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Appel pour un audit de la dette publique marocaine : Pas de développement sans annulation de la dette
par ATTAC/CADTM Maroc
9 mai 2013

L’économie marocaine est endettée. Cette dette publique (extérieure et intérieure) a une courbe ascendante. Elle a atteint à fin 2012, le montant de 583 milliards de DH (MMDH). Ce qui équivaut à 71% du PIB marocain. La dette publique extérieure est estimée à 196 MMDH et la dette intérieure à 387 MMDH. Le service de la dette a atteint 108 MMDH, ce qui équivaut à 2,12 fois le budget de l’éducation, 9 fois le budget de la santé, et 1,83 fois le budget des investissements publics. Le service de la dette absorbe en moyenne 94 MMDH par an durant les 8 dernières années (entre 2004 et 2011), dont 18,5 MMDH pour la dette extérieure et 75 MMDH pour la dette intérieure. Entre 1983 et 2011, le Maroc a remboursé à ses créanciers internationaux plus de 115 milliards de dollars, soit 8 fois sa dette initiale, et lui reste encore à rembourser 23 milliards de dollars.

Pour combler le déficit du Trésor, l’État eut recours au marché financier international. Il levait 1 milliard d’euros en 2010, et 1,5 milliard de dollars en décembre 2012. Le fond monétaire international a octroyé au Maroc une ligne de précaution et de liquidité (LPL) d’un montant de 6,2 MMDH (53 milliards de DH) sur deux ans, utilisable en cas de défaut de paiement. Cet endettement pèse lourdement sur le budget de l’Etat, entrave l’investissement, force à réduire drastiquement le budget des secteurs sociaux, perdure les programme d’ajustement structurel, impose des mesures d’austérité qui accentuent le chômage et la pauvreté. La dette nous prive de notre souveraineté politique, économique, sociale, alimentaire et environnementale. Elle est liée aux choix stratégiques du pays dictés par les Institutions financières internationales, entérinés par un parlement sans légitimité populaire, et appliqués par un gouvernement de façade.

Nul développement économique, social ou humain est possible sans la sortie du cercle infernal de la dette. Pour toutes ces raisons, un audit de la dette publique marocaine s’impose. Et plusieurs pays ont pu le faire et ont peut citer l’Equateur et l’Argentine comme exemples. D’autres pays se mobilisent dans des processus semblables, en Europe devenu le centre de la crise de la dette, et également en Égypte et en Tunisie qui veulent auditer et répudier la dette des deux dictateurs déchus. Dans ce sens, l’Assemblée paritaire Afrique Caraïbes Pacifique - Union européenne (ACP – UE) adopte en mai 2011, une résolution appelant l’Union européenne à un moratoire de la dette des pays de la région Moyen Orient et Afrique du Nord (MENA), précisant qu’il faut réaliser un audit indépendant des dettes publiques de ces pays. L’ACP-UE demande également de geler les fortunes des dirigeants corrompus de ces pays et les remettre à la caisse des pays concernés.

Le même mois, le Parlement européen vote une résolution sur la nouvelle stratégie de l’Union européenne en matière de commerce et d’investissements avec le sud de la Méditerranée suite aux soulèvements populaires dans la région. Dans le point 6 de cette décision le Parlement européen reconnaît explicitement le caractère odieux des dettes héritées de ces anciens régimes. Les eurodéputés jugent « odieuse la dette publique extérieure des pays de la région MENA sachant qu’elle a été accumulée par les régimes dictatoriaux, par le biais principalement de l’enrichissement personnel des élites politiques et économiques et de l’achat des armes, utilisées souvent contre leurs propres populations » et demande dès lors « un réexamen de la dette, notamment celle liée aux dépenses d’armement. »

Ces positions politiques renforcent le bien-fondé d’une campagne marocaine pour la réalisation d’un audit de la dette dans notre pays. Il est de droit des citoyens marocains de demander des comptes. Cette revendication démocratique est basique pour créer une culture de la reddition des comptes publics et pour instaurer des instruments de contrôles des choix stratégiques du pays. Cette campagne sera l’occasion pour une mobilisation populaire qu’on voudrait large contre la dette et ses effets catastrophiques sur notre pays. Pour y arriver nous appelons à :
- La création d’un comité pour l’audit de la dette publique composé d’organisations syndicales, de partis de gauche, d’organisations des droits humains, des diplômés chômeurs, des féministes et des jeunes, des professeurs universitaires, des experts économiques et juridiques, des parlementaires, etc...et toutes les composantes du peuple marocain refusant le diktat de la dette. Ce comité sera aussi composé d’experts internationaux qui ont déjà pris part à des expériences d’audits de par le monde.
- Un moratoire sur le remboursement de la dette marocaine le temps que se termine l’audit et paraissent ses résultats.
- La répudiation des dettes jugées illégitimes ou odieuses par l’audit, spécialement celles empruntés durant les années de plomb. Durant cette période la dette marocaine a servi à renforcer le système répressif du régime ainsi qu’à l’asservissement du peuple marocain. Pour cela, il faudra exiger un dédommagement historique sur les montants remboursés durant cette période.

Conseil National 7 avril 2013


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