenus de satisfaire à des conditions minimales.
– la faillite de WestLB et son sauvetage sur fonds publics alimente encore les arguments des opposants au service bancaire public…

Pourtant cette faillite n’était pas plus impressionnante (voire moins) que celles de RBS en Grande-Bretagne ou Dexia en Belgique. Mais elle pose la question des garde-fous et mécanismes absolument nécessaires à mettre en place pour assurer que la mission de telles banques soient respectées, et cela se joue au niveau de la mission, mais aussi de son application, des personnes impliquées dans sa gestion, de la participation des usagers et de la population en général à ces différentes étapes. Cela se joue aussi et surtout au niveau de l’environnement dans lequel ces banques opèrent et le discours hégémonique en faveur de la maximisation du profit. Les réglementations – dont la logique suit celle des grandes banques internationales est de moins en moins adaptée aux petites banques - et les institutions telles que le FMI FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.

À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).

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en appellent a une restructuration du système bancaire public allemand (concentration, ouverture au capital privé) pour une plus grande efficacité… Cette stratégie a fonctionné en Italie, où le statut des banques coopératives a été quasiment détruit, mais les banques publiques allemandes sont suffisamment puissantes et organisées pour défendre leur bout de gras devant les institutions européennes et internationales.

Les Sparkassen ont certes essuyé une partie des pots cassés par les Landesbanken dont elles sont propriétaires, mais elles ont aussi et surtout, parce que l’essentiel de leur activité consiste en du crédit aux entreprises, collectivités et ménages locaux, et parce qu’elles sont très peu exposées aux marchés financiers, été des garantes de continuité et de stabilité du service bancaire pour les usagers – un rôle essentiel en période de crise où l’on a vu toutes les grandes banques restreindre leurs conditions d’accès à leurs services. Les Sparkassen sont des institutions de droit public placées sous la responsabilité des municipalités et dont les profits sont limités et pour l’essentiel réinvestis dans la banque.

Ressources :


Cet article est extrait du magazine du CADTM ’AVP - Les Autres Voix de la Planète’, n°75, « Pour une socialisation des banques ».


Aline Fares

Conférencière, auteure et militante.
Voir également sa page « Chroniques d’une ex-banquière »

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