FSM Belém : Atelier organisé par le CADTM le 28 janvier 2009.
23 février 2009 par CADTM
Voici une synthèse non exhaustive des différentes interventions et commentaires. Cet atelier se situe dans la continuité du travail du CADTM sur la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
écologique. Une brochure sortira prochainement sur ce thème. L’université d’été du CADTM qui aura lieu début juillet 2009 sera un prochain rendez-vous pour avancer sur cette réflexion.
Des personnes de divers horizons sont intervenues lors de ce panel : Roberto Musacchio, parlementaire européen (GUE/PRC – Italie) ; Jawad Moustakbal (ATTAC/CADTM Maroc) ; Stanley Williams (IRDW – Inde) ; Claude Quémar (CADTM France).
S’il fallait définir ce qu’est la dette écologique, il suffirait d’expliquer que les pays du Nord polluent plus que les pays du Sud [1], que le Sud subit beaucoup plus les conséquences de cette pollution et du changement climatique. Il est donc légitime que le Sud réclame une dette écologique vis à vis du Nord et se positionne en tant que créancier. Mais la dette écologique ne se résume pas seulement à une opposition Nord / Sud. En effet, comme le dit Claude Quémar « Il y a du Nord au Sud et du Sud au Nord ». S’il existe de nombreuses sociétés transnationales occidentales qui pillent les richesses naturelles des pays du Sud, il en existe aussi au Sud (chinoises, brésiliennes, d’Afrique du Sud, d’Argentine...) qui ont les mêmes pratiques d’exploitation. Par ailleurs, une large bataille contre les privatisations (comme la privatisation du traitement et de la distribution de l’eau) est menée dans les pays du Nord par de nombreux mouvements. La reconnaissance d’une dette écologique et le versement de réparations s’inscrit contre la logique de marchandisation des ressources, contre l’intérêt des élites capitalistes locales et donc dans une lutte globale au système de développement actuel.
Contre les politiques néolibérales et capitalistes de développement
Il s’agit ainsi de s’opposer aux politiques néo-libérales et capitalistes dictées par les gouvernements, les institutions financières internationales et les sociétés transnationales. Elles ont mené à l’exploitation à outrance et à la marchandisation des ressources naturelles [2], au développement d’une agriculture d’exportation [3], à la privatisation des biens communs ... Jawad Moustakbal explique que la Banque mondiale
Banque mondiale
BM
La Banque mondiale regroupe deux organisations, la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) et l’AID (Association internationale de développement). La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a été créée en juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), à l’initiative de 45 pays réunis pour la première Conférence monétaire et financière des Nations unies.
En 2022, 189 pays en sont membres.
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a contraint le Maroc d’ouvrir le marché de l’eau aux transnationales : le traitement et la distribution de l’eau ont été privatisés et les inégalités d’accès à l’eau se sont accentuées. Ces mêmes acteurs ont poussé à la mise en place de « solutions » face au changement climatique : le capitalisme vert, le « New green deal », le protocole de Kyoto, les agrofuels sont autant d’exemples qui ne remettent pas en cause le modèle de développement actuel. Le développement des agrofuels crée même une nouvelle dette écologique qui privera encore davantage les peuples de leurs cultures vivrières
Vivrières
Vivrières (cultures)
Cultures destinées à l’alimentation des populations locales (mil, manioc, sorgho, etc.), à l’opposé des cultures destinées à l’exportation (café, cacao, thé, arachide, sucre, bananes, etc.).
et qui mènera à une agriculture encore plus destructrice de la nature.
La dette écologique indissociable d’une dette sociale
Ces politiques de développement ont des impacts destructeurs sur la nature et des impacts sociaux terribles. La pauvreté et les inégalités augmentent, l’accès aux biens communs n’est pas assuré pour la majorité de la population, les promesses d’emploi ne sont pas tenues et se résument à des licenciements... L’atteinte à la nature a donc des conséquences sociales terribles dont les plus pauvres sont les premières victimes. Ainsi Stanley William donnait l’exemple de l’exploitation d’aluminium en Inde qui a des conséquences dramatiques sur les valeurs et la culture des communautés, la gestion de la nature, le mode de gouvernement local... Cela montre bien que la dette écologique est indissociable d’une dette sociale, culturelle et historique.
Propositions pour une reconnaissance de la dette écologique et le versement de réparations
Il est donc plus que nécessaire de revendiquer l’existence d’une dette écologique des peuples et plus particulièrement des peuples du Sud. Différentes propositions d’actions
Action
Actions
Valeur mobilière émise par une société par actions. Ce titre représente une fraction du capital social. Il donne au titulaire (l’actionnaire) le droit notamment de recevoir une part des bénéfices distribués (le dividende) et de participer aux assemblées générales.
et d’alternatives ont émergé comme la tenue de tribunaux populaires sur la dette écologique, le versement de réparations aux peuples du Sud [4], l’accès à tous et gratuit aux biens communs comme l’eau, la reconnaissance de la responsabilité des sociétés transnationales, la mise en place d’un fonds de réparation écologique financé par ces mêmes transnationales pollueuses [5]. Il est donc nécessaire qu’une réelle solidarité entre les peuples du Nord et du Sud s’établisse afin de faire reconnaître cette dette écologique et d’avancer vers plus de justice sociale.
[1] Roberto Musacchio illustrait ce propos en montrant la différence d’émission de CO2 entre les continents.
Europe : 6t de CO2 / an
Etats-Unis : 12t de CO2 / an
Chine : 4t de CO2 / an
Afrique : 0,2t de CO2 / an
[2] Les exemples de l’eau et de l’aluminium ont été largement développés au cours de l’atelier
[3] L’agriculture d’exportation est consommatrice de ressources notamment en eau, destructrice de l’environnement du fait de la monoculture et des engrais chimiques. Le remboursement de la dette extérieure est une des raisons principales du développement de l’agriculture d’exportation.
[4] Les réparations pourraient remplacer l’Aide Publique au Développement actuelle et commencer par atteindre les 0,7% du PIB.
[5] Ce fonds ne pourrait bien sur, pas être géré par les institutions financières actuelles.
Cycle de formation du CADTM
Les fonds vautours (avec focus sur les cas de l’Argentine et de la Zambie)10 mai, par CADTM , Pablo Laixhay , Pierre-François Grenson , Maxime Perriot
25 avril, par CADTM , Ecologistas en acción , ATTAC Espagne , Plateforme espagnole de lutte contre les fonds vautours , Audit de la santé , Coordination pour le droit au logement à Madrid
25 avril, par CADTM , Maxime Perriot
3 avril, par CADTM , Eric Toussaint , Collectif , Anaïs Carton
Cycle de formation du CADTM
Dette et féminisme8 mars, par CADTM , Camille Bruneau
8 mars, par CADTM , Attac France
13 février, par CADTM
16 décembre 2022, par CADTM , Collectif
13 décembre 2022, par CADTM
9 décembre 2022, par CADTM