Le CADTM publie une série d’articles sur les annulations de dette, les luttes dans cette perspective, la place de la dette dans les conflits politiques, sociaux et géostratégiques au cours de l’histoire. Pour la réaliser, le CADTM a fait appel à plusieurs auteurs différents.
Le premier article de la série, par Éric Toussaint, La longue tradition des annulations de dettes en Mésopotamie et en Égypte du 3e au 1er millénaire av. J-C, a été publié le 24 août 2012,
le deuxième par Isabelle Ponet, La remise des dettes au pays de Canaan au premier millénaire avant notre ère, le 8 novembre 2012,
le troisième par Jean Andreau, Endettement privé et abolition des dettes dans la Rome antique, le 13 novembre 2012,
le quatrième par Michael Hudson, Démocratie et dette : A-t-on brisé le lien entre les deux ? 11 mars 2013.
Ce texte est tiré de l’exposé qu’Isabelle Ponet a présenté à la 3e université d’été du CADTM Europe à Namur le 30 juin 2013.
A Canaan, la lutte des peuples contre l’esclavage de la dette s’inscrit parfaitement dans le cadre qu’Éric Toussaint a tracé pour la Mésopotamie. Nous allons y retrouver les mêmes mécanismes d’oppression, les mêmes révoltes, animées cependant par un élément plus spécifique : l’action des prophètes.
Canaan est situé sur l’espace actuel de la Palestine et d’Israël. Au 1er millénaire, s’y côtoient différentes populations dont certaines ont déjà créé de vraies escités-État (Megiddo, Lakkish, Hacor…). Parmi ces peuples, les Israélites.
Depuis 15 ans, les recherches archéologiques plus poussées, mais aussi l’analyse plus minutieuse des écrits égyptiens et assyro-babyloniens et des textes bibliques ont chamboulé complètement notre image des origines du peuple Hébreu. Par exemple, les archives égyptiennes, qui notent les moindres incidents aux frontières, ne font aucune mention de l’arrivée d’Hébreux en Égypte, de leur séjour et de leur départ. Bien plus, le désert que les Hébreux auraient traversé pendant quarante ans ne recèle aucune trace matérielle de leur passage. Etc.
Et pour couronner le tout, le grand Salomon et son Temple n’ont jamais existé non plus. À l’époque de David et Salomon, Jérusalem était une mini bourgade, sans ressources, sans culture, sans armée, et nos deux hommes tout au plus des chefs de bande.
C’est un peu perturbant par rapport à nos souvenirs d’enfance. Mais la vraie histoire des Israélites est bien plus intéressante pour notre propos : la dette !
Selon l’état actuel de nos connaissances, les Israélites sont simplement des Cananéens, des pasteurs nomades qui circulent avec leurs troupeaux autour des villes de Canaan. Ils leur vendent le bétail et leur achètent l’huile et le grain. Mais quand ces cités se désagrègent au XII ème siècle avant Jésus Christ, ils ne peuvent plus se procurer ces produits indispensables. Ils sont alors obligés de se sédentariser partiellement et ils s’installent sur les hautes terres.
On a retrouvé énormément de restes archéologiques de leurs premiers villages.
Ils sont construits en rond, comme des campements, pour garder les bêtes au milieu. Les maisons sont toutes de même importance, et on n’y trouve aucun bijou, aucun objet de luxe, pas plus dans une que dans les autres. Le régime social était donc fort égalitaire. Personne ne s’appropriait le surplus. Ce qui signifie que des mécanismes avaient été mis en place pour éviter, pendant un temps, que les uns ne s’enrichissent aux dépens des autres, et que les autres ne doivent dès lors s’endetter.
C’est sans doute en partie le souvenir de ces communautés primitives qui animera les révoltes des périodes suivantes et les interventions des prophètes.
Les tribus israélites ont en commun des éléments de langue, des légendes et des héros (comme David et Salomon) et des éléments religieux. Par exemple, étrangeté unique dans la région, pas de traces de porcs, ni d’élevage ni de consommation.
Hormis ces similitudes, les tribus israélites vont évoluer de manières très différentes au nord et au sud des hautes terres.
Les tribus du nord profitent d’un sol plus fertile et de la proximité des routes internationales de commerce. Elles se fédèrent en un royaume de plus en plus prospère avec pour capitale : Samarie. L’égalité sociale vole en éclats, l’opulence des uns écrase les autres. De sorte que surgit un mouvement radical, à la fois social et religieux : les prophètes. C’est au nom de Dieu et des souffrances des pauvres, qu’ils interpellent violemment les puissants.
En 720 av. J.-C., les princes et les prêtres payent cher leur arrogance puisqu’ils sont emmenés en exil par l’envahisseur assyrien. Reste sur place, bien sûr, le petit peuple.
Pendant ce temps, le Sud stagne sur des terres plus arides et à l’écart du développement international. Mais lorsque le royaume du Nord s’effondre, le Sud peut enfin se développer économiquement, politiquement… et se désintégrer socialement. Les paysans tombent massivement dans la précarité et la servitude pour dettes. Le lien entre les paysans et leurs terres, les clans et leurs terres, sont rompus puisque petit à petit la terre passe dans les mains des riches.
Au 8e siècle déjà le prophète Isaïe s’écrie : « Malheur à ceux qui ajoutent maison à maison et joignent champ à champ, au point de prendre toute la place et de rester les seuls habitants du pays » (Is 5,8).
Face à ces déséquilibres, comme en Mésopotamie, c’est le roi, en l’occurrence Josias, qui va se rendre compte du danger pour la survie de tout le peuple. Durant le 7e siècle, influencé par les prophètes venus du Nord au moment de l’exil, il met en place une réforme qui poursuit deux buts :
Pour unifier les populations, Josias demande à ses scribes, en s’appuyant sur les mythes et les héros communs, sur les textes déjà existants, d’inventer un passé commun, un Dieu unique, un Temple unique (entre-temps il avait quand même été construit !) et des héros comme Moïse, David, Salomon. Il fait rajouter à cette « histoire » un prélude avec Abraham et les avatars de ses fils au pays d’Égypte. Pour les histoires en Égypte, les scribes peuvent s’appuyer sur le souvenir des Hyksos qui, beaucoup plus tôt, avaient envahi l’Égypte, l’avaient dirigée puis s’en étaient fait expulser.
Mais en fait, celui qui a des ennuis avec les Égyptiens, c’est précisément Josias, car les Égyptiens convoitent aussi le royaume du Nord. Josias doit mener plusieurs batailles contre eux et sera d’ailleurs tué par eux en 609 av. J.-C..
Heureusement, auparavant, il a eu le temps de réaliser son 2e objectif : fonder légalement la lutte contre l’esclavage pour dettes. Ses scribes rédigent le Deutéronome dans lequel Dieu proclame : « Si ton frère hébreu, homme ou femme, se vend à toi, il te servira six ans. La septième année tu le renverras libre. Et tu ne le renverras pas les mains vides. Tu chargeras sur ses épaules, à titre de cadeau, quelque produit de ton petit bétail, de ton blé ou de ton pressoir … Tu te souviendras que tu as été en servitude au pays d’Égypte et que Yahvé ton Dieu t’a racheté. Voilà pourquoi je te fais aujourd’hui cette prescription ».
Ici, on voit clairement comment Josias mêle habilement ses différents objectifs :
1) restaurer le droit des paysans en remettant les dettes ;
2) fonder ce droit sur la libération d’Égypte, présentée comme le modèle de toutes les libérations (alors qu’il est lui-même en lutte à ce moment-là contre l’Égypte et doit mobiliser le peuple contre elle) et
3) Consolider le tout en l’inscrivant dans la bouche de Yahvé, Dieu unique des deux peuples.
Cette libération des esclaves tous les 7 ans, c’est ce qu’on appellera l’année sabbatique, puis plus tard l’année de grâce de Yahvé ou l’année jubilaire qui, elle, a lieu tous les 50 ans. Le livre du Lévitique, écrit un peu plus tard, rappelle avec précision que tous les esclaves pour dettes doivent rentrer libres dans leur clan et récupérer leur terre. Cette première législation sociale interdit également de prêter à intérêt et de prendre des biens en gage.
Après la mort de Josias, la situation sociale s’aggrave encore. Le prophète Jérémie raconte que, face à l’avancée des armées ennemies vers Jérusalem, Sédécias, le roi de l’époque, beaucoup plus prosaïque, exige que les puissants de son royaume libèrent immédiatement tous les esclaves pour dettes. Jérémie le soutient en rappelant avec force l’exigence divine d’affranchissement des esclaves. Mais en fait Sédécias, lui, a tout simplement besoin de bras armés pour ses troupes, et de bras paysans pour les nourrir. Si ses citoyens sont esclaves, il ne peut les utiliser ! On voit cela aussi en Mésopotamie.
C’est ça l’équilibre social dont le roi est le garant. C’est l’équilibre de son État menacé par le déséquilibre trop grand entre les classes sociales. Ce n’est pas l’équilibre de l’égalité sociale !
Mais nous allons nous pencher sur un dernier passage qui nous montre au contraire une tout autre réappropriation de la loi par les populations en révolte.
En 587 av. J.-C., Nabuchodonosor s’empare du royaume du Sud, détruit le temple et emmène les élites à Babylone… où elles découvrent les traces de l’ancienne tradition mésopotamienne d’annulation périodique des dettes. 50 ans plus tard, Cyrus les renvoie dans leurs pénates tout en gardant les rênes de la région. En 445 av. J.-C., Artaxerxés (un successeur) diligente Néhémie, un de ses agents, à Jérusalem pour gérer la reconstruction du temple. Or, à cette époque, un renouveau spirituel se fait jour, dans le même esprit que Josias et le deutéronome. Néhémie s’engage à fond dans cette nouvelle réforme car la situation sociale qu’il découvre est épouvantable.
Le texte biblique vaut vraiment la peine qu’on s’y attarde. C’est dans le livre de Néhémie, mais il a été rédigé un siècle plus tard et donc il traduit aussi les tensions sociales du siècle suivant. « Une grande plainte s’éleva parmi les gens du peuple et leurs femmes contre leurs frères juifs. Les uns disaient : “Nous devons donner en gage nos fils et nos filles pour recevoir du blé, manger et vivre”. D’autres disaient : “Nous devons engager nos champs, nos vignes et nos maisons pour recevoir du blé pendant la famine.” D’autres encore disaient : “Pour acquitter l’impôt du roi, nous avons dû emprunter de l’argent sur nos champs et nos vignes ; et alors que nous avons la même chair que nos frères, que nos enfants valent les leurs, nous devons livrer en esclavage nos fils et nos filles ; il en est, parmi nos filles, qui sont violentées. » (Ne. 5, 1-5).
Néhémie va utiliser le même moyen que ses ancêtres mésopotamiens pour rendre une cohésion au Royaume de Juda, mélange des notables revenus d’exil et du petit peuple resté sur place. « Je fus vivement irrité quand j’appris leur plainte (…), je tançai les grands et les notables. (…) Restituez-leur sans délai leurs champs, leurs vignes, leurs oliviers et leurs maisons, et remettez-leur la dette de cet argent, de ce blé, de ce vin, de cette huile que vous leur avez prêtés. (…) Que Dieu secoue hors de sa maison et de son bien, tout homme qui ne tiendra pas cette parole » (Ne. 5, 6-13).
Si Néhémie prend aussi résolument le parti des paysans sans terre, c’est d’abord parce que la population elle-même se révolte contre l’arrogance des riches, et elle le fait directement sans plus l’intermédiaire d’un prophète. Ensuite, il défend sa propre caste. Il cherche à s’opposer à une classe de financiers qui est en train de s’emparer du pouvoir dans tout l’univers antique, et qui va balayer l’idée même de remise des dettes et de libération des esclaves pour dettes.
La preuve : au premier siècle de notre ère, le rabbi Hillel qui a vécu à Babylone puis a été président du Sanhédrin (le gouvernement juif), et qui est connu comme un grand interprète de la Torah (la Loi juive) marche carrément dessus. Il édicte un décret selon lequel les débiteurs doivent dorénavant signer qu’ils renoncent à leur droit à la remise des dettes. Cet épisode montre bien à quel point ce droit était encore vivace dans la tête des gens qui entendaient chaque samedi relire les vieux textes à la synagogue. Et à quel point il fallait faire sauter ce verrou pour rassurer les nouveaux magnats de la finance.
Pourtant, il y a encore eu en Palestine à cette époque un sursaut extraordinaire. L’évangéliste Luc nous raconte qu’au début de sa vie publique, Jésus entre à Nazara dans la synagogue et lit un passage d’Isaïe qui décrit l’année jubilaire, celle où il faut restaurer le droit : soigner les malades, remettre les dettes et libérer les esclaves. Jésus s’approprie le texte d’Isaïe, en fait son programme de libération et s’engage à l’accomplir. Et comme en plus il s’attaque au commerce dans le Temple, ni les notables juifs ni le pouvoir romain esclavagiste ne pourront le supporter.
Et dans l’empire romain ?
Rome n’est pas seulement un empire esclavagiste, c’est-à-dire dont l’économie repose sur la force de travail des esclaves de guerre. Ces esclaves-là sont des étrangers dont le peuple a été asservi. Mais les citoyens romains eux-mêmes n’échappent pas à la violence de la dette.
À Rome, les dettes sont uniquement des dettes privées. L’État romain n’a jamais emprunté, sauf durant les guerres très dures contre Carthage. Et encore, il n’a emprunté qu’à ses propres citoyens. Il s’est toujours méfié de ce mécanisme qui entraînait automatiquement des soubresauts sociaux.
Mais d’où venaient les dettes à Rome ?
Aux Ve et IVe siècle avant notre ère, la situation est semblable à celle de la Mésopotamie et de Canaan : les paysans empruntent, les récoltes sont mauvaises. Ils ne peuvent rembourser et sont mis en servage, définitivement, sur les terres du prêteur. Mais les révoltes sont si graves que, en 342 av. J.-C., le prêt à intérêt est interdit (ce qui ne sera pas respecté dans la suite) et en 326 av. J.-C., une loi stipule que les citoyens romains ne peuvent plus être mis en esclavage pour dettes… mais ils peuvent encore être amenés à travailler pour leur bailleur jusqu’au remboursement total, ou voir leurs biens vendus de force.
Donc les crises de l’endettement et les révoltes qui s’ensuivent vont se poursuivre durant les siècles suivants un peu partout dans l’empire. Les populations d’Asie mineure se sont révoltées en force à plusieurs reprises. Mithridate de Ponts et les cités autour d’Ephèse exterminent 80 000 romains en 88 avant Jésus-Christ. Rome se venge en imposant à la région un tribut gigantesque.
À Rome même, le premier siècle avant et le premier siècle après J.-C. sont une vaste guerre sociale.
La révolte la plus grave est sans doute celle de 91 avant notre ère. Elle dura dix ans, s’accompagna de combats très meurtriers. Et les tensions, monétaires et sociales, furent telles que les gouvernants furent obligés, en 86, av. J.-C. d’abolir les ¾ des dettes. C’est la seule fois qu’une telle proportion est atteinte. L’abolition ne fut jamais totale à Rome. Mais le souvenir de cette abolition partielle va animer la révolte suivante. Celle menée par Catilina en 64 avant J.-C. Elle nous est bien connue par les écrits de Salluste et de Cicéron. On y retrouve tous les acteurs possibles des révoltes pour dettes.
1° Ceux qui étaient endettés chroniquement : les ouvriers agricoles et les métayers, les artisans et les boutiquiers de Rome pour lesquels une mauvaise récolte de plus déclenche la crise en chaîne.
2° Une partie des notables de Rome et des petites cités environnantes, des candidats « consul » qui s’étaient trop endettés pour préparer les élections, annuelles, et qui en les perdant n’avaient plus la main pour se rembourser (sur le trésor public !). On remarque d’ailleurs qu’à Rome c’est chaque fois quand l’endettement des nobles s’ajoute à l’endettement chronique des travailleurs que les crises éclatent.
3° À cela s’ajoutait une diminution du stock monétaire rendant difficiles les remboursements et faisant monter les intérêts. La peur de la crise poussait certains à conserver l’argent chez eux alors qu’ils auraient pu payer leurs dettes. En 49 av. J.-C., César interdira de conserver en argent liquide plus de 60 000 sesterces.
4° Durant les événements de 64 et 63 av. J.-C. s’ajoute un autre mécanisme. 100 000 soldats, entre lesquels Sylla avait partagé les terres conquises en Italie durant le conflit précédent (c’est comme cela qu’on payait les soldats, ce qui ne coûtait pas de monnaie), se montrent incapables de gérer sagement leurs nouveaux biens (ils ne connaissent pas le travail de la terre, ils mènent une vie de nouveaux riches etc) et ils s’endettent eux aussi.
En 64 av. J.-C., Catilina, un patricien mais qui a perdu les élections, contrairement à Cicéron, coalise toutes les forces dont je viens de parler. Il les active contre les riches « qui ont du pouvoir à Rome et s’enrichissent grâce aux impôts, alors qu’eux sont pauvres et endettés ». Le slogan qu’il choisit et la promesse qu’il fait c’est : « abolition totale des dettes résultant de prêts d’argent ».
La conjuration dure deux ans, 64 et 63 av. J.-C., et s’achève par l’exécution des notables meneurs. Catilina lui-même est tué avec ses derniers partisans dans l’ultime bataille en Toscane début 62 av. J.-C..
Si on regarde l’ensemble de ces mouvements sociaux dans l’empire romain, qu’est-ce qu’on remarque ?
1° Les crises de la dette sont fréquentes et meurtrières.
2° La forme la plus courante de la violence de la dette reste bien l’esclavage pour dette, définitif dans le reste de l’empire, ou provisoire quand on est citoyen romain.
N’oublions pas, qu’en dehors de la métropole, les paysans des régions occupées par Rome souffrent non seulement de leur endettement habituel comme on l’a vu en Mésopotamie et en Canaan, mais en plus de l’extorsion gigantesque de leur richesse par l’occupant romain, en matières premières et sous la forme des impôts et de l’esclavage pur et simple.
C’est en élargissant toujours plus le champ de son empire et la violence de l’exploitation en dehors de Rome que celle-ci donnait les moyens, provisoires, de désendetter ses citoyens à Rome même et par ex. de ne pas leur demander d’impôts.
1° Parce qu’il lui fallait une masse de paysans et de soldats, libres de leurs mouvements (et non pas esclaves) pour, d’une part produire la nourriture et d’autre part fournir l’armée.
2° Parce qu’elle espérait ainsi réduire les risques de mouvements sociaux à Rome même.
La Belgique a fait exactement pareil durant la période coloniale : éviter la révolution en Belgique, hausser le niveau des salaires dans la métropole en exploitant les richesses du Congo, la force des travailleurs congolais, et en leur imposant l’utilisation de la monnaie pour que des impôts puissent être payés.
3° Malgré tout, les révoltes pour dette restent fréquentes en Italie.
Face à elles, Rome réagit de manières différentes selon les époques :
Comme aujourd’hui, nous voyons que le pouvoir utilise toute une palette de moyens pour maintenir l’exploitation en réduisant les risques d’insurrection.
Et comme aujourd’hui, le meilleur moyen d’empêcher les gens de prendre conscience de l’inégalité massive, c’est de les convaincre que « moralement, les dettes doivent absolument être payées ». C’est à cela qu’ont servi jadis les discours de Cicéron, et aujourd’hui ceux de Merkel. Il faut nous convaincre que ce sont les victimes qui ont fait quelque chose de mal.
Puisque les gouvernements actuels ont oublié la sagesse mésopotamienne, égyptienne ou cananéenne, qui régulièrement disait : abolition des dettes et redistribution des terres, puisqu’ils ne défendent plus que les intérêts des prêteurs et oublient ceux des peuples, ils créent les conditions d’un asservissement pour dettes à une échelle planétaire… ou d’une insurrection généralisée contre la Dette.
Isabelle Ponet : licenciée en sciences religieuses, militante pour la défense des droits des sans papiers, auteure de Un Tiers Monde à domicile. Mondialisation, migrations, expulsions et travail clandestin, cahier POS nr10, FLL Bruxelles 2000 qui fait le lien entre l’oppression actuelle des populations du Sud, notamment à travers le mécanisme de la dette, et l’exploitation des travailleurs clandestins dans le Nord.
Isabelle Ponet : licenciée en sciences religieuses, militante pour la défense des droits des sans papiers, auteure de Un Tiers Monde à domicile. Mondialisation, migrations, expulsions et travail clandestin, cahier POS nr10, FLL Bruxelles 2000 qui fait le lien entre l’oppression actuelle des populations du Sud, notamment à travers le mécanisme de la dette, et l’exploitation des travailleurs clandestins dans le Nord.