Colombie : une nouvelle campagne contre la dette

14 mai 2005 par Frédéric Lévêque




Il y a deux ans, l’Union nationale des employés du secteur bancaire de Colombie (UNEB) rejoignait officiellement le réseau international du CADTM. L’an dernier, à la fin du mois de juillet, à l’invitation de l’UNEB, deux représentants du CADTM Belgique se rendaient en Colombie pour concrétiser les relations entre le réseau et le syndicat bancaire. Cette visite permit, outre l’organisation d’une grande conférence à laquelle participèrent quelques 300 représentants de mouvements sociaux, la tenue d’une réunion rassemblant une série d’associations qui avaient pour point commun la volonté de développer un travail sur la dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
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Le résultat vient de voir le jour. C’est la campagne nationale « En Deuda con Los Derechos » (littéralement « En dette avec les droits ») à l’initiative du Censat Agua Viva (les Amis de la Terre en Colombie), l’UNEB, l’Institut latino-américain de services légaux alternatifs (ILSA), le Centre d’études Ecole pour le développement, etc.
Cette campagne a pour objectif de mener une réflexion politique sur le thème de la dette publique et ses conséquences régressives pour les droits sociaux. Pour ce faire, un des objectifs des organisations qui composent cette plate-forme est de former et sensibiliser les leaders et cadres d’organisations sociales pour que le mouvement social s’approprie la problématique de la dette publique.

Malgré la politique de répression et d’extermination systématique dont les mouvements sociaux sont les victimes, et à l’instar de nombreux autres mouvements de l’hémisphère, la population colombienne se mobilise contre le libre-échange. Ils étaient plus d’un million dans les rues du pays en octobre 2004 pour s’opposer à la politique autoritaire de l’administration Uribe, qui veut leur imposer un traité de libre-échange avec les Etats-Unis.
Comme Claudio Katz l’avait déjà indiqué dans cette même revue (AVP n°22, février 2004), les traités de libre-échange et la dette sont les deux faces d’une même domination. En Colombie, la dette publique a commencé à croire de manière exponentielle à partir de 1990, année au cours de laquelle ont été vraiment impulsées lesdites politiques d’ « apertura » (lisez néolibérales). De 1990 à 2003, le stock de la dette Stock de la dette Montant total des dettes. est passé de 16% à 53% du produit intérieur brut PIB
Produit intérieur brut
Le PIB traduit la richesse totale produite sur un territoire donné, estimée par la somme des valeurs ajoutées.
Le Produit intérieur brut est un agrégat économique qui mesure la production totale sur un territoire donné, estimée par la somme des valeurs ajoutées. Cette mesure est notoirement incomplète ; elle ne tient pas compte, par exemple, de toutes les activités qui ne font pas l’objet d’un échange marchand. On appelle croissance économique la variation du PIB d’une période à l’autre.
. Ces chiffres ne comprennent pas les dettes des entités territoriales (départements et municipalités) ni celles de ce qui reste des entreprises publiques.

Dans ce cadre-là, on ne peut donc que les encourager à s’approprier le thème de la dette et à mener bataille dans un continent qui tend vers la gauche et où la Colombie fait figure pour l’instant d’exception ...

Frédéric Lévêque


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