Réunion annuelle du CADTM Asie du Sud

Au Bangladesh, l’insertion dans la mondialisation rime avec misère des travailleuses

5 mars 2024 par Maxime Perriot , Monower Mostafa , CADTM Asie du Sud


Monower Mostafa lors de la réunion annuelle du CADTM Asie du Sud, le 14 février 2024

Au cours de la réunion annuelle du CADTM Asie du Sud à Katmandou, au Népal, les 13 et 14 février 2024, Monower Mostafa est revenu sur la situation politique, sociale et économique au Bangladesh.



 Une insertion dans la mondialisation aux conséquences terribles pour les travailleureuses

La Bangladesh s’est converti à l’idéologie néolibérale dans les années 1990, cassant toujours plus les prix et les salaires des travailleuses du textile

La Bangladesh s’est converti à l’idéologie néolibérale dans les années 1990, spécialisant progressivement son économie dans l’exportation du textile, cassant toujours plus les prix et les salaires des travailleuses (qui sont majoritaires dans le secteur) pour résister à la compétition mondiale. Petit à petit, le pays a été privatisé et dérégulé, toujours dans cette quête de compétitivité. Une dérégulation qui a rimé avec casse des droits des travailleureuses, de plus en plus nombreuxses dans le travail dit informel (c’est-à-dire sans droit).

La situation s’est notamment dégradée pour les agriculteurices, qui, pour beaucoup, ont rejoint les villes et son venues garnir les rangs des travailleureuses du textile, toujours plus nombreuxses à être mises en concurrence.

Face à cette situation – et à un niveau d’inflation Inflation Hausse cumulative de l’ensemble des prix (par exemple, une hausse du prix du pétrole, entraînant à terme un réajustement des salaires à la hausse, puis la hausse d’autres prix, etc.). L’inflation implique une perte de valeur de l’argent puisqu’au fil du temps, il faut un montant supérieur pour se procurer une marchandise donnée. Les politiques néolibérales cherchent en priorité à combattre l’inflation pour cette raison. qui atteint 20% sur la nourriture – la gauche est quasiment inexistante au Bangladesh et la construction d’un mouvement social d’ampleur très compliquée à imaginer. Au pouvoir depuis 15 ans et réélue début 2024 sans opposition (qui a boycotté les élections), Sheikh Hasina concentre tous les pouvoirs et son parti quasi tous les sièges au Parlement. Elle mène notamment une politique très dure envers les vendeurs et vendeuses de rue et les livreureuses.

  Dépendance extérieure

Le Bangladesh est un pays endetté. Sa dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
extérieure s’élève à 100 milliards de dollars, dont 79% sont dus à des créanciers publics. Chaque année, le gouvernement paie entre 2 et 3 milliards de dollars pour rembourser la dette extérieure. C’est beaucoup, d’autant plus que cette dette est principalement contractée pour financer des mégaprojets qui ne profitent pas à la population.

À noter également que les principaux créanciers bilatéraux de la dette publique extérieure du Bangladesh sont la Russie, l’Inde et la Chine, qui se disputent des investissements synonymes d’influence dans le pays.

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Comme le pays est considérablement endetté envers des créanciers extérieurs, il doit se procurer des devises étrangères fortes pour rembourser. Ces devises proviennent principalement des versements de la diaspora bangladeshie et des exportations du secteur textile, qui représente 80% des exportations du pays.
En bref, pour rembourser sa dette et importer, le Bangladesh compte sur un secteur dans lequel sa place dépend des salaires de misère de la population, et particulièrement des travailleuses… Tel est le fonctionnement du capitalisme néolibéral.

Pour Monower Mostafa, la situation est critique et le travail est à présent à la mobilisation sur la question de la dette, qui n’a pas encore émergé en tant que discours politique au Bangladesh. La question de la fuite des capitaux et de l’évasion fiscale sont également des problèmes politiques de premier ordre dans son pays.


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