Le CADTM mène le combat depuis plus de 30 ans contre les dettes publiques et privées illégitimes. Aujourd’hui, les dettes publiques ont augmenté de manière exponentielle au Nord comme aux Suds. On nous dit qu’à cause de la crise sanitaire et de l’arrêt partiel des activités productives, il faut que les dettes publiques augmentent. Les gouvernements se félicitent du fait qu’à priori, cela ne coûte rien car les taux d’intérêts sont proches de 0%. Or, il est évident que la dette coûte et à long termes ce seront les peuples qui en paieront le prix fort comme ça a été le cas lors de la dernière crise.
Rappelons que lors de la crise de 2008, quand les gouvernements se sont endettés pour sauver les banques, ces dettes ont été le prétexte pour mettre en œuvre des coupes budgétaires, des privatisations, pour accroître la libéralisation de certains secteurs comme celui de la santé. En bref, cela a mené à des politiques d’austérité. Maintenant nous pouvons constater les effets néfastes de telles politiques sur nos sociétés. Pour faire face à la crise sanitaire, les hôpitaux et institutions de soins n’étaient pas suffisamment outillés. Des morts auraient pu être évités si nos systèmes de soins n’avaient pas subi les politiques d’austérité imposées à cause des politiques de l’UE et des choix des états néolibéraux de les appliquer aux dépens des populations.
Aujourd’hui, les grandes institutions comme le FMI nous disent qu’il faut que les Etats s’endettent pour que les économies puissent être sauvées. Il est faux de croire que les résultats à long termes seront différents que ceux des années précédentes. Il est très probable que ces nouvelles dettes amènent à de nouvelles coupes budgétaires, à de nouvelles politiques d’austérité et à un renforcement des inégalités sociales. Les annonces sont déjà formulées, les inégalités se renforcent déjà. L’UE voudra imposer de nouvelles mesures violentes pour les citoyens et citoyennes, pour les travailleurs et travailleuses.
En Belgique, il n’y a pas que l’état qui s’endette, les hôpitaux aussi. Les hôpitaux devront rembourser leurs dettes dans les prochaines années, quoi qu’il en coûte aux travailleurs et travailleuses de la santé ainsi qu’aux usagères et usagers. Endetter les hôpitaux en plein crise sanitaire, voilà un projet néolibéral qu’on ne peut que dénoncer.
Pourtant, on sait bien que cette voie ce n’était pas la seule possible. Des choix politiques plus courageux auraient pu être pris : un moratoire sur le remboursement des dettes précédentes aurait pu permettre de dégager rapidement de l’argent pour faire face à la crise. Une taxe spéciale Covid sur les grosses fortunes et les entreprises, qui pour beaucoup d’entre elles ont par ailleurs bénéficié de la crise, aurait pu être imposée. La contribution des plus riches aurait pu devenir la règle. Pourtant, l’endettement permanent des états – via les marchés privés - traduit la triste réalité que les riches tireront encore une fois profit de cette crise.
Nous ne pouvons tolérer une telle situation. Nous sommes dans une situation d’urgence sociale, d’urgence sanitaire, d’urgence écologique. Pour faire face à ces crises il faut de l’argent, et il faut que ce soit les grands détenteurs de capitaux qui en paient le prix, pas nous !
Au CADTM nous nous battons contre cette injustice. Nous exigeons que la population ne paie pas les factures de cette crise, que pour une fois les banques privées et la finance se plient aux besoins de la population qui a des droits. Nous soutenons le combat pour la préservation des droits fondamentaux des populations d’Europe et d’ailleurs.