Semaine d’Action « Et si on arrêtait de Banquer ? »

Bruxelles, 24 novembre : Réussite de la conférence « Et si on arrêtait de Banquer ? »

26 novembre 2012 par Noémie Candiago




La semaine d’action Action
Actions
Valeur mobilière émise par une société par actions. Ce titre représente une fraction du capital social. Il donne au titulaire (l’actionnaire) le droit notamment de recevoir une part des bénéfices distribués (le dividende) et de participer aux assemblées générales.
contre la dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
organisée par le CADTM en collaboration avec d’autres mouvements s’est clôturée samedi 24 novembre avec une conférence dont l’objectif était de présenter les alternatives à l’acceptation résignée des recapitalisations bancaires et des politiques d’austérité qui s’ensuivent. L’événement se déroulait dans le cœur historique de Bruxelles et environ 170 personnes se sont déplacées de Belgique, de France, d’Espagne, du Portugal, de Grèce, du Royaume-Uni, d’Irlande, de Suisse, du Maroc pour y participer.

La conférence a commencé avec une très bonne nouvelle quant à l’impact du message porté par le CADTM (avec la FGTB et le CEPAG) en faveur d’un audit de la dette : le dessin animé A qui profite la dette ? a été vu par plus de 50 000 en un peu plus de 3 jours. C’est un record pour ce genre de message à l’échelle de la Belgique qui compte environ 5 millions de francophones (à la date du 26 novembre au moment où ces lignes sont écrites on dépasse 70 000 téléchargements, voir A-qui-profite-la-dette ).

Après la projection du dessin animé, les discussions se sont ouvertes avec un récit clair et pédagogique sur les origines de la crise bancaire par Aline Fares du CADTM Bruxelles. Elle nous a notamment montré comment la déréglementation systématique lancée depuis une trentaine d’années a permis aux banques et autres institutions financières de croitre dans des proportions démesurées et de prendre des risques insensés sans en assumer les conséquences, mais en les faisant porter aux pouvoirs publics.
Olivier Bonfond, économiste et conseiller au CEPAG nous a ensuite présenté une analyse des grandes causes de l’endettement public belge.

Il est ressorti de manière évidente que la crise de la dette publique belge est avant tout liée, non pas à des Belges qui auraient vécu au dessus de leurs moyens, mais bien à la nationalisation massive de dettes privées via les sauvetages bancaires, et à la crise économique, fruit des comportements aberrants et criminels des grandes institutions financières.

Après ces rappels utiles des faits, le premier panel s’est attaché à présenter les combats menés devant le prétoire par les citoyens et la société civile. En effet, les pratiques bancaires frauduleuses et abusives d’une part et les recapitalisation illégitimes de ces mêmes banques par les États font de plus en plus l’objet d’actions en justice. Ruben Saez, militant espagnol, a retracé l’histoire du procès en Espagne contre Bankia, puis Andy Storey, membre du collectif « Not our debt » venu d’Irlande, a présenté les actions en Irlande contre les dirigeants d’Anglo Irish Bank dont l’un d’entre eux est aujourd’hui en prison.

Puis les avocats de l’action devant le Conseil d’Etat belge contre l’arrêté royal ayant accordé à la banque Dexia une garantie de leurs emprunts de près de 50 milliards d’euros ont présenté les enjeux de ce procès. Ils nous ont démontré l’illégalité de cette décision prise par un gouvernement démissionnaire qui n’a pas respecté les lois et la constitution de la Belgique. Il apparaît donc plus que jamais important de se mobiliser autour de ces procès, d’aller signer la pétition en ligne sur le site http://sauvetage-dexia.be/ , pour rappeler à nos juges que les citoyens portent un intérêt certain et non équivoque pour la gestion des compte publics. Il leur importe de savoir et ils veulent contrôler ce qu’il est fait de leur argent.

A la pause, les participants se sont retrouvés autour d’un café pour entonner dans une ambiance joyeuse des chansons revisitées par l’équipe du CATM. L’audience a déclamé les airs d’Audit Piaf en chœur, et tout le monde a semblé se prendre au jeu de la chansonnette avec plaisir.

La conférence a continué avec une série d’intervenants qui proposaient des alternatives plus structurelles au système. Les femmes d’abord étaient présentes avec l’objectif de se « réapproprier l’espace politique ». Organisées au sein du collectif Ta mère à l’agora, elles nous ont présenté leurs actions pour dénoncer l’austérité qui frappe doublement les femmes. Non seulement nombre d’entre elles vont voir leurs allocations et autres droits réduits drastiquement, mais c’est encore elle qui vont subir les désengagements de l’État des services publics. Elles vont être contraintes de se substituer à cet État défaillant par exemple en s’occupant sans rémunération aucune des enfants en bas âge. A cet égard, relevons que durant la conférence une garderie créative et gratuite était assurée par une sympathisante du CADTM, donnant ainsi l’opportunité d’assister à l’événement à tous les parents.
Patrick Saurin, syndicaliste au sein du très progressiste syndicat SUD en France a ensuite fait un exposé réussi et convaincant sur le projet conceptuel de « socialisation des banques » ( voir Projet-bancaire-alternatif ).

Exigeant plus de solidarité, de régulation et de transparence dans les affaires financières, il suggère de les reprendre en main par le biais d’une association entre employés de la banque et usagers. Bref il s’agit de faire du secteur bancaire un service public contrôlé par les citoyens.
Finalement, Myriam Bourgy est revenue sur l’intérêt de l’audit citoyen de la dette comme moyen de mettre la problématique de la dette sur le devant de la scène.

Dans le public, durant les débats qui ont suivi les présentations, de nombreuses personnes se sont interrogées sur les moyens à utiliser pour toucher nos concitoyens. Beaucoup d’entre eux ont relevé l’importance de créer des outils accessibles, qui soient à la fois compréhensibles et solides sur le fond. C’est ce à quoi s’attache le CADTM, dont les multiples outils pédagogiques devraient être mis en ligne tout prochainement sur ce site. C’est aussi dans cette perspective qu’était convié, pour clore la journée, Désiré Prunier. L’activiste a présenté sa conférence gesticulée, hymne à un futur proche dans lequel le système-dette aurait été abattu (voir une version écrite de la conférence : 2032 - 2062. 30è anniversaire du Service Public Monétaire Mondial et de la fin de la dettscroquerie ! ). Il nous a rappelé avec poésie que la culpabilidette nous aliénait dans un remboursement asservissant et sans fin d’une dette irréelle et illégitime. Parallèlement, la biodiversidette et la nucléairodette continuent de croître d’une façon qui mériterait qu’on concentre et unissent nos forces et celle de l’État contre elles plutôt que contre un déséquilibre budgétaire fumeux.