23 avril par Fátima Martín

Image : Jorge Alaminos. (Litoral gráfico. Modos de ver).
BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde, le géant états-unien qui employait le futur chancelier allemand Friedrich Merz, est l’un des grands bénéficiaires du programme ReArm Europe, la politique de guerre de la Commission européenne (CE).
Les mêmes fonds d’investissement
Fonds d’investissement
Les fonds d’investissement (private equity) ont pour objectif d’investir dans des sociétés qu’ils ont sélectionnées selon certains critères. Ils sont le plus souvent spécialisés suivant l’objectif de leur intervention : fonds de capital-risque, fonds de capital développement, fonds de LBO (voir infra) qui correspondent à des stades différents de maturité de l’entreprise.
des États-Unis opèrent dans les grandes entreprises, tant aux États-Unis d’au sein de l’Union européenne, où ils se partagent l’actionnariat avec les États eux-mêmes
Il apparaît que le fonds nord-américain figure parmi les actionnaires institutionnels des quelques unes des principales entreprises d’armement de l’Union européenne (UE) : Rheinmetall (Allemagne) [1], Dassault (France) [2] et Thales (France) [3], la británica BAE Systems (Grande Bretagne) [4], lLeonardo (Italie), même l’entreprise aéronautique européenne Airbus a des liens d’actionnariat avec l’entreprise présidée par Larry Fink [5].
En septembre dernier, l’Italie de Giorgia Meloni a autorisé l’acquisition d’une participation supérieure à 3 % de BlackRock dans le groupe italien aéronautique et de défense Leonardo, selon Reuters [6]. L’administration Meloni, qui détient un pouvoir de contrôle sur les investissements étrangers qui impliquent des entreprises intervenant dans des secteurs stratégiques, comme l’énergie, les télécommnications, la défense ou la banque, a plié devant le fonds états-unien. ’Je suis ravi de l’intérêt manifesté par BlackRock. C’est une reconnaissance importante’, a déclaré à Reuters le directeur général de Leonardo, Roberto Cingolani.
En Espagne, selon la présidente de Transform Europe, Marga Ferré, 80% du secteur de la défense est aux mains de cinq entreprises où apparait à nouveau BlackRock. Il s’agit de Airbus, GDELS-SBS, EXPAL, Navantia et Indra. Concernant cette dernière, des rumeurs circulent sur une possible fusion avec Telefónica, ce qui ouvre le bal des intérêts entre les secteurs de la défense et des médias, avec Prisa et Telecos, où BlackRock pourrait donner le ton [7].
Dans un article récent publié par Público, Marga Ferré cite le travail réalisé par Investigate Europe, qui montre comment les mêmes fonds d’investissement des États-Unis opèrent dans les grandes entreprises, tant aux États-Unis d’au sein de l’Union européenne, où ils se partagent l’actionnariat avec les États eux-mêmes. Il s’agit de BlackRock, Vanguard, Fidelity, State Street ou encore Capital Group. Ainsi, selon l’article d’ Investigate Europe, daté de 2022, “BlackRock, par le biais de différents fonds, a des participations dans des entreprises européennes comme Airbus (près de 5%), Leonardo (presque 3%), Thales (un peu plus d’1%), Indra (1% environ), Safran (plus de 6,5%), ou MBDA France (plus de 4%). Et il est également actionnaire de leurs principaux concurrents américains : Boeing (3,9%), Lockheed Martin (4,9%), Raytheon Technologies (4,8%), General Dynamics (3,9%), ou Northrop Grumman (4,2%)”. C’est ce que montre clairement le graphique suivant [8] :
Mêmes actionnaires de part et d’autre de l’Atlantique.
Des fonds américains investissent dans les entreprises d’armement européennes (à gauche) et dans les entreprises concurrentes des États-Unis (à droite).
Source : Investigate Europe, d’après les données des entreprises, des registres commerciaux et de msn.com, correspondant au premier trimestre 2022.
C’est ainsi que des grands fonds d’investissement des États-Unis sont infiltrés jusqu’à la moelle dans une partie importante du secteur militaire européen. Et c’est à ces fonds que « va aller, si nous ne les arrêtons pas, une part substantielle des 800 000 millions d’euros que l’élite européenne réclame de manière absolument irrationnelle et irresponsable, parce qu’il s’agit d’armes, de guerres, de l’industrie de la mort », défend Marga Ferré, pour qui il est « évident que ce qu’ils veulent, c’est imposer l’austérité par des moyens militaires ». C’est pourquoi elle s’insurge et demande que « nous nous opposions sérieusement à une course aux armements qui nous conduit à une économie de guerre qui ne profite qu’à l’élite qui la promeut. S’ils veulent gagner de l’argent avec plus de guerres, plus d’armes et plus de morts, ce ne doit pas être en notre nom, ni avec notre argent” [9].
Après avoir été élu futur chancelier allemand et avant même d’être entré en fonctions, le démocrate-chrétien de la CDU, Friedrich Merz, est parvenu à faire approuver par le Parlement allemand, avec l’appui des sociaux-démocrates et des verts, un plan d’investissement massif dans la défense et les infrastructures qui obligera à réformer la constitution pour autoriser un endettement et des dépenses proches du milliard d’euros [10].
Concrètement, il est parvenu à libérer les dépenses militaires des normes fédérales strictes en matière de dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
nationale, connues sous le nom de ‘frein à la dette’
Il se trouve qu’entre 2016 et 2020, Merz a été président du conseil de surveillance de BlackRock, la filiale allemande de la plus grande société de gestion d’actifs
Actif
Actifs
En général, le terme « actif » fait référence à un bien qui possède une valeur réalisable, ou qui peut générer des revenus. Dans le cas contraire, on parle de « passif », c’est-à-dire la partie du bilan composé des ressources dont dispose une entreprise (les capitaux propres apportés par les associés, les provisions pour risques et charges ainsi que les dettes).
au monde [11]. Comme le publie The Old Mole dans un article intitulé « Will Merz sell Germany to BlackRock » (Merz vendra-t-il l’Allemagne à BlackRock ?) si Merz était élu, l’Allemagne deviendrait le premier pays à être gouverné par un ancien responsable de BlackRock » [12].
Défendant son plan de plusieurs centaines de millions d’euros destiné à la guerre, Merz a prononcé ces mots : “whatever it takes” (“quoi qu’il en coûte”) [13], se référant au discours prononcé en 2012 par Mario Draghi, alors président de la Banque centrale Banque centrale La banque centrale d’un pays gère la politique monétaire et détient le monopole de l’émission de la monnaie nationale. C’est auprès d’elle que les banques commerciales sont contraintes de s’approvisionner en monnaie, selon un prix d’approvisionnement déterminé par les taux directeurs de la banque centrale. européenne, en pleine crise de la dette souveraine européenne [14]. Draghi, ancien de Goldman Sachs , tout comme Merz, ancien de BlackRock, est un autre pion des finances des Etats-Unis, au plus haut niveau de la hiérarchie européenne.
« Le gouvernement de l’État moderne n’est rien d’autre qu’un comité qui administre les affaires communes de l’ensemble de la classe bourgeoise », écrivaient Marx et Engels dans le Manifeste communiste au milieu du XIXe siècle [15]. Près de deux siècles plus tard, cette affirmation est toujours d’actualité.
Il ne s’agit pas seulement de Merz ou Von der Leyen. Le travailliste anglais Starmer, le libéral français Macron ou le socialiste espagnol ont tous posé pour la photo de la honte avec Larry Fink. Pour ce qui est de la France, Mediapart a publié qui soufflait aux autorités ses conseils en matière de politique des retraites [16]. En décembre dernier, le Morning Star illustrait par une photo de Larry Fink face à Keir Starmer lors d’une table de négociation à Downing Street l’article intitulé « Coucher avec BlackRock. A quel prix ? » [17] Et Starmer a posté la photo sur son compte X avec ce texte : “« Je suis déterminé à stimuler la croissance, à créer de la richesse et à mettre plus d’argent dans les poches des gens. Cela ne peut se faire qu’en travaillant en partenariat avec des entreprises de premier plan, telles que BlackRock, afin de tirer parti de la position du Royaume-Uni en tant que centre d’investissement mondial de premier plan ». (On pourrait se demander : mettre plus d’argent dans les poches... de qui ?)
Dans la même veine que Merz, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, membre de la même CDU et ancienne ministre allemande de la Défense, a annoncé en mars dernier un plan pour ReArm Europe, qui vise à amener les États à mobiliser jusqu’à 800 milliards d’euros en dépenses de défense au cours des quatre prochaines années. Comment ? En activant la clause de sauvegarde nationale du Pacte de stabilité et de croissance, ce qui leur permettrait de s’écarter des règles budgétaires strictes de l’UE limitant les niveaux d’endettement et de déficit à 3 % et 60 % du PIB
PIB
Produit intérieur brut
Le PIB traduit la richesse totale produite sur un territoire donné, estimée par la somme des valeurs ajoutées.
Le Produit intérieur brut est un agrégat économique qui mesure la production totale sur un territoire donné, estimée par la somme des valeurs ajoutées. Cette mesure est notoirement incomplète ; elle ne tient pas compte, par exemple, de toutes les activités qui ne font pas l’objet d’un échange marchand. On appelle croissance économique la variation du PIB d’une période à l’autre.
, respectivement [18]. En d’autres termes, les dépenses de guerre ne sont pas prises en compte dans l’évaluation du déficit et de la dette. Cela ne signifie pas qu’elles n’existent pas, mais que Bruxelles ne les prend pas en compte lors de l’audit des comptes.
Ce plan prévoit d’affecter 150 milliards d’euros à un outil permettant à la Commission européenne d’aller sur les marchés de la dette afin que les États puissent faire des achats groupés (au moins deux États membres ou un État et l’Ukraine) par le biais de prêts qui devront être remboursés.
Ces prêts sont articulés dans une initiative législative appelée SAFE (il semble que ce soit le nom commercial du nouveau produit financier du futur de BlackRock). Pour que le paquet « Préparation 2030 » soit déclenché, ce programme de réarmement de l’Europe doit être approuvé par le Conseil de l’UE, mais Mme Von der Leyen contournera le Parlement européen en vertu de l’article 122 du traité sur le fonctionnement de l’UE. Cette information a été révélée par elDiario.es [19].
L’UE elle-même reconnaît que tôt ou tard, l’augmentation des dépenses militaires entraînera des réductions des dépenses sociales ou des augmentations d’impôts [20]. Cela s’est déjà produit dans le Royaume-Uni du travailliste Starmer [21]. La vérité est que la dette publique de l’Union européenne présente des niveaux d’endettement excessifs qui commencent à inquiéter certaines institutions de communautaires [22]. Plus précisément, au troisième trimestre 2024, la dette publique de la zone euro s’élevait à 88,2 %, tandis que celle de l’UE s’élevait à 81,6 %, selon les données d’Eurostat [23]. À cette date, les ratios les plus élevés de la dette publique par rapport au PIB étaient enregistrés en Grèce (158,2 %), en Italie (136,3 %), en France (113,8 %), en Belgique (105,6 %) et en Espagne (104,3 %), et les plus faibles en Estonie (24,0 %), Bulgarie (24,6%) et au Luxembourg (26,6%).
Au-delà de ses influences politiques, BlackRock possède des actions
Action
Actions
Valeur mobilière émise par une société par actions. Ce titre représente une fraction du capital social. Il donne au titulaire (l’actionnaire) le droit notamment de recevoir une part des bénéfices distribués (le dividende) et de participer aux assemblées générales.
dans une bonne partie des principales entreprises européennes cotées en bourse
Bourse
La Bourse est l’endroit où sont émises les obligations et les actions. Une obligation est un titre d’emprunt et une action est un titre de propriété d’une entreprise. Les actions et les obligations peuvent être revendues et rachetées à souhait sur le marché secondaire de la Bourse (le marché primaire est l’endroit où les nouveaux titres sont émis pour la première fois).
et stratégiques de surcroît : défense, banque, énergie, télécommunications, medias… Pour ce qui est de l’Espagne seulement, BlackRock, Vanguard, Capital Group et Fidelity contrôlent 90 milliards d’euros au sein de la bourse des valeurs Ibex 35, d’après les calculs du quotidien économique Expansión [24].La participation est étendue aux sociétés cotées dans les autres bourses du Vieux Continent, agissant comme une sorte de cheval de Troie de l’Ouest sauvage de l’UE [25].
Même si les intérêts intercapitalistes ne coincident pas forcément avec ceux de l’actuel locataire de la Maison blanche, comme c’est le cas pour l’Ukraine, l’opportunisme de Larry Fink lui permet de se plier aux velléités de Donald Trump si nécessaire, tout en tirant le plus possible profit de la doctrine du shock qu’impose l’imprévisible président nord-américain. Un exemple en est sa politique d’investissement prétendument verte. Il est passé de la défense de la finance durable à l’abandon de la Net Zero Asset Managers Initiative (NZAMI), un groupe international d’entrepreneurs centrés sur le changement climatique [26]. Dernièrement, il a repris les réunions avec les entreprises conformément aux nouvelles directives de Trump [27]. Autre exemple, la tentative d’achat des ports du Panama, via une conversation téléphonique Fink-Trump, si tant est que la Chine finisse par l’autoriser [28].
À la veille [29] de la présentation de son Livre blanc sur l’avenir de la défense européenne [30], von der Leyen a appelé à « acheter européen » [31]. Nous avons déjà vu ce que signifie « acheter européen » dans le secteur de la défense de l’UE. Nous avons déjà dit dans ces colonnes qu’en 2020, année de la pandémie, l’engagement d’Ursula von der Leyen, c’est le vert dollar [32]. Un vert teinté de gris cuirassé, voire de noir d’ombre BlackRock.
Traduction : Lucile Daumas
[1] Investing.com. (2025). Accionistas de Rheinmetall AG. https://es.investing.com/equities/rheinmetall-ownership
[2] Investing.com. (2025). Dassault Systemes. https://www.investing.com/equities/dassault-system-ownership
[3] Investing.com. (2025). Thales. https://www.investing.com/equities/thales-ownership
[4] Investing.com. (2025). Accionistas de BAE Systems. https://es.investing.com/equities/bae-systems-ownership
[5] Investing.com. (2025). Airbus Group. https://es.investing.com/equities/eads-ownership
[6] Reuters. (23/09/2024). Italy approves BlacRock holding more than 3% in Leonardo. https://www.reuters.com/business/aerospace-defense/blackrock-secures-italys-approval-hold-more-than-3-leonardo-2024-09-23/
[7] Cruz, J. (21/01/2025). El cambio en las cúpulas abre el baile entre Telefónica, Indra e Hispasat. El País. https://elpais.com/economia/2025-01-21/el-cambio-en-las-cupulas-abre-el-baile-entre-telefonica-indra-e-hispasat.html
[8] Curic, A., Pena, P. y Rico, M. (02/03/2022). Un pequeño grupo de empresas se beneficia de la mayor parte del dinero que la UE destina a defensa. Investigate Europe. https://www.investigate-europe.eu/es/posts/money-for-eu-defence-development-went-to-a-small-group-of-arms-producers
[9] Ferré, M. (17/03/2025). BlackRock y los señores de la guerra : ¿quién se lucra con el gasto militar ?. Público. https://www.publico.es/opinion/columnas/blackrock-senores-guerra-lucra-gasto-militar.html
[10] Bassets, M. (14/03/2025). Merz logra un acuerdo multimillonario para financiar el rearme de Alemania ante la amenaza rusa y el giro de Trump. El País. https://elpais.com/internacional/2025-03-14/merz-y-el-spd-logran-un-pacto-con-los-verdes-para-que-alemania-realice-inversiones-millonarias-en-defensa-e-infraestructuras.html
[11] Mayordomo, R. (24/02/2025). Quién es Friedrich Merz, el líder del partido ganador de las elecciones en Alemania y posible nuevo canciller. Newtral. https://www.newtral.es/friedrich-merz-elecciones-alemania/20250224/
[12] Fazi, T. (06/03/2025). ¿Merz venderá Alemania a BlackRock ? El viejo topo. https://www.elviejotopo.com/topoexpress/merz-vendera-alemania-a-blackrock/
[13] Kirby, P. (05/03/2025). Germany’s Merz promises to do ‘whatever it takes’ on defence. BBC. https://www.bbc.com/news/articles/c981w25y5wpo
[14] Parlamento Europeo. Think Tank. (20/06/2022). 10 years after “whatever it takes” : fragmentation risk in the current context. https://www.europarl.europa.eu/thinktank/es/document/IPOL_STU(2022)703367
[15] Marx, K./Engels, F. (1997). Manifiesto comunista. Akal.
[16] Orange, M. (09/12/2019). Retraites : BlackRock souffle ses conseils pour la capitalisation à l’oreille du pouvoir. Mediapart. https://www.mediapart.fr/journal/france/091219/retraites-blackrock-souffle-ses-conseils-pour-la-capitalisation-l-oreille-du-pouvoir
[17] Webbe, C. (diciembre 2024). Getting into bed with BlackRock at what cost ? Morning Star. https://morningstaronline.co.uk/article/getting-bed-blackrock-%E2%80%93-what-cost
[18] Tidey, A. (19/03/2025). Bruselas presenta una estrategia de Defensa muy esperada, pero no ofrece nuevas opciones de financiación. Euronews. https://es.euronews.com/my-europe/2025/03/19/bruselas-presenta-una-estrategia-de-defensa-muy-esperada-pero-no-ofrece-nuevas-opciones-de
[19] Castro, I. (29/03/2025). De qué se habla cuando se habla del rearme en la UE. ElDiario.es.https://www.eldiario.es/internacional/habla-habla-rearme-ue_1_12167967.html
[20] Roberts, M. (24/03/2025). Del bienestar a la guerra : el keynesianismo militar. CADTM. 23341
[21] De Miguel, R. (26/03/2025). Starmer recorta el gasto social en Reino Unido para elevarlo en defensa hasta el 2,5% del PIB. El País. https://elpais.com/internacional/2025-03-26/starmer-recorta-el-gasto-social-en-el-reino-unido-para-elevar-el-gasto-en-defensa-hasta-el-25-del-pib.html
[22] Peralta, L.A. (10/06/2024). Deuda pública europea : ¿el fantasma de un exceso o riesgo programado ? CincoDías. https://cincodias.elpais.com/economia/2024-06-10/deuda-publica-europea-el-fantasma-de-un-exceso-o-riesgo-programado.html
[23] Campillo, M. (22/01/2025). La deuda de la eurozona se sitúa en el 88,2% del PIB en el tercer trimestre y el déficit en el 2,6%. Bolsamania.com. https://www.bolsamania.com/noticias/economia/deuda-eurozona-situa-882-pib-tercer-trimestre-deficit-26—18616262.html
[24] Casado, R. (24/09/2024). BlackRock, Vanguard, Capital Group y Fidelity controlan 90.000 millones en el Ibex. Expansión. https://www.expansion.com/empresas/2024/09/24/66f18c61468aebea2c8b4578.html
[25] Pouille, J. (13/05/2018). BlackRock : el leviatán de las finanzas que influye en las decisiones europeas. Investigate Europe. https://www.investigate-europe.eu/es/posts/blackrock-the-financial-leviathan-that-bears-down-on-europes-decisions
[26] Quintero, J.P. (10/01/2025). BlackRock se suma a la estampida de bancos y gestoras que huyen de los compromisos contra el cambio climático. CincoDías. https://cincodias.elpais.com/mercados-financieros/2025-01-10/blackrock-se-suma-a-la-estampida-de-bancos-y-gestoras-que-huyen-de-los-compromisos-contra-el-cambio-climatico.html
[27] Moreno, M. (21/02/2025). BlackRock retoma los encuentros con empresas ciñéndose a las nuevas directrices de Trump. CincoDías. https://cincodias.elpais.com/fondos-y-planes/2025-02-21/blackrock-retoma-los-encuentros-con-empresas-cinendose-a-las-nuevas-directrices-de-trump.html
[28] Brush, S. y Nair, D. (05/03/2025). Telefonazo a Trump selló venta de puertos del canal de Panamá a BlackRock. Bloomberg. https://www.bloomberg.com/news/articles/2025-03-05/ceo-de-blackrock-hablo-con-trump-por-puertos-en-panama
[29] Comisión Europea. (04/03/2025). Press statement by President von der Leyen on the defence package. https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/sv/statement_25_673
[30] Parlement européen. (12/03/2025). Livre blanc sur l’avenir de la défense européenne. https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/TA-10-2025-0034_FR.html
[31] Comission européenne. (18/03/2025). Livre Blanc sur l’avenir de la défense européenne. Press Corner. https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/statement_25_452
[32] Martín, F. (16/07/2020). ‘Another Brick in the Wall’ : Crece la presión para que la UE cancele su contrato ‘verde’ con el tóxico BlackRock. CADTM. 18766
est journaliste. Elle est l’auteure, avec Jérôme Duval, du livre Construcción europea al servicio de los mercados financieros, Icaria editorial 2016. Elle développe le journal en ligne FemeninoRural.com.
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