9 février 2022 par Collectif , Malik Salemkour
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Alors que se prépare une nouvelle réunion de l’OMC, qui doit discuter les 23 et 24 février de lever les droits de propriété intellectuelle sur les vaccins contre le covid, plus de cent responsables associatifs, syndicaux, personnalités du monde médical et scientifique interpellent Emmanuel Macron : « Nous affirmons que vaccins, traitements, dispositifs médicaux et tests anti-covid sont des biens communs de l’humanité. »
Lire la tribune sur Mediapart signée par Malik Salemkour, président de la LDH
Monsieur le Président,
Vous avez inauguré votre présidence de l’Union européenne par un refus opposé à la demande légitime de lever les brevets, portée par l’Inde et l’Afrique du Sud, qui seule permettrait enfin que toute la population mondiale ait accès aux vaccins, tests et traitements anti-covid.
Cette disposition est pourtant prévue par les accords de l’OMC
OMC
Organisation mondiale du commerce
Créée le 1er janvier 1995 en remplacement du GATT. Son rôle est d’assurer qu’aucun de ses membres ne se livre à un quelconque protectionnisme, afin d’accélérer la libéralisation mondiale des échanges commerciaux et favoriser les stratégies des multinationales. Elle est dotée d’un tribunal international (l’Organe de règlement des différends) jugeant les éventuelles violations de son texte fondateur de Marrakech.
L’OMC fonctionne selon le mode « un pays – une voix » mais les délégués des pays du Sud ne font pas le poids face aux tonnes de documents à étudier, à l’armée de fonctionnaires, avocats, etc. des pays du Nord. Les décisions se prennent entre puissants dans les « green rooms ».
Site : www.wto.org
. Elle est soutenue par une majorité des États, de très nombreuses ONG, des scientifiques ou professionnels de santé. Jusqu’au directeur de l’OMS, T. Adhanom Ghebreyesus, qui souligne que « la levée des brevets, accompagnée d’un transfert de technologie, est une étape nécessaire pour coordonner les réponses et couvrir les besoins mondiaux ». Par trois fois, elle a reçu un vote favorable du Parlement européen.
Malgré l’urgence sanitaire, malgré ces votes, l’Union Européenne est le principal artisan du refus de cette mesure de bon sens.
Le monopole de production, conféré pour 20 ans par les brevets, est la principale cause des prix trop élevés et de la pénurie de vaccins et de traitements. Alors qu’ils ont été obtenus grâce à de gigantesques investissements publics !
Les seuls bénéficiaires des brevets sont les actionnaires des entreprises pharmaceutiques, qui engrangent 1000 dollars de revenus par seconde sur la vente des vaccins anti-covid.
En décembre 2021, comme le souligne Oxfam, la France et l’Union Européenne ont vacciné plus de 70 % de leur population, contre seulement 3 % de vaccinés dans les pays à faible revenu. Devant ces chiffres sans appel, certains parlent d’apartheid vaccinal.
Nous affirmons que vaccins, traitements, dispositifs médicaux et tests anti-covid sont des biens communs de l’humanité. Les nouvelles vagues de variants, favorisées par la pénurie mondiale de vaccins, imposent que nos gouvernements prennent des mesures concrètes, coordonnées internationalement pour protéger toutes les populations du monde. Lorsque Jonas Salk a abandonné ses droits de propriété intellectuelle sur le vaccin anti-poliomyélite, la vaccination mondiale s’est développée très rapidement, aboutissant à l’éradication quasi complète de la maladie.
Le mécanisme de solidarité Covax a été mis en avant pour repousser la nécessité de lever les brevets. Soyons clair, Covax est un naufrage.
Son objectif de vacciner seulement 30 % des pays pauvres bien insuffisant, et les dons de doses bien en-dessous des quantités nécessaires pour vacciner le monde. Triste réalité, sur les 1,8 milliards de dons de vaccins promis par l’ensemble des pays riches, moins d’un milliard ont été réellement livrées fin 2021, certains très proches de la date de péremption ! Ce qui fait que les pays pauvres n’ont reçu que 7,1 doses pour 100 habitants, alors que les pays riches bénéficiaient de 155 doses pour 100 habitants, selon le Financial Times fin 2021. Covax, « une promesse non tenue » pouvait titrer Médecins Sans Frontières !
Alors le choix est simple, historique.
Celui de la solidarité et de la levée des brevets s’impose face à une pandémie qui fait officiellement en moyenne près de 10.000 morts par jour dans le monde, en réalité probablement trois fois plus selon l’OMS. Sans parler des Covid longs, des retards de soins pour d’autres pathologies, de la prévention négligée, des systèmes de santé malmenés par des années d’austérité, partout au bord du gouffre, de l’aggravation des inégalités.
L’apartheid vaccinal favorise l’apparition de variants, comme de nombreux scientifiques nous en avaient alerté, avec un risque, pour les personnes déjà vaccinées, d’une perte d’efficacité des vaccins.
Aujourd’hui, les capacités de production existent. Elles n’attendent que la levée des brevets et le partage des technologies.
Médecins sans Frontières et Human Rights Watch recensent plus de 100 sites en capacité de produire rapidement des vaccins à ARN-m. Pour fabriquer 8 milliards de doses d’un vaccin équivalent au Pfizer avec 1386 salariés répartis sur cinq sites, 9,43 milliards de dollars suffiraient selon les calculs des chercheurs de l’Imperial College, en lien avec l’association Public Citizen. 9,43 milliards de dollars, à comparer à plus de 30 milliards de dollars donnés aux laboratoires pharmaceutiques pour vacciner seulement la partie la plus riche de la population mondiale. De quoi vacciner à deux doses la partie de l’humanité privée de vaccins !
L’apartheid vaccinal a accouché du variant Omicron. Si les vaccins restent efficaces contre les formes graves, évitent de saturer les réanimations, leur efficacité contre la circulation du virus diminue fortement. Pour éviter une forte mortalité et une large circulation virale qui pourrait favoriser l’émergence de nouveaux variants, il faut à l’échelle mondiale une campagne de vaccination volontaire, universelle et gratuite, associée à de puissantes mesures de réduction des risques de contamination, bâties avec les populations sur le mode préconisé par l’OMS du « convaincre plus que de contraindre ».
Mr Macron, nous n’osons croire que toutes vos déclarations sur l’urgence de la vaccination ne valent que pour la France.
L’éditorial de juillet du British Medical Journal qualifiait le refus de la levée des brevets de crime contre l’humanité. La commission covid-19 du prestigieux Lancet faisait en décembre 2021, le constat que « nous ne pourrons atteindre aucun objectif sans reconnaître que le modèle commercial actuel basé sur les brevets et la façon dont nous appliquons les règles sur les brevets doivent changer. Le système est cassé ».
Il est temps pour vous de tourner le dos aux exigences de l’industrie pharmaceutique, et de reconnaitre enfin l’urgence de la levée des brevets, face au terrible bilan humain du covid-19. « Pour un monde sujet à des épidémies et pandémies nouvelles et récurrentes (…) le seul médicament ou vaccin qui représente un progrès pour les patients est un progrès auquel ils ont réellement accès. »
Signataires :
France
Signataires Internationaux
Source : Ligue des droits de l’Homme
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