Ce 6 mai 2012, en Afrique, les regards étaient tournés vers la France. Une France qui décidait de redevenir normale après cinq années de règne de Nicolas Sarkozy. De cette joie à l’annonce des résultats, de ce concert géant place de la Bastille est né un nouvel espoir pour les Africains. L’espoir d’avoir, dans les années à venir, une joie normale à la fin d’une élection dans nos pays. Parmi les premiers sur le continent à se féliciter de la victoire des socialistes, les partis et mouvements d’opposition, qui, systématiquement, à l’issue des élections, se voient usurper le résultat des urnes. A la vue de la gauche française sabrant le champagne de la victoire, des médias vantant la démocratie apaisée à la française, l’Africain se remémore les alternances ratées et les après- élections douloureuses et sanglantes sur le continent.
Togo, Tchad, Cameroun, République Démocratique du Congo, Gabon, Côte d’Ivoire, longue est la liste des pays du pré carré français où les dernières élections présidentielles ont soulevé déceptions et crises. Derrière toutes ces déceptions, la France forte est toujours pointée du doigt pour ne jamais laisser les populations africaines décider de leur destin, surtout quand elles souhaitent voir des dirigeants opposés au néocolonialisme conduire leur destinée. En cinq ans de Sarkozysme et dix ans de gestion sans partage par la droite française, l’Afrique francophone autant que le peuple français a subi peine et humiliation. De la promesse non tenue de la fin de la Françafrique aux guerres néocoloniales en Côte d’Ivoire et en Libye, en passant par l’insulte de Dakar et le soutien aux dictateurs d’Afrique du Nord contre leurs peuples en révolution, la France s’est incontestablement renforcée dans son pré carré. Au service des multinationales françaises et en imposant, toujours par la force, comme il sait si bien le faire, des diktats aux Africains, Sarkozy a fait naître une haine tenace à l’égard de la France et de l’Occident dans le cœur des opprimés d’Afrique. Des émeutes à Port Gentil au Gabon suite à l’élection d’Ali Bongo jusqu’aux récentes manifestations anti-françaises à Bamako, le sentiment persiste, et le pire peut encore être évité.
Pour éviter le pire, la France normale doit revoir sa politique envers l’Afrique et entendre enfin les voix africaines. Les cercles françafricains restent fort puissants au sein du Parti Socialiste, tenus qu’ils sont par les intérêts des multinationales françaises. L’exigence de Justice et la « fin de la Françafrique » annoncées par le Président Hollande doivent être rapidement mises en place car l’Afrique demande justice.
Justice pour son apport depuis des siècles au développement de la France. Justice pour toutes les conséquences subies à cause de la colonisation et du pillage du continent. Justice pour les milliers de descendants des tirailleurs sénégalais morts en mer alors qu’ils revendiquaient le respect de l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui assure la liberté de circulation. Justice pour ces opposants torturés dans les prisons et ces dirigeants africains assassinés avec l’aide des services secrets français. Justice enfin pour ces milliers de morts lors d’élections en Afrique aux mains des gouvernements soutenus et armés par la France. Justice pour Thomas Sankara, assassiné en 1987 avec le soutien du réseau Foccart, sous le gouvernement Mitterrand. Justice pour le peuple rwandais par la reconnaissance de l’État français dans une complicité toujours inavouée dans le génocide des Tutsi au Rwanda [1]. Justice aux peuples africains par la rupture nette avec les réseaux de la Françafrique. Aujourd’hui plusieurs personnalités du PS sont liées à ces réseaux et s’affichent en compagnie des dictateurs : Ségolène Royal auprès de Blaise Compaoré en novembre 2011, Laurent Fabius auprès d’Ali Bongo au Gabon en février 2012 ou encore Jean-Louis Bianco auprès d’Alassane Ouattara en avril 2012. Justice à travers la restitution des fonds spoliés aux populations africaines, des biens mal acquis des dictateurs, à travers l’annulation totale et sans condition de la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
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En cinquante ans, malgré l’oppression néocoloniale, certains pays africains ont prouvé leur capacité à relever le défi du développement et du bien-être de leurs peuples. D’où une forte demande de partenariat et non d’aide, dans le respect de leur souveraineté et de leurs choix. L’Europe reste encore sourde à ce message, préférant suivre le chemin de l’injustice et imposant des accords de partenariats économiques contraires à la souveraineté économique, alimentaire et surtout politique de tout un continent. Monsieur Hollande, l’Afrique a soif de justice. Le changement c’est maintenant !
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