Cahier d’Attac Maroc : migration et mondialisation

8 février 2011 par ATTAC/CADTM Maroc


La stagnation des économies et du développement humain en Afrique, liée tout
particulièrement à la question de la dette, mais aussi à la persistance des guerres et des
conflits, à la dégradation accélérée de l’environnement et à la permanence de gouvernements
non démocratiques, fortement liés à l’impérialisme, auxquelles il faut ajouter l’impact de la
crise économique et financière de ces dernières années, ne permet pas d’envisager une
décélération des flux migratoires pas plus que les projets européens de sécurisation et de
verrouillage de ses frontières ne permettent d’espérer une décrispation sensible sur ce
dossier.



C’est pourquoi, dans le cadre des journées d’étude trimestrielles organisées par le Réseau des
groupes Attac du Nord du Maroc, nous avons voulu consacrer une journée à la question
migratoire, qui permette d’associer connaissance du terrain et réflexion de fonds et d’avancer
dans la formulation de propositions et perspectives. Il est à noter que cette journée devait se
dérouler quelques jours à peine avant le Sommet de Barcelone de l’Union pour la Méditerranée,
qui a finalement été reporté et ne s’est toujours pas tenu à ce jour.

Le choix s’est porté sur deux axes particulièrement sensibles :

- migration et mondialisation Mondialisation (voir aussi Globalisation)
(extrait de F. Chesnais, 1997a)
Jusqu’à une date récente, il paraissait possible d’aborder l’analyse de la mondialisation en considérant celle-ci comme une étape nouvelle du processus d’internationalisation du capital, dont le grand groupe industriel transnational a été à la fois l’expression et l’un des agents les plus actifs.
Aujourd’hui, il n’est manifestement plus possible de s’en tenir là. La « mondialisation de l’économie » (Adda, 1996) ou, plus précisément la « mondialisation du capital » (Chesnais, 1994), doit être comprise comme étant plus - ou même tout autre chose - qu’une phase supplémentaire dans le processus d’internationalisation du capital engagé depuis plus d’un siècle. C’est à un mode de fonctionnement spécifique - et à plusieurs égards important, nouveau - du capitalisme mondial que nous avons affaire, dont il faudrait chercher à comprendre les ressorts et l’orientation, de façon à en faire la caractérisation.

Les points d’inflexion par rapport aux évolutions des principales économies, internes ou externes à l’OCDE, exigent d’être abordés comme un tout, en partant de l’hypothèse que vraisemblablement, ils font « système ». Pour ma part, j’estime qu’ils traduisent le fait qu’il y a eu - en se référant à la théorie de l’impérialisme qui fut élaborée au sein de l’aile gauche de la Deuxième Internationale voici bientôt un siècle -, passage dans le cadre du stade impérialiste à une phase différant fortement de celle qui a prédominé entre la fin de Seconde Guerre mondiale et le début des années 80. Je désigne celui-ci pour l’instant (avec l’espoir qu’on m’aidera à en trouver un meilleur au travers de la discussion et au besoin de la polémique) du nom un peu compliqué de « régime d’accumulation mondial à dominante financière ».

La différenciation et la hiérarchisation de l’économie-monde contemporaine de dimension planétaire résultent tant des opérations du capital concentré que des rapports de domination et de dépendance politiques entre États, dont le rôle ne s’est nullement réduit, même si la configuration et les mécanismes de cette domination se sont modifiés. La genèse du régime d’accumulation mondialisé à dominante financière relève autant de la politique que de l’économie. Ce n’est que dans la vulgate néo-libérale que l’État est « extérieur » au « marché ». Le triomphe actuel du « marché » n’aurait pu se faire sans les interventions politiques répétées des instances politiques des États capitalistes les plus puissants (en premier lieu, les membres du G7). Cette liberté que le capital industriel et plus encore le capital financier se valorisant sous la forme argent, ont retrouvée pour se déployer mondialement comme ils n’avaient pu le faire depuis 1914, tient bien sûr aussi de la force qu’il a recouvrée grâce à la longue période d’accumulation ininterrompue des « trente glorieuses » (l’une sinon la plus longue de toute l’histoire du capitalisme). Mais le capital n’aurait pas pu parvenir à ses fins sans le succès de la « révolution conservatrice » de la fin de la décennie 1970.
du travail ;

- la thématique migratoire dans le cadre du partenariat Union Européenne/Maroc.

Lors du premier axe nous tenterons de mieux comprendre comment s’organise le marché de
l’emploi dans le cadre de la globalisation Globalisation (voir aussi Mondialisation) (extrait de Chesnais, 1997a)

Origine et sens de ce terme anglo-saxon. En anglais, le mot « global » se réfère aussi bien à des phénomènes intéressant la (ou les) société(s) humaine(s) au niveau du globe comme tel (c’est le cas de l’expression global warming désignant l’effet de serre) qu’à des processus dont le propre est d’être « global » uniquement dans la perspective stratégique d’un « agent économique » ou d’un « acteur social » précis. En l’occurrence, le terme « globalisation » est né dans les Business Schools américaines et a revêtu le second sens. Il se réfère aux paramètres pertinents de l’action stratégique du très grand groupe industriel. Il en va de même dans la sphère financière. A la capacité stratégique du grand groupe d’adopter une approche et conduite « globales » portant sur les marchés à demande solvable, ses sources d’approvisionnement, les stratégies des principaux rivaux oligopolistiques, font pièce ici les opérations effectuées par les investisseurs financiers, ainsi que la composition de leurs portefeuilles. C’est en raison du sens que le terme global a pour le grand groupe industriel ou le grand investisseur financier que le terme « mondialisation du capital » plutôt que « mondialisation de l’économie » m’a toujours paru - indépendamment de la filiation théorique française de l’internationalisation dont je reconnais toujours l’héritage - la traduction la plus fidèle du terme anglo-saxon. C’est l’équivalence la plus proche de l’expression « globalisation » dans la seule acceptation tant soit peu scientifique que ce terme peut avoir.
Dans un débat public, le patron d’un des plus grands groupes européens a expliqué en substance que la « globalisation » représentait « la liberté pour son groupe de s’implanter où il le veut, le temps qu’il veut, pour produire ce qu’il veut, en s’approvisionnant et en vendant où il veut, et en ayant à supporter le moins de contraintes possible en matière de droit du travail et de conventions sociales »
libérale et du rapport capital/travail qui en découle.
Nous chercherons à connaître les stratégies mises en place par les migrant(e)s bloqué(e)s au
Maroc pour au pire exercer des activités de survie ou au mieux accéder au marché du travail,
ainsi que les conditions de leur insertion dans ce marché. En regard, nous examinerons la
question de l’emploi dans l’industrie délocalisée et nous interrogerons la question de la mobilité
des personnes, à partir du rapport du PNUD PNUD
Programme des Nations unies pour le développement
Créé en 1965 et basé à New York, le PNUD est le principal organe d’assistance technique de l’ONU. Il aide - sans restriction politique - les pays en développement à se doter de services administratifs et techniques de base, forme des cadres, cherche à répondre à certains besoins essentiels des populations, prend l’initiative de programmes de coopération régionale, et coordonne, en principe, les activités sur place de l’ensemble des programmes opérationnels des Nations unies. Le PNUD s’appuie généralement sur un savoir-faire et des techniques occidentales, mais parmi son contingent d’experts, un tiers est originaire du Tiers-Monde. Le PNUD publie annuellement un Rapport sur le développement humain qui classe notamment les pays selon l’Indicateur de développement humain (IDH).
Site :
2009.

Le deuxième axe nous permettra de faire le point sur les politiques migratoires de l’Union
européenne et les accords passés dans le cadre des relations euro-marocaines. Nous
aborderons plus en détail la question des accords de réadmission et des expulsions des jeunes,
mineurs ou jeunes majeurs. Nous questionnerons alors le sens du « statut avancé » accordé au
Maroc dans le cadre des accords de partenariat euro-méditerranéens et le rôle particulier du
Maghreb, région africaine ou première marche de l’Europe ?

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