Bancocratie : outil indispensable pour comprendre les banques et la crise

6 juin 2023 par Eric Toussaint




455 pages. Éditeur : ADEN

Ce livre est épuisé en librairie mais il en reste 10 exemplaires en stock au CADTM, vous pouvez nous le commander, nous le payer par virement bancaire ou par chèque, il vous sera envoyé - port compris - pour 18€ (au lieu de 28€). Sur le virement ou le chèque, prière d’indiquer comme communication : « Livre Bancocratie »

Le commentaire de Noam CHOMSKY sur le livre Bancocratie (publié en français et en espagnol en 2014) à l’occasion de sa sortie en anglais :

Cliquer sur l’image pour accéder à la version hispanophone de {Bancocratie}

« La crise financière actuelle est au centre de cette étude lucide, méticuleuse et riche en informations, une crise que les classes dirigeantes utilisent comme prétexte pour la plus grande offensive jamais menée depuis la 2e guerre mondiale contre les droits économiques et sociaux des peuples d’Europe, et en fait aussi de la population des États-Unis. Elle examine également de contexte dans lequel se sont élaborées les politiques néolibérales ainsi que l’histoire des institutions bancaires et leur rôles dans les sociétés capitalistes modernes. Autre aspect tout aussi important : ce livre explique très clairement ce que devrait être une démocratisation des institutions financières sous contrôle citoyen. C’est là un travail impressionnant et précieux pour qui veut comprendre le monde actuel. »
Noam Chomsky, le 17 octobre 2015



« Ce grand livre avec un titre horrifiant raconte magnifiquement une histoire abominable. Profond, ambitieux, convaincant, indispensable. »
James K. Galbraith, professeur d’économie, Université d’Austin - Texas, conseiller de Yanis Varoufakis, ministre grec des Finances au premier semestre 2015, auteur de Crise grecque, tragédie européenne (Le Seuil, 2016)


Les banques sont au cœur du capitalisme actuel – elles sont la clé des marchés financiers Marchés financiers
Marché financier
Marché des capitaux à long terme. Il comprend un marché primaire, celui des émissions et un marché secondaire, celui de la revente. À côté des marchés réglementés, on trouve les marchés de gré à gré qui ne sont pas tenus de satisfaire à des conditions minimales.
, elles génèrent les plus gros bénéfices et exercent une influence considérable sur les politiques adoptées. Éric Toussaint nous offre ici un exposé clair de leur rôle, qui est à la fois bien documenté et ambitieux dans le champ couvert. Ainsi que l’on pouvait s’y attendre de la part de cet auteur, l’analyse développée est engagée politiquement et suggère des mesures concrètes pour faire face au pouvoir des banques.
Costas Lapavitsas, ancien député Syriza au parlement grec et Professeur d’économie à la School of Oriental and African Studies (SOAS), Londres.


Éric Toussaint nous offre ici une analyse exhaustive de la dérèglementation de la finance et du système bancaire avant et après la Grande Dépression et des conséquences de la “bancocratie” sur nos vies. Il réussit à rendre clairs les instruments et mécanismes complexes élaborés par le secteur financier. Et cela dans une langue accessible à tout qui souhaite comprendre la crise actuelle et le rôle joué par le secteur financier. Les alternatives aux politiques actuelles qu’il suggère comprennent la socialisation du secteur bancaire et l’annulation des dettes publiques illégitimes.
Özlem Onaran, Professeure d’économie (politique de développement économique et emploi) à l’Université de Greenwich.


Bancocratie d’Éric Toussaint décrit la façon dont les dettes, en augmentant, paralysent la prospérité au lieu de la stimuler. D’emblée l’ouvrage montre que le pouvoir politique, à de nombreuses reprises depuis l’aube des temps modernes, a balayé la mainmise des créanciers. Par exemple, Philippe le Bel confisqua la fortune des Templiers, dont il était débiteur, tout en dissolvant leur ordre et donc leur pouvoir.
Ce devrait être une leçon politique pour notre époque : il n’y a rien de naturel à ce que des familles, des entreprises, des gouvernements soient soumis à des créanciers. Ce qui se répète au cours de l’histoire, c’est que le pouvoir politique efface l’ardoise et permette de reprendre sans traîner le fardeau de la dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
.
Si ce n’est pas le cas, notre société est condamnée à une austérité chronique. Le livre de Toussaint démontre combien il est nécessaire que les partis politiques fassent de cette annulation unilatérale le cœur de leur programme économique.
Michael Hudson, professeur d’économie, Université du Missouri à Kansas City


Ce livre est un plaidoyer en faveur de la socialisation du secteur bancaire, sa transformation en un service public, et pour l’annulation de la dette publique illégitime, largement héritée du sauvetage des banques.

Il permet de comprendre les mécanismes qui ont produit la crise bancaire privée et la crise des dettes publiques. La partie sur les politiques menées par les banques centrales met en lumière la conduite des grands argentiers de la planète. Les propositions sur les alternatives sont d’une grande actualité.

Retrouvez ci-dessous la table des matières, la préface de Patrick Saurin, différentes recensions, etc.

Table des matières

Préface de Patrick Saurin

Introduction

1. Comment est survenue la crise économique qui a éclaté en 2007-2008 ? L’explosion des dettes privées.

2. De la financiarisation / déréglementation des années 1980 à la crise de 2007-2008



3. Quel a été l’impact de la déréglementation bancaire des années 1980-2000 ?



4. Quelques mécanismes de l’ingénierie bancaire à l’origine de la crise



5. La quête du rendement maximum sur fonds propres Fonds propres Capitaux apportés ou laissés par les associés à la disposition d’une entreprise. Une distinction doit être faite entre les fonds propres au sens strict appelés aussi capitaux propres (ou capital dur) et les fonds propres au sens élargi qui comprennent aussi des dettes subordonnées à durée illimitée.



6. Pourquoi la recherche d’un ROE le plus élevé possible pousse-t-elle les banques à augmenter leurs actifs ? Page 48
Encadré : Pas de ROE pour le couple Fernandez, contrairement à la banque Crésus



7. L’effondrement bancaire de 2008

  • L’exemple de Northern Rock
    Encadré : La Deutsche Bank a dissimulé 12 milliards de perte
  • Comment Barclays a évité l’intervention des autorités britanniques en 2008



8. Comment les autorités de contrôle ont permis aux banques de réduire systématiquement le ratio fonds propres/actifs et d’augmenter ainsi l’effet de levier
Encadré : Le Comité de Bâle et la Banque des règlements internationaux

  • Comment un ratio de 4% peut être transformé en un ratio de 10%



9. L’euphorie néolibérale et Bâle 2 : laxisme maximum

  • Bâle 2 et la réduction du « capital dur » requis
  • Bâle 2 : les banques peuvent déterminer elles-mêmes la valeur des actifs à prendre en compte
    Encadré : Dexia : une belle illustration du laxisme du Comité de Bâle et des autorités nationales de contrôle
  • Bâle 3 sous le signe de la continuité
  • Pourquoi Bâle 3 ne permettra pas d’instaurer une véritable discipline financière



10. Que peut-on espérer des annonces de réglementation bancaire ? Page 70
Encadré : Les banques systémiques Banque systémique
Banques systémiques
Les banques systémiques sont les banques aux actifs jugés tellement importants que leur chute aurait des conséquences sur le système financier et économique dans son ensemble, ce sont les banques qui constituent un « risque systémique » (too big to fail, trop grandes pour tomber).
selon le G20 G20 Le G20 est une structure informelle créée par le G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni) à la fin des années 1990 et réactivée par lui en 2008 en pleine crise financière dans le Nord. Les membres du G20 sont : Afrique du Sud, Allemagne, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud, États-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Royaume-Uni, Russie, Turquie, Union européenne (représentée par le pays assurant la présidence de l’UE et la Banque Centrale européenne ; la Commission européenne assiste également aux réunions). L’Espagne est devenue invitée permanente. Des institutions internationales sont également invitées aux réunions : le Fonds monétaire international, la Banque mondiale. Le Conseil de stabilité financière, la BRI et l’OCDE assistent aussi aux réunions.


11. Quelques caractéristiques des grandes banques européennes

  • La taille des grandes banques aux Etats-Unis et en Europe
  • Faiblesse des fonds propres



12. Les banques : ça trompe énormément

13. Entre 2007 et 2011, le bilan des banques n’a pas été réduit, il a au contraire augmenté. L’effet de levier reste élevé

14. Pourquoi les banques n’ont-elles pas réduit leur bilan après le déclenchement de la crise ?

15. Quelles bombes à retardement dans les actifs des banques ? Des montagnes de produits structurés Produits financiers structurés
Produits structurés
Produit structuré
Un produit structuré est un produit généralement conçu par une banque. C’est souvent une combinaison complexe d’options, de swaps, etc. Son prix est déterminé en utilisant des modèles mathématiques qui modélisent le comportement du produit en fonction du temps et des différentes évolutions du marché. Ce sont souvent des produits vendus avec des marges importantes et opaques.


  • Bulle spéculative sur les corporate bonds
  • Les titres PIK (Pay In Kind)
  • Le manque de collatéraux de qualité



16. Des pratiques et des mécanismes générateurs de nouvelles crises



17. Les dettes souveraines ne constituent pas la cause de la crise prolongée des banques privées

18. La spéculation Spéculation Opération consistant à prendre position sur un marché, souvent à contre-courant, dans l’espoir de dégager un profit.
Activité consistant à rechercher des gains sous forme de plus-value en pariant sur la valeur future des biens et des actifs financiers ou monétaires. La spéculation génère un divorce entre la sphère financière et la sphère productive. Les marchés des changes constituent le principal lieu de spéculation.
des banques sur les matières premières et les aliments

  • Retour sur le rôle fondamental de la spéculation dans l’envolée des prix des aliments et du pétrole en 2007-2008
  • Vingt-deux propositions afin de mettre en place une alternative à la crise alimentaire



19. Les banques spéculent sur les devises et manipulent le marché des changes



20. Pourquoi les banques peuvent-elles être qualifiées de colosses aux pieds d’argile ?

21. La doctrine « Trop grandes pour être condamnées »

22. L’affaire des abus des banques dans le secteur hypothécaire et des expulsions illégales de logement aux États-Unis

23. La banque britannique HSBC et le blanchiment de l’argent de la drogue

  • Stephen Green, patron de HSBC (2003-2010) devenu ministre britannique du Commerce (2011-2013), une figure emblématique
  • HSBC : une banque au lourd passé
  • HSBC impliquée dans d’autres crimes financiers
  • Hervé Falciani, le Edgar Snowden d’HSBC ?
  • HSBC a décidé de contourner une directive de l’Union européenne



24. La manipulation du taux d’intérêt Taux d'intérêt Quand A prête de l’argent à B, B rembourse le montant prêté par A (le capital), mais aussi une somme supplémentaire appelée intérêt, afin que A ait intérêt à effectuer cette opération financière. Le taux d’intérêt plus ou moins élevé sert à déterminer l’importance des intérêts.
Prenons un exemple très simple. Si A emprunte 100 millions de dollars sur 10 ans à un taux d’intérêt fixe de 5 %, il va rembourser la première année un dixième du capital emprunté initialement (10 millions de dollars) et 5 % du capital dû, soit 5 millions de dollars, donc en tout 15 millions de dollars. La seconde année, il rembourse encore un dixième du capital initial, mais les 5 % ne portent plus que sur 90 millions de dollars restants dus, soit 4,5 millions de dollars, donc en tout 14,5 millions de dollars. Et ainsi de suite jusqu’à la dixième année où il rembourse les derniers 10 millions de dollars, et 5 % de ces 10 millions de dollars restants, soit 0,5 millions de dollars, donc en tout 10,5 millions de dollars. Sur 10 ans, le remboursement total s’élèvera à 127,5 millions de dollars. En général, le remboursement du capital ne se fait pas en tranches égales. Les premières années, le remboursement porte surtout sur les intérêts, et la part du capital remboursé croît au fil des ans. Ainsi, en cas d’arrêt des remboursements, le capital restant dû est plus élevé…
Le taux d’intérêt nominal est le taux auquel l’emprunt est contracté. Le taux d’intérêt réel est le taux nominal diminué du taux d’inflation.
Libor LIBOR
London Interbank Offered Rate
Taux interbancaire de la City londonienne (très proche du prime rate des États-Unis, autre taux de base des prêts internationaux).


25. Le scandale des prêts toxiques en France

26. Dexia complice de violations très graves des droits humains dans les territoires occupés par Israël

27. L’évasion et la fraude fiscales internationales organisées par la principale banque suisse UBS

28. Quelques affaires supplémentaires et non des moindres dans lesquelles de grandes banques sont impliquées

  • BNP Paribas
  • Deutsche Bank
  • Royal Bank of Scotland
  • Crédit Suisse
  • Barclays
  • Bank of America
  • Goldman Sachs
  • JP Morgan



29. L’impunité des banques doit cesser

30. L’action Action
Actions
Valeur mobilière émise par une société par actions. Ce titre représente une fraction du capital social. Il donne au titulaire (l’actionnaire) le droit notamment de recevoir une part des bénéfices distribués (le dividende) et de participer aux assemblées générales.
des gouvernements et des banques centrales en soutien aux banques



31. L’action de la Fed aux États-Unis à partir de 2007-2008
Encadré : La Banque de la Réserve Fédérale des États-Unis

32. Quelle action pour la Banque centrale Banque centrale La banque centrale d’un pays gère la politique monétaire et détient le monopole de l’émission de la monnaie nationale. C’est auprès d’elle que les banques commerciales sont contraintes de s’approvisionner en monnaie, selon un prix d’approvisionnement déterminé par les taux directeurs de la banque centrale. européenne depuis 2010 ?

  • Quels ont été les effets de l’octroi aux banques de 1 000 milliards d’euros par la BCE ?



33. Les grands objectifs de la BCE

  • Quel est le bilan de l’action de la BCE du point de vue du 1 % le plus riche et des grandes entreprises privées ?
  • Le « démos » exclu du jeu



34. La politique des dirigeants européens est-elle un échec ?
Encadré : Quelques exemples d’hommes politiques réussissant dans les affaires

35. A propos du modèle allemand



36. La gestion de la crise s’inscrit dans le cadre de l’offensive du Capital contre le Travail au niveau mondial

37. Pourquoi le FMI FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.

À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).

Cliquez pour plus de détails.
semble-t-il critiquer une austérité qu’il continue à promouvoir ?

38. Le dilemme des banquiers centraux : choisir entre la peste et le choléra

39. De Karl Marx à aujourd’hui : l’impressionnante évolution des banques

40. Alternatives

Préface de Patrick Saurin

Les banques ont été à l’origine de la crise financière de 2007-2008 qui n’en finit pas de produire ses effets délétères sur les populations. Pourtant, rares aujourd’hui sont les personnes en capacité de comprendre les activités des banques, d’identifier leurs motivations et surtout de mesurer leur responsabilité dans la crise actuelle. Cela n’est pas étonnant si l’on sait que les banques et leurs dirigeants ont coutume d’invoquer le secret bancaire dès qu’il leur est demandé de rendre compte de leurs agissements.

Rares sont les ouvrages consacrés aux banques, en dehors des quelques manuels à caractère technique destinés aux étudiants en finances. Même chez les économistes critiques du système capitaliste, le monde bancaire est rarement étudié en tant que tel, et quand il est traité, c’est le plus souvent de façon superficielle, au détour d’une critique du « monde de la finance ». Une telle situation n’est pas étonnante car le sujet est technique et nécessite des informations que précisément le secret bancaire a pour vocation de dissimuler. Approcher et investiguer cet univers méconnu nécessite tout à la fois des connaissances, des compétences, de la rigueur, de la persévérance ainsi qu’une analyse et un esprit de synthèse irréprochables. Cela souligne le mérite d’Eric Toussaint de s’être attelé à cette tâche consistant à exposer au grand jour les activités des banques, expliciter leurs mécanismes, détailler leur évolution et surtout en dresser un bilan sans appel. Pour mener à bien son projet, l’auteur a minutieusement consulté une multitude de documents officiels émanant des banques elles-mêmes, des autorités et institutions en charge de leur contrôle, sans oublier les travaux des spécialistes des questions bancaires. C’est dire que l’état des lieux sera difficilement contestable.

Bancocratie, le titre du livre est bien choisi et résume bien le monde mis au jour par Eric Toussaint, un monde où le pouvoir est détenu par les banques, et à travers elles leurs dirigeants et leurs actionnaires. Mais l’auteur ne se contente pas de critiquer l’usage désastreux de ce pouvoir par des capitalistes mus par la seule soif du profit, il remet en cause la détention d’un tel pouvoir par une poignée d’individus échappant à tout contrôle et met en lumière la complicité coupables des pouvoirs publics et des institutions censés pourtant réglementer, contrôler et organiser les activités des institutions financières. Eric Toussaint nous rappelle que les banques, tout comme la monnaie et le crédit, sont des outils au service de la collectivité, et qu’à ce titre elles doivent être socialisées, c’est-à-dire qu’elles doivent être regroupées au sein d’un vaste service public bancaire pour servir l’intérêt de tous, et surtout être placées sous le contrôle citoyen de leurs salariés, des clients, des représentants des associations ainsi que des élus.

Le point de départ du livre est la crise de 2007-2008 dont l’auteur met en lumière les causes, le puissant et ininterrompu mouvement de déréglementation amorcé dans les années 80 et la financiarisation de l’économie. Prolifération des produits dérivés Dérivés
Dérivé
Dérivé de crédit : Produit financier dont le sous-jacent est une créance* ou un titre représentatif d’une créance (obligation). Le but du dérivé de crédit est de transférer les risques relatifs au crédit, sans transférer l’actif lui-même, dans un but de couverture. Une des formes les plus courantes de dérivé de crédit est le Credit Default Swap.
, recours effréné à l’effet de levier, développement du hors-bilan, rôle de plus en plus grand des paradis fiscaux avec pour corollaire un développement du shadow banking sont autant de traits qui caractérisent cette évolution pernicieuse. La recherche effrénée du rendement maximum a amené les banques à prendre des risques considérables qu’elles n’ont pas été en mesure de supporter.

Pourtant, loin de les sanctionner et de profiter de l’occasion pour en prendre le contrôle, les États au contraire ont décidé de socialiser leurs pertes, c’est-à-dire de les faire supporter par les citoyens. De même, les États se sont refusés à effectuer les changements radicaux qui auraient dû intervenir en matière de réglementation. En effet, les prétendues réformes bancaires mises en place dans les grands États occidentaux et les accords de Bâle 3 pourtant censés mettre un peu d’ordre, de rigueur et de déontologie dans les activités financières se sont révélés n’être que des cautères sur une jambe de bois. En effet, une fois recapitalisées et remises sur pied par les États avec l’argent des contribuables, les banques ont repris de plus belle leurs activités spéculatives.

De Lehman Brothers à Deutsche Bank en passant par Dexia, Eric Toussaint revient sur les grands scandales financiers qui ont révélé au grand jour les manipulations et les pratiques frauduleuses des grandes banques. Il souligne la complicité des banques centrales, la BCE en particulier, des agences de notation Agences de notation Les agences de notation (Standard and Poor’s, Moody’s et Fitch en tête) sont des agences privées qui évaluent la solvabilité et la crédibilité d’un émetteur d’obligations (État, entreprise). Jusqu’aux années 1970 elle étaient payées par les acheteurs potentiels d’obligations, depuis la libéralisation financière la situation s’est inversée : ce sont les émetteurs d’obligations qui rémunèrent les agences pour qu’elles les évaluent... Reconnaissons leur qualité de travail : c’est ainsi que Lehman Brothers se voyait attribuer la meilleure note juste avant de faire faillite. et des grandes institutions en charge de superviser et de surveiller les agissements des établissements bancaires.

Mais si les grandes banques ont des bilans souvent supérieurs au PIB PIB
Produit intérieur brut
Le PIB traduit la richesse totale produite sur un territoire donné, estimée par la somme des valeurs ajoutées.
Le Produit intérieur brut est un agrégat économique qui mesure la production totale sur un territoire donné, estimée par la somme des valeurs ajoutées. Cette mesure est notoirement incomplète ; elle ne tient pas compte, par exemple, de toutes les activités qui ne font pas l’objet d’un échange marchand. On appelle croissance économique la variation du PIB d’une période à l’autre.
des États où elles sont domiciliées, elles restent plus que jamais ainsi que le souligne l’auteur des « colosses aux pieds d’argile ». En clair, d’autres crises aussi importantes que celle de 2007-2008 sont à craindre dans un avenir proche. Ces crises seront d’autant plus redoutables qu’elles vont se conjuguer à d’autres crises : une crise écologique, une crise politique, une crise sociale et une crise démocratique.

Parce que les banques sont aujourd’hui le maillon essentiel du système capitaliste et contribuent à déterminer fortement le mode de production qui saccage la planète, génère un inégal partage des richesses qui sème les guerres et la paupérisation, rogne chaque jour davantage les droits sociaux, attaque les institutions et les pratiques démocratiques, il est essentiel d’en prendre le contrôle. La crise financière recouvre une lutte sans merci, celle du Capital contre le Travail. C’est pourquoi la socialisation de l’intégralité du système bancaire préconisée par l’auteur au terme de sa démonstration apparaît comme une urgente nécessité économique, sociale, politique et démocratique. Loin de se résumer à une analyse de la crise financière venant s’ajouter à d’autres travaux, le livre d’Eric Toussaint est un outil essentiel pour toutes celles et tous ceux qui éprouvent la nécessité de comprendre la crise du monde actuel et surtout qui veulent contribuer à y apporter des solutions.

Le suffixe de bancocratie vient du grec, kratos, qui signifie « le pouvoir », « l’autorité », « le gouvernement ». Le titre du livre d’Eric Toussaint appelle en regard un autre mot, « démocratie », et nous renvoie en définitive à cette question : qui doit détenir le pouvoir, les banquiers ou le peuple ?

L’auteur

Éric Toussaint, maître de conférence à l’université de Liège, préside le CADTM Belgique et est membre du conseil scientifique d’ATTAC France. Il est auteur des livres Procès d’un homme exemplaire, Éditions Al Dante, Marseille, 2013 ; Un coup d’œil dans le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des origines jusqu’à aujourd’hui, Le Cerisier, Mons, 2010. Il est co-auteur avec Damien Millet de AAA. Audit, Annulation, Alternatives, Seuil, Paris, 2012 ; La Dette ou la Vie, Éditions ADEN, Bruxelles, 2011.

Avertissement de l’auteur

En écrivant ce livre, je souhaitais donner à des femmes et des hommes qui ne font pas partie des hautes sphères de la banque et des institutions politiques des moyens pour comprendre ce qui se passe dans le monde opaque de la banque privée, des banques centrales, de la Commission européenne, des lieux où se prennent des décisions fondamentales qui affectent les conditions d’existence de l’immense majorité de la population mondiale.

Le livre se déroule de la manière suivante : l’évolution du système capitaliste, et en son sein celle du secteur bancaire, depuis les années 1970-1980, fait l’objet des chapitres 1 à 3 ; l’évolution du secteur bancaire aux États-Unis et en Europe au cours des vingt dernières années qui a mené à l’effondrement bancaire de 2008 est analysée aux chapitres 4 à 7 ; la parodie de réglementation bancaire est décrite aux chapitres 8 à 10 ; la situation des banques en 2011-2014 fait l’objet des chapitres 11 à 17 ; les manipulations et les délits commis par les banques sont présentés aux chapitres 18 à 29 ; l’action des gouvernements, des banques centrales, du FMI et son incidence dans la lutte de classes sont étudiées aux chapitres 30 à 38 ; l’évolution des banques au cours des deux derniers siècles est observée dans le chapitre 39. Le chapitre 40 présente un ensemble cohérent d’alternatives et de propositions.

A chaque fois, j’ai essayé de donner des clés pour comprendre ce qui pousse ceux d’en haut à agir comme ils le font. J’ai également souhaité montrer qu’il y a des alternatives qui sont à notre portée si on agit ensemble de manière résolue pour les atteindre. La démocratie politique et sociale se conquiert chaque jour. L’action collective est l’instrument vital de l’auto-émancipation.

La rédaction de ce livre a pris près de deux ans. J’ai lu des milliers de pages et d’articles sur le monde de la finance pour arriver à une compréhension approfondie de ce qui s’y passe et ensuite le livrer au public. Le lecteur et la lectrice réaliseront que ce livre rend compte, explique et interprète une situation qui évolue de jour en jour. Il est beaucoup plus difficile d’analyser un processus en cours que de fournir une explication sur des phénomènes passés. Cet ouvrage sera certainement suivi par la production de plusieurs outils pédagogiques par l’équipe du CADTM.

Le livre a été écrit par morceaux dans des lieux multiples (Grèce, France, Inde, Equateur, Brésil, Haïti, Tunisie, Maroc, Belgique, Espagne, Portugal…) alors que je prenais part aux multiples activités du CADTM. 

Je n’aurais pu terminer ce livre sans le précieux soutien et l’aide déterminante qui m’ont été apportés.

Remerciements de l’auteur

Depuis huit mois, Patrick Saurin a bien voulu relire les chapitres les uns après les autres et m’a donné son opinion sur le monde bancaire qu’il connaît bien. Je tiens à le remercier spécialement. Je remercie François Chesnais, Aline Fares, Jean-Marie Harribey, Michel Husson et Antonio Sanabria qui ont relu des parties du livre et ont exprimé des recommandations. Pauline Imbach et Damien Millet m’ont donné un grand coup de pouce au début du travail quand je doutais de ma capacité à y arriver. Daniel Munevar, Claude Quémar, Virginie de Romanet, Antonio Sanabria, Nacho Alvarez, Daniel Albaracin, Jean-Denis Gauthier, Stéphanie Jacquemont, François Sana ont été régulièrement disponibles pour m’aider dans les recherches. Ont été très précieuses les deux journées complètes de séminaire sur le manuscrit réalisées en février-mars 2014 avec l’équipe du CADTM (Myriam Bourgy, Jérémie Cravatte, Robin Delobel, Chiara Filoni, Pierre Gottiniaux, Cécile Lamarque, Emilie Paumard, Claude Quémar, Virginie de Romanet, Antonio Sanabria, Christine Vanden Daelen et Renaud Vivien, avec la participation d’Alice Minette). Cela a permis de passer le texte à la moulinette en améliorant son accessibilité. Tout au long de l’écriture, j’ai également bénéficié des remarques et du soutien de Brigitte Ponet. Dans les dernières semaines, la collaboration permanente de Claude Quémar, Patrick Saurin, Robin Delobel et Damien Millet a été décisive. Je remercie également Gilles Martin, les éditions Aden et l’interrégionale wallonne de la Centrale Générale des Services Publics pour leur patience et leur soutien. Les illustrations ont été réalisées par Pierre Gottiniaux du CADTM avec qui j’ai eu des discussions passionnantes sur comment présenter certains mécanismes bancaires. Je porte l’entière responsabilité des éventuelles erreurs de jugement contenues dans ce livre. J’ai également une pensée pour Olivier Bonfond qui est en train de terminer un livre sur les alternatives et avec qui j’ai été régulièrement en contact pendant son cheminement.

Malgré le volume du livre, l’espace a manqué (tout comme le temps…) pour développer certaines questions qui l’auraient mérité, comme la création monétaire et une analyse approfondie de l’euro par exemple. D’autres travaux seront nécessaires pour approfondir l’analyse et renforcer l’action. A n’en pas douter, toute l’équipe du CADTM prendra toute sa part dans cet indispensable combat.

Fait à Athènes, le 31 mars 2014.

- Recensions

  1. Retirer la licence bancaire aux banques coupables de crimes, poursuivre en justice leurs dirigeants et grands actionnaires par Didier Epsztajn.
  2. Remplacer la bancocratie par la démocratie sociale et économique par Renaud Duterme.
  3. Les banques au rapport par Thierry Brun.
  4. Recension du livre « Bancocratie » d’Éric Toussaint par Roger Goddin
  5. Vous ne savez pas très bien ce qu’est une agence de notation ou bien la FED et vous êtes plein d’incertitudes sur ce que fait la BCE ? « Bancocratie » d’Éric Toussaint est pour vous par Henri Wilno
  6. Compte rendu de lecture de Bancocratie par François Chesnais
  7. Réponse à François Chesnais par Éric Toussaint
  8. Bancocratie : la radicalité nécessaire d’Éric Toussaint par Éric Walravens
  9. Bancocratie : « pour construire leur pouvoir, les banques n’ont pas eu besoin de coup de force… » par Isabelle Ponet
  10. Bancocratie, d’Éric Toussaint : un vade-mecum pour combattre les banques capitalistes par Jean-Marie Harribey
  11. C’est pas nous par Raymond Klein
  12. A propos de Bancocratie par Aline Fares de Finance Watch


Cliquer sur l’image pour accéder à la version anglophone de {Bancocratie}

Les gouvernements des pays les plus industrialisés ont fait exploser la dette publique pour sauver les banques privées qui sont à l’origine de la plus grande débâcle économique et financière du capitalisme depuis les années 1930. Partout, le remboursement de la dette et la réduction du déficit budgétaire sont devenus les parfaits alibis pour imposer des politiques d’austérité. Ainsi, l’ensemble des gouvernements européens et la Troïka mènent une offensive - sans précédent depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale - contre les droits économiques et sociaux des populations. Ce livre permet de comprendre comment est survenue la crise, l’impact de la déréglementation bancaire, la logique poursuivie par les banques privées, les manipulations et crimes auxquels ces dernières se livrent régulièrement avec la complicité et le soutien des gouvernements et des banques centrales.


Écrit de manière simple, cet ouvrage est un outil indispensable pour comprendre la crise en cours et découvrir une alternative cohérente aux politiques menées aujourd’hui.


Eric Toussaint

Docteur en sciences politiques des universités de Liège et de Paris VIII, porte-parole du CADTM international et membre du Conseil scientifique d’ATTAC France.
Il est l’auteur des livres, Banque mondiale - Une histoire critique, Syllepse, 2022, Capitulation entre adultes : Grèce 2015, une alternative était possible, Syllepse, 2020, Le Système Dette. Histoire des dettes souveraines et de leur répudiation, Les liens qui libèrent, 2017 ; Bancocratie, ADEN, Bruxelles, 2014 ; Procès d’un homme exemplaire, Éditions Al Dante, Marseille, 2013 ; Un coup d’œil dans le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des origines jusqu’à aujourd’hui, Le Cerisier, Mons, 2010. Il est coauteur avec Damien Millet des livres AAA, Audit, Annulation, Autre politique, Le Seuil, Paris, 2012 ; La dette ou la vie, Aden/CADTM, Bruxelles, 2011. Ce dernier livre a reçu le Prix du livre politique octroyé par la Foire du livre politique de Liège.
Il a coordonné les travaux de la Commission pour la Vérité sur la dette publique de la Grèce créée le 4 avril 2015 par la présidente du Parlement grec. Cette commission a fonctionné sous les auspices du parlement entre avril et octobre 2015.

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