9 mars 2020 par Olivier Bonfond
(CC - Wikimedia)
Depuis deux siècles, les femmes n’ont pas cessé de lutter pour revendiquer et arracher le droit de vote, le droit au travail, le droit de se syndiquer, le libre choix à la maternité, le droit à la maîtrise de leur corps, l’égalité pleine et entière au travail, dans la famille et dans l’espace public.
Malgré ces conquêtes très importantes réalisées dans plusieurs pays et régions, le patriarcat, système millénaire et global de domination des hommes sur les femmes, reste omniprésent. Cette domination s’accompagne toujours de violences : physiques (coups, viols, mutilations génitales, meurtres, mariages forcés), morales (insultes, humiliations), idéologiques (discours, mythes), sociales (place et rôle dans la société, absence d’égalité dans les droits sociaux, économiques et culturels).
Beaucoup de personnes considèrent que le combat féministe est dépassé. Si des inégalités subsistent, celles-ci seraient minimes et il ne serait plus opportun de parler de domination. La réalité est autre. Au Nord, les inégalités entre les sexes subsistent et l’exploitation, l’oppression et la violence continuent de faire partie du quotidien de la grande majorité des femmes. Tous les jours, des femmes sont harcelées, humiliées, mutilées, violées, achetées, vendues, cloîtrées ou tuées. Ces violences ne sont pas propres à certaines cultures ou certaines sociétés. En Europe, égalitaire en théorie, les violences envers les femmes sont omniprésentes. En France, selon une étude réalisée par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE), 100 % des femmes ont été harcelées au moins une fois dans les transports en commun et 76 % ont été suivies au moins une fois dans la rue. Autre statistique : tous les trois jours en France, une femme meurt suite à des violences conjugales. Au Sud, l’oppression des femmes est généralisée et leurs droits sont en général très limités. Dans le monde, 70 % des personnes vivant sous le seuil de l’extrême pauvreté sont des femmes. Voilà la réalité, malgré certaines conquêtes, Le combat féministe, projet d’émancipation de toutes les femmes et de tous les hommes, est loin d’être dépassé. De plus, ces conquêtes ne sont jamais définitives. D’ailleurs, depuis la crise mondiale de 2008, elles sont de plus en plus remises en cause et attaquées. Simone de Beauvoir avait raison quand elle affirmait : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. »
Pour mener ce combat, le premier pas consiste à reconnaître et faire connaître la réalité du patriarcat, et à déconstruire les idées les plus courantes sur le caractère prétendument naturel des inégalités entre les sexes. Ensuite, il s’agit d’agir sur cette réalité et de lutter contre la domination des hommes, tant dans la sphère privée que publique. Parce que les femmes se libèrent elles-mêmes, il est primordial de soutenir les mouvements féministes, en particulier ceux qui combinent lutte contre le patriarcat et l’exploitation capitaliste, car ces deux fléaux se renforcent mutuellement.
Pour faire avancer ces luttes, il est également utile de rendre visibles ces luttes mais aussi de s’appuyer sur les luttes victorieuses. Même si cela ne doit pas nous empêcher de voir la réalité en face, force est de constater qu’il y a eu des belles choses qui se sont passées ces 12 derniers mois. Ci-dessous, l’équipe de « Il FAUT TUER TINA » met en évidence quelques-unes de ces victoires. Bien sûr, ces quelques « victoires » restent totalement insuffisantes, mais elles constituent des sources d’inspiration pour nos actions et nous aident à rompre avec le fatalisme ambiant.
Qu’ils le veuillent ou non, les hommes bénéficient de beaucoup de privilèges liés au patriarcat. L’abolir implique de les perdre. Mais en réalité, la suppression du patriarcat profiterait à tout le monde, car il s’agit de construire une société où le respect et l’égalité entre tous les êtres humains deviennent la règle, quelles que soient leur culture et leur appartenance ou orientation affective et sexuelle.
Le combat pour l’émancipation des femmes est toujours d’actualité, et il est du devoir de toutes et tous, des femmes et des hommes appuyant solidairement les mouvements féministes, du Sud et du Nord, de lutter pour que cette oppression cesse définitivement. Sans égalité homme-femme, il n’y aura tout simplement pas d’égalité et d’émancipation possible.
Vive les luttes féministes
Vive l’égalité
est économiste et conseiller au CEPAG (Centre d’Éducation populaire André Genot). Militant altermondialiste, membre du CADTM, de la plateforme d’audit citoyen de la dette en Belgique (ACiDe) et de la Commission pour la Vérité sur la dette publique de la Grèce créée le 4 avril 2015.
Il est l’auteur du livre Et si on arrêtait de payer ? 10 questions / réponses sur la dette publique belge et les alternatives à l’austérité (Aden, 2012) et Il faut tuer TINA. 200 propositions pour rompre avec le fatalisme et changer le monde (Le Cerisier, fev 2017).
Il est également coordinateur du site Bonnes nouvelles
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