Ce dimanche 4 décembre, en Belgique, ce n'était pas seulement les fêtes familiales du patron des écoliers, c'était aussi et surtout la première édition de la rencontre des 8 heures contre la dette illégitime. Environ 300 personnes au fil de la journée – activistes de multiples horizons, délégué-e-s de mouvements sociaux et d'associations amies, individus curieux, militant-e-s et sympathisant-e-s du CADTM - ont assisté à l’événement qui a pris place à l'Université libre de Bruxelles (ULB).
Le coup d’envoi du marathon a été donné par Silvia Federici, militante féministe d’envergure internationale, et Éric Toussaint, porte-parole du CADTM International, qui nous ont exposé comment la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
, au Nord et au Sud de la planète, du privé au public, opère comme une arme de destruction massive au service du système capitaliste et patriarcal.
La piste débouchait ensuite sur un embranchement à sept voies, difficile de faire son choix... Entre un voyage chaotique au Sud de la planète où se trame une nouvelle crise de la dette ou une exploration du système bancaire qui décryptait comment les banques nous font à nouveau foncer droit dans le mur et comment prendre le pouvoir sur celles-ci. Plusieurs ateliers ont mis l’accent sur les luttes et stratégies au Nord et au Sud de la planète : celles des femmes face au capitalisme et au patriarcat, des luttes anti-extractivistes face à la dette écologique
Dette écologique
La dette écologique est la dette contractée par les pays industrialisés envers les autres pays à cause des spoliations passées et présentes de leurs ressources naturelles, auxquelles s’ajoutent la délocalisation des dégradations et la libre disposition de la planète afin d’y déposer les déchets de l’industrialisation.
La dette écologique trouve son origine à l’époque coloniale et n’a cessé d’augmenter à travers diverses activités :
La « dette du carbone ». C’est la dette accumulée en raison de la pollution atmosphérique disproportionnée due aux grandes émissions de gaz de certains pays industriels, avec, à la clé, la détérioration de la couche d’ozone et l’augmentation de l’effet de serre.
La « biopiraterie ». C’est l’appropriation intellectuelle des connaissances ancestrales sur les semences et sur l’utilisation des plantes médicinales et d’autres végétaux par l’agro-industrie moderne et les laboratoires des pays industrialisés qui, comble de l’usurpation, perçoivent des royalties sur ces connaissances.
Les « passifs environnementaux ». C’est la dette due au titre de l’exploitation sous-rémunérée des ressources naturelles, grevant de surcroît les possibilités de développement des peuples lésés : pétrole, minéraux, ressources forestières, marines et génétiques.
L’exportation vers les pays les plus pauvres de produits dangereux fabriqués dans les pays industriels.
Dette écologique et dette extérieure sont indissociables. L’obligation de payer la dette extérieure et ses intérêts impose aux pays débiteurs de réaliser un excédent monétaire. Cet excédent provient pour une part d’une amélioration effective de la productivité et, pour une autre part, de l’appauvrissement des populations de ces pays et de l’abus de la nature. La détérioration des termes de l’échange accentue le processus : les pays les plus endettés exportent de plus en plus pour obtenir les mêmes maigres recettes tout en aggravant mécaniquement la pression sur les ressources naturelles.
, des activistes et des mouvements sociaux en Belgique et en Grèce face à la dette et l’austérité, des individus engagés dans des collectifs d’audits citoyens en Espagne, en France et en Belgique. Enfin, un atelier spécial « débutant-e-s de la dette » s’adressait aux nouveaux et nouvelles venu-e-s.
En selle pour le sprint final ! La plénière de clôture a laissé la parole aux témoignages de résistance de militantes et militants agissant sur des terrains divers : lutte des sans-papiers, l’action
Action
Actions
Valeur mobilière émise par une société par actions. Ce titre représente une fraction du capital social. Il donne au titulaire (l’actionnaire) le droit notamment de recevoir une part des bénéfices distribués (le dividende) et de participer aux assemblées générales.
directe contre les traités de libre-échange, contre les grands projets d’infrastructures au Maroc et le greenwashing qui a accompagné la COP 22 à Marrakech, contre la dette et l’austérité en Espagne ou dans le monde, lutte syndicale et criminalisation des mouvements sociaux, et une réflexion sur l’articulation des luttes et la complémentarité des stratégies diverses... Témoignages entrecoupés des cris de colère et du cœur du slameur Rimakay. La salle a ensuite pu compléter avec d’autres témoignages : de la lutte contre les déchets nucléaires à Bure à l’appel international de grève des femmes le 8 mars.
Last but not least, comme on n’était même pas fatigué-e-s, on s’est déchaîné-e-s sur les notes musicales afro-reggae-world du groupe Terrakota, en dégustant la nouvelle bière du CADTM : « L’Antidette », un antidote à la dette illégitime !
Seul regret : un certain Saint-Nicolas et des examens approchant, qui nous ont fait concurrence puisque l’affluence n’a pas été à la hauteur de nos attentes ! À méditer pour la prochaine édition...
Si vous n’avez pas pu être des nôtres ou que vous auriez aimé assister à tous les ateliers, vous pourrez vous rattraper sur le site du CADTM, où tous les ateliers et séances plénières seront diffusés prochainement en formats vidéo, audio et/ou écrit.
Rendez-vous en 2017, nous revenons comme prévu avec notre recette traditionnelle : l’Université d’été du CADTM, trois jours de formations et de débats qui auront lieu au centre culturel de La Marlagne à Wépion (environ de Namur). Bloquez d’ores et déjà dans vos agendas les 30 juin, 1er et 2e juillet 2017 !
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Cet événement a été rendu possible grâce aux énormes coups de patte de : Giorgio, Alfio, Najla, Ludi, Mariella, Eva, César, Emilie, Lucie, Roxanne, Marlène, Dimitri, Joaldo, Nathan, Nicolas, Gabi, Steph, Olivier, Noémie, Paola, Virginie, Valérie, Benoit, Gilles, Oualid, Pascou, Louise, Antoine, Sean, Pablo, Claude, Patrick, Valérie, Tcherry, Roxanne, Seb, Yacine, Pim, Jacques, Alejandra, Joe, Antonie, Jeleila, Lucile, Dimitris, Anne-Marie, Maxime, Arthur et Mike de Mendori, les permanent-e-s du CADTM, tous les intervenants et intervenantes... et toutes celles et ceux qu’on aurait honteusement oublié-e-s !
Agenda des luttes et rendez-vous à venir :
11 décembre : brunch solidaire avec le peuple grec (Bruxelles)
12 décembre : « lundi contre la dette » sur la dette sociale (Liège)
17 décembre : blocage du congrès annuel de l’APF, coalition européenne néo-nazie (Bruxelles)
Début janvier : actions décentralisées contre la loi Peeters (Partout)
21 janvier : actions décentralisées contre le CETA (Europe)
20 et 21 janvier : actions contre l’investiture de Donald Trump (Bruxelles a minima)
22 et 23 janvier : Assemblée européenne (Reclaim the Fields) (Fribourg – Allemagne)
1 et 2 février (date à confirmer) : action contre le vote du CETA au Parlement européen (Bruxelles)
8 mars : grève internationale des femmes (Monde)
Début avril : week-end de soutien aux luttes de territoire à la ZAD de Haren (Bruxelles)
17 avril : journée internationale de luttes paysannes (Monde)
Fin avril : Assemblée générale alternative de « Belfius est à nous » (Bruxelles)
30 juin, 1 et 2 juillet : Université d’été du CADTM Europe (Namur)
16, 17 et 18 juillet : grand rassemblement à Bure
Samedi suivant le début de l’expulsion/des travaux à Notre-Dame-des-Landes : appel à venir soutenir la ZAD de Notre-Dame-des Landes en se rendant sur place ou en réalisant des actions locales solidaires.
Les dessins suivants ont été réalisés par Yacine tout au long des 8h. Les photos ont été prises par Dimitri, Sean et Pierre.
14 juin 2018, par Eric Toussaint , Maud Bailly
20 mars 2018, par Yannick Bovy , Maud Bailly
12 octobre 2017, par Maud Bailly
14 février 2017, par Eric Toussaint , Maud Bailly , Christine Vanden Daelen , Jérôme Duval , Rui Viana Pereira , Omar Aziki , Pierre Gottiniaux , Broulaye Bagayoko
30 janvier 2017, par Maud Bailly
13 janvier 2017, par Maud Bailly , Éric Martin
FSM 2016 Montréal - Canada
Le CADTM participe au FSM au pays des carrés rouges !5 septembre 2016, par Maud Bailly , Maria Elena Saludas
4 juillet 2016, par Claude Quémar , Maud Bailly
Répondre aux « Questions qui piquent sur la dette et l’austérité »
Quelles différences y a-t-il entre une dette odieuse, insoutenable, illégale, illégitime ?15 avril 2016, par CADTM Belgique , Maud Bailly , Benoit Coumont
4 août 2015, par Maud Bailly
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