For A European Spring
Bruxelles, 13 Mars 2013
13 mars 2013 par Myriam Bourgy
Dans le cadre des mobilisations européennes « for a european spring » [1], le quartier européen de Bruxelles a accueilli plus de 80 touristes peu ordinaires. De manière festive et cynique, ces derniers ont effectué un tour contre l’austérité et ont successivement rendu visite aux acteurs européens qui par leur influence et leurs actions
Action
Actions
Valeur mobilière émise par une société par actions. Ce titre représente une fraction du capital social. Il donne au titulaire (l’actionnaire) le droit notamment de recevoir une part des bénéfices distribués (le dividende) et de participer aux assemblées générales.
imposent les politiques d’austérité en Europe [2].
Les activistes sont tout d’abord allés saluer l’ISDA (International Swaps
Swap
Swaps
Vient d’un mot anglais qui signifie « échange ». Un swap est donc un échange entre deux parties. Dans le domaine financier, il s’agit d’un échange de flux financiers : par exemple, j’échange un taux d’intérêt à court terme contre un taux à long terme moyennant une rémunération. Les swaps permettent de transférer certains risques afin de les sortir du bilan de la banque ou des autres sociétés financières qui les utilisent. Ces produits dérivés sont très utilisés dans le montage de produits dits structurés.
and Derivatives Association), un lobby
Lobby
Lobbies
Un lobby est une structure organisée pour représenter et défendre les intérêts d’un groupe donné en exerçant des pressions ou influences sur des personnes ou institutions détentrices de pouvoir. Le lobbying consiste ainsi en des interventions destinées à influencer directement ou indirectement l’élaboration, l’application ou l’interprétation de mesures législatives, normes, règlements et plus généralement, toute intervention ou décision des pouvoirs publics. Ainsi, le rôle d’un lobby est d’infléchir une norme, d’en créer une nouvelle ou de supprimer des dispositions existantes.
des produits dérivés
Produits dérivés
Produit dérivé
Famille de produits financiers qui regroupe principalement les options, les futures, les swaps et leurs combinaisons, qui sont tous liés à d’autres actifs (actions, obligations, matières premières, taux d’intérêt, indices...) dont ils sont par construction inséparables : option sur une action, contrat à terme sur un indice, etc. Leur valeur dépend et dérive de celle de ces autres actifs. Il existe des produits dérivés d’engagement ferme (change à terme, swap de taux ou de change) et des produits dérivés d’engagement conditionnel (options, warrants…).
: les principaux montages financiers qui ont mené à la crise actuelle. Heureusement, une équipe spéciale de désintoxication a sécurisé le site en fermant son accès et en accrochant des panneaux « Goldman Sachs détruit notre économie », « Attention, commerce de dérivés
Dérivés
Dérivé
Dérivé de crédit : Produit financier dont le sous-jacent est une créance* ou un titre représentatif d’une créance (obligation). Le but du dérivé de crédit est de transférer les risques relatifs au crédit, sans transférer l’actif lui-même, dans un but de couverture. Une des formes les plus courantes de dérivé de crédit est le Credit Default Swap.
toxiques ».
Notre joyeux groupe s’est ensuite dirigé vers la Fédération bancaire de l’Union européenne afin de rappeler que si nous nous trouvons dans une crise de la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
souveraine c’est bien à cause d’une crise de la dette privée des banques qui a été transférée au secteur public, et donc à la population. En effet, les États qui ont dû s’endetter pour sauver Bankia, Dexia, Anglo et d’autres banques... imposent aujourd’hui des politiques d’’austérité pour payer la facture.
La responsabilité des banques dans la crise a également été soulignée à l’arrêt suivant : l’ambassade espagnole. Devant celle-ci, les activistes ont affirmé toute leur solidarité avec le peuple espagnol en lutte qui organise lui-aussi d’importantes mobilisations cette semaine, « el pueblo unido jamas sera vencido ».
Étape suivante : Bienvenue à Belfius ! La banque publique belge qui fonctionne comme une banque privée ! Suite à deux sauvetages, Dexia Banque Belgique est devenue Belfius et la population belge est passée à la caisse, sans qu’aucune contrepartie ne soit demandée à Belfius ! Alors que l’État belge continue d’injecter de l’argent dans la bad bank Bad bank Une bad bank est une structure créée pour isoler et recueillir les actifs à haut risque d’une banque en difficulté. de Dexia (2,9 milliards d’euros en décembre 2012) il faut, quelques mois plus tard, encore trouver 2,8 milliards d’euros pour boucler le budget belge 2013... un vrai tour de passe-passe. Le scandale ne s’arrête pas là, une épée de Damoclès pèse sur les comptes publics belges : les garanties Garanties Acte procurant à un créancier une sûreté en complément de l’engagement du débiteur. On distingue les garanties réelles (droit de rétention, nantissement, gage, hypothèque, privilège) et les garanties personnelles (cautionnement, aval, lettre d’intention, garantie autonome). - 43,7 milliards d’euros- que l’État belge a octroyées à Dexia [3]. Pour toutes ces raisons, les « actitouristes » ont scandé « Dexia, Belfius, on ne paiera pas ! » avant de rappeler la nécessité de socialiser le secteur financier : « La finance est quelque-chose de trop sérieux pour le laisser entre les mains des banquiers ».
Arrêt suivant, et pas des moindres : la Commission européenne. Membre de la Troïka (avec ses camarades FMI
FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.
À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).
Cliquez pour plus de détails.
et Banque centrale européenne
BCE
Banque centrale européenne
La Banque centrale européenne est une institution européenne basée à Francfort, créée en 1998. Les pays de la zone euro lui ont transféré leurs compétences en matières monétaires et son rôle officiel est d’assurer la stabilité des prix (lutter contre l’inflation) dans la dite zone.
Ses trois organes de décision (le conseil des gouverneurs, le directoire et le conseil général) sont tous composés de gouverneurs de banques centrales des pays membres et/ou de spécialistes « reconnus ». Ses statuts la veulent « indépendante » politiquement mais elle est directement influencée par le monde financier.
) elle est là pour sauver les détenteurs de capitaux en Europe et faire payer les plus faibles... Les participants à l’ « austerity tour » ne l’ont pas ratée, ils ont scandé « Occupy troïka ! » « Dégage la troïka », « Non, non, non à l’austérité, au-cu-ne utilité », tout en déployant deux grandes banderoles devant le bâtiment. Ils ont également rappelé que la priorité est à la satisfaction des besoins fondamentaux des populations et non au remboursement de la dette et de ses créanciers. De la Grèce à la Belgique, au Portugal, les peuples doivent se solidariser et lutter ensemble contre la Troïka. Il faut refuser toutes les mesures d’austérité et notamment les privatisations.
Voilà le sens donné à l’arrêt suivant : le siège du lobby Aquafed (regroupant les multinationales de l’eau comme Suez, Véolia...) qui travaille à la privatisation de l’eau. Devant le bâtiment, un tir à la corde entre les lobbies et la population a mis en scène la lutte des peuples pour que l’eau soit un bien commun. Ici, le peuple a remporté cette bataille : l’eau n’est pas à vendre.
Le tour de l’austérité a pris fin par une fête d’« occupation » de Business Europe, le lobby du patronat et des industries en Europe. Sous les slogans « De l’argent il y en a dans les poches du patronat ! » , « Tout est à nous, rien n’est à eux, tout ce qu’ils ont ils l’ont volé », il s’agissait de rappeler que la crise que nous vivons résulte de la mise en place de politiques visant l’enrichissement d’une minorité au détriment de la grande majorité, et que c’est par la mobilisation que nous imposerons une répartition des richesses et une réelle démocratie.
« Ce n’est qu’un début, demain on reviendra... »
Rendez-vous demain, le 14 mars pour la manifestation européenne !
[2] Photos : http://www.flickr.com/photos/corporateeuropeobservatory/sets/72157632984273415/
Vidéo : http://bambuser.com/tag/AusterityTour
[3] Le CADTM, ATTAC Liège, ATTAC Bruxelles 2, Zoé Genot et Meryem Almaci, toutes les deux parlementaires ont porté recours devant le Conseil d’État pour casser l’arrêté royal octroyant ces garanties à Dexia, plus d’infos sur : http://sauvetage-dexia.be
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