Contre-Sommet du G7 : le CADTM poursuit sa lutte pour l’abolition des dettes illégitimes !

2 septembre 2019 par Rémi Vilain , Camille Bruneau , Régis Essono


Le 24 août 2019 (Crédits : Régis Essono)

En opposition au sommet du G7 qui se déroulait à Biarritz (France) du 24 au 26 août 2019, des mouvements sociaux, des syndicats et des organisations politiques se sont réunis à Hendaye (France) et à Irún (État espagnol) dès le 21 août pour un programme haut en couleur, en énergie et en propositions alternatives. Ils ont fait cela à l’initiative des deux plateformes organisatrices, « Alternatives G7 », réunissant des organisations essentiellement françaises mais aussi internationales, et « G7 EZ ! » (Non au G7, en euskara, la langue basque) rassemblant des structures de l’ensemble du pays basque, français et espagnol.



Au menu de ces 5 jours : près d’une centaine d’ateliers et conférences ayant rassemblé près de 6.000 personnes en cumulé, une grande manifestation transfrontalière de Hendaye (France) à Irun (Espagne) ayant rassemblé 15.000 personnes ainsi que des actions Action
Actions
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de désobéissance civile. Malgré un contexte extrêmement sécuritaire et répressif qui a mis le pays basque en état de siège (plus de 13.000 policiers et militaires déployés, fouilles massives, interpellations préventives, gardes à vue abusives dont même les observateurs de la Ligue des droits de l’Homme et d’Amnesty ont été victimes,…), ce contre-sommet a su clamer haut et fort son opposition à ce sommet réunissant les 7 pays auto-désignés comme les plus puissants au monde.

Aux côtés des quelques 80 associations et organisations nationales et internationales qui avaient répondu à l’appel lancé par les deux plateformes [1], le CADTM est intervenu dans deux conférences et deux ateliers avant de rejoindre les différents cortèges et battre le pavé. Le système-dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
, utilisé comme un outil de domination et de transfert des richesses, tout comme le système capitaliste, est en effet un des éléments moteurs des inégalités dans le monde et entre les classes sociales.


1. Conférence « ReCommonsEurope –Pour un nouvel internationalisme des peuples en Europe »

  • Le 21/08 de 11h à 13h au Ficoba (Irún), salle 3
  • Langues : basque, français, espagnol, anglais
  • Intervenant.e.s : Alice Picard (Attac Europe), Eric Toussaint (CADTM International), Sergi Cutillas (EReNSEP, Plataforma Auditoría Ciudadana de la Deuda), Nathan Legrand (CADTM Belgique)

Soutenu par plus de 160 signataires provenant de 21 pays européens différents, le manifeste ReCommonsEurope « Manifeste pour un nouvel internationalisme des peuples en Europe », propose des mesures radicalement écosocialistes, féministes, antiracistes et visant à favoriser une révolution sociale et politique. Il s’agit d’un véritable plan appelé à être mis en œuvre par des forces de gauche populaire. Cette conférence, qui a rassemblé une centaine de personne, se donnait pour objectif de présenter et discuter, sur base du Manifeste, des principaux problèmes auxquels un gouvernement de gauche populaire devrait faire face de manière urgente dès son arrivée au pouvoir, dans une Europe confrontée à l’urgence écologique, à la violence des politiques libérales et à la montée d’extrémismes racistes et xénophobes.

Pour plus d’informations, voir notamment le « Manifeste pour un nouvel internationalisme des peuples en Europe », version complète ou version réduite.


2. Conférence « Abolir les dettes illégitimes publiques et privées »

  • Le 21/08 de 17h30 à 19h30 au Ficoba (Irún), salle 3
  • Langues : basque, français, espagnol, anglais
  • Intervenant.e.s : Eric Toussaint (CADTM international), Hélène Crouzillat, Groupe d’audit citoyen de la dette de l’Assurance chômage (GACDAC), Ivan Gimenez, Syndicat ELA (Euskal Langileen Alkartasuna)

Les dettes illégitimes constituent un outil de domination et de spoliation qui affectent la vie quotidienne des peuples. Les dettes publiques soumettent les finances publiques aux diktats des créanciers et sont utilisées comme prétexte pour approfondir les politiques néolibérales. Les dettes liées à la sécurité sociale peuvent avoir également un caractère illégitime. Les dettes privées sous souvent marquées d’illégitimités comme certaines dettes étudiantes, certaines dettes hypothécaires, une grande partie du microcrédit... La conférence, qui a réuni une centaine de participant-e-s, a permis d’avoir une vision globale des différentes dettes illégitimes publiques et privées et des moyens de les combattre.

Pour plus d’informations, voir notamment :


3. Atelier « Dettes aux Suds : des dettes coloniales à la nouvelle crise de la dette »

  • Le 22/08 de 17h30 à 19h30, École (Hendaye), Grande Salle Ciné
  • Langue : français
  • Intervenant.e.s : Makhoudia Diouf (Collectif Sortir du Franc CFA), Rémi Vilain (CADTM Belgique), Régis Essono (CADTM France)

Une nouvelle crise de la dette plane sur les pays des Suds, rappelant celle des années 1980 et faisant craindre l’imposition des mêmes politiques d’austérité extrême affaiblissant encore plus ces États et menaçant très sérieusement le pouvoir de vivre de leurs populations. Réunissant une quarantaine de personnes, cet atelier avait pour objectif d’aller au-delà d’un simple état des lieux et de montrer, de manière plus générale, que ces pays sont durablement enferrés dans un piège de la dette qu’on ne peut vraiment appréhender qu’en revenant également sur un passé colonial et post-colonial reposant sur des dettes illégitimes et odieuses au service d’un système tentaculaire d’injustice et d’oppression. Il s’agissait donc aussi de mettre en lumière les acteurs et les instruments, notamment financiers et monétaires, de la domination néocoloniale de pays dits « endettés », mais étant en réalité les créanciers, ainsi que de poser la question des voies de réparations du point de vue tant humain qu’économique et écologique.

Pour plus d’informations, voir notamment :


4. Conférence « La grève féministe, outil de combat »

Voilà plusieurs années que le mouvement féministe croit et se fait entendre ! En fonction des personnes présentes et des pays représentés, le but était d’échanger sur le processus de grève féministe et sur les mobilisations du 8 mars dans différents contextes. A partir des expériences de grève féministe et l’intervention de participantes de villes et pays différents, des questions à approfondir ont été soulevées, et les stratégies de mobilisations discutées. Ce dernier atelier de la journée du 22 voulue féministe a permis de mettre des collectifs et personnes en réseau, et s’est terminée par une manifestation en mixitée choisie (femmes +) qui a réuni environ 500 personnes qui ont symboliquement traversées la frontière et battu le pavé du centre-ville d’Hendaye. Le cortège a scandé des slogans francophones, basques, catalans, espagnoles et revendiqué la détermination des femmes + à s’opposer à l’ordre qui les oppresse incarné par le G7 G7 Groupe informel réunissant : Allemagne, Canada, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon. Leurs chefs d’État se réunissent chaque année généralement fin juin, début juillet. Le G7 s’est réuni la première fois en 1975 à l’initiative du président français, Valéry Giscard d’Estaing. .

Pour plus d’informations, voir notamment :

Durant ces quelques jours, tout ne fut pas parfait, bien entendu. Ainsi, par exemple, après une année de manifestations massives des mouvements pour la justice sociale et pour le climat, dont ce contre sommet se voulait un point de convergence, on pouvait espérer une mobilisation bien plus importante. Si davantage d’organisations et de mouvements auraient pu y prendre part ou mobiliser davantage, les 15.000 personnes présentes à la manifestation du samedi 24 août 2019 – plus que lors du G8 G8 Ce groupe correspond au G7 plus la Fédération de Russie qui, présente officieusement depuis 1995, y siège à part entière depuis juin 2002. et du G20 G20 Le G20 est une structure informelle créée par le G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni) à la fin des années 1990 et réactivée par lui en 2008 en pleine crise financière dans le Nord. Les membres du G20 sont : Afrique du Sud, Allemagne, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud, États-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Royaume-Uni, Russie, Turquie, Union européenne (représentée par le pays assurant la présidence de l’UE et la Banque Centrale européenne ; la Commission européenne assiste également aux réunions). L’Espagne est devenue invitée permanente. Des institutions internationales sont également invitées aux réunions : le Fonds monétaire international, la Banque mondiale. Le Conseil de stabilité financière, la BRI et l’OCDE assistent aussi aux réunions. qui s’étaient tenus en France en 2011, témoignent toutefois de l’élan collectif pour la création d’autres mondes anticapitalistes, solidaires, équitables et durables. En attendant, la lutte se poursuit, et nous vous attendons nombreux-ses pour participer à la 6e université d’été du CADTM Europe qui se déroulera du 5 au 8 septembre 2019 à Namur (Belgique). (Voir le programme complet à : http://www.cadtm.org/Universite-d-ete-2019-du-CADTM-Europe-Fin-du-monde-fin-du-mois-la-dette-on-n-en)


Voir également les interviews réalisées lors du Contre G7 :

- [Video] Contre G7 - Eric Toussaint : Les luttes contre les dettes illégitimes doivent occuper une place centrale
- [Video] Contre G7 - Alice Picard : Il est nécessaire de désobéir aux traités européens
- [Video] Contre G7 - Nathan Legrand : Il faut être prêt à assumer des politiques radicales et justes
- [Video] Contre G7 - Que représente le projet ReCommonsEurope ?
- [Video] Contre G7 - Ivan Gimenez : 66 % de la dette de Navarre est illégitime

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De gauche à droite : Ivan Gimenez (Syndicat Ela), Eric Toussaint (porte-parole CADTM International) et Hélène Crouzillat (GACDAC) (Crédits : Régis Essono) (Crédits : Régis Essono) Eric Toussaint (CADTM) et Hélène Crouzillat (GACDAC) (Crédits : Régis Essono) Ivan Gimenez (Syndicat ELA) (Crédits : Régis Essono) (Crédits : Régis Essono) (Crédits : Régis Essono) De gauche à droite : Rémi Vilain (CADTM Belgique), Makhoudia Diouf (Collectif 'Sortir du Franc CFA') et Régis Essono (CADTM France) (Crédits : Régis Essono) Rémi Vilain (CADTM Belgique) et Makhoudia Diouf (Collectif 'Sortir du Franc CFA') (Crédits : Régis Essono) Ivan Gimenez (Syndicat ELA) (Crédits : Régis Essono) Nathan Legrand (CADTM Belgique) (Crédits : Régis Essono) Amaia Muñoa, Secrétaire générale adjointe du syndicat basque ELA (Crédits : Régis Essono) Luciana Ghiotto, membre d'Attac CADTM Argentine (Crédits : Régis Essono) (Crédits : Régis Essono) De gauche à droite : Nathan Legrand (CADTM Belgique), Ivan Gimenez (Syndicat ELA), Eric Toussaint (CADTM) et Alice Picard (Attac France)(Crédits : Régis Essono) Alice Picard (Attac France) (Crédits : Régis Essono) Eric Toussaint (porte-parole CADTM International) (Crédits : Régis Essono) De gauche à droite : Nathan Legrand (CADTM Belgique), Ivan Gimenez (Syndicat ELA), Eric Toussaint (CADTM) et Alice Picard (Attac France)(Crédits : Régis Essono) (Crédits : Régis Essono) (Crédits : Régis Essono) Le 24 août 2019 (Crédits : Régis Essono) Le 24 août 2019 (Crédits : Régis Essono) Le 24 août 2019 (Crédits : Régis Essono) Le 24 août 2019 (Crédits : Régis Essono) Le 24 août 2019 (Crédits : Régis Essono)

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