30 août 2021 par Yorgos Mitralias
Contre la décision du président Biden de retirer définitivement les troupes américaines de l’Afghanistan le 31 août, se rangent l’ensemble de l’établissement politico-économique du pays.
Le paysage politique américain de ces jours-ci n’a jamais été aussi clair et net. Contre la décision du président Biden de retirer définitivement les troupes américaines de l’Afghanistan le 31 août, se rangent : L’ensemble de l’établissement politico-économique du pays, le parti Républicain et son chef Donald Trump, une grande partie de la direction du parti Démocrate et de ses groupes parlementaires, le complexe militaro-industriel et tout ce qui a un rapport direct ou indirect avec la guerre, tous les grands medias (quotidiens, chaînes de télé…) indépendamment de leur sympathies partidaires, une importante partie de la hiérarchie militaire, les centres de décision néolibéraux et atlantistes. [1] En faveur de la même décision de Biden se rangent : L’ensemble de la gauche – radicale et moins radicale – américaine ainsi que tous les grands mouvements sociaux, la plupart des organisations de vétérans, la grande majorité (selon les sondages, 63%-65%) du peuple américain.
Quant à l’Europe, contre la décision de Biden se rangent : Tous les alliés atlantiques des États-Unis et l’OTAN
OTAN
Organisation du traité de l’Atlantique Nord
Elle assure aux Européens la protection militaire des États-Unis en cas d’agression, mais elle offre surtout aux États-Unis la suprématie sur le bloc occidental. Les pays d’Europe occidentale ont accepté d’intégrer leurs forces armées à un système de défense placé sous commandement américain, reconnaissant de ce fait la prépondérance des États-Unis. Fondée en 1949 à Washington et passée au second plan depuis la fin de la guerre froide, l’OTAN comprenait 19 membres en 2002 : la Belgique, le Canada, le Danemark, les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l’Islande, l’Italie, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, auxquels se sont ajoutés la Grèce et la Turquie en 1952, la République fédérale d’Allemagne en 1955 (remplacée par l’Allemagne unifiée en 1990), l’Espagne en 1982, la Hongrie, la Pologne et la République tchèque en 1999.
, la direction de l’Union européenne et ses pays-membres, tous les grands médias, les principaux groupes politiques (chrétiens-démocrates, libéraux, sociaux-démocrates, extrême-droite), plusieurs ONG. Et en faveur de la même décision du Président américain, se rangent : D’après ce qu’on connaît, il n’y a pas des forces de la gauche européenne rangées clairement et catégoriquement en faveur de cette décision et contre les efforts persistants des gouvernements de leurs pays pour que Biden recule et consente à faire prolonger le deploiement des forces américaines en Afghanistan...
Comme par hasard, l’ensemble des forces de tout ordre (politiques, économiques, médiatiques, etc.) qui se rangent maintenant contre la décision du président Biden, se sont toujours rangés ces 20 dernières années, en faveur de l’invasion et de l’occupation de l’Afghanistan par le corps expéditionnaire américain et ses alliés de l’OTAN, c’est a dire en faveur de la guerre. Et également… comme par hasard, l’ensemble de ceux qui soutiennent maintenant la décision de Biden, se sont rangés dès le début contre la guerre, ont dénoncé en permanence ses atrocités et les inavouables intérêts qu’elle servait, et sont descendus dans les rues demandant sa fin sans conditions.
En effet, comme quand ils soutenaient la guerre et l’invasion de l’Afghanistan, de la même façon maintenant quand ils demandent que les troupes américaines ne soient pas retirées le 31 août, les divers va-t-en-guerre, tant américains qu’européens, mettent en avant la « protection des droits humains » et plus spécialement « la protection des droits des femmes « Afghanes » pour justifier leur comportement. Mais, tant alors que maintenant, ils mentent. D’abord, durant les 20 ans qu’elles sont restées en Afghanistan, leurs forces militaires et policières, ont rivalisé en matière d’atrocités avec les Talibans, faisant des milliers de victimes parmi les civils Afghans. Quant à la démocratie qu’ils ont promise, la seule chose qu’ils ont réussi a été de créer un État afghan totalement corrompu et monstrueux qui, a l’instar de son armée, s’est décomposé et s’est effondré de fond en comble en l’espace de quelques jours, manifestement parce qu’il n’avait rien à défendre... et parce qu’il n’y avait pratiquement personne voulant le défendre…
Et ensuite, si toutes ces bonnes âmes se souciaient vraiment du sort des pauvres Afghans, et plus particulièrement du sort des femmes afghanes, ils avaient tout le temps, c’est à dire 20 ans (!) et d’innombrables occasions pour le démontrer non pas en paroles mais en actes. Cependant, ils ne l’ont jamais fait et le résultat pitoyable est devant nos yeux : Obligés de choisir entre la Scylla des Talibans et la Charybde impérialiste, la majorité des Afghans semblent, pour l’instant, préférer, mais sans illusions, la première à la seconde, car au moins elle promet la paix tant désirée.
Mais, diront-ils, tout ça c’est bien mais quid des milliers d’Afghans et d’Afghanes désespérées qui s’entassent à l’aéroport de Kaboul, et s’efforcent de partir, allant jusqu’à s’agripper aux avions et mourir ? Que dites-vous de ceux-là, est-ce que ce sont aussi des mensonges ? Évidemment que non, ce ne sont pas des mensonges. Comme d’ailleurs, ce ne sont pas des mensonges les dizaines de milliers d’Afghans et d’Afghanes qui tentent non pas maintenant, mais depuis 20 ans, de s’évader de l’enfer afghan, souvent en risquant leur vie. Tous ceux et toutes celles que notre bonne et si humanitaire Union européenne entasse – indéfiniment ? – dans les divers « Moria » et ses autres camps de concentration absolument inhumains, quand elle ne lève devant eux et elles des murailles, des barbelés, des champs de mines ou la tristement célèbre Frontex, et ne les arrête définitivement et irréversiblement en les envoyant par milliers au fond de la Méditerranée.
Alors, frontières ouvertes pour les réfugiés afghans d’aujourd’hui et de demain ! Mais, en commençant avec ceux d’hier et d’avant-hier qui attendent en vain depuis de très longues années le tant désiré asile politique dont ils ont droit. En d’autres termes, hic Rhodus hic salta ! Tout le reste n’est que pure propagande et lavage des cerveaux de ces loups va-t-en guerre bien connus qui tentent -comme toujours- de se déguiser en agneaux humanitaires…
[1] Il n’est pas exclu que l’acharnement de tout ce beau monde contre Biden cache une tentative, plus ou moins consciente et coordonnée, de l’affaiblir et, finalement, de l’éloigner du pouvoir. Pourquoi ? Mais, parce qu’ils ne sont pas d’accord avec ses choix économiques, et surtout, parce qu’ils le considèrent -d’ailleurs, avec raison- vulnérable aux pressions de la gauche américaine et des mouvements sociaux. Alors, malgré ses efforts incessants pour les rassurer en accumulant reculades et concessions, cette « vulnérabilité » de Biden le rend à leurs yeux « imprévisible » et en tout cas, différent des autres présidents « dociles » et disciplinés.
Journaliste, Giorgos Mitralias est l’un des fondateurs et animateurs du Comité grec contre la dette, membre du réseau international CADTM et de la Campagne Grecque pour l’Audit de la Dette. Membre de la Commission pour la vérité sur la dette grecque et initiateur de l’appel de soutien à cette Commission.
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