printer printer Cliquer sur l'icône verte à droite
Rencontre Sud-Nord « Résistance et alternative à la domination de la dette » : déclaration de La Havane
par Collectif
17 octobre 2005

1. Cinq ans après la première rencontre Sud-Nord sur la dette qui eut lieu à Dakar, Senegal, nous, représentant-e-s venus de 51 pays avons tenu la deuxième rencontre ‘Résistance et alternatives à la domination de la dette’, du 28 au 30 septembre 2005 à La Havane, Cuba. Nous avons ainsi marqué le 20° anniversaire des rencontres historiques de La Havane qui attirèrent l’attention du monde entier sur la véritable nature de la crise de la dette et encouragèrent la résistance au paiement d’une dette asservissante.

2. Nous, Mouvements populaires et organisations du Sud et du Nord, décidons de travailler ensemble pour promouvoir la reconnaissance internationale des peuples et pays du Sud comme créanciers de la dette sociale, écologique, culturelle et financière du Nord. Nous exigeons que les gouvernements du Nord reconnaissent ces dettes, causées par des politiques de pillage en violation de tous les droits humains, y compris le droit à la souveraineté et à l’auto-détermination.

3. La force de la lutte contre la domination de la dette réside dans les efforts incessants et infatigables des campagnes contre la dette et les mouvements sociaux à travers le monde. Nous affirmons notre volonté de travailler ensemble, solidairement, au travers de campagnes et initiatives tant au Sud qu’au Nord, renforçant nos mouvements afin que cesse l’énorme injustice historique qui nous a conduits à nous réunir ici.

4. En 2005, nous considérons que les processus accélérés de globalisation n’ont fait qu’étendre et exacerber la crise de la dette, un des pires fléaux de l’humanité. Loin de diminuer, le fardeau de la dette extérieure réclamée aux pays du Sud demeure un des principaux obstacles limitant le développement des pays, les forçant à payer des intérêts aux pays développés et aux institutions au lieu d’investir dans les droits et les priorités de leur peuples. Les initiatives prises par ces mêmes pays et institutions, comme PPTE, ont échoué à mettre fin à cette situation grotesque. Au contraire, leurs politiques et actions, y compris pour le commerce et l’environnement, ont accru la dette et les inégalités dans le monde.

5. La dette est utilisée comme moyen de contrôle sur les pays exploités et appauvris.
Il faut en finir immédiatement avec la domination de la dette.
Il faut en finir avec l’injustice et la pauvreté causées par la dette.
Il faut en finir avec la spoliation des ressources naturelles et l’exploitation des peuples, mécanismes imposés pour garantir le paiement de la dette externe.
Il faut en finir avec l’utilisation de la dette pour imposer des politiques néo-libérales aux pays du Sud.
Il faut abolir le commerce inéquitable, y compris ce qui est à tort dénommé traités de ‘libre échange’ et se traduit par un endettement accru et la perte de contrôle sur les ressources naturelles la souveraineté.
Il faut créer des relations entre les pays reposants sur la justice, le respect des droits humains et non sur l’oppression, la militarisation et la guerre.
Il faut une annulation immédiate de la dette illégitime, injuste et impayable du Sud. Cette annulation ne saurait être liées à des conditions imposées de l’extérieur. Nous encouragerons la répudiation de la dette et nous soutiendrons les gouvernements qui iront dans ce sens.

6. Les gouvernements dominants, les transnationales et les institutions comme le FMI, la Banque mondiale et l’OMC doivent reconnaître leur responsabilité pour le pillage des pays du Sud, en ayant créé et perpétué la crise de la dette, et ceci en particulier pour la dette odieuse. Si nous considérons l’exploitation historique et actuelle des pays du Sud, les relations inégales tant d’un point de vue financier qu’économique et politique entre les pays dominés et dominants, ainsi que les ravages écologiques imposés au Sud par les gouvernements et les intérêts commerciaux du Nord, il est indéniable que le Nord doit au Sud.

7. La rencontre Sud-Nord ‘résistance et alternatives à la domination de la dette’ manifeste sa gratitude envers Cuba pour sa collaboration généreuse à la réalisation de notre rencontre. A cette occasion nous lançons un appel au gouvernement des Etats-Unis pour qu’il reconnaisse sa dette envers la nation cubaine, occasionnée par l’embargo illégal et immoral ainsi que par d’autres actes d’agression de la part du gouvernement états-unien.

8. Lorsque nous réaffirmons notre conviction de l’urgence de supprimer la domination de la dette, nous reconnaissons que cela n’est pas suffisant. Il est indispensable simultanément de promouvoir des projets politiques économiques, sociales et écologiques qui garantissent le respect et le développement de nos peuples et nations ainsi que la construction de ces alternatives afin de transformer l’actuel modèle prédateur de civilisation.

LA HAVANE, CUBA, 28-30 SEPTEMBRE 2005.


Collectif