Fondé en Belgique le 15 mars 1990, cela fait 20 ans que le CADTM milite sur tous les continents au côté d’hommes et de femmes qui se battent pour l’émancipation des peuples contre l’impérialisme, le néocolonialisme, le capitalisme et le patriarcat, en prenant comme angle d’attaque la dette. Le CADTM a fêté cette formidable aventure, du 24 novembre au 1er décembre 2010 en Belgique, avec une série d’activités publiques en présence de représentants des organisations de son réseau international.
Le CADTM a organisé pour l’occasion une conférence-débat, suivie d’une soirée conviviale, en présence des membres du réseau CADTM international, de Pierre Galand (président du Centre d’Action Laïque, CAL) , de Francois Houtart (fondateur du Centre Tricontinental et de la revue Alternatives Sud), d’Arnaud Zacharie (secrétaire général du CNCD) et bien d’autres intervenants, cette journée a permis de découvrir l’histoire et l’actualité du CADTM, celles de la lutte contre la dette et plus largement, du mouvement altermondialiste, des pays et organisations membres du réseau international CADTM.
A l’occasion de cette journée, un hommage a été rendu à Jos Geudens (1947-2010) co-fondateur du CADTM et à Denise Comanne (1949-2010), co- fondatrice du CADTM, féministe engagée dans les luttes locales et internationales contre le capitalisme, le racisme et le patriarcat.
Retrouvez ci-dessous les interventions, photos et videos de cet anniversaire !
Le CADTM a fêté ses 20 ans, le 27 novembre 2010 à Bruxelles. Avec entre autres :Aminata Touré Barry (CAD Mali), Abdul Khalik (CADTM et Labour Party Pakistan), François Houtart (Centre Tricontinental), Eric Toussaint (CADTM Belgique), Gus Massiah (Forum Social Mondial), Olivier Bonfond et Myriam Bourgy (CADTM Belgique), Emilie Atchaka (Bénin), Arnaud Zacharie (CNCD), Jawad Moustakbal (Attac-CADTM Maroc)
Réalisation : Chris Den Hond, durée : 11 min. |
Ouverture par un hommage à Jos Geudens (1947-2010) et à Denise Commane (1949-2010)Hommage à Denise Comanne par Aminata Tourre Barry (Mali), Pierre Galand, Gus Massiah, Eric Toussaint.
Réalisation : Chris Den Hond, durée : 3 min. |
1er Panel : Aux origines du combat contre la dette du tiers-monde
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2e panel : Abolir la dette pour libérer le développement
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Projection du film « Le salaire de la dette » avec la participation du réalisateur Jean-Pierre Carlon
Plus d’infos :Les Productions du Lagon |
3e panel : Les luttes au Sud contre la dette
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Les intervenant(e)s font le lien entre la dette et les autres thématiques altermondialistes, les mouvements sociaux, les liens avec la dette au Nord, etc.
Avec François Houtart (militant de la cause du Tiers-Monde, fondateur du centre tricontinental – CETRI) et Eric Toussaint.|
Discours de François Houtart, centre tricontinental
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Discours d’Eric Toussaint
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19h10 : Musique ! Avec le groupe de musique du Monde Tant pis pour les voisins ! |
Le CADTM vous invite également à consulter les interventions issues du 9e Séminaire international sur la dette et les droits humains, et de la formation « Dette publique dans les pays du Nord : Et si on demandait des comptes ? », tenus à l’occasion de cette semaine d’activités |
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![]() VAK et le CADTM entretiennent depuis plus de 10 ans une relation dynamique, basée sur des valeurs et une analyse de la réalité socio-politique communes. Cette relation s’est enrichie au travers d’interactions mutuelles, de l’organisation commune d’activités, de campagnes et de séminaires en Asie du Sud, afin de sensibiliser sur la dette en tant que mécanisme subtil de néocolonisation qui entrave toute perspective de développement humain substantiel en Asie du Sud. Ces séminaires ont permis de développer un front contre la dette en Asie du Sud, visant à renforcer les solidarités entre des mouvements sociaux et des individus qui partagent l’objectif de lutter pour la justice et de construire des résistances populaires contre les forces de la mondialisation, par-delà les frontières. VAK publie également en anglais la plupart des livres de Damien Millet et Eric Toussaint afin de toucher un public anglophone. Le fait de proposer des ouvrages a eu un impact considérable sur le développement de contre-discours au mythe dominant selon lequel « il n’y a pas d’alternatives au FMI et à la Banque mondiale ». Le CADTM, et particulièrement Eric Toussaint et Denise Comanne, ont joué un rôle très important, graĉe leurs apports en termes d’analyses et de stratégies d’action, afin de renforcer notre compréhension de la dette du tiers-monde et de développer nos stratégies de campagne. Au-delà des relations organisationelles qui bénéficient mutuellement à VAK et au CADTM, une amitié très forte s’est tissée, au fil des ans, entre Eric et Denise et ma femme Mercy et moi. Ces relations personnelles ont fortement contribué à renforcer notre engagement en faveur de la justice pour tous-tes. |
![]() L’élément déterminant pour que l’on prenne conscience de l’importance capitale de la question de la dette a été notre participation à la première Université d’été du CADTM en juillet 2009. Evidemment, à cette date, on ne pouvait pas imaginer que le problème de la dette publique, traditionnellement réservé aux pays du tiers-monde, allait très bientôt servir dans notre pays, la Grèce, comme prétexte au déclenchement d’une vraie guerre des riches contre les pauvres et les salariés. On peut donc dire sans difficulté que le CADTM nous a non seulement aidé à comprendre plus vite que les autres l’explosion du problème de la dette au Nord, mais aussi incité à penser la réaction à ce problème en termes de mouvement international et internationaliste de ceux d’en bas. Car nous sommes plus que jamais convaincus qu’il n’y aura de salut que dans et par la lutte commune, au-delà des frontières. Sonia et Yorgos Mitralias, Comité contre la dette, Grèce |
![]() Suite aux inondations qui ont dévasté le pays, le CADTM Pakistan a lancé une campagne pour l’annulation de la dette du Pakistan. Le réseau CADTM nous a aidé à faire connaître le cas du Pakistan au niveau international en produisant et en diffusant des analyses et des appels en faveur de nos revendications. Par ailleurs, nous nous appuyons sur les analyses du réseau pour étayer notre argumentation pour l’annulation de la dette auprès des médias locaux et de nos listes de contacts emails. Tout cela nous aide à porter la dette au rang des problématiques majeures de développement au Pakistan. Le CADTM international a également lancé un appel à la solidarité financière afin de nous permettre de renforcer nos actions en faveur de l’annulation de la dette auprès de la population pakistanaise. Abdul Khaliq, CADTM Pakistan |
![]() Qu’est-ce que cette adhésion vous apporte ? Qu’est-ce que vous apportez au CADTM ? Cela a été très important pour nous, femmes du CADD, d’intégrer le réseau. Le CADTM travaille sur les enjeux mondiaux et principalement sur la dette. Les conséquences de la dette enlisent les femmes de notre pays dans la pauvreté ; il est donc très important pour nous de faire le lien entre ce que vivent les femmes quotidiennement et la dette du Bénin. Le réseau CADTM nous permet de nous former, de nous informer, et de faire le lien entre nos realités locales et les politiques néolibérales globales. Ainsi, nous relayons les enjeux mondiaux en nous mobilisant au niveau local. Nous renforçons également nos capacités par les exposés que nous présentons au réseau. Enfin, nous apportons aux militant-e-s du réseau le vécu de notre combat quotidien, les informations issues de la base. Emilie Atchaka, Cercle d’Autopromotion pour le Développement Durable (CADD), Bénin |
![]() Face à la nouvelle offensive du capital, la résistance populaire est encore faible, excepté dans la région latino-américaine et caribéenne qui connaît des expériences de changements politiques. Face à cette nouvelle situation historique, le CADTM doit poursuivre dans la voie dans laquelle il s’est engagé jusqu’ici, c’est à dire contribuer à la constitution de sujets sociaux, critiques et engagés, qui soient protagonistes des processus de transformation. Quel est, pour toi, le défi principal que doit relever le réseau CADTM, 20 ans après sa création et après une décennie de Forum sociaux ? Le principal défi du CADTM est de contribuer à renforcer les luttes spécifiques, concrètes, et de continuer à soutenir le développement d’initiatives émancipatrices à l’échelle internationale. Aider à fixer des agendas d’actions collectives et des stratégies communes. Débattre et aider à la construction d’alternatives issues des expériences accumulées par les résistances. Et, de cette manière, avancer dans la recherche d’autres paradigmes, centrés sur l’égalité, le buen vivir (bien-vivre), les principes de solidarité, de complémentarité et d’harmonie avec la nature. Maria Elena Saludas, ATTAC Argentine |
![]() Ensuite quelles ont été les retombées de cette rencontre au Sénégal et au-delà ? La Conférence de Dakar 2000, tenue en décembre 2000, a été une première dans la mise en synergie des mouvements sociaux qui travaillent sur la dette. Le Conseil des ONG au Sénégal (CONGAD) a été chargé de l’organisation et un Comité international a été mis en place, avec la participation, entre autres organisations, du CADTM, du CNCD (Coupole des ONG belges) et de Jubilé Sud. Cette conférence, première rencontre internationale en Afrique sur la dette, a été un succès dans lequel le CADTM a joué un grand rôle. Ce fut un rôle de pionnier, d’éclaireur et d’avant-garde politique. Concernant les activités de la Conférence, il faut en ce sens rappeler le Tribunal des femmes contre la Banque mondiale et le FMI, sur l’endettement de l’Afrique. Ce tribunal a été repris lors d’une des éditions du Forum social mondial à Porto Alegre. A cette époque, beaucoup de personnes n’avaient pas encore tous les détails sur l’endettement de l’Afrique. Au cours des voyages d’Éric Toussaint, nous avons tenu des conférences publiques et donné des interviews à la presse, qui ont permis de sensibiliser et de former sur cette thématique. La Conférence de Dakar a eu de larges répercussions et des retombées significatives au Sénégal et en Afrique. Au Sénégal, une structure formelle sur la dette a été formée : le CADTM Sénégal. Depuis lors, les ONG, syndicats et mouvements sociaux ont intégré cette question dans leurs activités. En Afrique, beaucoup de gens ne savent pas que le Forum des peuples qui se tient au Mali chaque année est une résultante de la rencontre de Dakar en 2000. Depuis, les mouvements qui n’ont cessé d’acculer les IFI et les États complices ont obtenu des victoires importantes sur la question, même si la guerre reste à gagner. Mais, plus que jamais, nous sommes convaincus qu’il faut annuler la dette, pour libérer le développement. La lutte continue ! |
![]() Depuis sa création en juillet 2000, ATTAC Maroc est considérée comme un espace de réflexion critique permettant de déchiffrer les mécanismes et conséquences de l’offensive néolibérale sur notre propre réalité sociale dans les différents terrains où elle s’exerce. ATTAC lutte pour « une autre mondialisation, loin de toute logique de repli, fondée sur la solidarité entre les peuples pour que demain soit synonyme de justice sociale, de démocratie, de dignité, de développement solidaire dans un monde qui soit autre chose qu’un marché ». [Extrait de la plate-forme d’ATTAC Maroc]. C’est dans ce contexte que s’inscrit notre lutte pour l’annulation de la dette du tiers-monde, et c’est ainsi que la dette a été et est toujours au centre de nos préoccupations. D’où notre intérêt pour le travail que réalise le réseau CADTM. Le groupe local d’ATTAC à Agadir (ville au sud du Maroc) a été le premier à adhérer au CADTM. C’est à partir du Congrès national extraordinaire de 2005 qu’ATTAC Maroc adhère, en tant que tel, au CADTM international. Le réseau CADTM est connu par son analyse critique (voire radicale) des politiques néolibérales, notamment en matière de dette, d’ajustement structurel et sur les IFI. L’adhésion d’ATTAC Maroc à ce réseau ne peut que renforcer sa position et sa lutte. Le réseau CADTM se caractérise également par sa structure très souple qui a montré son efficacité. Le secrétariat international joue dans ce cadre un rôle fondamental de communication et de collaboration entre les différentes organisations membres. Doté depuis deux ans d’une charte politique et d’une charte de fonctionnement, le CADTM international est désormais structuré en réseaux continentaux, ce qui ne peut que renforcer son action et sa visibilité. Il est souhaitable aussi de penser à l’élargissement du réseau, en particulier vers la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, une zone qui constitue le maillon faible du CADTM, même si pour la plupart des mouvements sociaux arabes, des thèmes autres que la dette sont considérés comme prioritaires, tels que la guerre et les problèmes sociaux... quoique la dette est justement une des causes directes ou, au moins, un facteur aggravant de ces problèmes. |
![]() La rencontre entre le CADTM et les activistes d’Attac Japon fut postérieure à la campagne mondiale Jubilée 2000. A Porto Alegre en janvier 2005, j’ai trouvé un stand de livres sur la dette derrière le hall où se tenait l’Assemblée des mouvements sociaux. Je pris un livre intitulé 50 questions/50 réponses sur la dette, le FMI et la Banque mondiale et m’adressai à une dame : « Y-a-t-il une traduction en japonais de cet ouvrage ? ». Denise Comanne me répondit « Non » (je ne savais alors pas encore qu’il s’agissait de Denise Comanne). J’achetai le livre et le lus intégralement lors du vol de retour vers le Japon. Ce fut notre premier contact avec le CADTM. Les militants d’ATTAC Japon ont ensuite traduit le livre en japonais afin de conscientiser à nouveau le public sur la question des dettes illégitimes. Nous nous impliquions pleinement à traiter cette problématique. Depuis lors, nous sommes restés en relation avec le CADTM, en plus des contacts que nous entretenions déjà avec l’APMDD (Mouvement Asie-Pacifique sur la dette et le développement), ce qui a vraiment aidé à ATTAC Japon à se saisir d’informations importantes, d’outils utiles, de contacts à l’étranger, et à participer à des discussions ou activités internationales sur l’annulation des dettes illégitimes. |
![]() Qu’est-ce que cette adhésion vous apporte ? Qu’est-ce que vous apportez au CADTM ? L’UFDH milite pour les droits des femmes et le respect de la dignité humaine, et s’inscrit en cela pleinement dans le combat du CADTM, qui considère comme partie intégrante de ses objectifs et revendications l’émancipation des femmes. La femme congolaise vit aujourd’hui dans des conditions d’insécurité sociale et alimentaire insupportables. De nombreuses femmes congolaises sont victimes de violences et de viols. L’économie de la famille repose principalement sur la femme, qui travaille dans les champs, se débrouille pour nourrir ses enfants, leur payer des études ou des soins médicaux. La femme kasaïenne1 n’accède ni aux ressources naturelles (alimentation, eau, énergie, terre, semence) ni aux ressources financières (exclusion de la femme de l’héritage, sans revenu propre). Nombre de femmes, dont le travail n’est ni comptabilisé ni rémunéré, sont exclues des circuits économiques. En revanche, celle qui travaille va payer 30% de son salaire annuel au titre de l’impôt sur le revenu. Cet argent va directement dans les caisses du Trésor public et sert à payer les créanciers. La femme congolaise qui travaille dans la fonction publique touche moins de 50 dollars par mois, au moment où plus de 600 millions de dollars sont consacrés au paiement de la dette chaque année ! Ce système patriarcal capitaliste, dont la dette occupe une place centrale, nous condamne à mener une vie inhumaine et indigne. Dans ces conditions, adhérer au CADTM nous aide à renforcer notre lutte. J’ai beaucoup appris du CADTM. Avant, je voyais les interventions des institutions financières internationales (IFI) comme des dons, généreusement octroyés par ces banques ! Aujourd’hui, nous avons une meilleure compréhension des IFI et du rôle clé qu’elles occupent au sein du capitalisme mondial. Grâce au CADTM, je suis maintenant familiarisée avec des concepts juridiques tels que la dette odieuse, la dette illégitime, et en mesure de distinguer les dettes que notre pays peut rembourser et les dettes odieuses qu’il doit absolument répudier. Etre membre du CADTM nous apporte des clés pour comprendre et des outils utiles à notre lutte. Les jeunes de l’association, de même que d’autres jeunes de la communauté, enrichissons nos connaissances grâce au travail réalisé par les membres du réseau (articles, conférences, etc.). Une étudiante membre de UFDH/CADTM a même axé son mémoire de licence en économie sur la dette extérieure de la RDC. Nous mettons ainsi notre engagement, notre disponibilité et notre expertise au profit de la lutte pour l’annulation de la dette. Notre travail repose sur l’éducation populaire des Congolais : le système capitaliste, les IFI, l’impérialisme ou encore les fonds vautours sont des thèmes fréquemment abordés et dénoncés. Nous interpellons également les élus afin qu’ils se mobilisent en faveur d’un audit de la dette en RDC. L’évènement de clôture de la 3e Action internationale de la MMF se tient chez nous, à Bukavu, dans la province du Kasaï Oriental. Dès lors, l’UDFH est le point focal de cette édition. Nous avons mobilisé la population à travers des émissions à la radio et à la télévision, des réunions et des conférences, la production de banderoles, etc. Des femmes aux élu-e-s, nous invitons les Congolais-es à participer massivement à notre lutte. |
![]() Nous travaillons avec le CADTM depuis le Forum social mondial de Porto Alegre, en janvier 2002, où nous avons réalisé des activités communes. Depuis lors, nous avons collaboré au sein de divers espaces, notamment au sein de la CAIC, la Comission d’Audit intégral de la dette en Equateur. C’est très important pour l’Audit Citoyen de la Dette d’être membre du CADTM car nous partageons des objectifs communs dans la lutte contre la dette financière, illégale et illégitime, comme mécanisme de domination des peuples du Sud. C’est en outre un honneur de participer au réseau CADTM du fait de la portée internationale de ces actions et de l’importance d’articuler des organisations sociales sérieuses, qui travaillent à changer et transformer la planète en un espace de justice et de respect pour tous les peuples et la nature. Suite à la crise financière provoquée par l’attitude irresponsable de la banque privée, qui a fortement touché la classe travailleuse jusque dans les pays européens, il me semble fondamental que le CADTM impulse des processus d’audits citoyens, particulièrement dans les pays les plus affectés, afin de prouver (comme nous l’avons fait en Equateur sur base des documents auxquels nous avons eu accès) la véritable nature de la dette contractée par ces pays pour sauver la banque privée. Par le biais d’audits, nous pouvons dénoncer les agissements du système financier international et avancer de nouvelles propositions en faveur de relations financières justes et transparentes, qui constituent un aspect fondamental afin de tendre vers cet « autre monde » que nous réclamons à chaque forum social mondial. |