Mardi 27 janvier a marqué le lancement officiel de la huitième édition du Forum social mondial (FSM) à Belém au Brésil avec une grande marche ayant réuni au moins 70 000 altermondialistes selon la presse brésilienne. En plein cœur de l’Amazonie et en pleine crise économique mondiale, cette manifestation, qui a débuté sous une puissante averse, fut caractérisée par son caractère festif et politiquement engagé avec certains slogans dénonçant la politique néo-libérale menée par le président brésilien Lula. Malgré d’importants désagréments liés aux transports, le réseau international CADTM représenté par une quinzaine de délégués des quatre continents, a répondu une nouvelle fois présent à ce grand rassemblement, deux ans après le dernier Forum Social mondial de Nairobi (Kenya).
En présence de Rafael Correa, député vénézuélien, (proche du CADTM International) et de deux observateurs d’ATTAC France (qui préparent un livre sur les Forum sociaux mondiaux), une première réunion du réseau CADTM s’est tenue dès le matin du 27 janvier pour faire le point sur son large programme d’activités. En effet, pas moins de 17 ateliers sont organisés ou co-organisés avec d’autres mouvements citoyens « alliés » comme le réseau ATTAC, MMF
Money Market Funds
MMF
Les Money Market Funds (MMF) sont des sociétés financières des États-Unis et d’Europe, très peu ou pas du contrôlées ni réglementées car elles n’ont pas de licence bancaire. Ils font partie du shadow banking. En théorie, les MMF mènent une politique prudente mais la réalité est bien différente. L’administration Obama envisage de les réglementer car, en cas de faillite d’un MMF, le risque de devoir utiliser des deniers publics pour les sauver est très élevé. Les MMF suscitent beaucoup d’inquiétude vu les fonds considérables qu’ils gèrent et la chute depuis 2008 de leur marge de profit. En 2012, les MMF états-uniens maniaient 2 700 milliards de dollars de fonds, contre 3 800 milliards en 2008. En tant que fonds d’investissement, les MMF collectent les capitaux des investisseurs (banques, fonds de pension…). Cette épargne est ensuite prêtée à très court terme, souvent au jour le jour, à des banques, des entreprises et des États.
Dans les années 2000, le financement par les MMF est devenu une composante importante du financement à court terme des banques. Parmi les principaux fonds, on trouve Prime Money Market Fund, créé par la principale banque des États-Unis JP.Morgan, qui gérait, en 2012, 115 milliards de dollars. La même année, Wells Fargo, la 4e banque aux États-Unis, gérait un MMF de 24 milliards de dollars. Goldman Sachs, la 5e banque, contrôlait un MMF de 25 milliards de dollars.
Sur le marché des MMF en euros, on trouve de nouveau des sociétés états-uniennes : JP.Morgan (avec 18 milliards d’euros), Black Rock (11,5 milliards), Goldman Sachs (10 milliards) et des européennes avec principalement BNP Paribas (7,4 milliards) et Deutsche Bank (11,3 milliards) toujours pour l’année 2012. Certains MMF opèrent également avec des livres sterling. Bien que Michel Barnier ait annoncé vouloir réglementer le secteur, jusqu’à aujourd’hui rien n’a été mis en place. Encore des déclarations d’intention...
1. L’agence de notation Moody’s a calculé que pendant la période 2007-2009, 62 MMF ont dû être sauvés de la faillite par les banques ou les fonds de pensions qui les avaient créés. Il s’est agi de 36 MMF opérant aux États-Unis et 26 en Europe, pour un coût total de 12,1 milliards de dollars. Entre 1980 et 2007, 146 MMF ont été sauvés par leurs sponsors. En 2010-2011, toujours selon Moody’s, 20 MMF ont été renfloués.
2 Cela montre à quel point ils peuvent mettre en danger la stabilité du système financier privé.
(Marche Mondiale des Femmes), Jubilé Sud, Via Campesina mais aussi le groupe parlementaire de la Gauche Unie européenne (GUE), le Nouveau parti anticapitaliste (France) et le PSOL (Brésil). Du 28 janvier au 1er février, ces ateliers porteront sur les thématiques privilégiées du CADTM comme l’audit de la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
et les expériences en Amérique latine, la dette écologique
Dette écologique
La dette écologique est la dette contractée par les pays industrialisés envers les autres pays à cause des spoliations passées et présentes de leurs ressources naturelles, auxquelles s’ajoutent la délocalisation des dégradations et la libre disposition de la planète afin d’y déposer les déchets de l’industrialisation.
La dette écologique trouve son origine à l’époque coloniale et n’a cessé d’augmenter à travers diverses activités :
La « dette du carbone ». C’est la dette accumulée en raison de la pollution atmosphérique disproportionnée due aux grandes émissions de gaz de certains pays industriels, avec, à la clé, la détérioration de la couche d’ozone et l’augmentation de l’effet de serre.
La « biopiraterie ». C’est l’appropriation intellectuelle des connaissances ancestrales sur les semences et sur l’utilisation des plantes médicinales et d’autres végétaux par l’agro-industrie moderne et les laboratoires des pays industrialisés qui, comble de l’usurpation, perçoivent des royalties sur ces connaissances.
Les « passifs environnementaux ». C’est la dette due au titre de l’exploitation sous-rémunérée des ressources naturelles, grevant de surcroît les possibilités de développement des peuples lésés : pétrole, minéraux, ressources forestières, marines et génétiques.
L’exportation vers les pays les plus pauvres de produits dangereux fabriqués dans les pays industriels.
Dette écologique et dette extérieure sont indissociables. L’obligation de payer la dette extérieure et ses intérêts impose aux pays débiteurs de réaliser un excédent monétaire. Cet excédent provient pour une part d’une amélioration effective de la productivité et, pour une autre part, de l’appauvrissement des populations de ces pays et de l’abus de la nature. La détérioration des termes de l’échange accentue le processus : les pays les plus endettés exportent de plus en plus pour obtenir les mêmes maigres recettes tout en aggravant mécaniquement la pression sur les ressources naturelles.
et les biens publics mondiaux, la dette et la crise alimentaire, les alternatives à l’architecture financière internationale et la Banque du Sud…Le CADTM International sera également actif
Actif
Actifs
En général, le terme « actif » fait référence à un bien qui possède une valeur réalisable, ou qui peut générer des revenus. Dans le cas contraire, on parle de « passif », c’est-à-dire la partie du bilan composé des ressources dont dispose une entreprise (les capitaux propres apportés par les associés, les provisions pour risques et charges ainsi que les dettes).
sur des sujets plus larges comme les réponses globales à la crise financière, un atelier majeur en 2 parties co-organisé par une vingtaine d’organisations.
En privilégiant ces collaborations dans l’organisation des panels, le CADTM tente de pallier à une faiblesse importante du FSM : l’absence de convergence puisque 2 000 ateliers sont enregistrés sur seulement 5 jours de Forum ! D’autres problèmes plus graves ont également été identifiés comme le manque important d’interprètes et le coût exorbitant de l’entrée au Forum : 30 réals soit 10 euros, l’équivalent de 10 repas ! Force est donc de constater que les protestations citoyennes contre les prix excessifs durant le FSM de Nairobi, auxquelles le CADTM a pris part n’ont pas été entendues. La conséquence est directe : l’exclusion de fait des populations locales du Sud, principales victimes du système capitaliste. Rappelons que l’accès à un Forum gratuit pour les populations du Sud est tout à fait possible comme l’a démontré le FSM de Caracas en 2006. Le CADTM, pour sa part, vendra ses publications au prix le plus bas possibles (3 euros en moyenne pour les citoyens du Sud et 7 euros pour ceux du Nord).
La délégation du réseau ne manquera pas non plus de dénoncer publiquement ces graves incohérences au cours des différentes assemblées comme le Conseil international du FSM, l’Assemblée des Assemblées (innovation de ce FSM) et l’Assemblée des mouvement sociaux (AMS). L’objectif pour le CADTM est d’insuffler une ligne politique anticapitaliste, anti-impérialiste, anti-patriarcale et éco-socialiste susceptible d’être reprise à l’Assemblée des Assemblées. De manière générale, ces revendications seront systématiquement mises en avant dans les différents ateliers où le réseau est représenté et ce, dès le 28 janvier, journée de la Pan-Amazonie. A l’occasion de cette journée célébrant « les 500 ans de résistances, conquêtes et perspectives afro-indigène et populaire » le CADTM a organisé en collaboration avec ATTAC sa première conférence consacrée à la dette écologique et les biens communs [1.] A chaque événement du Forum, il s’agira de mettre l’accent sur le caractère systémique de l’actuelle crise capitaliste mondiale et l’interconnexion de ses différentes composantes (crises financière, économique, alimentaire, écologique).
Mais la partie est loin d’être gagnée malgré la conjoncture internationale propice à ce type de revendications radicales, tant le mouvement altermondialiste est traversé par différentes tendances. Celle qui prédomine actuellement se limite à la régulation de la finance internationale dont l’objectif clairement annoncé n’est absolument pas la sortie du modèle capitaliste. Mais tout reste possible. Il ne tient qu’à nous, organisations radicales du FSM, de renverser cette tendance !
Contacts :
Eric Toussaint : 00 55 91 887 02 759
Olivier Bonfond : 00 55 91 824 91 056
Myriam Bourgy : 00 55 91 824 91 055
[1.] L’intitulé exact de cet atelier est « Dette écologique et biens communs : pour la reprise par les peuples du contrôle sur les ressources naturelles.
Cycle de formation du CADTM
Les fonds vautours (avec focus sur les cas de l’Argentine et de la Zambie)10 mai, par CADTM , Pablo Laixhay , Pierre-François Grenson , Maxime Perriot
25 avril, par CADTM , Ecologistas en acción , ATTAC Espagne , Plateforme espagnole de lutte contre les fonds vautours , Audit de la santé , Coordination pour le droit au logement à Madrid
25 avril, par CADTM , Maxime Perriot
3 avril, par CADTM , Eric Toussaint , Collectif , Anaïs Carton
Cycle de formation du CADTM
Dette et féminisme8 mars, par CADTM , Camille Bruneau
8 mars, par CADTM , Attac France
13 février, par CADTM
16 décembre 2022, par CADTM , Collectif
13 décembre 2022, par CADTM
9 décembre 2022, par CADTM