Communiqué de la MMF internationale
12 avril 2017 par Marche mondiale des femmes
Le 24 avril, nous nous souviendrons du Massacre du Rana Plaza au Bangladesh, quand près de 1000 femmes furent blessées ou perdirent leurs vies en 2013 en raison de l’effondrement du bâtiment dans lequel elles travaillaient, dans des conditions inhumaines, pour un salaire immoral. Nous, militantes de la Marche Mondiale des Femmes, unies en solidarité, nous joignons nos voix pour dénoncer le profit du capitalisme sur l’exploitation et l’expropriation du travail productif qui a lieu dans nos vies chaque jour et se manifeste de différentes façons.
Le capitalisme se restructure en permanence et utilise les mêmes mécanismes violents d’accaparement présents dès son origine : l’appropriation des terres et de la nature, l’exploitation du travail, le contrôle des corps des femmes, la violence et le pouvoir militaire. Ce qui veut dire que ce système se manifeste de façon directement liée au néo-colonialisme et au patriarcat.
Les sociétés organisent leur production et toute leur chaîne de valeur de façon disséminée autour du monde, ayant comme cible les pays du Sud global considérés comme des “paradis fiscaux
Paradis fiscaux
Paradis fiscal
Territoire caractérisé par les cinq critères (non cumulatifs) suivants :
(a) l’opacité (via le secret bancaire ou un autre mécanisme comme les trusts) ;
(b) une fiscalité très basse, voire une imposition nulle pour les non-résidents ;
(c) des facilités législatives permettant de créer des sociétés écrans, sans aucune obligation pour les non-résidents d’avoir une activité réelle sur le territoire ;
(d) l’absence de coopération avec les administrations fiscales, douanières et/ou judiciaires des autres pays ;
(e) la faiblesse ou l’absence de régulation financière.
La Suisse, la City de Londres et le Luxembourg accueillent la majorité des capitaux placés dans les paradis fiscaux. Il y a bien sûr également les Iles Caïmans, les Iles anglo-normandes, Hong-Kong, et d’autres lieux exotiques. Les détenteurs de fortunes qui veulent échapper au fisc ou ceux qui veulent blanchir des capitaux qui proviennent d’activités criminelles sont directement aidés par les banques qui font « passer » les capitaux par une succession de paradis fiscaux. Les capitaux généralement sont d’abord placés en Suisse, à la City de Londres ou au Luxembourg, transitent ensuite par d’autres paradis fiscaux encore plus opaques afin de compliquer la tâche des autorités qui voudraient suivre leurs traces et finissent par réapparaître la plupart du temps à Genève, Zurich, Berne, Londres ou Luxembourg, d’où ils peuvent se rendre si nécessaires vers d’autres destinations.
” et dans lesquels la main d’œuvre est bon marché. Cependant, la force de travail ne peut être meilleur marché que si les droits des travailleuses/travailleurs ne sont pas garantis. Des femmes, et plus précisément des femmes noires, asiatiques et/ou immigrées, y compris dans les pays du Nord, subissent des conditions précaires de travail, endurent des longues journées, et reçoivent les plus bas salaires.
C’est avec l’usurpation des terres aux communautés, la transformation de l’agriculture familiale en agriculture vouée à l’exportation, la déforestation, la pollution des fleuves qui résulte des activités des multinationales, que les Femmes souffrent immédiatement de l’absence des ressources de base, comme les aliments et l’eau, nécessaires au maintien du bien-être quotidien de leurs familles. C’est ainsi que nous venons à dépendre du marché pour pouvoir avoir des aliments alors que nous n’avons pas de pouvoir d’achat et que nous devons parcourir de longues distances pour nous procurer de l’eau. La classe de travailleurs émigrants urbains – en majorité composée d’hommes – qui naît de la présence de sociétés dans les communautés, favorise la prostitution, les mariages précoces et/ou le sexe multinational pour subvenir aux difficultés financières vécues par les Femmes et leurs communautés.
L’industrie alimentaire, qui soutient les aliments Génétiquement Modifiés (OGM
OGM
Organisme génétiquement modifié
Organisme vivant (végétal ou animal) sur lequel on a procédé à une manipulation génétique afin de modifier ses qualités, en général afin de le rendre résistant à un herbicide ou un pesticide. En 2000, les OGM couvraient plus de 40 millions d’hectares, concernant pour les trois-quarts le soja et le maïs. Les principaux pays producteurs étaient les USA, l’Argentine et le Canada. Les plantes génétiquement modifiées sont en général produites intensivement pour l’alimentation du bétail des pays riches. Leur existence pose trois problèmes.
Problème sanitaire. Outre la présence de nouveaux gènes dont les effets ne sont pas toujours connus, la résistance à un herbicide implique que le producteur va multiplier son utilisation. Les produits OGM (notamment le soja américain) se retrouvent gorgés d’herbicide dont dont on ignore les effets sur la santé humaine. De plus, pour incorporer le gène nouveau, on l’associe à un gène de résistance à un antibiotique, on bombarde des cellules saines et on cultive le tout dans une solution en présence de cet antibiotique pour ne conserver que les cellules effectivement modifiées.
Problème juridique. Les OGM sont développés à l’initiative des seules transnationales de l’agrochimie comme Monsanto, pour toucher les royalties sur les brevets associés. Elles procèdent par coups de boutoir pour enfoncer une législation lacunaire devant ces objets nouveaux. Les agriculteurs deviennent alors dépendants de ces firmes. Les États se défendent comme ils peuvent, bien souvent complices, et ils sont fort démunis quand on découvre une présence malencontreuse d’OGM dans des semences que l’on croyait saines : destruction de colza transgénique dans le nord de la France en mai 2000 (Advanta Seeds), non destruction de maïs transgénique sur 2600 ha en Lot et Garonne en juin 2000 (Golden Harvest), retrait de la distribution de galettes de maïs Taco Bell aux USA en octobre 2000 (Aventis). En outre, lors du vote par le parlement européen de la recommandation du 12/4/2000, l’amendement définissant la responsabilité des producteurs a été rejeté.
Problème alimentaire. Les OGM sont inutiles au Nord où il y a surproduction et où il faudrait bien mieux promouvoir une agriculture paysanne et saine, inutiles au Sud qui ne pourra pas se payer ces semences chères et les pesticides qui vont avec, ou alors cela déséquilibrera toute la production traditionnelle. Il est clair selon la FAO que la faim dans le monde ne résulte pas d’une production insuffisante.
) s’est installée dans nos marchés. Dans celle-ci, l’apparence esthétique des aliments a plus d’importance que leur qualité nutritionnelle, ce qui fait que notre santé et notre bien-être sont gravement touchés.
L’industrie de la mode et de la technologie, par le biais de la manipulation médiatique pour une consommation accélérée, produisent chaque jour des besoins superflus et nous persuadent de l’idée que la consommation nous confère un statut élevé, ce qui revient à une forme de relâchement et de culte de notre amour propre. Nous réfutons la fausse idée qui prétend que la féminité se mesure par la quantité et le coût de ce que l’on achète.
Ce contexte, qui affecte chaque jour les Femmes de diverses façons, est la conséquence de ce que l’on appelle le “libre échange” qui n’est point nouveau et qui, d’autre part, n’a rien de libre. Les accords de libre échange ( ALC’s ) sont des instruments qui établissent des normes très rigides formulées par le biais d’un processus extrêmement antidémocratique qui a pour objectif de rendre ces normes irréversibles pour que les entreprises multinationales puissent élargir leur pouvoir sur nos vies, le contrôle sur les politiques des États et l’exploitation de la force de travail des Femmes. Avec les ALC’s, les sociétés visent à s’approprier de plus en plus de la connaissance produite historiquement par les peuples. Elles veulent breveter la vie, les semences, la connaissance, et avoir plus longtemps le monopole de ces brevets. Des exemples de cela sont l’Accord trans-pacifique ( TPP ), le transatlantique ( TTIP ) et l’Accord sur les commerces et services ( TISA ).
Nous, les femmes, nous luttons contre les TLCs car ces accords sont bien plus que des simples réglementations du commerce entre les pays, ce sont des stratégies de domination des personnes. Ces accords amplifient la portée du Marché, creusent des inégalités entre les pays et entre les peuples. Ils mettent en danger la durabilité de la vie sur terre par l’endommagement de la couche d’ozone, la préservation de la diversité terrestre et marine et aussi par l’intérêt démesuré à conquérir et explorer la Lune et d’autres planètes. Les multinationales comptent sur l’impunité : violent les droits humains, polluent la nature, nos corps et restent impunis. Elles changent leur nom, leur marque et délocalisent leur lieu de production pour accroître leurs bénéfices.
Quand nous contestons le libre commerce nous sommes en train de questionner un mode de développement qui, associant le machisme et le racisme dans le marché capitaliste bénéficie tout juste une petite élite. Nous dénonçons les stratégies d’avancée permanente du capital sur les territoires et la biodiversité des pays du sud et la marchandisation de la vie.
Nous, Femmes de la MMF
Money Market Funds
MMF
Les Money Market Funds (MMF) sont des sociétés financières des États-Unis et d’Europe, très peu ou pas du contrôlées ni réglementées car elles n’ont pas de licence bancaire. Ils font partie du shadow banking. En théorie, les MMF mènent une politique prudente mais la réalité est bien différente. L’administration Obama envisage de les réglementer car, en cas de faillite d’un MMF, le risque de devoir utiliser des deniers publics pour les sauver est très élevé. Les MMF suscitent beaucoup d’inquiétude vu les fonds considérables qu’ils gèrent et la chute depuis 2008 de leur marge de profit. En 2012, les MMF états-uniens maniaient 2 700 milliards de dollars de fonds, contre 3 800 milliards en 2008. En tant que fonds d’investissement, les MMF collectent les capitaux des investisseurs (banques, fonds de pension…). Cette épargne est ensuite prêtée à très court terme, souvent au jour le jour, à des banques, des entreprises et des États.
Dans les années 2000, le financement par les MMF est devenu une composante importante du financement à court terme des banques. Parmi les principaux fonds, on trouve Prime Money Market Fund, créé par la principale banque des États-Unis JP.Morgan, qui gérait, en 2012, 115 milliards de dollars. La même année, Wells Fargo, la 4e banque aux États-Unis, gérait un MMF de 24 milliards de dollars. Goldman Sachs, la 5e banque, contrôlait un MMF de 25 milliards de dollars.
Sur le marché des MMF en euros, on trouve de nouveau des sociétés états-uniennes : JP.Morgan (avec 18 milliards d’euros), Black Rock (11,5 milliards), Goldman Sachs (10 milliards) et des européennes avec principalement BNP Paribas (7,4 milliards) et Deutsche Bank (11,3 milliards) toujours pour l’année 2012. Certains MMF opèrent également avec des livres sterling. Bien que Michel Barnier ait annoncé vouloir réglementer le secteur, jusqu’à aujourd’hui rien n’a été mis en place. Encore des déclarations d’intention...
1. L’agence de notation Moody’s a calculé que pendant la période 2007-2009, 62 MMF ont dû être sauvés de la faillite par les banques ou les fonds de pensions qui les avaient créés. Il s’est agi de 36 MMF opérant aux États-Unis et 26 en Europe, pour un coût total de 12,1 milliards de dollars. Entre 1980 et 2007, 146 MMF ont été sauvés par leurs sponsors. En 2010-2011, toujours selon Moody’s, 20 MMF ont été renfloués.
2 Cela montre à quel point ils peuvent mettre en danger la stabilité du système financier privé.
, réaffirmons la date du 24 avril comme une date de Résistance et lutte contre le pouvoir et l’impunité des TNCs e contre toutes les formes d’exploitation capitaliste néolibérale. Nous invitons nos militantes et alliées à s’unir dans cette réflexion/action sur leur contexte spécifique en incorporant leurs luttes locales dans cette discussion plus ample. Notre questionnement est à l’origine des alternatives que nous construisons sur la base de la souveraineté alimentaire, l’agro-écologie et l’économie solidaire où nous défendons le travail comme un espace pour la liberté des personnes qui sont productrices et de celles qui sont consommatrices.
Notre action nous renforce et stimule les luttes et résistances dans la diversité de femmes que nous sommes et représentons localement et internationalement.
Source MMF
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