31 mars 2014
CC- Gwenaël Piaser
Les associations et les organisations signataires de cet appel exhortent toutes les forces démocratiques et progressistes tunisiennes à s’associer activement et de manière déterminante dans les efforts que ne cessent de déployer de nombreuses organisations, réseaux et parlementaires, tant en Tunisie qu’en Europe, afin de s’opposer au nouveau prêt toxique que l’Union Européenne projette d’octroyer à la Tunisie.
Ce nouveau prêt, d’une valeur de 300 millions d’euros, c’est-à-dire plus de 650 millions de dinars, sera soumis à l’approbation du Parlement européen le 16 avril 2014 prochain. C’est un prêt qui est hautement toxique parce qu’il exige l’application stricto sensu des conditionnalités
Conditionnalités
Ensemble des mesures néolibérales imposées par le FMI et la Banque mondiale aux pays qui signent un accord, notamment pour obtenir un aménagement du remboursement de leur dette. Ces mesures sont censées favoriser l’« attractivité » du pays pour les investisseurs internationaux mais pénalisent durement les populations. Par extension, ce terme désigne toute condition imposée en vue de l’octroi d’une aide ou d’un prêt.
imposées par le Fonds monétaire international
FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.
À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).
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(FMI). Ces conditions vont à l’encontre des revendications du peuple tunisien exprimées à travers sa révolution. Elles portent atteinte de manière flagrante aux droits économiques et sociaux de la majorité des tunisiennes et des tunisiens. Leurs applications ne feront qu’aggraver l’impasse économique et sociale actuelle. De plus, elles augmenteront considérablement le prix que nécessitera la sortie de cette crise.
Nous rappelons que le programme du FMI compte parmi ses nombreuses conditions injustes :
Dans le même temps, le programme du FMI prévoit d’élargir davantage les libertés et les privilèges du capital et des grandes fortunes par le biais de la baisse de l’impôt sur les profits des sociétés, les privatisations et le renforcement du système d’exonérations fiscales dont bénéficie les investissements directs étrangers. Il s’agit aussi de renforcer la primauté des droits du capital dans tous les domaines sur les droits nationaux, en renforçant les droits de propriété du capital étranger dans les secteurs des services et de l’agriculture.
C’est la même logique dominante que vise à imposer, élargir et approfondir le programme du FMI. C’est contre cette même logique, qu’un mouvement populaire de contestation s’est dressé spontanément, les 7-8-9 janvier dernier, pour rejeter les nouvelles redevances que voulaient appliquer ce programme sur tout le secteur des transports. Ce mouvement a fini par avoir raison contre ces redevances et contre le gouvernement qui voulait les imposer.
Pour ces raisons, les organisations et les associations signataires, vous appellent à réagir rapidement et collectivement contre ce projet de crédit. Plus particulièrement, pour appeler les eurodéputé-e-s à voter la suppression des conditions qui ne feraient que rendre ce prêt, économiquement et socialement hautement toxique pour la Tunisie. Le gouvernement doit décider souverainement de l’utilisation des 300 millions d’euros. Cet argent devra être affecté en fonction des priorités et des besoins fondamentaux du peuple tunisien. Il est urgent que cet argent soit affecté pour :
Les créanciers européens (France, Allemagne, Italie, Belgique, BEI, etc) doivent prendre leurs responsabilités en annulant cette dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
odieuse sans condition. Les parlementaires européens doivent les y pousser au moment du vote d’avril conformément à leurs propres engagements. En attendant cette annulation, il est urgent de suspendre le remboursement de la dette extérieure de la Tunisie et de réaliser un audit intégral de cette dette.
Tunis, le 25 mars 2014