Cet ouvrage collectif court et pédagogique, -auquel Éric Toussaint, président du CADTM Belgique a participé- fait un bilan de la situation actuelle de l’endettement, ses origines et conséquences principalement dans les pays du Nord, qui sont aujourd’hui l’épicentre de la question de la dette, mais aussi dans les pays en développement.
Le premier chapitre analyse la dette des pays en développement et fait le parallèle entre dette du Sud et dette du Nord. Contrairement aux pays du Nord, la conjoncture pour les pays du Sud est pour l’instant plutôt favorable du fait des prix élevés des matières premières et de taux d’intérêt bas. Cette situation risque cependant de ne pas durer. Les pays du Sud devraient profiter de ce moment pour prendre des mesures énergiques contre la dette et mettre en place des politiques alternatives.
Le second chapitre aborde la question de la dette en France et en Europe avant la crise financière. Tordant le cou, graphiques à l’appui, à l’idée largement véhiculée de l’augmentation des dépenses publiques comme origine du creusement du déficit budgétaire, il montre que la véritable raison de l’augmentation de celui-ci et donc de l’endettement dont on entend très rarement parler dans les médias est une contre-révolution fiscale. Celle-ci s’est mise en place depuis la période néolibérale du début des années 1980 et s’est accélérée depuis 2004, et a bien atteint son objectif qui était que les catégories les plus favorisées et les grosses entreprises paient toujours moins d’impôts. D’où la nécessité de recourir à l’endettement pour pallier le déficit budgétaire, ce constat valant pour tous les pays européens cités.
On voit ensuite dans un troisième chapitre l’impact des opérations de sauvetage des banques sur le creusement de l’endettement. Le deux poids deux mesures entre d’une part, les sommes consacrées à d’éphémères plans de relance pour diminuer l’impact de la crise sur les populations, en particulier les plus fragiles, et d’autre part, les aides accordées aux banques y est également analysé, ainsi que le contenu des plans d’austérité.
Le chapitre quatre étudie dans la construction européenne l’accent mis sur la politique monétaire au détriment de politiques fiscales et budgétaires beaucoup plus efficaces. Le carcan de l’impossibilité de la création monétaire dans la zone euro met les pays membres sous la dépendance totale des marchés financiers, ce qui leur a permis de spéculer contre les pays les plus fragiles, les dits « PIGS » (Portugal, Irlande, Grèce et Espagne – Spain en anglais), et de faire augmenter les taux d’intérêts payés par ces États en difficulté.
Après les pays du Sud, la France et l’Europe, le cinquième chapitre aborde la question de la dette publique aux États-Unis et au Japon. Bien que les États-Unis aient une dette publique fort élevée vis-à-vis du reste du monde, le statut du dollar comme monnaie de réserve internationale leur permet de faire baisser sa valeur par rapport aux autres devises internationales et donc de diminuer mécaniquement leur dette. Quant au Japon, qui affiche le ratio dette/PIB le plus important de tous les pays industrialisés en raison de la crise dans laquelle le pays s’est enlisé depuis le début des années 1990, il a jusqu’à présent une maîtrise de sa dette, dans son immense majorité détenue par des résidents japonais.
Le dernier chapitre présente une série de mesures alternatives propres à transformer profondément la situation si elles étaient mises en œuvre.
Enfin le livre se termine par un épilogue drôle qui met en scène l’inspecteur Homo Attacus qui enquête sur le fonctionnement des banques et de la banque centrale européenne.
N’hésitez pas à acquérir ce livre et à le lire. Il constitue un parfait complément au livre La dette ou la vie [1] produit par le CADTM.
Le piège de la dette publique
Comment s’en sortir ?
Attac
Édition Les liens qui libèrent, mai 2011, 191 pages, 9 euros.
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