Du Nord au Sud, le réseau international du CADTM s’associe à la semaine globale d’action contre la dette et les Institutions financières internationales

8 octobre 2010 par CADTM


Du 7 au 17 octobre, des mouvements du monde entier sont invités à joindre leurs efforts dans la lutte. Unissons-nous pour cette semaine d’action globale contre la dette et les Institutions financières internationales (IFI).



Malgré les discours officiels, l’économie mondiale est loin de s’être rétablie. Les plus grandes banques ont recommencé à verser des bonus gigantesques à leurs traders Trader
Traders
Le terme « trader » est d’origine anglo-saxonne. Il signifie littéralement « opérateur de marché ». C’est un opérateur spécialisé qui achète et vend des valeurs mobilières (actions, obligations, produits dérivés, options…), des devises, pour le compte d’un tiers (OPCVM, entreprise, personne, institutionnels…), ou pour l’établissement qu’il représente en tentant de dégager des profits.
, leurs administrateurs et des dividendes élevés à leurs actionnaires. Malgré leur rôle néfaste, les IFI voient augmenter leur capacité d’action Action
Actions
Valeur mobilière émise par une société par actions. Ce titre représente une fraction du capital social. Il donne au titulaire (l’actionnaire) le droit notamment de recevoir une part des bénéfices distribués (le dividende) et de participer aux assemblées générales.
et donc de nuisance suite à des augmentations massives de leurs fonds de roulement et au renforcement de leur rôle politique

Depuis les années 1980, les politiques budgétaires ont favorisé l’orientation néolibérale de l’économie, directement inspirée de l’école de Chicago. Le développement des pays du Sud à travers l’accroissement du financement externe n’a pas apporté les promesses escomptées. Au contraire, le maintien ou l’augmentation de la dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
publique de ces pays renforce leur soumission aux diktats des créanciers. Et malgré un principe de non ingérence politique contenu dans leurs statuts, ce sont principalement des considérations géopolitiques qui poussent les créanciers internationaux à accorder ou non une « aide financière ».

Les conditions politiques de l’octroi des prêts, les plans d’ajustement structurel (PAS), ont fait des ravages sur les droits économiques, sociaux, civils et politiques pourtant durement acquis par les populations du Sud. Une forte mobilisation populaire contre les IFI, et plus largement la dette émerge depuis les années 1990. Dans les années 2000, les slogans changent, la lutte contre la pauvreté cherche à légitimer l’existence des IFI. La crise financière déclenchée au Nord depuis 2007 les replace dangereusement au cœur du système de « gouvernance mondiale ».

La dette, une manne pour les créanciers, un drame pour les peuples

La domination de la dette, que subissent les peuples des pays du Sud depuis des décennies, commence aujourd’hui à toucher brutalement ceux des pays du Nord. L’attaque du Capital contre le Travail s’intensifie dans les années 1980. Les diverses réformes de la fiscalité ont consacré des baisses très importantes de recettes fiscales pour les Etats. Les inégalités se sont profondément creusées. Les besoins de financement des Etats se sont accrus et les dettes publiques nationales ont explosé. Des banques au secteur industriel en passant par la poste, les télécommunications, l’énergie et les transports, les gouvernements ont livré au privé des pans entiers de l’économie, perdant au passage toute capacité de régulation de celle-ci. L’alibi de la dette publique sert à imposer des politiques économiques impopulaires.

La Grèce est un laboratoire pour tester la résistance populaire et la solidarité internationale. Ce que les populations dans tout le Sud connaissaient sous le nom « d’ajustement structurel » est aujourd’hui mis en œuvre pour les populations du Nord sous le nom d’austérité.

La crise économique, combinée aux crises alimentaire, climatique, énergétique et migratoire, a des conséquences tragiques pour la vie de millions de personnes à travers la planète. Mais ces crises ont aussi entraîné des mesures d’austérités budgétaires qui induisent presque toujours des coupes drastiques dans la fourniture des services de base. Le respect de droits humains fondamentaux comme la santé, l’éducation, le logement, l’approvisionnement en eau, en électricité et la sécurité sociale est violemment nié.

Trop c’est trop !

Ce que réclament les peuples et la planète, c’est qu’on brise les chaînes de la domination de la dette et de la soumission de la société vie aux dictats du marché dans un système économique basé sur l’accumulation et la surconsommation de quelques uns, plutôt que sur la justice et la solidarité pour le plus grand nombre. La dette est un mécanisme central utilisé par les IFI et les gouvernements pour maintenir l’injustice et l’oppression des peuples. Le Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde (CADTM, www.cadtm.org ) s’inscrit pleinement, avec d’autres organisations, dans cette semaine globale d’actions et vous invite à le rejoindre dans les différentes activités.

Nous appelons les individus, les mouvements et organisations du monde entier à joindre nos efforts dans cette lutte et à nous unir pour cette SEMAINE GLOBALE D’ACTION CONTRE LA DETTE ET LES IFI, du 7 au 17 octobre 2010.

Ensemble, mettons en place des actions, pour soutenir les revendications suivantes et les luttes en cours :

- Respect de la souveraineté politique et économique des peuples,

- Réaliser un moratoire Moratoire Situation dans laquelle une dette est gelée par le créancier, qui renonce à en exiger le paiement dans les délais convenus. Cependant, généralement durant la période de moratoire, les intérêts continuent de courir.

Un moratoire peut également être décidé par le débiteur, comme ce fut le cas de la Russie en 1998, de l’Argentine entre 2001 et 2005, de l’Équateur en 2008-2009. Dans certains cas, le pays obtient grâce au moratoire une réduction du stock de sa dette et une baisse des intérêts à payer.
unilatéral (sans accumulation d’intérêts de retard) sur le paiement de la dette, le temps de réaliser un audit (avec participation citoyenne) des emprunts publics pour annuler inconditionnellement et répudier toutes les dettes financières illégitimes ou odieuses,

- Restitution et réparations pour les dettes écologiques, climatiques, économiques, sociales et historiques dues par les gouvernements et entreprises du Nord aux peuples du Sud,

- Créer de nouvelles institutions financières et une architecture financière régionale et mondiale, qui fassent passer les peuples et la planète avant les profits et la puissance des entreprises,

- Instaurer une véritable justice fiscale mondiale et une juste redistribution de la richesse. Exproprier les banques pour les transférer au secteur public sous contrôle citoyen. Lutter contre la fraude fiscale massive des grandes entreprises et des plus riches.

- Socialiser les nombreuses entreprises et services privatisés au cours des 30 dernières années. Réduire radicalement le temps de travail pour créer des emplois tout en augmentant les salaires et les retraites.

Agenda du CADTM :

Le 08 octobre:Projection+conférence /débat : Comprendre l’interconnexion des crises mondiales pour en sortir. Au Centre Culturel des Chiroux

Voir :http://www.tempocolor.be/2010/education/index.php?option=com_content&view=article&id=101&Itemid=99

Du 18 au 19 octobre:Premier Séminaire du Cadtm Afrique sur la dette et les Institutions financières internationales.

Voir :http://www.cadtm.org/3e-Seminaire-International-du