11 février 2019 par Emilie Tamadaho Atchaca , Adama Soumare , Rémi Vilain , Broulaye Bagayoko , Merlo
À l’occasion de la tenue de la 13e édition du Forum des peuples, organisée par la CAD-Mali (Coalition des Alternatives Africaines Dette et Développement) à Bamako, du 20 au 22 décembre 2018, les mouvements sociaux du Mali et d’Afrique de l’Ouest étaient invités à prendre la parole sur les luttes qui les animent au quotidien.
Ce forum avait pour thématique centrale « Gouvernance et Développement Durable dans un contexte de Paix et de Sécurité ». Comme lors des précédentes éditions, le CADTM y a pleinement participé à travers la présentation de certains thèmes et en contribuant à la rédaction de la déclaration finale. 26 membres, dont 13 femmes, du CADTM étaient présent-e-s, 2 personnes du Bénin, 4 personnes du Sénégal, 11 personnes de la Guinée, 4 personnes du Togo, 4 du Burkina et 1 personne de Belgique. Contrairement aux éditions précédentes, cette édition n’a malheureusement pas connu une participation massive des populations.
Le CADTM était donc invité à prendre la parole sur les luttes qui lui sont chères, contre les dettes illégitimes, publiques, que les États africains ont pourtant déjà maintes et maintes fois remboursées [1], mais aussi privées, à l’image du fléau des micro-crédits qui impactent toujours plus les femmes du continent, embourbées dans la spirale d’endettement en vertu de l’application de taux d’intérêts usuraires inacceptables. Nous présentons ici un compte-rendu des activités menées à cette occasion ainsi qu’à la veille du Forum des peuples.
Mercredi 19 décembre : Journée avec les femmes récupératrices de déchets situés près du quartier de Lafiabougou à Bamako
La question de la récupération des déchets est centrale, tant sur le plan de la santé publique que dans les défis que nous devons relever dans le cadre du réchauffement climatique. Alors que le continent africain accueille déjà régulièrement les déchets les plus toxiques issus de la surproduction et la surconsommation capitaliste des pays du Nord, et ce, sous couvert de la Banque mondiale
Banque mondiale
BM
La Banque mondiale regroupe deux organisations, la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) et l’AID (Association internationale de développement). La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a été créée en juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), à l’initiative de 45 pays réunis pour la première Conférence monétaire et financière des Nations unies.
En 2022, 189 pays en sont membres.
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[2], la gestion des déchets issus de la consommation locale est également envahissante.
Suite aux plans d’ajustement structurel des institutions de Bretton Woods, que le Mali et autres pays du Sud ont dû appliquer, tous les moyens dont ils disposaient pour réguler l’économie ont été démantelés. Les structures de prévention, de contrôle et de réponse à l’urgence ont ainsi été supprimées ou mises hors d’état de fonctionner efficacement et on voit aujourd’hui des décharges publiques sauvages à ciel ouvert, émerger ici et là en pleine capitale.
Dans un pays où le taux de pauvreté est de 49,7 %, ce sont les femmes et leurs enfants, populations les plus appauvries et touchées par la baisse des budgets sociaux en parallèle du remboursement de la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
, qui se voient contraintes, dans des conditions d’insalubrité et d’insécurité sans pareil, de ramasser au quotidien différents déchets (plastiques, métaux, verres, etc.). Elles les revendront ensuite pour un « salaire » de misère à des intermédiaires, qui en feront de même auprès des grands industriels de la région. Ces femmes, souvent veuves, effectuent ce dur labeur en vue de pouvoir subvenir, tant bien que mal, à leurs besoins fondamentaux pour se nourrir, se loger et tenter de permettre à leur enfant d’avoir accès à l’éducation.
Ces femmes sont aujourd’hui totalement marginalisées, tant par les autorités locales et nationales que par les populations qui n’ont que peu de considération pour elles. Pourtant, ramasser les déchets est pour elles un « choix » par défaut qui reste préférable à la prostitution ou la mendicité.
Les objectifs de cette rencontre organisée par Broulaye Bagayoko, secrétaire permanent du CADTM Afrique, étaient donc multiples : les rencontrer, entendre leurs témoignages, comprendre leurs difficultés et analyser dans quelle mesure il est capable de leur apporter un soutien effectif.
Sur les 200 femmes vivant dans ces conditions dans ce quartier, environ 80 présentes. Nous avons convenu conjointement qu’il fallait qu’elles s’organisent collectivement afin d’installer le nécessaire rapport de force pour faire entendre leurs voix à tous les niveaux et ne plus être rejetées par les populations avoisinantes. Autre point fondamental, celui de vendre directement aux industriels les déchets ramassés, et se dispenser des intermédiaires qui prenaient leurs commissions, pas toujours légitimes, au passage. À l’issue de cette journée, plusieurs étapes décisives ont ainsi été franchies. Suite à un vote transparent, elles ont voté entre elles quatre représentantes pour constituer le « Bureau des récupératrices du Mali » provenant de quatre quartiers différents de Bamako (Daoudabougou, Doumanzana, Lafiabougou et Medina Coura). De même, n’étant pas encore informées de la tenue du Forum des peuples, elles ont été conviées à y participer activement, invitation qu’elles ont saisie avec entrain.
Comme indiqué précédemment, la récupération des déchets ne touche pas uniquement le Mali mais nombre de pays africains et de pays du Sud. Dans cette perspective, une rencontre internationale sera organisée à Dakar au premier trimestre 2019, réunissant travailleurs et travailleuses (in)formel-le-s de ce secteur, du Canada, de différents pays d’Amérique latine, d’Afrique et d’Europe. Dans ces localités, une des réponses possibles pourrait être de constituer des coopératives et ainsi tirer un salaire en rapport avec des conditions de vie dignes. Plus d’informations à venir très prochainement à l’agenda du site du CADTM.
Jeudi 20 décembre : Ouverture du 13e Forum des peuples et début des panels
Organisé par la CAD-Mali, en contre-point du sommet des riches, le G20 G20 Le G20 est une structure informelle créée par le G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni) à la fin des années 1990 et réactivée par lui en 2008 en pleine crise financière dans le Nord. Les membres du G20 sont : Afrique du Sud, Allemagne, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud, États-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Royaume-Uni, Russie, Turquie, Union européenne (représentée par le pays assurant la présidence de l’UE et la Banque Centrale européenne ; la Commission européenne assiste également aux réunions). L’Espagne est devenue invitée permanente. Des institutions internationales sont également invitées aux réunions : le Fonds monétaire international, la Banque mondiale. Le Conseil de stabilité financière, la BRI et l’OCDE assistent aussi aux réunions. , qui s’est tenu en décembre à Buenos Aires en Argentine [3], cette édition avait pour thème principal « Gouvernance et Développement Durable dans un contexte de Paix et de Sécurité ».
Dès 9h du matin, la 13e édition du Forum des peuples ouvrait ses portes à la Maison des Jeunes de Bamako. La journée débutait par la cérémonie d’ouverture accueillant notamment des chefs de quartier, la troupe théâtrale « Jigaya », le président de la CAD-Mali ainsi que des élus locaux et nationaux. S’en suivi une visite du « Marché des peuples », espace ouvert réunissant organisations et associations locales présentant leurs productions sur les stands prévus à cet effet.
Dans la seconde partie de la matinée, les deux premiers panels débutaient. Le premier avait pour thème « Gouvernance, paix et sécurité » et tentait de répondre aux questions suivantes :
Au Mali, la corruption est pratiquée dans tous les secteurs (public et privé) et elle empêche l’accès des citoyens aux services essentiels. Les dispositifs législatifs et réglementaires adoptés pour l’éradiquer sont non seulement insuffisants mais aussi non appliqués. Il est a signalé que 20 % des prêts accordés à l’Afrique constitue des pots de vin et en conséquence des dettes illégitimes ne devant pas être remboursées par les peuples. Les rapports de contrôle indiquent que 113 milliards de franc CFA sont détournés dans les structures publiques et ne sont jamais recouvrés. Une des alternatives au système dette est aussi de lutter contre la corruption dans toutes ses formes.
Le second panel, consacré à « La dette », accueillait notamment trois membres du CADTM, Émilie Atchaka du CADD Bénin (Cercle d’Autopromotion pour le Développement Durable), Broulaye Bagayoko – secrétaire général du CADTM Afrique et Rémi Vilain du CADTM Belgique.
Après un retour sur les origines coloniales de la dette du Mali et des pays du Sud, qui a été utilisée à l’encontre des peuples du Sud au profit des IFIs (Institutions financières internationales) et des intérêts capitalistes occidentaux avec la complicité de dirigeants (que l’on a) corrompus, nous avons abordé la situation actuelle de la dette du Mali et plus largement des pays d’Afrique subsaharienne. La remontée actuelle des taux d’intérêts aux États-Unis et très prochainement en Europe, corrélée à un bas niveau du prix des matières premières, en sus d’autres indicateurs économiques en difficultés, laisse présager une nouvelle crise de la dette publique, à l’image de celle qui avait éclatée en 1980. Le FMI
FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.
À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).
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, présent actuellement dans plus de vingt pays dans la région, les créanciers réunis au sein du Club de Paris
Club de Paris
Créé en 1956, il s’agit du groupement de 22 États créanciers chargé de gérer les difficultés de remboursement de la dette bilatérale par les PED. Depuis sa création, la présidence est traditionnellement assurée par un·e Français·e. Les États membres du Club de Paris ont rééchelonné la dette de plus de 90 pays en développement. Après avoir détenu jusqu’à 30 % du stock de la dette du Tiers Monde, les membres du Club de Paris en sont aujourd’hui créanciers à hauteur de 10 %. La forte représentation des États membres du Club au sein d’institutions financières (FMI, Banque mondiale, etc.) et groupes informels internationaux (G7, G20, etc.) leur garantit néanmoins une influence considérable lors des négociations.
Les liens entre le Club de Paris et le FMI sont extrêmement étroits ; ils se matérialisent par le statut d’observateur dont jouit le FMI dans les réunions – confidentielles – du Club de Paris. Le FMI joue un rôle clé dans la stratégie de la dette mise en œuvre par le Club de Paris, qui s’en remet à son expertise et son jugement macroéconomiques pour mettre en pratique l’un des principes essentiels du Club de Paris : la conditionnalité. Réciproquement, l’action du Club de Paris préserve le statut de créancier privilégié du FMI et la conduite de ses stratégies d’ajustement dans les pays en voie de développement.
Site officiel : https://www.clubdeparis.fr/
, ainsi que la Chine qui détient environ 20% de la dette extérieure africaine, voient là une opportunité de profiter du système-dette pour mettre en avant leurs intérêts impérialistes [4].
Dans la foulée, Émilie Atchaka a présenté la situation des femmes face aux microcrédits au Bénin et en Afrique de l’Ouest. Sa prise de parole a rencontré un fort succès devant des participantEs présentEs en nombre. Elle a mis l’accent sur les méfaits de ces microcrédits sur la vie des femmes à savoir :
Le surendettement qui entraîne l’abandon des foyers par les femmes, la prostitution, l’appauvrissement et par la suite l’emprisonnement voire, dans plusieurs cas, le suicide. Contrairement à ce que pensent les institutions du microcrédit, celui-ci n’est pas un outil d’émancipation, d’éradication de la pauvreté mais un outil pérennisant la pauvreté sous toutes ses formes. Donc l’autonomisation des femmes tant défendue par ces institutions n’est pas réelle pour ces femmes également victimes des PAS (Plans d’ajustement structurel) au Bénin. Elles se sont mobilisées pour trouver une alternative au microcrédit, autogérée par les femmes, basée sur la solidarité, la confiance et qui ne cherche pas du profit mais plutôt du social, ce qui les a amenées à créer leur propre banque d’épargne.
La thématique des micro-crédits est probablement celle qui a rencontré le plus d’intérêt auprès des participant-e-s de ce forum, tant les réactions, prises de paroles, témoignages et débats furent nombreux. Devant tant d’enthousiasme, il fut bien difficile de clôturer ce panel. Les contacts et le rendez-vous est donc pris pour les prochaines rencontres !
Au cours de l’après-midi, deux autres panels aux thèmes non moins importants étaient discutés. Celui sur la « Souveraineté alimentaire, climat et environnement » répondait aux questions suivantes :
L’autre panel, non moins d’actualité, traitait du sujet de « La migration » autour des questions ci-après :
Vendredi 21 décembre : Deuxième journée du Forum des peuples
Cette deuxième journée poursuivait dans la lancée avec de forts thèmes au programme.
Durant la matinée, deux panels. Le premier était consacré aux « Accords de partenariats économiques, Enjeux et défis du Développement de l’Afrique ». Il traitait les sujets suivants :
Broulaye Bagayoko intervenait sur ces trois sujets.
Le deuxième panel, intitulé « Énergie et industrialisation de l’Afrique : enjeux et défis » faisait la part belle à l’extractivisme Extractivisme Modèle de développement basé sur l’exploitation des ressources naturelles, humaines et financières, guidé par la croyance en une nécessaire croissance économique. :
Les recommandations majeures émises par ce groupe de travail reviennent à l’essentiel à :
Au préalable, le constat général souligne que :
Ce panel a demandé que le Forum des peuples fasse de ses conclusions une forte recommandation dans sa résolution finale.
Dans l’après-midi, deux autres panels se tenaient. Le premier, sur les « Services sociaux de base », abordait à la fois, hygiène et assainissement, problématiques liées aux accidents de la circulation routière en général et plus particulièrement les motos taxi : cas de la Guinée, et l’hygiène publique dans les villes. Ces sujets ont été exposés aux participantes et participants de ce forum par les intervenant-e-s de chaque sujet, et ont essayé d’analyser chaque problème en proposant des solutions pouvant aboutir à des résultats. Ensuite la prise de parole pour des multiples questions pour la compréhension des zones d’ombres des sujets évoqués. De plus nombreuses propositions ont été formulées par les participant-e-s pour une meilleure amélioration. Après cela, est venu le tour des intervenant-e-s de répondre aux diverses questions posées pour plus d’éclaircissement. En revanche, d’autres sont resté-e-s sur leur faim car d’autres sujets qui nécessitaient aussi des débats dans ce panel ont été délaissés. On peut citer entre autres (éducation qui est la base de toute chose, la santé qui est aussi primordiale, l’eau potable qui est source de vie et indispensable à l’homme, et l’emploi, un sujet que vit la plupart des jeunes aujourd’hui) Enfin la clôture, dans l’attente et espérance d’une meilleure réalisation pour les années à venir.
Samedi 22 décembre : Commémoration des vingt ans de luttes sociales de la CAD-Mali
Cette 13e édition du Forum des peuples coïncidait avec le 20e anniversaire de la création de la CAD-Mali. La troisième et dernière journée fut alors l’occasion de revenir sur les actions menées par la CAD-Mali. Après une allocution par le président de la coalition, Issa Kamissoko, un film récapitulatif suivi de témoignages occupa une bonne partie de la matinée avant de terminer sur un symposium sur les perspectives des luttes sociales de la CAD-Mali et des Mouvements sociaux. Le temps manquant, celui-ci n’a malheureusement pas pu être tenu à bien et ainsi permettre de dresser au mieux les prochains défis qui nous attendent.
La lecture de la Déclaration finale du Forum des peuples par la CAD-Mali, publiée ci-dessous, devant les participant-e-s, clôtura cette édition.
DÉCLARATION DU FORUM DES PEUPLES 2018
Déclaration des Mouvements Sociaux à la 13e Édition du Forum des Peuples du Mali, couplée à la commémoration des 20 ans de luttes sociales de la CAD-Mali
Nous, femmes, hommes, jeunes, étudiant-e-s, paysan-ne-s, commerçant-e-s, ouvrier-e-s, chercheurs, migrant-e-s, militant-e-s des mouvements sociaux, citoyen-ne-s d’Afrique, et d’Europe, mobilisé-e-s du 20 au 22 décembre 2018 à la Maison des Jeunes du District de Bamako, adoptons la présente déclaration à l’occasion de la 13e Édition du Forum des Peuples du Mali, couplée à la commémoration des 20 ans de luttes sociales de la CAD-Mali qui a porté sur le thème central : « Gouvernance et Développement Durable dans un contexte de Paix et de Sécurité ».
Cet événement inédit a réuni plus de 800 participantes et participants, venant des différentes régions du Mali, du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée Conakry, du Togo, du Sénégal, du Niger, de la République démocratique du Congo, du Cameroun, du Maroc et de l’Europe, représentant plus d’une centaine d’organisations et mouvements sociaux.
Face à la crise globale du système capitaliste et à la faillite du mode de gouvernance néolibéral dicté par les multinationales et les puissances de l’Occident, qui cherchent davantage à reconquérir notre continent, les résistances s’organisent un peu partout dans le monde pour construire des alternatives respectueuses des droits humains, de l’équité, de la justice sociale et environnementale.
Les participantes et participants au Forum des Peuples se sont indignés des politiques de répression, de stigmatisation et de racisme des États du Nord à l’encontre des populations immigrées, reflet d’un passé colonial et d’un présent néocolonial.
Considérant qu’en dépit des accords sur le droit de libre circulation des personnes et des biens dans les espaces régionaux comme la CEDEAO, les participants voient ce droit bafoué ;
Constatant que les accords commerciaux inéquitables comme ceux des APE (Accords de Partenariat Économique) et le Post-Cotonou, que l’Union européenne est en train d’imposer aux pays de l’Afrique-Caraïbes-Pacifique, constituent des instruments en faveur des grandes puissances capitalistes et des multinationales du Nord contre les peuples du Sud ;
Nous constatons que le système de microcrédit, au lieu de lutter contre la pauvreté, nous enfonce davantage dans la pauvreté, le stress, l’humiliation et la violence ;
Nous constatons de plus en plus l’infiltration des questions migratoires dans les missions assignées au G5Sahel ;
Constatant, que les interventions militaires étrangères sur le continent, et les accaparements de ressources naturelles qui s’en suivent, plongent l’Afrique dans une nouvelle phase de domination impérialiste. Les peuples africains sont pris dans le piège d’une spirale de conflits qui entrainent l’utilisation de la violence et esclavagisme sexuel des femmes et des enfants comme armes de guerre, la prolifération des armes et la présence massive et permanente des forces étrangères sur nos terres ;
Considérant que les peuples africains sont victimes des effets du dérèglement climatique causé principalement par les industries du Nord, de l’accaparement des terres agricoles, de l’agrobusiness et la destruction de l’agriculture vivrière accentuant l’appauvrissement des paysans et la dépendance alimentaire de nos pays ;
Étant donné que le système de la dette, imposé par les Institutions de Bretton-Woods, est un instrument de domination, de pillage et compromet le développement de l’Afrique et constitue une violation flagrante des droits humains ;
Considérant les limites du francs CFA qui se trouve être une monnaie de domination économique ;
Considérant que l’exode massif aggrave la crise alimentaire pour l’ensemble des populations ;
Considérant que le partenariat public-privé est une nouvelle forme d’infiltration des Entreprises étrangères dans les économies nationales ;
Considérant l’absence de volonté et l’incapacité des dirigeants du G8 G8 Ce groupe correspond au G7 plus la Fédération de Russie qui, présente officieusement depuis 1995, y siège à part entière depuis juin 2002. et du G20 à trouver des solutions à la crise du capitalisme (crise financière, économique, sociale, migratoire et écologique) ;
Constatant les déficits constitutionnels conduisant à des dictatures politiques ou économiques de droit. La plupart des constitutions, leurs interprétations ou encore leurs modifications sans participation populaire, ne représentent pas les intérêts des peuples et sont des outils permettant aux pouvoirs despotiques de se maintenir ou d’imposer des décisions violant ainsi les droits des peuples.
Eu égard à ce qui précède nous, mouvements sociaux présents à la 13e Édition du Forum des Peuples exigeons :
Nous, mouvements sociaux du Sud comme du Nord, nous nous engageons à poursuivre ce combat en développant une solidarité concrète pour que toutes nos luttes légitimes constituent les piliers du monde de demain.
Vive le Forum des Peuples !
Vive le Forum Social Ouest Africain !
Vive le Forum Social Africain !
Un Autre Monde plus juste est nécessaire.
Fait à Bamako, le 22 décembre 2018
[1] Depuis 1970, les pays du Sud ont remboursé l’équivalent de 110 fois ce qu’ils devaient, tandis que dans le même temps leur dette a été multipliée par 50. Paradoxalement, la dette extérieure publique à long terme des pays du Sud est passée de 46 à 2420 Mds USD entre 1970 et 2015. Ces dettes, coloniales, sont pourtant illégales et illégitimes.
[2] En 1991, Lawrence Summers, alors économiste en chef et vice-président de la Banque mondiale, déclarait sans complexe : « Les pays sous-peuplés d’Afrique sont largement sous-pollués. La qualité de l’air y est d’un niveau inutilement élevé par rapport à Los Angeles ou Mexico. Il faut encourager une migration plus importante des industries polluantes vers les pays moins avancés. Une certaine dose de pollution devrait exister dans les pays où les salaires sont les plus bas. Je pense que la logique économique qui veut que des masses de déchets toxiques soient déversées là où les salaires sont les plus faibles est imparable. [...] L’inquiétude [à propos des agents toxiques] sera de toute évidence beaucoup plus élevée dans un pays où les gens vivent assez longtemps pour attraper le cancer que dans un pays où la mortalité infantile est de 200 pour 1 000 à cinq ans ».
[3] Voir en anglais, Bodo Ellmers, Maria José Romero et Tove Maria Ryding, « G20 Summit in Buenos Aires : A non-event amidst citizen protests », http://www.cadtm.org/G20-Summit-in-Buenos-Aires-A-non-event-amidst-citizen-protests, et en espagnol, Julio C. Gambina « Argentina - ¿Qué se puede esperar de la Cumbre del G20 ? » http://www.cadtm.org/Que-se-puede-esperar-de-la-Cumbre-del-G20
[4] Pour plus d’informations voir notamment, Milan Rivié, « Afrique subsaharienne : une dette inquiétante, des révoltes importantes », 18 mai 2018 : http://www.cadtm.org/Afrique-subsaharienne-Une-dette et en anglais Jubilee Debt Campaign, « African governments’ debt payments double in just two years », 8 octobre : http://www.cadtm.org/African-governments-debt-payments-double-in-just-two-years
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23 février 2023, par Miguel Urbán Crespo , Broulaye Bagayoko , Dorothy Guerrero , Tarcísio Motta , Rityusha Mani Tiwary , Wim Moyaert
16 février 2023, par Morgan Ody , Miguel Urbán Crespo , Broulaye Bagayoko , Dorothy Guerrero , Tarcísio Motta , Rityusha Mani Tiwary
10 février 2023, par CADTM Afrique , Broulaye Bagayoko
14 septembre 2022, par Broulaye Bagayoko
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8 décembre 2021, par Broulaye Bagayoko
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