Introduction du livre « Dette et extractivisme » écrit par Nicolas Sersiron, ancien président du CADTM France.
Ce livre est sorti sur papier aux éditions Utopia en octobre 2014. Il est possible de se le procurer soit en librairie soit de le commander sur ce site au prix de 8 euros.
Les 5 chapitres sont publiés séparément au courant de l’été 2017.
Le système dette, que la majorité des lecteurs du site commence à bien connaître, est mis en lien avec l’extractivisme. Il est en effet un des plus puissant leviers du pillage des ressources naturelles qui enrichit un petit nombre d’actionnaires, appauvri et désespère la grande majorité de l’humanité et détruit notre biotope. Au fil de la publication des chapitres, nous verrons comment le réchauffement climatique et l’extinction des espèces vivantes en forte accélération, l’acidification des océans, la destruction des grands massifs forestiers, sont des conséquences directes des deux systèmes dette et extractivisme.
La dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
est, selon David Graeber, l’un des nœuds des rapports de pouvoir et de classes contemporains - de cette lutte qui oppose les 99 % aux autres, ces 1 %, « dont il est clair qu’il s’agit des créditeurs, explique-t-il, ceux-là qui sont en mesure de transformer leur richesse en influence politique, puis, en retour, de faire de leur influence politique la source de leur richesse. »
L’analyse du système-dette, de l’extractivisme Extractivisme Modèle de développement basé sur l’exploitation des ressources naturelles, humaines et financières, guidé par la croyance en une nécessaire croissance économique. et de leur interdépendance nous semble essentielle pour comprendre le fonctionnement de la « Mégamachine » [1]. L’extractivisme est une course au trésor dans laquelle les plus forts ne reculent devant aucune violence pour s’accaparer les communs que sont les ressources naturelles de la planète. Il y a quelques siècles, quand il n’y avait que la force humaine pour creuser des puits de mines, se saisir de l’or ou faire pousser le coton, la canne à sucre ou le tabac, les armateurs et les colons utilisaient des esclaves soumis par le fouet et les armes à feu. En 2013, ce sont des « esclaves énergétiques » pétrolivores qui sont utilisés pour extraire des métaux, du pétrole ou du charbon, tandis que d’autres transforment les forêts en déserts verts de soja ou de palmiers à huile. Alors que les armées coloniales d’occupation ont disparu depuis plus de cinquante ans, sauf exception (Palestine, Tibet…), la dépossession des ressources au profit des plus puissants s’est pourtant amplifiée. La dette illégitime n’est-elle pas la nouvelle violence qui a permis d’imposer l’asservissement néocolonial actuel ?
Le pillage des ressources minières, fossiles et agricoles est à l’origine du capitalisme, de la richesse de l’Europe et de son oligarchie, ce que Fernand Braudel nomme « l’économie-monde » : un centre dominant et des périphéries asservies. Notre idée est d’observer si la notion d’extractivisme, prise dans un sens large, recouvrant le pillage des ressources naturelles, humaines et financières, permet d’expliquer aussi bien la croissance des inégalités sociales que la destruction de l’environnement. Depuis plusieurs siècles, l’extractivisme a presque toujours été une violente dépossession des « communs ». Pourquoi l’or, le pétrole, la terre et bien d’autres ressources naturelles seraient-ils la propriété de quelques actionnaires ? La nature n’est-elle pas notre bien le plus précieux, aujourd’hui comme demain ? Cette appropriation-dépossession n’est-elle pas une rupture avec le donner-recevoir-rendre, coutume fondatrice des sociétés humaines, mise en exergue par Marcel Mauss ? Le pilleur ne la respecte pas. Il ne reçoit pas, il prend par la force ou/et la corruption. En ne donnant pas et en ne rendant jamais, il provoque inégalités et pauvreté, tout en détruisant les lois sociales ancestrales fondées sur l’échange et le partage.
Imaginez que des individus bien organisés réussissent à voler l’argent de tous les distributeurs de billets de banque de la terre le vendredi, la veille du week-end. Acceptons ensuite l’idée qu’il aura fallu un siècle aux extractivistes pour épuiser pétrole et métaux ayant nécessité 500 millions d’années pour se créer. A l’échelle du temps géologique, les deux jours du week-end après lesquels il sera possible de retrouver quelques billets dans les distributeurs dureront 273 siècles. Sans doute la terre aura-t-elle pu se refroidir, les grandes forêts repousser et les poissons repeupler les océans si quelques humains ont survécu à ce gigantesque hold-up pour le voir. Mais il aura manqué à la nature quelques millions de siècles pour accumuler l’énergie du soleil par les végétaux et reconstituer les énergies fossiles. Les pays nantis ne sont-ils pas les détrousseurs de la Terre ? Il est donc indispensable de comprendre qui prend à qui, comment, et surtout, pourquoi.
En dépassant la capacité des écosystèmes à se renouveler, ou en épuisant les ressources non renouvelables, les entreprises extractivistes ne sont pas dans l’échange avec la nature, ou la pacha mama, la terre mère des Indiens d’Amérique du sud. En plus de violer l’humanité entière à qui elles prennent sans jamais rendre, elles violent aussi les droits de la nature. Les eaux douces sont de plus en plus polluées, les ressources fossiles et minérales atteignent leur pic de production, les nappes phréatiques s’assèchent, les glaciers fondent, les forêts disparaissent, le climat se dégrade, les températures montent, les réserves halieutiques s’épuisent, la biodiversité animale et végétale est en chute libre, les océans s’acidifient. Alors pourquoi les extractivistes accélèrent-ils encore le rythme de leurs prédations ? Veulent-ils en finir avec les derniers gisements d’énergie fossile pour être les maîtres du bouquet final, climatique et social ? Sinon que cherchent-ils ? La drogue argent ! Sans se soucier d’autre chose. Quand un pays est bien doté géologiquement, comme la République démocratique du Congo, la RDC, aujourd’hui si pauvre et meurtrie, on parle de « malédiction des richesses naturelles ». Comment est-ce possible ?
Quant au système dette, il est pour nous inséparable de l’extractivisme. Comprendre comment la dette financière illégitime est le premier levier du pillage ainsi qu’une forme en elle-même de pillage nous semble essentiel. Quant à la dette écologique
Dette écologique
La dette écologique est la dette contractée par les pays industrialisés envers les autres pays à cause des spoliations passées et présentes de leurs ressources naturelles, auxquelles s’ajoutent la délocalisation des dégradations et la libre disposition de la planète afin d’y déposer les déchets de l’industrialisation.
La dette écologique trouve son origine à l’époque coloniale et n’a cessé d’augmenter à travers diverses activités :
La « dette du carbone ». C’est la dette accumulée en raison de la pollution atmosphérique disproportionnée due aux grandes émissions de gaz de certains pays industriels, avec, à la clé, la détérioration de la couche d’ozone et l’augmentation de l’effet de serre.
La « biopiraterie ». C’est l’appropriation intellectuelle des connaissances ancestrales sur les semences et sur l’utilisation des plantes médicinales et d’autres végétaux par l’agro-industrie moderne et les laboratoires des pays industrialisés qui, comble de l’usurpation, perçoivent des royalties sur ces connaissances.
Les « passifs environnementaux ». C’est la dette due au titre de l’exploitation sous-rémunérée des ressources naturelles, grevant de surcroît les possibilités de développement des peuples lésés : pétrole, minéraux, ressources forestières, marines et génétiques.
L’exportation vers les pays les plus pauvres de produits dangereux fabriqués dans les pays industriels.
Dette écologique et dette extérieure sont indissociables. L’obligation de payer la dette extérieure et ses intérêts impose aux pays débiteurs de réaliser un excédent monétaire. Cet excédent provient pour une part d’une amélioration effective de la productivité et, pour une autre part, de l’appauvrissement des populations de ces pays et de l’abus de la nature. La détérioration des termes de l’échange accentue le processus : les pays les plus endettés exportent de plus en plus pour obtenir les mêmes maigres recettes tout en aggravant mécaniquement la pression sur les ressources naturelles.
, si elle n’est jamais compensée ni réparée, n’est-elle pas justement la conséquence cachée de l’extractivisme, élément essentiel du pouvoir et de l’enrichissement de l’oligarchie régnante ?
La dette illégitime a été imposée aux nouveaux décideurs, après les indépendances des pays colonisés par les européens, pour remplacer la contrainte exercée par les armées d’occupation. Dissimulée au regard des peuples occidentaux, elle est pourtant d’une violence extrême. Son but n’a-t-il pas été d’assurer la continuité des pillages indispensables au déploiement de la société de consommation pour les seuls occidentaux, et surtout pour les profits de quelques uns ? Les politiques d’austérité et de régression sociale en Europe ou aux États-Unis, comme celles appliquées dans les PED, ne sont-elles pas justifiées par le remboursement de dettes publiques très discutables ? L’illégitimité n’est-elle pas fondée sur le fait que la population n’a ni emprunté, ni consenti formellement et encore moins profité des emprunts faits par les États après la crise ? Alors, doit-elle les rembourser et en payer les intérêts ? Les dizaines de milliers de milliards de dollars de dettes issues du crash bancaire de 2008, ou les effets de la récession Récession Croissance négative de l’activité économique dans un pays ou une branche pendant au moins deux trimestres consécutifs. qui a suivi, peuvent-ils être mis à la charge des citoyens ? L’illégitimité n’est-elle pas fondée sur l’absence d’échange inscrit dans la coutume ancestrale du donner-recevoir-rendre, principe qui impose aussi bien sur le plan social que moral de rendre un jour ce que l’on a reçu ou emprunté ? Doit-on rendre ce que l’on n’a pas reçu ? « Celui qui ne doit rien, ne paie rien », « don’t owe, don’t pay » clament les altermondialistes.
Nous examinerons d’abord les nombreuses formes d’extractivisme : extractions fossiles et minières, biodiversité, environnement, agriculture, climat, travail. Ensuite nous regarderons l’origine des dettes réclamées aux pays dominés : l’extractivisme financier. Bien qu’elles soient souvent odieuses, illégitimes voire illégales, c’est pourtant au nom de leurs remboursements que le FMI
FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.
À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).
Cliquez pour plus de détails.
(Fonds monétaire international), la BM
Banque mondiale
BM
La Banque mondiale regroupe deux organisations, la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) et l’AID (Association internationale de développement). La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a été créée en juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), à l’initiative de 45 pays réunis pour la première Conférence monétaire et financière des Nations unies.
En 2022, 189 pays en sont membres.
Cliquez pour plus de détails.
(Banque mondiale) et les pays de la Triade
Triade
Les expressions « Triade » et « triadique » sont dues à K. Ohmae (1985). Elles ont été utilisées d’abord par les business schools et le journalisme économique, avant d’être adoptées très largement. Les trois pôles de la Triade désignent les États-Unis, l’Union européenne et le Japon, mais autour de ces pôles se forment des associations un peu plus larges. Selon Ohmae, le seul espoir d’un pays en développement - il faut y ajouter désormais les anciens pays dits socialistes - est de se hisser au statut de membre associé, même périphérique, d’un des trois « pôles ». Cela vaut également pour les nouveaux pays industrialisés (NPI) d’Asie, qui ont été intégrés par étapes, avec notamment des différences de pays à pays, dans le pôle dominé par le Japon (Chesnais, 1997, p. 85-86).
[2] ont imposé aux pays en développement, les PED, le libre échange, la destruction des budgets de l’éducation, de la santé et un extractivisme brutal par exportation de leurs ressources naturelles. Le remboursement d’une dette publique illégitime menant à l’austérité n’est-il pas lui aussi infligé aux pays du Nord avec le même schéma ? Ne conduit-il pas à une véritable extraction par les détenteurs de capitaux d’une part toujours plus grande de la plus-value
Plus-value
La plus-value est la différence entre la valeur nouvellement produite par la force de travail et la valeur propre de cette force de travail, c’est-à-dire la différence entre la valeur nouvellement produite par le travailleur ou la travailleuse et les coûts de reproduction de la force de travail.
La plus-value, c’est-à-dire la somme totale des revenus de la classe possédante (profits + intérêts + rente foncière) est donc une déduction (un résidu) du produit social, une fois assurée la reproduction de la force de travail, une fois couverts ses frais d’entretien. Elle n’est donc rien d’autre que la forme monétaire du surproduit social, qui constitue la part des classes possédantes dans la répartition du produit social de toute société de classe : les revenus des maîtres d’esclaves dans une société esclavagiste ; la rente foncière féodale dans une société féodale ; le tribut dans le mode de production tributaire, etc.
Le salarié et la salariée, le prolétaire et la prolétaire, ne vendent pas « du travail », mais leur force de travail, leur capacité de production. C’est cette force de travail que la société bourgeoise transforme en marchandise. Elle a donc sa valeur propre, donnée objective comme la valeur de toute autre marchandise : ses propres coûts de production, ses propres frais de reproduction. Comme toute marchandise, elle a une utilité (valeur d’usage) pour son acheteur, utilité qui est la pré-condition de sa vente, mais qui ne détermine point le prix (la valeur) de la marchandise vendue.
Or l’utilité, la valeur d’usage, de la force de travail pour son acheteur, le capitaliste, c’est justement celle de produire de la valeur, puisque, par définition, tout travail en société marchande ajoute de la valeur à la valeur des machines et des matières premières auxquelles il s’applique. Tout salarié produit donc de la « valeur ajoutée ». Mais comme le capitaliste paye un salaire à l’ouvrier et à l’ouvrière - le salaire qui représente le coût de reproduction de la force de travail -, il n’achètera cette force de travail que si « la valeur ajoutée » par l’ouvrier ou l’ouvrière dépasse la valeur de la force de travail elle-même. Cette fraction de la valeur nouvellement produite par le salarié, Marx l’appelle plus-value.
La découverte de la plus-value comme catégorie fondamentale de la société bourgeoise et de son mode de production, ainsi que l’explication de sa nature (résultat du surtravail, du travail non compensé, non rémunéré, fourni par le salarié) et de ses origines (obligation économique pour le ou la prolétaire de vendre sa force de travail comme marchandise au capitaliste) représente l’apport principal de Marx à la science économique et aux sciences sociales en général. Mais elle constitue elle-même l’application de la théorie perfectionnée de la valeur-travail d’Adam Smith et de David Ricardo au cas spécifique d’une marchandise particulière, la force de travail (Mandel, 1986, p. 14).
produite par les travailleurs ?
Cette fameuse dette écologique, que les décideurs refusent de reconnaître, a plusieurs formes résultant directement des pillages : la dette historique (esclavage, colonisation), la dette environnementale (pollutions, forêts brûlées, effondrement de la biodiversité), la dette climatique et la dette sociale (inégalités, faim, destruction des habitats). Et si la croissance de la dette écologique correspond à l’absence de réparation, pourquoi acceptons-nous qu’elle continue encore à augmenter de nos jours ? Comment peut-on l’évaluer et en quoi sa réparation-compensation est-elle un combat essentiel ?
Le productivisme agricole vu sous l’angle de l’extractivisme, avec ses conséquences sur la vie des humains comme sur les grandes questions environnementales, n’est-il pas un des plus grands pillages des ressources de la planète : terres agricoles, territoires de vie, forêts, eaux douces et biodiversité ? N’est-il pas aussi responsable de la disparition de la matière organique des sols, la MOS, et d’une grosse part du stock des gaz à effet de serre, les GES, et de la pollution : eaux, air, terres ?
La malbouffe au Nord et le développement des ALD, affections de longue durée, ne sont-ils pas les conséquences directes de la « révolution verte » : industrialisation de l’agriculture et de l’alimentation ? Ce modèle agricole, plutôt que de nourrir le monde, comme il le prétend, n’a-t-il pas au contraire cassé les systèmes de sécurité et d’autonomie alimentaires, provoquant faim et carence pour des milliards de personnes ? Le dernier rapport de la FAO (Food and Agriculture Organisation - Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), montre qu’au-delà des 840 millions d’humains souffrant de malnutrition aiguë, ce sont plus de deux milliards qui n’absorbent pas assez de nutriments pour mener une vie active.
L’audit citoyen et l’annulation des dettes illégitimes sont possibles, l’Équateur l’a prouvé en 2008. L’Islande a emprisonné ses banquiers voyous en 2013 et n’a pas mis à la charge de son peuple les pertes financières de ses banques privées. Les aides publiques au développement du Sud ne sont-elles pas un moyen pour maintenir les échanges inégaux entre les pays industrialisés et les PED ? Le contrôle des capitaux et les prélèvements variables aux frontières sur les importations de denrées alimentaires subventionnées ne seraient-ils pas, pour ces pays à faibles revenus, des moyens assez simples pour lutter contre la faim et la pauvreté ? Quelles formes pourraient prendre les réparations qui permettraient de stopper la croissance de la dette écologique au détriment des populations et de la nature ? Enfin, quelles alternatives individuelles, collectives ou/et politiques permettraient de construire une société post-extractiviste, post-consumériste, indispensable pour construire un avenir plus égalitaire et vivable pour toutes et tous ?
Introduction
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
[1] Titre d’un livre de Serge Latouche, la Mégamachine désigne l’emprise de la rationalité technoscientifique et économique planétaire (Serge Latouche, La Mégamachine, 1994, La Découverte).
[2] Japon, États-Unis, Europe.
Président du CADTM France, auteur du livre « Dette et extractivisme »
Après des études de droit et de sciences politiques, il a été agriculteur-éleveur de montagne pendant dix ans. Dans les années 1990, il s’est investi dans l’association Survie aux côtés de François-Xavier Verschave (Françafrique) puis a créé Échanges non marchands avec Madagascar au début des années 2000. Il a écrit pour ’Le Sarkophage, Les Z’indignés, les Amis de la Terre, CQFD.
Il donne régulièrement des conférences sur la dette.
8 octobre 2021, par Nicolas Sersiron
4 juin 2021, par Nicolas Sersiron
10 février 2021, par CADTM Belgique , Nicolas Sersiron , Sushovan Dhar , Camille Bruneau , Pablo Laixhay , Jonathan Peuch
26 octobre 2020, par Nicolas Sersiron
22 avril 2020, par Nicolas Sersiron
3 septembre 2019, par Nicolas Sersiron
19 mars 2019, par Nicolas Sersiron
24 janvier 2019, par Nicolas Sersiron , Cédric Durand , Nathalie Janson , Charles Gave , Frédéric Taddeï
7 janvier 2019, par Nicolas Sersiron , Aznague Ali
18 décembre 2018, par Nicolas Sersiron