Ce mardi 12 novembre, le CADTM organisait son douzième séminaire international sur la dette et les droits humains avec pour thématique l’audit des créances européennes sur l’Egypte et la Tunisie. Ce séminaire était « marrainé » par la sénatrice belge Olga Zrihen et l’eurodéputée française Marie-Christine Vergiat. Elles ont toutes les deux montré leur implication dans le combat contre la dette et ont souligné leur plaisir de travailler avec le CADTM sur cette question.
Le premier atelier donnait la parole à Fathi Chamkhi (RAID-ATTAC-CADTM), Mahinour El Badrawi (Centre Egyptien des droits économiques et sociaux), Xavier Sol (coordinateur Counter Balance) et Eva Joly (députée européenne).
Fathi Chamkhi et Mahinour El Badrawi ont fait le point sur la situation politique et sur le poids de la dette dans leurs pays respectifs. Si chaque contexte est différent selon les pays quand on parle de printemps arabes, les cas de l’Egypte et de la Tunisie présentent de nombreuses similitudes. En plus du blocage politique qui touche les deux pays, on constate une forte emprise de la Banque mondiale et du FMI sur les politiques décidées en Egypte et en Tunisie. Alors que les populations voulaient reprendre en main leur destin, les choix économiques sont similaires à ceux de la période précédente, voire même pires qu’avant. Comme l’a montré Naomi Klein, les crises sont des opportunités pour apporter la stratégie du choc.
Xavier Sol nous a fait part de ses travaux sur la BEI (Banque européenne d’investissement) et la BERD (Banque européenne pour la reconstruction et le développement). La BEI, banque de l’UE, est peu connue du grand public mais constitue la plus grande institution multilatérale de prêt au monde et une grande part de ses prêts sont destinés à l’Egypte et la Tunisie.
Pour clore cet atelier, nous avons pu assister à un exposé vidéo d’Eva Joly qui ne pouvait pas être présente à Bruxelles ce mardi 12 novembre. L’eurodéputée rappelle que l’UE a voté le gel des avoirs des dictateurs mais ça n’a pas été concrétisé. Elle a mis en avant les actions à entreprendre des deux côtés de la Méditerranée. Eva Joly a également parlé de l’urgence de s’attaquer à la fraude fiscale égyptienne et tunisienne et déclaré s’engager contre les paradis fiscaux.
Le deuxième atelier était consacré à la question de l’audit avec comme intervenants Mabrouka Mbarek (députée tunisienne), Gina Ekholt (SLUG, coalition norvégienne pour l’annulation de la dette) et Pierre Gottiniaux (CADTM).
Mabrouka Mbarek, députée de l’assemblée constituante tunisienne, a tenu à remercier l’Equateur et la Norvège pour leur soutien et l’audit réalisé dans leur pays. Elle a expliqué comment est né le projet d’audit et comment il se prépare. Elle a également évoqué les différentes pressions et les nombreux blocages qu’elle rencontre.
La venue de Gina Ekholt était l’occasion pour nous de mettre en lumière les initiatives contre la dette qui ont vu le jour en Norvège. Après une annulation de dette de cinq pays effectuée en 2006, la dette de la Birmanie a été annulée cette année. Le gouvernement a également décidé de lancer un audit, confié au cabinet d’audit Deloitte.
Enfin, Pierre a montré dans quel contexte l’Equateur a mis en place un audit de sa dette et comment le processus s’est déroulé pour aboutir à une annulation partielle des dettes du pays.
Mimoun Rahmani du CADTM concluait la matinée en avançant quelques points :
CADTM Belgique