VAK (Inde) et le CADTM entretiennent depuis plus de 10 ans une relation dynamique, basée sur des valeurs et une analyse de la réalité socio-politique communes

Une interview inédite d’Ajit Muricken réalisée en 2010.

15 mars 2016 par CADTM International , Ajit Muricken


Ajit Muricken - Kerala 2008

Ajit Muricken (71 ans) est décédé suite à une attaque cardiaque le lundi 14 mars 2016 chez lui au Kerala (Inde). Ajit était un militant actif du réseau international CADTM, c’est lui qui a créé la branche indienne du CADTM à partir de 1998. Le réseau international CADTM présente ses sincères condoléances à sa femme Mercy et à ses camarades.

Nous publions ici une interview inédite d’Ajit Muricken réalisée en 2010.



C’est à l’initiative de VAK que les contacts ont commencé avec le CADTM en 1998. La collaboration n’a cessé de se renforcer depuis et VAK joue un rôle important pour renforcer la présence du CADTM en Asie du Sud. Qu’est-ce que votre adhésion au CADTM vous apporte ? Quel rôle joue VAK dans le réseau CADTM ?

VAK (Inde) et le CADTM entretiennent depuis plus de 10 ans une relation dynamique, basée sur des valeurs et une analyse de la réalité socio-politique communes. Cette relation s’est enrichie au travers d’interactions mutuelles, de l’organisation commune d’activités, de campagnes et de séminaires en Asie du Sud, afin de sensibiliser sur la dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
en tant que mécanisme subtil de néocolonisation qui entrave toute perspective de développement humain substantiel en Asie du Sud.

Ces séminaires ont permis de développer un front contre la dette en Asie du Sud, visant à renforcer les solidarités entre des mouvements sociaux et des individus qui partagent l’objectif de lutter pour la justice, et de construire des résistances populaires contre les forces de la mondialisation Mondialisation (voir aussi Globalisation)
(extrait de F. Chesnais, 1997a)
Jusqu’à une date récente, il paraissait possible d’aborder l’analyse de la mondialisation en considérant celle-ci comme une étape nouvelle du processus d’internationalisation du capital, dont le grand groupe industriel transnational a été à la fois l’expression et l’un des agents les plus actifs.
Aujourd’hui, il n’est manifestement plus possible de s’en tenir là. La « mondialisation de l’économie » (Adda, 1996) ou, plus précisément la « mondialisation du capital » (Chesnais, 1994), doit être comprise comme étant plus - ou même tout autre chose - qu’une phase supplémentaire dans le processus d’internationalisation du capital engagé depuis plus d’un siècle. C’est à un mode de fonctionnement spécifique - et à plusieurs égards important, nouveau - du capitalisme mondial que nous avons affaire, dont il faudrait chercher à comprendre les ressorts et l’orientation, de façon à en faire la caractérisation.

Les points d’inflexion par rapport aux évolutions des principales économies, internes ou externes à l’OCDE, exigent d’être abordés comme un tout, en partant de l’hypothèse que vraisemblablement, ils font « système ». Pour ma part, j’estime qu’ils traduisent le fait qu’il y a eu - en se référant à la théorie de l’impérialisme qui fut élaborée au sein de l’aile gauche de la Deuxième Internationale voici bientôt un siècle -, passage dans le cadre du stade impérialiste à une phase différant fortement de celle qui a prédominé entre la fin de Seconde Guerre mondiale et le début des années 80. Je désigne celui-ci pour l’instant (avec l’espoir qu’on m’aidera à en trouver un meilleur au travers de la discussion et au besoin de la polémique) du nom un peu compliqué de « régime d’accumulation mondial à dominante financière ».

La différenciation et la hiérarchisation de l’économie-monde contemporaine de dimension planétaire résultent tant des opérations du capital concentré que des rapports de domination et de dépendance politiques entre États, dont le rôle ne s’est nullement réduit, même si la configuration et les mécanismes de cette domination se sont modifiés. La genèse du régime d’accumulation mondialisé à dominante financière relève autant de la politique que de l’économie. Ce n’est que dans la vulgate néo-libérale que l’État est « extérieur » au « marché ». Le triomphe actuel du « marché » n’aurait pu se faire sans les interventions politiques répétées des instances politiques des États capitalistes les plus puissants (en premier lieu, les membres du G7). Cette liberté que le capital industriel et plus encore le capital financier se valorisant sous la forme argent, ont retrouvée pour se déployer mondialement comme ils n’avaient pu le faire depuis 1914, tient bien sûr aussi de la force qu’il a recouvrée grâce à la longue période d’accumulation ininterrompue des « trente glorieuses » (l’une sinon la plus longue de toute l’histoire du capitalisme). Mais le capital n’aurait pas pu parvenir à ses fins sans le succès de la « révolution conservatrice » de la fin de la décennie 1970.
, par-delà les frontières.

VAK publie également en anglais la plupart des livres de Damien Millet et Eric Toussaint afin de toucher un public anglophone. Le fait de proposer des ouvrages a eu un impact considérable sur le développement de contre-discours au mythe dominant selon lequel « il n’y a pas d’alternatives au FMI FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.

À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).

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et à la Banque mondiale Banque mondiale
BM
La Banque mondiale regroupe deux organisations, la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) et l’AID (Association internationale de développement). La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a été créée en juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), à l’initiative de 45 pays réunis pour la première Conférence monétaire et financière des Nations unies.

En 2022, 189 pays en sont membres.

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 ».

Le CADTM, et particulièrement Eric Toussaint et Denise Comanne, ont joué un rôle très important, grâce à leurs apports en termes d’analyses et de stratégies d’action Action
Actions
Valeur mobilière émise par une société par actions. Ce titre représente une fraction du capital social. Il donne au titulaire (l’actionnaire) le droit notamment de recevoir une part des bénéfices distribués (le dividende) et de participer aux assemblées générales.
, afin de renforcer notre compréhension de la dette du tiers-monde et de développer nos stratégies de campagne. Au-delà des relations organisationnelles qui bénéficient mutuellement à VAK et au CADTM, une amitié très forte s’est tissée, au fil des ans, entre Eric et Denise et ma femme Mercy et moi. Ces relations personnelles ont fortement contribué à renforcer notre engagement en faveur de la justice pour tous-tes.


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Ajit Muricken

Ajit Muricken était un militant actif du réseau international CADTM. C’est lui qui a créé la branche indienne du CADTM à partir de 1998 avec le centre de recherche et d’action, nommé VAK en Inde, qu’il a dirigé.
Il est décédé brutalement le 14 mars 2016.
Ajit a consacré sa vie au combat social en donnant la priorité à des valeurs fondamentales : l’internationalisme, le refus du système des castes, le refus des intégrismes religieux, la paix, le combat pour l’émancipation sociale et humaine, l’interculturalité…